Église Saint-Vaast d’Écuires

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Église Saint-Vaast d’Écuires
Ecuires église intérieur.jpg
Informations
Dédicace saint Vaast
Dates de construction XVe-XIXe siècles
Particularités
Classement IS 10 juin 1926
Accessibilité


Description générale

L’église d’Écuires est un édifice de style gothique flamboyant. Son plan simple appartient au type local. La nef, prolongée par un chœur à trois pans, est dépourvue de transept.

L’édifice est l’objet de remaniements au XIXe siècle. On entre dans l’église par un porche ajouté en 1860. La balustrade ajourée de la chaire extérieure et la rose qui la surmonte appartiennent au style néogothique en vogue à cette époque. La construction de la flèche en charpente est contemporaine de ces aménagements. Elle remplace un clocher-mur qui accueillait les deux cloches. C’est à l’architecte Outrebon, constructeur de la halle aux grains de Montreuil-sur-Mer, actuel théâtre, que l’on doit ces modifications.

Voûtes de bois et de pierre

La nef et l’abside sont dotées de deux modes de couvrement différents. Le vaisseau est recouvert d’un berceau brisé lambrissé. Les travaux de 1860 l’ont en partie dénaturé pour permettre la pose d’un éclairage faîtal. Des anges en plâtre tenant des écussons ont remplacé les entraits disparus.

Un arc brisé marque l’entrée dans le chœur. On y distingue encore les traces d’usure laissées par les cordes permettant de sonner les cloches avant l’automatisation. Les voûtes d’ogives ont été reconstruites au XVIIIe siècle sur des culs de lampe plus anciens grâce au don d’un domestique de la ferme du Val demeuré anonyme. Les deux clefs rappellent que cette réalisation a lieu en 1702 du tems de mr Prevost, marguillier de l’église.

Une niche creusée dans le mur du chœur présente une riche ornementation flamboyante sous une archivolte en accolade surmontée d’un riche acrotère. Ce lavabo servait autrefois aux ablutions du prêtre et à la purification des vases sacrés pendant la messe. Les deux cuvettes carrées sont percées de trous d’évacuation.

« J’ai nom Marie »

L’église d’Écuires possédait encore au début du siècle un riche mobilier aujourd’hui dispersé. La cloche exposée dans le chœur est datée de 1497. Elle proviendrait de l’église Saint-Jacques de Montreuil-sur-Mer disparue à la Révolution et dont une place conserve aujourd’hui le vocable. Son iconographie présente saint Jacques le Majeur trônant entouré de coquilles. La Vierge et sainte Barbe accompagnée de sa tour sont également représentées. Elle porte l’inscription suivante : j’ai nom Marie, l’an mil CCCC IIII ++ XVII, J de Dautricourt, SG d’Offeu = Bonoctave et Jehan marguliers de S. Jacque en Montreul. Un membre de la famille de Waudricourt semble en être le parrain. Cette cloche est classée monument historique depuis 1905.

On peut également observer dans une niche placée sous l’arc triomphal un groupe sculpté en tilleul du XVIe siècle. Le christ en croix exposé dans le chœur date du XIXe siècle et est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. A gauche de l’entrée, un confessionnal daté de 1825 porte les initiales HT, abréviation du nom de l’ouvrier Havart qui l’a réalisé.

À l’extérieur, les murs de l’église sont couverts de graffitis des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Le plus ancien est daté de 1696 et porte le nom de Guillaume le Maistre. Nombreux sont les membres de la famille Varlet à y avoir gravé leur patronyme. Cette famille de maçons et d’arpenteurs, dont l’un des membres a établi en 1785 le plus ancien cadastre de la ville de Montreuil-sur-Mer, témoigne de l’existence d’une communauté d’artisans du bâtiment qui s’est notamment illustrée dans la construction de l’Hôtel Acary de la Rivière.

L’église d’Écuires est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du 10 juin 1926.

Une nef en carène de bateau

Le principal attrait de l’église d’Écuires est sa voûte charpentée de chêne en forme de carène de bateau renversé datant de la fin du XVe siècle. Ces couvertures de bois ne sont pas rares à la fin du Moyen Âge. La construction d’une église est un investissement très lourd. Le seigneur du lieu finance généralement la construction du chœur qui devient le lieu d’inhumation de sa lignée. À la communauté villageoise revient la charge d’édifier la nef. Plus facile à trouver et à travailler et donc plus économique, le bois était souvent préféré à la pierre. Cette disposition s’explique également par la proximité de la mer et la présence de charpentiers de marine qui fabriquent les coques des navires. Dans le Montreuillois, on la retrouve à de nombreuses reprises notamment à Bernieulles, Recques-sur-Course ou Campigneulles-les-Grandes.

Ces voûtes en arc brisé s’appuient sur une corniche sculptée en encorbellement. Des poutres verticales, appelées poinçons soutiennent le faîtage de la voûte. Elles reposent sur des poutres transversales, les entraits. Pour assembler les lambris, la voûte est rythmée par des arbalétriers, lattes de bois verticales qui reposent sur des blochets.

La voûte de l’église de Buire-le-Sec, située à quelques kilomètres d’Écuires, en parfait état de conservation, permet de saisir les transformations causées à Écuires par les travaux de 1860. Ils ont eu pour effet de sacrifier les entraits et poinçons au profit d’une perspective ouverte sur le chœur. A Écuires, une frise et un bandeau orné de branches de chêne et de rameaux de vigne courent le long de la corniche. Ils sont rythmés par huit blochets sculptés à l’effigie de saints reconnaissables à leur attribut. Des anges en plâtre aux ailes repliées ont été appliqués à la place des entraits. Ils s’apparentent à ceux sculptés par Jean-Marie Morel au portail de l’église Saint-Saulve de Montreuil-sur-Mer. Les quatre symboles des évangélistes figurent sur les clefs des fermes. Côté nord, la frise est interrompue par un bas-relief représentant la chasse de saint Hubert, patron secondaire de l’église. Il montre la rencontre du saint avec le cerf crucifère. Cette scène est protégée au titre des monuments historiques depuis 1911.

Bibliographie

  • Pierre Héliot, Les églises du Moyen Âge dans le Pas-de-Calais, Arras, 1951-1953, page 380.
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