Monument aux morts d'Achicourt
Monument aux morts d'Achicourt | |
Localisation | Achicourt, rue Raoul Briquet |
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Conflits commémorés | 1914-1918, 1939-1945, Algérie |
Sculpteur | Alfred Derambure |
Épitaphe | A nos chers morts 1914-1918 |
Sommaire
Le comité d'érection
Le comité d’érection du monument aux morts d'Achicourt a été constitué le 25 septembre 1922[1].
Composition :
- Président : Paul Adolphe Joseph Coche (adjoint au maire ; marbrier)
- Vice-président : Élisée Deriencourt (tourneur au chemin de fer du Nord)
- Secrétaire : Léon Joseph Duprot (directeur de l’école)
- Trésorier : Aimé Jean-Baptiste Crespin
Économie du monument
- Coût : 6 974,70 francs par souscription publique et budget communal.
Inauguration
Inauguré le 13 juillet 1924, sous la présidence du Préfet du Pas-de-Calais, avec le concours des sociétés de musique, de gymnastique, d'anciens combattants et de sapeurs-pompiers.
L'inauguration vue par la presse de l'époque :
« Dimanche eut lieu l’inauguration du monument érigé à ses morts par la commune d’Achicourt, fidèle à leur souvenir.
La cérémonie imposante revêtit un éclat tout particulier grâce au dévouement des zélés organisateurs, M. Wache, maire d’Achicourt, de l’abbé Defosse, le curé de la paroisse, MM. Daval et Oscar Dupuich, président des anciens combattants.
À 10 heures, dans le cimetière près de l’église, M. l’abbé Defosse célébra la messe en présence des autorités ecclésiastiques et civiles. Les chants furent exécutés par une chorale que formaient des musiciens et des membres de la Jeunesse Catholique.
Après le Libera, devant le catafalque, le chanoine Lourdeau, archiprêtre de la cathédrale d’Arras, prenant la parole dit son émotion de présider une telle cérémonie et présenta l’abbé Chappe, glorieux combattant, citoyen modeste, prêtre dévoué et termina par un vibrant hommage aux morts et un appel à l’union.
Immédiatement après eut lieu la bénédiction d’une plaque commémorative placée en l’église provisoire, œuvre de Charles Desvergnes, grand prix de Rome et consistant en un bas-relief représentant la mort sur le champ de bataille et sur lequel on voit un ange qui soutient le mourant en lui montrant la croix.
À 11 heures, l’assistance se forma en cortège et se dirigea vers le monument. Sur l’estrade improvisée prenaient place les personnalités citées plus haut.
Lorsque l’archiprêtre Lourdeau eut procédé à la bénédiction, M. l’abbé Chappe prononça une superbe allocution. Après la levée du voile, M. Wache, maire d’Achicourt, traduisit les sentiments de la foule en une allocution heureusement inspirée. Puis, M. Paris, conseiller général, réunit dans une même pensée les enfants d’Achicourt dont le sacrifice a sauvé la France. Trois sociétés musicales prêtaient leur concours appréciée à la cérémonie, la fanfare d’Achicourt, l’union musicale des cheminots d’Arras et la fanfare de Saint-Laurent-Blangy, ainsi que de nombreuses associations d’anciens combattants et leurs drapeaux.[2] »
« Notre profession nous a valu l’honneur d’assister à de nombreuses inaugurations de monuments aux morts dans la région et ailleurs. Nous n’avions pas encore rencontré avant la cérémonie qui eut, dimanche 13 juillet à Achicourt, le même objet, une aussi parfaite unanimité, une aussi complète coordination des efforts individuels pour l’organisation. Véritablement, à Achicourt, on a réalisé l’union sacrée autour de cet hommage rendu aux héros de la grande guerre. On les a honorés dignement, avec tout l’éclat de la reconnaissance dû à ceux qui firent le sacrifice de la vie, pour que vive leur petite patrie, coin de terre agricole de la banlieue d’Arras, et leur grande patrie, la France.
Cette coordination des bonnes volontés de la population a eu quelques guides et quelques directeurs. Ils nous en voudront que nous les citions à l’ordre du jour. Tant pis, car nous avons le souci avant tout de dire ce qui est. Et bien, si l’inauguration du monument aux morts fut aussi solennelle, c’est grâce au maire M. Wache, homme simple mais énergique, au dévoué secrétaire de mairie, M. Daval, qui s’est considérablement dépensé à élaborer un programme très bien conçu, à M. l’abbé Defosse, le pasteur estimé et aimé, à M. Oscar Dupuich, le glorieux mutilé, président de la forte phalange des anciens combattants de la commune, groupés depuis peu de temps sous les plis du drapeau de l’UNC, et grâce enfin, à tant d’autres dévouements moins visibles, mais aussi également désintéressés.
Achicourt a élevé un magnifique monument à ses morts. Il est érigé là où tout ce qui est ancien combattant le désire, sur une place publique, mais point sur le forum, synonyme de bruit, d’agitation, de plaisir. A proximité s’édifiera bientôt l’église où les veuves et les orphelins iront, après s’être inclinés devant la table de marbre portant les noms chers, prier Dieu pour l’âme des défunts.
Les décorations
Narrateur, nous devons consacrer quelques lignes à l’extraordinaire pavoisement qui distingua surtout l’inauguration. Nulle part il y eut comme à Achicourt une telle profusion de drapeaux, de guirlandes, de verdure, de fleurs, de fausses portes, d’arcs de triomphe, d’inscriptions. Pas une maison qui ne fut richement décorée. On remarque beaucoup à l’entrée de la rue d’Arras une élégante fausse porte sur les fûts de laquelle, drapés dans les plis du drapeau tricolore, statues vivantes se tenaient les deux filles de M. Vasseur. Le coup d’œil était féerique. Ceux qui sont revenus de la tourmente remercient la population d’avoir aussi magnifiquement honoré la mémoire de leurs camarades morts. Ce pavoisement révèle les sentiments de reconnaissance et d’admiration de ces braves agriculteurs et maraîchers, de ces besogneux travailleurs de l’usine et du chemin de fer qui forment en grande majorité la cité d’Achicourt. Achicourt, localité martyre, à quelques centaines de mètres du front, ravagée par la mitraille, éprouvée cruellement, puisqu’elle compte 61 combattants morts au champ d’honneur et 29 victimes civiles. Achicourt, décorée de la Croix de guerre, Achicourt, commune vaillante sous le déluge de fer et de feu, vaillante aussi dans l’œuvre de reconstitution.
La messe au cimetière
Tous ont voulu que l’hommage aux grands morts débuta par une manifestation religieuse, grandiose et émouvante. M. l’abbé Defosse en fut l’âme. Il a été récompensé par la spontanéité avec laquelle ses paroissiens se groupèrent à 10 heures au pied de l’autel érigé en plein air, dans le cimetière, près de l’église provisoire qui eut été trop petite pour contenir la foule empressée et recueillie. La maison Hans avait aidé M. le curé à improviser l’autel et à monter le superbe décor qui l’entourait. M. l’abbé Defosse célébra le Saint-Sacrifice, en présence de M. le chanoine Lourdeau, archiprêtre de la cathédrale d’Arras ; de M. l’abbé Chappe, chevalier de la Légion d’honneur et Croix de guerre ; de M. Wache, maire, et du conseil municipal ; de M. Jean Paris, conseiller général, et Marc Scailleretz, conseiller d’arrondissement ; de M. le commandant Harduin de Grosville, chef de bataillon du 43e RI ; de M. le commandant Wathier, chef de bataillon au 3e Génie ; du capitaine Maire, du 3e Génie, représentant la garnison d’Arras ; le lieutenant Hans, originaire d’Achicourt ; les parents des morts, toutes les sociétés locales, etc. Les chants furent exécutés par une chorale que formaient des musiciens et des membres de la Jeunesse catholique. Après le Libera, devant le catafalque, M. le chanoine Lourdeau prit la parole. Représentant Mgr l’Évêque, retenu depuis longtemps par la pose de la première pierre de l’église Saint-Vaast à Béthune, M. l’archiprêtre dit son émotion de présider une telle cérémonie et présenta M. l’abbé Chappe, l’orateur de tantôt, glorieux combattant, citoyen modeste, prêtre dévoué. Son hommage vibrant aux morts, son appel éloquent à l’union ont été écoutés religieusement. Ils seront entendus.
La bénédiction d’une plaque commémorative en l’église provisoire
Tout aussitôt après a lieu la bénédiction, à deux pas, d’une plaque commémorative en l’église provisoire. Elle fut précédée de l’hymne aux morts interprété par les jeunes filles du Patronage Saint-Joseph, avec beaucoup d’âme, sous la direction des admirables sœurs de Saint-Vincent de Paul, avec le concours de la fanfare d’Achicourt. L’appel aux morts suivit, tandis que les fillettes déposaient des fleurs et des fleurs au pied de la plaque. Celle-ci est l’œuvre de Charles Desvergnes, grand prix de Rome. C’est un chef d’œuvre. Elle consiste en un bas relief représentant la mort du soldat au champ de bataille. Au premier plan on voit un ange qui soutient le mourant en lui montrant la croix. Deux volets latéraux portent les noms des soldats morts au champ d’honneur et des victimes civiles. Au sommet du bas relief on lit, en lettres d’or, cette inscription : Aux enfants d’Achicourt morts pour la France.
La bénédiction du monument
Un cortège se forme qui se dirige à 11 heures vers le monument. Là sur l’estrade s’assemblent les personnalités citées plus haut. Quand M. l’archiprêtre eut procédé à la bénédiction, M. l’abbé Chappe prononce une allocution d’une superbe envolée religieuse et patriotique. Il prend pour thème cette parole d’un grand combattant, du général de Castelnau, aux officiers sortis de Saint-Cyr : « j’ai voué aux soldats français une admiration sans borne et une gratitude infinie ». Il exprime le pourquoi de cette admiration, de cette gratitude dans le souvenir de ce qu’on fait les combattants. Ce qu’ils ont fait, ceux qu’on honore plus particulièrement aujourd’hui, c’est à l’imitation du Christ. Comme lui au jardin des Oliviers, eux au tocsin de la mobilisation, ils se sont écriés Surgite, camus, Debout et allons. Bien des larmes ont coulé à cette évocation sublime d’une sublime épopée.M. Wache, maire, traduisit les sentiments de la foule dans cette courte allocution : Mesdames, messieurs, À la fin de cette première manifestation à la gloire de nos morts de la guerre, je tiens à adresser au nom de la municipalité et de toute la population, l’expression de notre vive reconnaissance à ceux qui y ont pris part.
À vous d’abord M. l’archiprêtre d’Arras qui représentez ici si dignement Mgr l’évêque. A vous M. l’abbé Chappe, qui étiez si qualifié pour nous parler de nos héros et qui l’avez fait avec tant d’éloquence. À vous M. le curé d’Achicourt, qui n’avez jamais rien négligé pour honorer nos morts et qui avait voulu que leurs noms à jamais glorieux fussent inscrits sur un véritable chef d’œuvre dans notre église paroissiale. A toutes le sociétés locales. Cette cérémonie est le splendide prélude de la grandiose manifestation qui va se dérouler après-midi, au pied de ce monument. A tous merci, gloire à nos héros. Vive Achicourt et vice la France !
L’inauguration
Elle eut pour prélude la réception des autorités et des sociétés sur la place de la mairie et un imposant cortège à travers toutes les rues d’Achicourt, de 14 heures 30 à 17 heures. nous ne pouvons mentionner ici tous les groupes ; Citons cependant trois sociétés musicales, qui prêtèrent un concours très apprécié, la fanfare d’Achicourt, l’union musicale des cheminots d'Arras et la fanfare de Saint-Laurent-Blangy ; d’autres part les sociétés d’anciens combattants, de mutilés, réformés, anciens prisonniers de guerre avec leurs drapeaux d’Arras, Dainville, Beaurains, Mercatel, Anzin-Saint-Aubin, Berneville et Achicourt. (..) Il y a plusieurs milliers de personnes sur la place. Après le lever du voile du monument, la salut des drapeaux, une minute de recueillement, la remise du drapeau à la municipalité par le comité d’érection, se fit l’appel des morts.
M. le maire parla le premier pour témoigner de sa gratitude à l’égard de tous ceux qui contribuèrent à l’hommage aux morts d’Achicourt et à la belle manifestation du jour. Des discours aussi sentis furent ensuite prononcés par M. Paris qui unit dans une même pensée les enfants d’Achicourt dont le sacrifice a sauvé la France d’hier et leurs continuateurs dont l’inlassable fera grande, prospère et pacifique dans se force reconstituée la France de demain ; par M. Scailléretz, délégué plus particulièrement par les anciens combattants, pour apporter le salut profondément ému aux frères d’armes toujours présents parmi nous car « par delà la nuit des tombeaux, les yeux qu’on ferme voient encore ». M. Couhé, le jeune, actif, député de la première circonscription, que n’a pas pu suivre son collègue M. Salmon, seulement convalescent. M. Couhé, tout qualifié pour parler de ces morts dont il a partagé les dangers ; par M. Delatouche, enfin, qui traça une page sublime d’histoire en relatant les hauts faits de guerre et déduisant tous les enseignements qu’ils contiennent.[3] »
Liste des noms inscrits
1914-1918
1939-1945
Déportés du travail | Fusillés |
Jean Douai | Alfred Gondry |
Pierre Geerolf | Émile Lefebvre |
Victimes civiles | Raymond Souillard |
Paul Ambroise | Déportés politiques |
Irène Beve | Jules Buquet |
Paul Beve | Émile Darras |
Charles Bienfait | Edmond Delcourt |
Gustave Bouche | Marcel Delis |
Émile Briou | Émile Duquesnoy |
Charles Brisser | Jean Étienne |
Robert Callebaut | Georges Fournier |
Jules Carpentier | Marcel Quide |
Paul Courcel | Edmond Robaert |
Albert Crespel | Michel Selame |
François Delaplambre | Edmond Souart |
Auguste Frontigny | Militaires |
Catherine Hoelle | Marcel Arceline |
Marcel Houbart | Maurice Delval |
Béatrice Ingrez | Lucien Distinghin |
Paulette Legrand | Emilien Dupire |
Victor Martin | Elisée Legrand |
Floride Mathieu | Hilaire Michaut |
Victor Morieux | Elysée Thorel |
Pierre Poudroux | Prisonniers |
Klebert Rifflard | Maurice Delansay |
Clotaire Roger | Albert Mille |
Marie Stérin | |
Abel Vermel | |
Hermant Wache Hermant |
Algérie
Indochine
- René Dambreville (1947)
- Jean Stebach (1947)
- Laurent Bovy (1948)
- Camille Curny (1951)
- Fernand Moronval (1953)
Galerie
Liens externes
Notes
- ↑ Archives départementales du Pas-de-Calais, 11 R 1163 : contrôle des œuvres de guerre, comité d'érection du monument aux morts d'Achicourt.
- ↑ La Croix du Pas-de-Calais du 20 juillet 1924
- ↑ Le Pas-de-Calais hebdomadaire du 20 juillet 1924
Sources
- Mairie d'Achicourt