François Quenson de la Hennerie

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Il a d'abord été conseiller général des cantons de Lumbres et Fauquembergues de 1834 à 1848 puis de Lumbres seulement depuis 1848. C'est un magistrat. Il a fait ses études au collège de Saint-Omer et ensuite à l'école de Droit de Bruxelles puis de Paris et y a obtenu l'agrégation de droit. A 31 ans, il est conseiller à la Cour d'Appel de Douai et à 47 ans, en 1841, Président du tribunal Civil de Saint-Omer. Parallèlement à sa carrière de magistrat, il sollicite les suffrages des électeurs censitaires. Battu à la députation en 1842, il est élu en 1846 jusqu'en 1848 comme candidat ministériel. A partir de 1865, il est maire de Nielles-lès-Bléquin.


Sollicité en 1871 pour assurer la Présidence, il se récuse en invoquant son grand âge et un début de surdité mais il se récuse également pour la présidence de la Commission départementale et cette fois il donne une explication moins "diplomatique" et sans doute plus conforme à la réalité : il déclare se retirer devant les concurrences survenues depuis peu qui viennent jeter la division dans les votes, ce qui est une façon de dire que la droite est divisée. Effectivement, l'élection de la Commission départementale exige 3 tours alors qu'en principe la majorité conservatrice est massive, 36 ou 37 conseillers généraux sur 44 !

Les cours normaux de Dohem


François Louis Joseph Quenson de la Hennerie intervient surtout, au sein du conseil général, dans la question de Dohem. Une rapide explication s'impose : en 1833, la loi sur l'instruction primaire, dite loi Guizot, impose aux départements la création d'écoles normales pour la formation des instituteurs. Cependant, le département n'est pas obligé de créer sa propre école normale. Il peut se réunir avec un ou plusieurs départements voisins. Le Conseil Général du Pas-de-Calais, pour des raisons surtout financières, crée des bourses à l'école normale de Douai, d'abord 6 b et 12 et demi b puis 12 b et 12 et demi. Cette solution qui apparaît avantageuse aux conseillers généraux du Pas-de-Calais leur plaît de moins en moins, d'abord parce que les frais augmentent ensuite parce qu'ils ne sont pas représentés dans la Commission administrative de l'élection nationale, enfin parce que l'enseignement donné ne convient pas à leur mentalité de notables ruraux. Ils reprochent, en particulier aux élèves-maîtres, leur dédain pour les campagnards qui les entourent puisque le Pas-de-Calais est encore, avant le boom minier et le début de l'industrialisation, un département essentiellement rural. On profite donc de la Réaction qui suit la Révolution de 1848 et qu'on appelle la période de l'ordre moral, caractérisée entre autres choses, dans le domaine de l'enseignement par la fameuse loi Falloux, pour retirer les élèves de Douai et confier leur formation à l'établissement congréganiste de Dohem qui semble répondre beaucoup mieux aux aspirations des notables que sont les conseillers généraux. C'est alors la lune de miel, puis quelques nuages, et arrive l'année 1871 où la petite minorité républicaine demande que l'on revoie la question et que l'on crée une école normale. La demande est bien sûr repoussée après une longue discussion (le Conseil Général de l'époque possède quelques avocats qui sont très éloquents) par la majorité conservatrice mais on se propose de comparer l'école normale de Douai et les cours normaux de Dohem et l'on nomme donc une commission formée de 3 conseillers généraux. Quenson intervient dans la discussion pour prendre la défense de l'établissement de Dohem. Il dit que "personne ne sait ce qui se passe à Dohem parce que l'établissement n'est jamais inspecté" ce qui contredit d'ailleurs une autre phrase où il dit "avoir accompagné le Recteur dans une inspection qui a été faite jadis à Dohem et avoir vu de quelle manière bizarre on interrogeait les élèves". Cette inspection qui est celle de l'Inspecteur Danton date de 1865, donc de 6 ans, et Quenson ne peut effectivement l'avoir oubliée même s'il a à l'époque 77 ans (mais il se présentera encore 5 ans plus tard aux sénatoriales). Seulement, cette inspection faite à la fin du Second Empire a été très défavorable à l'établissement de Dohem. Et cela déplaît à Quenson, d'abord parce qu'il est sincèrement clérical, comme on dit à l'époque, ensuite parce que, comme l'explique Yves-Marie Hilaire dans sa thèse Une chrétienté au XIXe siècle, les conseillers généraux majoritaires ont besoin de l'appui du clergé lors des élections. Quenson intervient plus loin pour s'étonner qu'il n'y ait pas un ecclésiastique dans la commission désignée pour comparer l'école normale de Douai et les cours normaux de Dohem, ce qui illustre à la fois la mentalité de la majorité du Conseil Général de l'époque et la mentalité propre de Quenson de la Hennerie.


Suite au rapport de ladite commission et des discussions qui s'ensuivent, la majorité du Conseil Général décide de renouveler, en 1872, pour une période de 6 ans et non plus annuellement comme il le faisait jusqu'alors, le traité avec l'établissement de Dohem. Elle décide aussi de créer une Commission de surveillance composée de conseillers généraux mais aussi d'autres notables comme le proviseur du lycée de Saint-Omer et le Président du Tribunal Civil de Saint-Omer. Inconditionnel de l'établissement congréganiste, Quenson est tout à fait prédisposé pour présider cette Commission, le titre de Président Honoraire de la Commission de surveillance des cours normaux figure d'ailleurs dans sa nécrologie, en 1879 (il n'est plus conseiller général depuis 2 ans) avant celui d'officier de la Légion d'Honneur.


Il meurt, heureusement pour la qualité de sa notice nécrologique, le 26 octobre 1879, alors que la majorité du Conseil Général n'a pas encore basculé du côté des républicains et on y lit qu'il a "constamment, par ses lumières, sa haute compétence et sa parole aussi facile que sensée, figuré parmi les membres les plus autorisés de l'assemblée départementale. Comme homme privé, M. Quenson était généreux, dévoué, toujours disposé à rendre visite, d'une politesse exquise, d'une aménité parfaite, en un mot un modèle d'urbanité de bienveillance et de générosité".

Galerie

Sources

  • Article René Lesage, 100 figures du Pas-de-Calais, Les Échos du Pas-de-Calais
  • Bruyant, Annuaire du Pas-de-Calais pour l'année 1880, nécrologie, pages 339-342.
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