Motte du village à Thiembronne

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En plein centre du bourg actuel, derrière l'école (au lieu-dit le Bois du Plouy ou le Blamont), on peut observer la plus imposante des mottes de Thiembronne : surplombant la pente qui descend vers la rivière (la Vilaine), elle mesure 150 mètres de diamètre.

Elle fut érigée par les seigneurs de Thiembronne, une famille de barons du comté de Boulogne, probablement au XIIe siècle, peut-être sur une motte pré-existante.

Nous disposons de peu de renseignements sur l'histoire de ce château, hormis les noms des seigneurs qui l'ont possédé, et la façon dont il a été détruit. A la fin du XVIe siècle, Thiembronne, village frontière entre Artois et Boulonnais, (seule commune de l'actuel canton de Fauquembergues à n'avoir pas été sous domination espagnole), subit de nombreux pillages, tantôt par les Espagnols, tantôt par les Français, et son château fait front à plusieurs sièges.

Une requête du 26 septembre 1588, adressée à la sénéchaussée du Boulonnais par la

« haute et puissante dame Claude de Maricourt, veuve de messire Nicolas Rouault, baron de Thiembronne »

nous apprend que

« le dict château est desmoly en plusieurs endroictz et la plupart couvert de paille. »

Le château subit un siège en mai 1595 qui cèle son sort. L'histoire de ce siège est relatée par Jean Hendricq, chroniqueur et bourgeois de Saint-Omer, favorable aux Espagnols. Le récit n'est certes pas des plus impartiaux, mais livre un tableau du château au moment de sa destruction, et surtout donne une idée du climat de violence qui règne alors, et de l'insécurité dans laquelle les habitants survivent.

C'est le baron d'Auchy, agissant pour la Couronne d'Espagne et dont le camp est établi à Fauquembergues, qui vient assiéger le château,

« vrai trou et fosse à larrons, lequel a plus détruit et désolé le païs d'Arthois en environs de luy que nul fort d'icy entour. »

Le chroniqueur raconte comment paysans, laboureurs et censiers étaient faits prisonniers et torturés par les gardes du château pour obtenir une rançon, en

« les mettant sur quelques poutres à chevalet aians aux pieds des poids de cinquante livres, les autres enfermoient les doits en huis, les autres les mettoient en cœur d'hyver aux grandes froidures en l'eau, puis les retirant à demi-mort les mettoient près du feu qui leur estoit tourment pire que la mort ; autres, comme auscuns disent, avoient des bières remplies de pointes de cloux dans lesquels aians mis leurs prisonniers, les martyrisoient au milieu de ces pointes. Bref, il n'y avoit tourment qu'ils n'inventassent, tellement que ces pauvres affligés, pour être délivrés, pensans vivre en repos avec leurs familles, retirés en bonnes villes, venoient à mourir peu après de la force des tourments dont ils se ressentoient encore. Les autres disent pire, c'est que les François, estans asseurés de leur rançon, donnèrent quelque potion mortelle à ces prisonniers afin de peu après les faire mourir. »

Le siège commençant à durer, le baron d'Auchy fait venir le canon de Renty, devant lequel les hommes du château finissent par se rendre. Le baron fait pendre le capitaine des lieux à la porte du château, piller le village et emprisonner à Saint-Omer les soldats n'ayant pu s'acquitter du prix à payer pour recouvrir leur liberté.


Sources

  • Abbé Jules Leroux, Histoire de Thiembronne, Saint-Omer, 1912.
  • Philippe Qeste, Le château dans l'Audomarois médiéval, Études et documents n° 16, Comité d'histoire du Haut-Pays, 1997.
  • Bibliothèque d'agglomération de Saint-Omer, Jean Hendricq, Annales, Manuscrit 808.
  • Francis Perreau, Guy Lefranc, Mottes castrales et sites fortifiés médiévaux du Pas-de-Calais, Mémoires de la commission départementales d'histoire et d'archéologie du Pas-de-Calais, tome 36, Arras, 2005, P. 224-226.