Église Saint-Martin d'Esquerdes

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Église Saint-Martin d'Esquerdes
Esquerdes église3.jpg
Informations
Dédicace saint Martin
Dates de construction XIIe, XIVe, XVe siècles
Particularités style de la transition
Classement  Classé MH (17 avril 1914)
Accessibilité fermée au public


Esquerdes conserve une des rares églises du Pas-de-Calais datant de la transition entre l'âge roman et l'âge gothique. Elle comprenait primitivement un chœur, un transept, une nef et une tour centrale , du milieu ou de la deuxième moitié du XIIe siècle. Elle a subi de nombreuses modifications dans son plan de masse dans les deux siècles suivants. L’abside voûtée a été rajoutée au début du XIIIe siècle. À la même époque, on a épaissi les piles du carré du transept et donné au clocher un plan rectangulaire, coiffé d’une flèche en pierre cantonnée de quatre pyramides. Une chapelle fut adossée au sud du chœur vers le milieu du XIVe siècle et ensuite, dans la deuxième moitié du siècle, on remania le croisillon sud.

L'église primitive

L’église, datant du milieu du XIIe siècle se composait primitivement :

  • d’une nef simple, sans voûte
  • d’une tour centrale, barlongue octogonale à l’étage, percée de baies géminées aux arcades en plein cintre, typiques de l'art roman.
  • d’un petit transept
  • d’un chœur voûté, probablement en berceau
  • d’une abside ajoutée vers 1200 ou au début du XIIIe, demi-circulaire, voûtée en cul-de-four avec ou sans ogives, à pans comme ailleurs dans la région, ou carrée.

Les ajouts au XIIIe

L'église fut très rapidement remaniée :

  • le chevet remplacé par une travée droite, voûtée en berceau aujourd'hui (peut-être de cette époque)
  • une abside à pans voûtée d’ogives mais sans contreforts
  • on donne au clocher un plan rectangulaire, obligeant à combler la moitié des baies (l’autre moitié reste romane),
  • on le coiffe d’une flèche en pierre octogone, entourée aux angles de quatre pyramides quadrangulaires.
  • les piles du carré du transept furent épaissis pour supporter cette charge du nouveau clocher.

La chapelle et le tombeau du XIVe

Le mobilier le plus ancien se compose d'un tombeau sarcophage surmonté d'un gisant, en enfeu, d’une dame du XIVe siècle, sans doute liée à la lignée du maréchal d'Esquerdes qui possédait le château situé à proximité. Il n'en reste plus aujourd'hui que les vestiges de la ferme du château, dont la tour du XVe en pierre. La sépulture de la gisante anonyme d’Esquerdes peut être datée du début du XIVe siècle d’après les lettres formées sur le tombeau aménagé dans la paroi nord de l’ancien chevet.

En face du tombeau, on ajouta une chapelle de trois travées au sud du chœur, pour y dire des messes pour le repos de la gisante.

Le croisillon nord et l’épitaphe au XVe

Les exploits de la famille de Crèvecœur au XVe siècle n’ont laissé aucune trace significative dans l’église d'Esquerdes. Vers 1400, une épitaphe à Jaques Mournier est sculptée en relief en minuscules lettres gothiques, sculptée d'un dragon issu du bestiaire fantastique cher au gothique. Le croisillon nord doit dater de cette époque.

L'église d'aujourd'hui

Brûlée par les troupes françaises en 1538, au temps des Pays-Bas espagnols, l’église perdit son croisillon nord et dut être remaniée. Ses puissants piliers et la nudité de son décor en font un sanctuaire impressionnant. Le chœur et la chapelle sud sont dominés par de lourdes voûtes en croisée d’ogives tandis que la nef se pare d’un lambris en berceau dont les blochets en bois sont sculptés de visages très expressifs représentant un moine, une vieille femme, un fou tirant la langue coiffé du bonnet à oreilles. On retrouve ce type de plafond lambrissé à blochets, doté d'entraits, de la fin de l'époque gothique, à l'église d'Huby-Saint-Leu. L'église subira quelques réfections au XIXe, vers 1890 notamment, sous la houlette de l'architecte Balencourt, pour remédier aux lézardes de la tour suite à une explosion à la poudrerie d'Esquerdes.

Le clocher porte l'une des plus anciennes cloches de la région, datée de 1528.

Sources

  • Archives départementales du Pas-de-Calais, 2O 2095.
  • Camille Enlart, Notice sur l'église d'Esquerdes, Saint-Omer : impr. H. d'Homont, 1912, 15 pages. [Extrait du tome XXXI des Mémoires de la Société des Antiquaires de la Morinie].
  • Sophie Léger, L'église Saint-Martin d'Esquerdes. Un témoin des temps romans et gothiques, 2017, Fauquembergues, 28 pages.
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