Monument à la mémoire du caporal Plaisant de Warluzel

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Monument au caporal Oscar Plaisant

À Warluzel, on trouve un monument à la mémoire du caporal Oscar Plaisant. Le monument est l'œuvre du marbrier Matissart (à Frévent). En 2004, date de la photographie, on constatait déjà la dégradation d'une partie du monument (une partie du texte était illisible).

Oscar Camille Joseph Plaisant est né le 13 septembre 1893 à Sus-Saint-Léger. Caporal au 128e d'infanterie, il meurt pour la France le 9 octobre 1914 à La Harazée (tué à l'ennemi). Son corps est inhumé à la nécropole nationale de La Harazée (commune de Vienne-le-Château), tombe numéro 117.

Inauguration du monument

Le Courrier du Pas-de-Calais rapporte l'inauguration et la bénédiction du monument au caporal Plaisant dans son édition du mardi 13 septembre 1921 :

« C’est un chaleureux merci que nous nous plaisons à rendre publiquement à M. le curé de Nœux-les-Mines d’abord, qui, bien que surchargé de travail dans une importante agglomération minière, a bien voulu venir présider la cérémonie patriotique et religieuse que nous avons faite à l’occasion de l’inauguration et de la bénédiction du monument élevé par ses parents au caporal Oscar Plaisant. Merci à M. le maire qui a si bien représenté la commune en partageant avec M. l’abbé Lefebvre, la présidence de la cérémonie. Merci à MM. Les membres de la chorale des mines de Nœux, que leur président accompagnait ; au musicien du Réveil de Clichy et aux délégués des sociétés de la Croix Rouge ; les Secouristes et Sauveteurs ambulanciers de la région Ouest. Merci enfin à toute la paroisse et à l’assistance qui a pris part avec une sympathie touchante à l’hommage que nous avons voulu rendre à un enfant du pays, comme aussi à tous nos autres morts pour la France. Favorisé par un temps superbe, nous avons vécu une journée du souvenir vraiment belle.

Dès 10 heures, notre trop petite église commença à se remplir et bientôt, elle fut comble comme jamais. A peine nos sociétés peuvent avancer pour prendre leurs places respectives dans le chœur et en tête de l’église. Le grand’messe commence aussitôt.

Dans un profond recueillement, en même temps qu’au pied de l’autel monte vers Dieu la prière du prêtre, les graves et mâles accents de nos artistes de la chorale s’élève avec force, empoignant les âmes de tous les assistants. La messe de Chant est brillamment exécutée.

Ce que nous avons surtout senti, et qui impressionna le plus, ce fut les Amen et les Répons donnés par toutes ces voix puissantes, avec l’ensemble le plus parfait. Puissent le fidèles qui savent aussi sentir, se donner eux-mêmes cette impression en communiant moins passivement aux prières de l’office divin par leur participation au chant de ces Répons et Amen.

Après le prône, M. le curé de Nœux, dans un sermon très goûté, rappela ce qu’ont fait nos soldats et à quels prix ils ont sauvé nos biens et notre liberté, notre génie et notre foi. En conséquence, il incita les familles, les villages, les pays, à ne jamais oublier : à profiter de toutes les occasions pour célébrer, de glorifier les chers morts et de prier pour eux ; à pratiquer de mieux en mieux et de plus en plus l’union sacrée. Aussitôt la messe terminée, un marbre commémoratif, apposé dans l’église, fut béni et la musique le réveil de Clichy termina l’office par une sortie d’un brio très remarqué.


L’après-midi s’annonce aussi beau que la matinée. Les rues se remplissent de monde ; on vient de tous les pays environnants. Cependant que le chant solennel des vêpres s’achève, le cortège se met en branle vers le lieu du monument. La musique du Réveil marque militairement le pas. Une foule compacte se presse autour du superbe monument, qui supporte le buste en bronze du caporal Oscar Plaisant.

La sonnerie au drapeau retentit, puis un silence profond laisse entendre la voix de M. l’abbé Lefebvre, qui bénit l’objet du souvenir. Et tandis que l’eau bénite tombe et sanctifie le marbre auréolé de la Croix et que tout le monde se signe, la sonnerie Aux Champs éclate.

Nous sommes heureux d’entendre alors la forte voix du chef de section qui commanda le caporal Plaisant. Il fit un cordial éloge de son ancien camarade et sous-ordre, exalta son courage, sa bravoure et son dévouement final, lorsqu’il s’offrit pour la mission périlleuse dans laquelle il succomba. Puis, il remit à M. le maire la Croix de guerre et la médaille militaire que ses citations posthumes ont valu au jeune héros.

M. le maire présenta aux parents ces décorations, puis les déposa au monument et, prenant la parole, il dit en termes émus son hommage au vaillant soldat. M. Louis Petit, président du Réveil, et M. Stékler, au nom de la société des Sauveteurs ambulanciers, saluèrent leur ancien camarade et déposèrent chacun au pied du monument, une jolie palme aux feuilles d’argent offerte par les membres de leur sociétés. M. Petit, président de la société les Secouristes, évoqua ensuite les jours passés où, sous nos yeux, le jeune Plaisant se formait au rôle de secouriste, admira son sacrifice et s’inclinant devant son buste, il termina ses chaudes paroles par ce cri du cœur : Vive la France !.

C’est alors que M. le curé de Warluzel fit entendre un éloquent discours que tout le monde admira. La France, dit-il, avait exalté ses héros vivants et les avait immortalisé en les faisant passer sous l’arc de triomphe. Elle voulut rendre à ses nombreux martyrs, hélas ! combien nombreux ! la gloire qu’ils méritaient, et elle conçut pour cela cette sublime idée de les unir tous dans l’hommage qu’elle rendit à la dépouille d’un soldat inconnu qu’elle recueillit de la terre des grands combats. Oh oui ! grands morts de la grande guerre, soyez glorifiés, soyez magnifiés, et jamais nous le ferons d’une manière digne de votre sacrifice ! Soyez-le, soyez-le par nous, nous, vos frères, nous vos pères, vos épouse, vos enfants, soyez-le à jamais ! Soyez-le noble enfant de Warluzel, et respectueusement je me découvre devant votre figure, qui rayonne sa part de la victoire de nos armes et de notre liberté.

La chorale des mines de Nœux entonna le bel hymne de Victor Hugo « Gloire à notre France éternelle » ; puis, nouvelle aubade de la musique et, au retour, station au monument communal des enfants de Warluzel morts pour la France.

A nouveau, M. le curé prend la parole. Il est heureux de la circonstance qui lui donne l’occasion de célébrer une fois de plus les 14 héros de sa paroisse, parmi lesquels figure son prédécesseur. Appelé par le devoir, ils ont tout quitté, ils sont tombés pour la noble cause du droit et de la liberté pour la vie de la France chrétienne : car l’ennemi en voulait à son territoire comme à sa foi. Nous leur avons juré un souvenir éternel : y sommes-nous fidèles ? et suivons-nous la trace de leurs vertus ? héros de charité, nos glorieux morts : imitons-nous leur charité ?.

Là,devant cette foule si compacte et si attentivement émue, M. l’abbé Lefebvre adresse un dernier mot. Il lui dit son émotion et son admiration pour la magnifique cérémonie qui touche à sa fin. Il est heureux d’être venu ; il emportera le meilleur souvenir de la journée. Enfin, et pour tout dire, il eut pour le curé de la paroisse qui fut son vicaire, les mots du cœur les plus aimables et les plus applaudis.

La chorale donna la cantate aux soldats morts pour la France ! de Chérion ; le Réveil exécuta un magnifique canon et on rentra à l’église pour le salut, dont la chorale fournit encore les chants.

Avant de quitter le pays, les infatigables artistes ont voulu donner un morceau d’adieu. la chorale exécuta « les martyrs aux arènes » de Laurent de Rilli, et le Réveil de Clichy un superbe ensemble de trompettes.

À M. et Mme Plaisant, nous adressons nos plus sincères félicitations pour l’inoubliable fête dont leur glorieux fils fut l’objet et dont ils furent les généreux inspirateurs. »

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