Église Saint-Quentin de Montcavrel

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Église Saint-Quentin de Montcavrel
Montcavrel église 1.jpg
Informations
Dédicace saint Quentin
Dates de construction XVe, XVIIe siècles
Particularités
Classement  Inscrit MH (10 juin 1926)
Accessibilité


Une fondation seigneuriale

En 1435, Philippe le Bon, duc de Bourgogne, après avoir abandonné le parti des Anglais auxquels il était allié, reçoit le comté du Boulonnais de Charles VII par le traité d’Arras. Le château et le village d’Emy qui en font partie subissent les foudres des armées anglaises. La forteresse est aussitôt relevée par Aymon de Monchy, dont la famille a succédé à celle des Montcavrel éteinte dans le désastre d’Azincourt en 1415. On lui attribue la construction de l’actuelle église de Montcavrel en remplacement de celle d’Emy détruite par les Anglais.

La richesse de l’ornementation qui contraste avec la sobriété des églises voisines atteste d’ailleurs une fondation seigneuriale. Il existe dans le Montreuillois de nombreuses preuves de la générosité de l’aristocratie terrienne à l’égard des églises paroissiales. À Fressin, Marguerite Blondel et son époux François de Créquy financent l’édification de la nef vers 1500. La présence de leurs armes dans le chœur de l’église de Recques-sur-Course et dans le croisillon sud de l’église de Longvilliers est le témoignage certain d’un concours financier à la construction, l’agrandissement ou la rénovation de l’édifice. L’église de Montcavrel conserve les traces du mécénat des De Monchy. Par son testament du 19 juin 1585, Antoine de Monchy ordonne de placer deux verrières dans le chœur avec son portrait, ceux de ses parents, de sa femme et de ses trois enfants. Quelques fragments de ces figures subsistent dans le vitrail central de l’abside. Marguerite de Bourbon qui épouse Jean IV de Monchy en 1596 a fait restaurer l’église. On trouve en plusieurs endroits ses armes fleurdelisées, notamment sur un chapiteau d’un pilier nord.

Les libéralités des seigneurs de Montcavrel expliquent la richesse du mobilier. L’église conserve notamment un tableau du XVIIe siècle représentant la procession de la Sainte Épine à Paris et un ensemble de statues, témoignages de la sculpture gothique tardive, attribuables à un atelier local.


Un édifice mutilé

Peu de documents subsistent sur l’église de Montcavrel, mais son histoire se lit dans ses murs même. L’étude archéologique nous apprend qu’elle n’a pas été bâtie en un seul jet malgré une certaine unité de composition. L’édifice initial construit à la fin du XVe siècle se compose vraisemblablement d’un chœur précédé d’une nef. Très rapidement, on ajoute à ce volume longitudinal deux chapelles latérales en guise de croisillons. L’implantation de la chapelle nord qui empiète largement sur la fenêtre du chœur révèle une campagne de construction postérieure. L’église est aujourd’hui dépourvue de sa nef détruite avant 1715. L’installation du cimetière ne permet plus d’en saisir les dispositions. Une tourelle d’escalier octogonale adossée à la façade occidentale témoigne de l’existence d’un clocher de pierre disparu à une époque indéterminée. L’édifice est entièrement couvert d’une voûte d’ogives en bois ornée de clefs pendantes exécutée au XVIIe siècle. Cette construction légère ne nécessitait pas les supports massifs conservés dans l’église. On peut penser qu’elle a remplacé une voûte de pierre. En 1868, cette couverture est enduite de plâtre. L’église Saint-Quentin est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du 10 juin 1926.

La cloche est datée de 1622.

Une église de style flamboyant

Dans le chœur et le croisillon nord, les nervures des voûtes s’appuient sur des dais sculptés à décor de fenestrages à soufflets, mouchettes et accolades de style flamboyant. Cette ornementation riche et pittoresque est très populaire à la fin du Moyen Âge dans le Boulonnais et la région de Montreuil-sur-Mer. Les églises de Brimeux, Preures, Fressin et Douriez ont également adopté cette formule décorative.

Le chœur de l’église de Montcavrel est une remarquable adaptation du principe d’ouverture à la lumière, caractéristique de l’art flamboyant. La tendance est à la réduction de la muralité par l’ouverture de fenêtres de grandes dimensions. Les murs ont ici disparu, remplacés par une série de piliers supportant la voûte d’ogives et encadrant les vitraux. On retrouve cette composition dans un certain nombre d’églises boulonnaises ou picardes contemporaines, notamment à Longvilliers et Villers-sur-Authie. La partie supérieure des fenêtres est ornée d’un soufflet, forme de cœur ou d’as de pique assez ventrue, et de deux mouchettes, formes étirées à base de courbes alternées. Les filets qui encadrent les fenêtres ont une mouluration prismatique, autre caractéristique flamboyante.


Des cycles iconographiques dédiés à saint Quentin et à la Vierge

Le culte des saints connaît un développement considérable à la fin du Moyen Âge. Leurs effigies envahissent les vitraux, les chapiteaux, les culs-de-lampe et les clefs de voûtes. Elles sont nombreuses dans le Pays de Montreuil. Le tympan du portail nord de l’abbatiale Saint-Saulve est orné d’une statue de saint Wulphy datée du XVe siècle. À Attin, un cul-de-lampe évoque le martyr de sainte Godeleine. À côté de ce type de représentations isolées, une dévotion plus marquée peut conduire à la figuration de scènes narratives de la vie du saint personnage. Des compositions pédagogiques proposent un récit en image adapté à l’illettrisme du monde rural. La croisée du transept de l’église de Montcavrel est divisée en deux travées par des piliers octogonaux massifs. Leurs chapiteaux sont le support de scènes sculptées évoquant des épisodes de la vie de la Vierge et du martyr de saint Quentin :

  • Demi pilier nord (à gauche en entrant) 1 : fuite en Égypte, adoration des mages et fragment de l’annonce aux bergers.
  • Pilier nord 2 : naissance de Marie, apparition de Dieu à Joachim, le mariage de la Vierge, mort et funérailles de la Vierge, Assomption, couronnement de la Vierge.
  • Demi pilier nord-est 3 : la rencontre de Joachim et Anne (parents de la Vierge) à la Porte Dorée, les sages femmes baignant la petite Marie après sa naissance, deux personnages couronnés se dirigeant vers une femme placée sous une arcade.
  • Demi pilier sud-ouest (à droite en entrant) 4 : saint Quentin prêche en chaire devant le peuple d’Amiens, le préfet Rictiovarus est assis sur un trône, saint Quentin est arrêté.
  • Pilier sud 5 : saint Quentin est martyrisé par Rictiovarus, le saint prêche à nouveau, il subit le supplice de l’eau, découverte du corps du saint par Eusébie, une grande suite sort de la ville d’Amiens.
  • Demi pilier sud-est 6 : saint Quentin est ébouillanté.

Galerie

Sources et bibliographie