Henri Boisleux

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Henri Jacques Augustin Marie Boisleux est né le 25 février 1856 à Wancourt, fils d'Henri Joseph Boisleux (propriétaire, cultivateur) et d'Aimée Martel ; époux d'Élise Waterlot. Il est mort le 1er octobre 1914[1] à son domicile à Wancourt.

  • Agriculteur.
  • Maire de Wancourt. En 1914, il est resté à son poste au moment de l'invasion allemande. Il fut victime de représailles en octobre 1915 : sa grange fut incendiée et une demi heure après il fut tué par un soldat allemand.
  • Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume par décret du 9 avril 1921 sur rapport du ministre de l'Intérieur.
  • Après la guerre, une cérémonie rassembla des personnalités locales pour rendre un hommage officiel à Henri Boisleux. Voici comment le journal Le Beffroi d'Arras rapporte cette cérémonie dans son édition du 14 octobre 1920 :

«  La cérémonie de Wancourt

La cérémonie de Wancourt a revêtu un caractère particulièrement émouvant. Chacun des assistants avait en effet présent à la mémoire le rude calvaire de M. Henri Boisleux, de cet homme de bien qu’entourait la sympathie de tous et dont la mort tragique a soulevé, surtout dans nos régions, une indignation difficile à décrire.

C'est M. Boisleux fils, maire de Wancourt, qui reçoit les autorités et les conduit au cimetière où une estrade a été dressée face au caveau de la famille. À deux heures et demie la cérémonie commence : l'office des morts est récité par le clergé au pied d'un autel dressé contre la croix du calvaire. M. l'abbé Duriez, curé de la paroisse, retrace la vie magnifiquement remplie de M. Boisleux ; il fait un tableau poignant de l'enterrement du 2 novembre 1915, à 5 heures du matin ; quatre hommes portant une civière ; sur cette civière un cercueil de bois blanc obtenu à grand'peine ; point de drap mortuaire, point de flambeau, point de glas funèbre, pas même de prêtre pour réciter les suprêmes prières ; M. Boisleux fut conduit à se dernière demeure comme le plus pauvre d’entre les pauvres. Monseigneur Julien, avant de donner l’absoute, déclare que ce n’est pas en vain que le sang des victimes a coulé, car la victoire est venue, et les martyrs civils qui sont tombés sans témoins et sans gloire ont certainement compté dans la balance de la Providence.

M. Bachelet, sénateur, conseiller général ; M. Duquesne, ancien maire de Chérisy ; M. Gerbore, président du conseil de préfecture, rendent un éclatant hommage à la mémoire de l'’ancien maire de Wancourt. La loyauté de M. Boisleux a su lui attirer l'estime même de ses anciens adversaires politiques avec qui, du reste, il entretint toujours d’excellents rapports.

On devine l'émotion profonde de M. Boisleux fils en remerciant les promoteurs de cette manifestation toute de sympathie. L'émotion du fils était vraiment partagée par tous et c'est justice : un pareil souvenir est de ceux qui ne doivent jamais nous trouver insensible et que nous devons garder pieusement. »

Les circonstances du décès d'Henri Boisleux sont précisés dans le journal La Campagne d'Artois du 19 septembre 1920 :

« On se souvient que M. Boisleux, fidèle à son poste, était resté à Wancourt lorsqu'arrivèrent les troupes ennemies ; il était sept heures du soir, et nos dragons avaient quittés le village a six heures et demie ; une horde d'allemands ivres envahit le village et perquisitionne dans les maisons en allumant partout des incendies dans les granges. Les servantes de M. Boisleux, voyant l'incendie de toute la ferme se propager, sortent les premières, laissant leur maître seul un instant ; à ce moment M. Boisleux est tué d'une balle de revolver dans la tête, à bout portant ; les assassins jettent son corps dans l'escalier de cave et interdisent d'en approcher. Il ne put être enlevé que la nuit suivante par deux vieillards (dont l'un fut brûlé vif deux jours après) qui l'enterrèrent sommairement dans une cour de sa maison. Ce n'est que quatorze mois après que M. Pierckher a pu l'enterrer décemment, mais avec des ordres sévères des autorités allemandes, pour que cet enlèvement ne fut connu ni de la population ni des troupes, sans passer par l'église, de grand matin, et sous la surveillance des gendarmes boches. Sinistre épisode, un parmi des milliers, de cette période de l'occupation allemande..., lecture à recommander aux apôtres de la fraternité universelle. »


Sources

Notes

  1. Acte de décès, Archives départementales du Pas-de-Calais, 3 E 873/13.
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