Église Saint-Léger de Recques-sur-Course
Église Saint-Léger de Recques-sur-Course | |
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Informations | |
Dédicace | saint Léger |
Dates de construction | XIIIe-XIXe siècles |
Particularités | |
Classement | |
Accessibilité |
Sommaire
Une paroisse récente
L’église de Recques-sur-Course est attachée à la paroisse de Montcavrel jusqu’à son érection en succursale en 1844. La paroisse d’Inxent en devient l’annexe, ce qui occasionne « des mécontentements et des rancunes qui durent et dureront sans doute encore des années », comme le souligne l’abbé Lemaître dans son registre de paroisse en 1862.
Dédié à saint Léger, l’édifice conserve une statue de son saint patron datée du XVIIe siècle. Il est revêtu des ornements épiscopaux qui rappellent ses fonctions d’évêque. Le fermail sur sa poitrine est formé d’un écu, supporté par deux lions gardants, timbré d’un heaume à lambrequins. Les armes du donateur ne sont plus identifiables.
Un édifice remanié
Seule l’analyse architecturale vient éclairer le passé de cet édifice et permet de restituer les grandes étapes de sa construction. L’église de Recques-sur-Course a été élevée par tranches successives sans volonté d’harmoniser les différents volumes. Elle obéit aux caractères généraux des églises flamboyantes de la région. L’édifice se compose d’un vaisseau unique de 16 mètres de long prolongé par un chœur de trois travées. Seul le sanctuaire est voûté, particularité commune à beaucoup d’églises locales, sans doute parce que cette partie bénéficiait davantage des libéralités seigneuriales que la nef. Celle-ci est couverte d’un berceau lambrissé, mode de couverture fréquent dans les églises des régions riveraines de la Mer du Nord et de la Manche.
Au sein même du chœur, on discerne différentes époques de construction. La première travée est dotée d’une voûte d’ogives dont le profil torique et la clef à feuillage évoquent le XIIIe siècle. Les voûtes des deux travées suivantes ont des ogives au profil prismatique caractéristique de la période flamboyante. La présence d’armes sur l’une des clefs permet d’en attribuer la construction à François de Créquy, seigneur de Longvilliers et de Recques par son mariage avec Marguerite Blondel. Cet agrandissement survient entre 1473, date du mariage, et 1518, date de la mort de François de Créquy. En 1866, les quatre fenêtres du chœur sont remaniées et agrandies à l’exception des fenêtres murées qui ont conservé leur disposition initiale.
Le portail occidental en anse de panier est surmonté d’une niche ornée des armes des Blondel, seigneur de Recques de 1386 à 1585. Cet élément donne un terminus post quem à la construction de la nef qui doit donc intervenir avant la fin du XVIe siècle. Il est précédé d’un porche de style classique du XVIIIe siècle orné d’un signe trinitaire. La trinité est signifiée par un triangle dont le centre est occupé par un œil qui rappelle que Dieu voit tout.
L’église Saint-Léger est remaniée aux XVIIIe et XIXe siècles. En 1782, les six fenêtres de la nef ont été cintrées. On peut encore voir à l’extérieur les anciennes archivoltes au-dessus des ogives actuelles. Après la Révolution, on les convertit en oculi. En 1877, l’abbé Lemaître restitue leur forme ogivale primitive et les fait garnir de grisailles issues des ateliers Bazin et Latteux de Mesnil-Saint-Firmin. En 1829, la voûte de la nef est remplacée grâce aux dons de Madame de Montbrun. Le clocher d’ardoise est reconstruit. L’arc triomphal séparant la nef du chœur est agrandi et orné d’un décor néoclassique imitant le marbre.
Une ornementation éclectique
Les culs-de-lampe sur lesquels retombent les nervures des voûtes du chœur sont ornés du tétramorphe, symboles des quatre évangélistes évoqués dans l’Apocalypse et le livre d’Ezéchiel. Saint Matthieu a pour attribut l’homme car il a dressé la généalogie du Christ, saint Luc, le bœuf, animal du sacrifice car il évoque le sacrifice du sauveur, saint Marc, le lion, qui passait pour ressusciter ses petits mort-nés par ses rugissements, saint Jean, l’aigle, symbolisant l’Ascension.
Les épitaphes encastrées dans le mur sud du chœur rappellent l’usage d’inhumer dans l’église, lieu ordinaire de sépulture du XVe au XVIIIe siècle. La plaque de marbre gris évoque le décès de Florent de Montbrun en 1727, tué accidentellement en entrant à cheval dans une écurie dont la porte était trop basse pour laisser passer à la fois le cavalier et sa monture. Elle est l’œuvre de Guillaume Harrewin dit Beausoleil, sculpteur boulonnais qui a travaillé au château de Recq. L’épitaphe est ornée des armes des Oudart de Dixmude, composées d’une couronne de marquis cimée d’une tête de satyre.
Seule la façade sud conserve des vestiges de sculpture médiévale. La corniche de la première travée du chœur est soutenue par une série de modillons sculptés à l’iconographie variée. On aperçoit une tête humaine, un porc, un hibou, une étoile, deux cochons renversés… Ce répertoire iconographique, traditionnel dans l’art roman, fait référence aux bestiaires issus de l’Antiquité. Les animaux réels ou fabuleux sont évoqués pour leurs qualités ou leurs défauts qui font écho aux vices et aux vertus humaines. Le fidèle trouvait dans ces représentations un support à la méditation pour sa vie spirituelle ou quotidienne.
Un sculpteur néogothique
Le mobilier de l’église de Recques est particulièrement représentatif de l’ameublement des églises au XIXe siècle. Daté de 1862, le maître-autel est l’œuvre de Jean-Baptiste Durant. L’ornementation accumule les traits caractéristiques du style gothique flamboyant : arcatures, gâbles, pinacles fleuris, formes trilobées et quadrilobes, choux frisés… Cette pièce révèle les qualités professionnelles du sculpteur. Elle témoigne d’une parfaite maîtrise du répertoire des formes médiévales et d’une libre réinterprétation dans des modèles parfaitement originaux.
La chaire à prêcher est également due à Jean-Baptiste Durant. Datée de 1870, elle est financée par le vicomte de Boisguion, propriétaire du château à cette époque. Le sculpteur l’a agrémenté de bas-reliefs du XVIIe siècle provenant de l’ancienne chaire de l’église de Brimeux. Les visages de saint Pierre, saint Nicolas et saint Paul, mutilés à la Révolution, ont été restitués par le sculpteur.
Galerie
Sources et bibliographie
- Delphine Maeyaert, Chargée de mission développement patrimonial, Syndicat mixte du Montreuillois.