Cimetière militaire allemand de Lens-Sallaumines

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Le cimetière

Le cimetière militaire allemand de Lens-Sallaumines contient près de 15.646 corps de soldats allemands, et 2 russes. Il se situé derrière le Cimetière-Est (route de Douai). Dans ce cimetière repose Paul Mauck, l'un des plus jeunes engagés allemands, il avait 14 ans, et tomba le 7 juin 1915.


Le cimetière a été ouvert à l'automne 1914 par les troupes allemandes. Il reçut rapidement le nom de cimetière de Lorette ou encore cimetière du XIVe corps d'armée. Au début de la guerre, les Allemands enterrent les corps des militaires tués au combat sur les pentes de Lorette mais devant leur nombre croissant, une fosse commune est ouverte au cimetière de Lens. Le 11 février 1915, il y a là entre 200 et 300 cadavres.


Plan du cimetière

Dans son journal, Léon Tacquet[1], notaire et gendre du Directeur des Mines Élie Reumaux, relate que le 12 avril 1915, un officier allemand le convoque pour lui annoncer que, sur ordre du Commandant du XIVe Corps d’Armée, les autorités occupantes réquisitionnent un terrain de 1,7 hectare lui appartenant aux Marais pour y installer un cimetière militaire. Malgré les promesses faites par le Commandant, ce terrain ne sera jamais payé à Tacquet, du moins pendant tout le temps que durera la guerre. Grand éleveur et propriétaire de chevaux, Tacquet possède également un grand haras (à l’emplacement où se trouve aujourd’hui le Lycée Condorcet) qui est aussi réquisitionné pour y loger les troupes et les chevaux de l’armée allemande.

Le 4 mai 1915, l’officier allemand chargé du cimetière rencontre de nouveau Léon Tacquet et lui annonce qu’il prend 16 ares de plus de terrain pour y faire une petite forêt afin d’avoir de l’ombre pour visiter les morts.

Le 13 juin 1915, une statue représentant l’Archange Michel est érigée dans l’allée centrale. Elle porte cette inscription en allemand : Aux héros tombés glorieusement pendant les luttes autour de Lorette – La 28e division d’infanterie. Léon Tacquet qui trouve la statue teutonne, lourde et massive signale qu’à cette date, il y a déjà 1900 tombes allemandes. Cette statue, dessinée en Allemagne par un professeur de sculpture, a été a été construite à Lens même par des ouvriers d’une marbrerie locale, certainement la Maison Liénard.


Monument à la 28e division d'infanterie allemande


En octobre 1915, près de 4000 morts sont au cimetière. Léon Tacquet rapporte que tous les jours, on en apporte 50 ou 100 de plus. Les cadavres, amenés par chariots entiers, sont déversés dans le champs voisin avant d’être mis dans des cercueils rudimentaires (certains sont fait avec les portes des WC de corons des cités minières) puis enterrés. En novembre, le Chef de Corps d’Armée convoque Émile Basly, le maire de Lens, Élie Remaux, Léon Tacquet et d’autres notables de la ville pour assister à l’inauguration d’un nouveau monument au cimetière allemand.

Le 14 mai 1916, c’est le 4e Régiment de hussards du royaume de Bavière qui remet officiellement un monument à la gloire de ses héros morts au combat aux autorités municipales. Ainsi, Basly, Remaux, Tacquet et les autres furent promptement invités par le Général en Chef à déposer une gerbe au pied de cette stèle.

Le 2e régiment de Grenadiers de la région de Bade (aujourd’hui Bade-Wurtemberg) aura aussi le sien avec comme épitaphe : À ses héros tombés près d’Ablain et sur Lorette – le 2e régiment de grenadiers de Bade, «Empereur Guillaume 1er».

À partir de janvier 1917, les Allemands interdisent l’accès aux cimetières de la Route de Douai aux civils français, Les bombardements incessants rendent l’endroit très dangereux. En avril, la ville est évacuée. Mais les combats continuent encore pendant plus d’un an. Le 3 octobre 1918, Lens est libéré mais il ne reste que des ruines. Lens est rasé de fond en comble, pulvérisé : tout est à rebâtir, depuis le plus bel édifice jusqu’à la plus modeste habitation écrira Alfred Buquet dans son ouvrage Lens, son passé, ses houillères. Le cimetière-est et sa partie militaire allemande n’ont pas échappé à l’anéantissement. Le cimetière fut totalement endommagé en 1918 sous le feu de l'artillerie alliée. Les autorités françaises remirent en état le cimetière après la guerre.

Le cimetière de Lens en 1919

En 1926, après un accord passé avec les autorités militaires françaises, le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge (Commission allemande des sépultures de guerre qui est une association privée) entreprend la reconstruction et l’entretien du cimetière militaire. Celui-ci est entièrement repensé : fini les statues imposantes, le nouveau cimetière sera plus humble, plus discret. Pour marquer les tombes individuelles, le VDK utilise des croix de bois portant une plaque de zinc.

À Lens, les croix en bois sont remplacées par d’autres en petit granit belge en 1977 et le cimetière totalement réaménagé. A l’extrémité, un mur composé de pierres de granit suisse forme un fond quasi-uniforme à l’ombre de quelques ifs.

Galerie

Notes

  1. Dossier 7, 2004, Association Gauheria. Dans la fournaise de Lens. Journal du notaire Léon Tacquet 1915-1917. Présentation et édition par Bernard Ghienne et Alain Jacques, 412 p.

Sources

  • Le Lensois Normand
  • Gauheria n° 71, Le cimetière de Lens sentinelle de la mémoire, numéro thématique dû à Christophe Lefèvre (textes et photos), décembre 2009, Association Gauheria.

Lien interne

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