Chronique de Tramecourt

De Wikipasdecalais
Aller à : navigation, rechercher

Le manuscrit

La Chronique ou le manuscrit de Tramecourt est arrivé dans la famille du même nom en 1565, à la suite du mariage contracté entre Françoise du Wez, dame de Verchin, et de Jean de Tramecourt. Ce dernier d’ailleurs y a noté sur le premier feuillet : J’appartiens à Jehan de Tramecourt. Depuis, cette date, il fait partie des archives de la famille C’est un in-4° en vélin de 320 mm de hauteur et de 200 mm de largeur, d’une belle exécution, écrit sur deux colonnes et de deux ou trois calligraphies distinctes. Il contient 500 feuillets numérotés d’un seul côté.

La première, droite, couvre les folios 1 à 121 et 388 à 500 ; la seconde ronde, puis légèrement cursive les folios 121 à 388. Ce manuscrit est orné de trois miniatures. La première est complètement détériorée (folio 1), la seconde en camaïeu bleu donne une vue de Babylone où Sémiramis fait adorer la statue de la déesse Derceto, sa mère, ayant pour piédestal les têtes des victimes qu’elle lui a immolés (folio 4v°); la troisième représente Clovis endormi sur le bord de la fontaine de Joye-en-Val ; un ange lui apporte l’écusson à trois fleurs de lys (folio 117). On y trouve aussi aux folios 9v° et 74 deux écussons fantaisistes censés représentés ceux des anciens rois de Belges. Le manuscrit porte sur chacun des plats de sa reliure la croix anchrée des Tramecourt.

Un mot sur son histoire

L’existence de ce manuscrit fut signalée en 1750 à l’abbé de Saint-Bertin de Saint-Omer, un homme fort savant, qui l’obtint en prêt pour quelque temps. Ce prêt dura plus de trente ans, parce que l’abbé en prenait des copies pour une histoire d’Artois qu’il était en train d’écrire (!). Quelques années avant 1789, le marquis de Tramecourt se rendit à Saint-Omer et, sur son insistance, on lui rendit son bien.

Une copie partielle de ce manuscrit fut réalisée au XVIIIe siècle pour le compte de Blondel d'Aubers, qui mourut en 1767. Il l'intula Chroniques de Flandre, le relia en veau. Ce manuscrit comptait 491 feuillets de papiers, de 370 mm sur 240 mm. Les faits historiques qui y sont rapportés commencent à Charlemagne et se terminent en 1467.

En 1838, la jeune Société des antiquaires de la Morinie s’intéressa à ce manuscrit, quand Henri de Laplane fit à cette docte assemblée hommage d’un fragment des dites chroniques, relatif à la bataille d’Azincourt. Contact fut pris avec le marquis de Tramecourt qui transmit quelques renseignements. Il indiqua qu’au château était conservé avant la Révolution deux manuscrits bien distincts : le premier écrit par un de ses ancêtres contemporain de la bataille d’Azincourt (on peut raisonnablement penser à Jehan de Magnicourt) et qui fut alors perdu, et un autre manuscrit qui est conservé et d’où semble avoir été tiré le fragment proposé par Laplane.

L’étude de ce manuscrit

  • Pour le père Malbrancq, ce manuscrit serait une compilation extraite des archives de l’abbaye de Saint-Riquier par Jean d’Ostove, seigneur de Noyelettes. Ce Jean d’Ostove était l’oncle de Françoise du Wez.
  • Alexandre Mazas a produit une courte notice sur ce manuscrit en 1839. Il se trompe quant à son origine, si on se réfère aux travaux postérieurs, mais estime, à tort, que cette chronique, écrite de trois mains, est un véritable original et aimait à penser que quatre à cinq générations de Tramecourt avait concouru à sa réalisation.
  • Félix Brassart a produit une étude intéressante pour la partie qui commence au folio 131. Il y repère des emprunts à treize chroniques différentes
    • folios 131-189 : treize chapitres des grandes chroniques de Flandre, avec interpolation de divers fragments du Roman de Turpin, et des Chroniques latines, mises en français, du pays de Liège
    • folios 189-319v° : chapitres 14 à 139 et dernier des Chroniques de Flandre
    • folios 319v° à 363 : une chronique de 1347 à 1383, qui permet de suppléer aux omissions nombreuse de l’édition des Chroniques de Flandre par Denis Sauvage
    • folios 363 à 388 : une continuation inédite des Grandes Chroniques de Flandre de 1383 à 1408
    • folios 388 à 486 : un abrégé de Monstrelet contenant le récit des évènements de 1399 à 1444, dans lequel est intercalée la journée d’Azincourt, racontée par Jean de Magnicourt.
    • folios 486 à 500 : une chronique inédite de 1444 à 1467
  • Félix Brassart attribue à Jean de Magnicourt la rédaction de tout ou partie de la Chronique de Tramecourt. Celui-ci était le fils posthume d’Hector, seigneur de Verchin, fait prisonnier devant Marck, en 1405, dans l’aventure de son comte Wallerand de Saint-Pol, et tué à la bataille d’Azincourt. Dans sa compilation, il a pu glisser quelques détails légendaires, dont un certain Wercicus, duc de Trêves qui aurait, après la prise du château de Douai et de la cité d’Arras, séjourné dans un endroit qui fut, du nom de ce général, appelé Verchin-en-Ternois.
  • Rodolphe de Brandt de Galametz qui a établi la généalogie de la maison de Tramecourt estime que ce manuscrit est dû à Jean d’Ostove, mais il exite des raisons solides de penser que cette chronique a été compilée, puis prolongée par Jehan de Magnicourt.

Sources

  • [Note sur le manuscrit dans] Mémoires de la Société des Antiquaires de la Morinie, tome V, 1838, p.  13.
  • Alexandre Mazas, « Notice sur le manuscrit de Tramecourt », dans Vie des grands capitaines français du Moyen-âge, tome I, Lyon, 1838, p.  445.
  • Félix Brassart, « Jean de Magnicourt, écuyer, seigneur de Verchin, chroniqueur », Souvenirs de la Flandre Wallonne, tome X, p.  156, 1879.
  • Rodolphe de Brandt de Galametz, Histoire généalogique de la maison de Tramecourt, Arras, 1881.