Roger Delannoy

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Roger Delannoy soldat

Roger Delannoy est né le 6 janvier 1905 à Rougefay. Il est le fils aîné de Alix Léopold Delannoy, qui fut maire à Rougefay, et d'Eugénie Lefebvre.

Il fit ses études à l'École Moderne de Doullens (Somme). À l'âge de 10 ans, au début de la mécanisation agricole dans son village, il se fit remarquer dans le montage des tapis transporteurs sur les moissonneuses lieuses. Vite il fut surnommé " Le petit mécanicien ".

Première guerre mondiale

Pendant la première guerre mondiale son père Alix, alors mobilisé, lui adressa régulièrement des cartes postales en rapport avec les évènements. Sur ces dernières, il insista beaucoup sur les valeurs morales et physiques, nécessaires pour défendre le France. Sur le patriotisme, la résistance face à l'ennemi, les sacrifices à endurer parfois jusqu'à l'extrême, aller jusqu'au bout de ce que l'on entreprend, les disciplines à imposer au corps et à l'esprit, l'importance à connaître la culture française et les technologies du moment. Un nombre important de recommandations qui forgèrent la façon de penser de Roger, puisque il les appliqua par la suite tout au long de sa vie. Courant cette guerre, les Anglais ayant installé un terrain d'aviation entre Rougefay et Boffles, Roger en bicyclette avec son frère sur le cadre le fréquentera souvent. Il était admiratif devant le décollage et l'atterrissage de ces machines volantes. À cette époque il désirait être aviateur. En âge de choisir un métier, sachant ce qu'il voulait et ayant du caractère, Roger fit part à son Père de son désir de ne pas reprendre plus tard l'exploitation agricole et de se consacrer dés maintenant à sa formation pour ses passions, la mécanique, l'électricité et la radio T.S.F. Cela ne se fit pas dans le calme, Roger ne cédant pas, son Père finit par se ranger à son avis. Il l'envoya à Auxi-le-Château prendre contact avec l'établissement Labey. S'étant fait remarqué chez eux par ses facilités, il fut embauché comme apprenti. Cela l'obligea à loger sur place en attendant de faire la route en motocyclette. Appelé sous les drapeaux à 20 ans, il fit 2 ans de service actif au 3e Génie à Arras. Il fut muté par la suite au 551e RCC Chars d'assaut de combat. Réserviste, il dut faire des stages de perfectionnement au camp de Mourmelon.

Futur_Garage_à_Samette_Lumbres

Début juillet 1927, le père de Roger achète à Samette, hameau de Lumbres, un ensemble grange, maison, estaminet sur une même parcelle. Dans ces lieux, Roger commença ses activités le 10 juillet 1927, en mécanique générale, en automobiles et machines agricoles, en électricité et T.S.F., en électroménager et petites machines pour la ferme. Il occupa pour les travaux de mécanique la grange et comme magasin l'ancien estaminet. Les premiers temps, Roger prit pension au café de Madame Legrois rue Henri Russell (prés de l'école des garçons), et confia à Madame Cousin sa voisine l'entretien de son linge.

Le 06 octobre 1928 à Doullens, Roger épousait Simone Lièvre qui lui donnera deux enfants, Guy en 1931 et Anne-Marie en 1937.

Construction garage en 1930

La clientèle du garage se développant rapidement, Roger fut dans l'obligation d'embaucher du personnel et d'étudier l’agrandissement des bâtiments. Courant 1929, il fut décidé de construire un vrai garage à l'emplacement de la grange avec un vaste magasin à l'étage.

Pour transporter le bétail sur les marchés à bestiaux, les agriculteurs manquaient de remorques adaptées, tractables par automobile. En 1930, Roger décida d'apporter localement des solutions. Il imagina et dessina une bétaillère légère et il prit plusieurs brevets d'inventions pour protéger ses innovations.

Roger inventeur

Par une famille de menuisiers de Boidinghem, les frères Gressier, il fit construire les premières caisses. Il les équipa dans son nouveau garage de ses inventions et les mis sur roues . Exposées sur son stand dans les foires agricoles ces nouvelles remorques rencontrèrent un véritable succès. Les commandes affluèrent. Les délais de livraison augmentèrent avec le temps nécessaire pour faire couler en fonderie les pièces en acier.

De nombreux nouveaux modèles furent construits par la suite pour les transports des chevaux, de la paille, des petits pois en cosses, des pièces mécaniques, des meubles, des tissus, etc.

Quelques photos de remorques.

Et même une caravane vit le jour. Une extension des ateliers fut envisagée et aussi un deuxième atelier à Blangy-sur-Ternoise. Le personnel de la petite entreprise atteignait en 1938 une dizaine de personnes.

Deuxième guerre mondiale

Puis les menaces de guerre provoquèrent un ralentissement des commandes. Ce qui eu pour effet immédiat de mettre en veilleuse tous les projets d'extension. A partir du début du mois d'août 1938, Roger désirant que ses voisins soient au courant de l'évolution des menaces de guerre qui pesaient contre la France, décida de sortir un des ses postes de T.S.F. sur une table devant le petit magasin. (T.S.F. absente à cette époque dans les maisons de Samette). Les voisins prirent donc l'habitude chaque soir de venir écouter les informations et les chansons diffusées entre chaque communiqué, et de les commenter jusqu'à la tombé de la nuit. Puis ce fut la mobilisation générale, suite à la déclaration d'état de guerre, les 2 et 3 septembre 1939. La semaine suivante, ayant reçu sa feuille de route, Roger pris le train pour rejoindre le 5e Genie à Arras. Il fut affecté en suite à une unité de blindés lourds et cantonna à Autry dans les Ardennes jusqu'au mois de février 1940. Pendant cette absence, son épouse Simone dirigea le garage. La situation militaire stagnant aux frontières, Roger à charge de deux enfants et étant professionnellement compétant pour entretenir les matériels agricoles(les récoltes en vu), les matériels industriels et les voitures, fut renvoyé dans ses foyers. En avril 1940 afin de protéger les familles des bombardements, Roger réunit ses voisins pour leur proposer de construire un abri commun à l'écart des maisons. En quinze jours il fut réalisé dans la pâture de Monsieur Fasquelle.

Depuis quelques semaines, beaucoup de soldats Français cantonnent dans les granges à Samette. Ils dorment sur de la paille, leur tenue militaire porte une odeur, du vin dans des sceaux en toile circule entre les granges, ainsi que des boules de pain (pain de munition). La mie de ce pain est grise avec un goût aigre. Ces soldats avaient mis en batterie deux canons antiaériens de 25, en surplomb dans un champs derrière chez nous. Prés de l'école des garçons, des soldats Annamites firent des essais de masques à gaz, dans le locale la pompe à incendie. La veille du jour de Noël dans la salle du cinéma Banelle, des soldats Anglais organisèrent un goûté en musique avec un sapin illuminé pour les enfants des écoles. Avec un thé au lait concentré et un morceau de pouding.

Le 16 mai 1940, le passage des réfugiés étant de plus en plus important ainsi que l'avance des troupes ennemies, Roger décida de mettre sa famille à l'abri au sud de la Loire, et de revenir pour garder ses biens.Le 21 mai 1940 nous étions sur la route de Montreuil S/Mer, onze personnes et un chien dans une voiture du garage protégée par un matelas et une remorque attelée couverte en arrondi par une grande feuille d'isorel. Nous n'allâmes pas plus loin que Neuville prés de Montreuil S/Mer, bloqués par les troupes Française, qui remontaient sur Boulogne-sur-Mer. Roger décida, au vu des attaques aériennes, de rentrer à Samette pour se réfugier dans l'abri. Le surlendemain les troupes ennemies étaient dans Lumbres. Nous sortîmes de l'abri sous les sifflets des soldats, serveurs d'une batterie de flak 88, installés prés de chez nous pendant la nuit.

                                                  RÉSISTANCE CIVILE A L'OCCUPANT.
Esprit d'un patriote Lumbrois, début de la résistance

Au début de l'occupation,la résistance à l'occupant se fit spontanément et individuellement, sans organisation. Tout patriote, n'acceptant pas la défaite de la France, ni l'occupation, entra immédiatement et naturellement en résistance contre l'ennemi. Toutes les occasion furent bonnes, pour individuellement aider les Alliés et faire du tort à l'occupant. Dès les premier mois de l'occupation, elles ne manquèrent pas avec la totalité des soldats Alliés n'ayant pu réembarquer à Dunkerque et l' ignorance totale des soldats d'occupation sur la région.

      • La résistance de Roger à l'occupant, au gouvernement de Vichy et ses actions pour Londres et le alliés commencèrent immédiatement d'une façon isolée.
  • Sur le pas de sa maison, en s'opposant efficacement à l'entrée des soldats qui voulaient chauffer leurs gamelles, et ce le lendemain de leur arrivée à Lumbres. Devant leur insistance pressante, il sortit la gazinière et la bouteille de gaz sur le trottoir, puis leur tournant le dos il rentra chez lui en verrouillant la porte. Ils chauffèrent leur nourriture et ne revirent pas les jours suivants. Ces soldats, étaient les serveurs de la batterie de Flak 88, en position derrière chez nous.
  • En transportant dans la région de Lillers et aussi de Bruay, dès les premiers mois de l'occupation, des soldats Anglais n'ayant pu ré-embarquer à Dunkerque.
  • En nouant des relations avec des personnes ayant la même façon de penser, concernant l'attitude à avoir vis à vis l'armée d'occupation.
  • En démissionnant verbalement le 13 juillet 1941 de son poste de conseillé municipal, confirmée le même jour par lettre au maire, refusant écrivait-il de cautionner la politique de Vichy ( pas de collaboration ni de soutien au Maréchal ). Il confirma aussi cette décision hardie au sous préfet et à ses collègues. ( voire le livre de Raymond DUFAY, la vie dans l'Audomarois sous l'occupation à la page 151 )
  • En établissant fin 1941 des premiers contacts avec le Mouvement de résistants VOIX du NORD. de la région de Lille, par l'intermédiaire de Monsieur Emile Dutriaux ( alias Jean-Jacques ), comptable qui venait au garage effectuer la comptabilité.
  • En refusant d'entretenir les véhicules de l'armée d'occupation.
  • En refusant aussi de fournir du matériel à cette armée, prétextant la nécessité d"avoir des bons matière, ce que ces militaires n'avaient pas.
  • En tenant des propos ouvertement décourageants aux soldats et officiers qui occupaient le garage et qui de voyaient déjà à Londres.
    • L'Angleterre est une île que Napoléon n'a jamais pu envahir.
    • Vos cartes ne sont pas à jour, le détroit du Pas de Calais fait 40 Kms et non 10 Kms comme cela est indiqué.
    • L'eau du détroit ne se retire pas aux équinoxes, pour permettre aux véhicules amphibies de passer à l'aise.
    • Des navires adaptés sont nécessaires pour débarquer sur une côte des véhicules et des soldats. Cela demande une grande préparation et un effet de surprise pour réussir.

Le commandant de cette unité d'assaut soutenait à Roger que la victoire ne tarderait pas, et que rapidement aprés la paix, il ferait du commerce avec lui. Ces militaires quittèrent le garage fin décembre, non pour l'Angleterre mais pour le front de Russie. Ce commandant revint au premier trimestre 1944 pour exprimer à Roger, combien les propos qu'il avait tenu étaient exactes. Apprenant son assassinat provoqué par la gestapo, il dit que la guerre avait été l'une de plus mauvaise chose et un grand malheur pour nos deux pays. Saluant et faisant demi-tour il disparu sans se retourner. Il avait sans doute compris l'absurdité du régime dans son pays.

      • Recrutement pour la création d'un groupe de résistants lumbrois.
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Avec le Mouvement de résistants VOIX du NORD. sous les conseils d' Emile Dutriaux alias ( Jean_Jacques ), Roger Delannoy alias ( Fayot ) prit contact avec des lumbrois pour constituer une équipe qui allait devenir très active dans la résistance lumbroise. Il retiendra en particulier les personnes les mieux placées prés des lieux un peu stratégiques pour collecter le maximum de renseignements sur les installations et les mouvements de l'armée d'occupation. Certaines de ces personnes pouvaient se déplacer facilement,ayant une autorisation de circuler (Ausweis ), comme Garagiste, Responsable au Pont et Chaussées, Chef et sous-Chef de la gare de SNCF, Responsable de la Régie, Inspecteur du Travail, Chef de district E.D.F., Mécanicien au dépôt des locomotives, Gendarmerie Nationale, etc...Ils furent rejoints en activités par des réfractaires au travail obligatoire en Allemagne, (Roger les ayant caché dans des fermes des environs. ), par deux garagistes ( un Blangy S/Ternoise et un Nielles les Bléquin, chacun opérant dans son village) et par la secrétaire du garage,( d'origine Anglais restée en France, dont le père était rentré dans son pays ).

      • Actions effectuées à partir de janvier 1942 ( Transmissions verbales et écrites )
C'est via la boite aux lettres d'Emile Dutriaux Alias ( Jean-Jacques ) que de nombreux renseignements furent transmis par Roger Delannoy au Mouvement de résistants VOIX du NORD. , région Lille.
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Ces renseignements sur Lumbres et une partie du canton, étaient collectés avec les premier membres de son futur groupe de résistants.

-- Passages des trains militaires: nombre, composition, direction, matériels et troupes, genre de régiments, copie des sigles et étiquettes, lieux de stationnement st destinations, dates et heures de passage.-- Passages routiers de véhicules militaires, d’artillerie et de blindés. ( avec mêmes détails ).-- Mouvements des troupes en armes. ( avec mêmes détails ).-- Fanions des régiments et des voitures d'officiers rencontrés ou résidents.-- Plans de toutes les constructions militaires en cours et leur degré d'avancement.-- Plans des cantonnements de troupes et lieux de logements des officiers.-- Emplacements détaillés des centres administratifs, de communications et de stockages.-- Emplacements détaillés des centres de repérage aérien, D.C.A. et de stockage des munitions.-- Détails des terrains d'aviation, situation, type d'avions, leur nombre, mouvements, l'emplacement des hangars et leur contenance.-- La vie des Français au contact des occupants, les réquisitions, les perquisitions et les problèmes en rapport avec l' alimentation.

D'autres actions furent exécutées sur le terrain, avec les premiers membres de son futur groupe de résistants et ce en concertation avec le Mouvement de résistants VOIX du NORD. de Lille.

Récupération de quelques militaires restés dans les fermes et d'aviateurs dont l'avion avait été abattu. Pour ces hommes il fut prévu l’intendance matérielle, administrative et le transport jusqu'à une prise en charge par la filière d'évasion.-- Distribution du journal clandestin Voix du Nord.-- Refus déguisé, quand cela était encore possible, de travailler pour l'armée d'occupation. ( Pour le garage ce ne fut pas trop difficile, l'absence de pièces de rechange et la méconnaissance des véhicules étrangers aidèrent beaucoup. D'autre part Roger continua à soutenir, qu'en l'absence de bons matières, il lui était impossible de monter des gazogènes sur les véhicules de l'armée ).-- En paralysant les véhicules militaires en glissant sous les pneus des milles-pattes fabriqués au garage. -- Impression et distribution de tracts par la secrétaire du garage, qui disposait d'une machine à écrire portative Japy, d'une machine à imprimer Gestener's " Rotary Cyclostyle n°6 " et d'un stock de fournitures d'avant guerre " ramettes de papier, cartouches d'encre et rubans ". Avec ce matériel elle tapait le courrier et les stencils pour imprimer les tracts. le travail terminé, elle transportait les documents chez les destinataires, à bicyclette, en passant au nez et à la barbe des soldats d'occupation. Elle retourna en Angleterre après la guerre et ne fut jamais mise à l' honneur.-- Transports des réfractaires, soldats, aviateurs et supérieurs de la résistance par Roger dans sa voiture, une Primaquatre Renault immatriculée 8599 NA 2. Avec une autorisation de circuler en tant que garagiste ( Ausweis ) et ayant équipé sa voiture d'un gazogène Gohin-Poulenc ( L'essence étant une denrée rare, presque interdite ), Roger assura beaucoup de ces transports en compagnie du responsable des ponts et chaussées. Pour citer une opération en exemple, ce fut celle de la mise en sécurité du sergent mitrailleur Ralph Forster. Averti par une personne de sa connaissance, Roger avec le responsable des Ponts et chaussées récupéra l'aviateur, pour le mettre en sécurité dans une ferme au Verval. Le lendemain ils le conduisirent à un rendez-vous à quelques kilomètres de Fauquembergues. Apres la guerre Ralph Forster adressa du courrier avec photo et fit une visite à Simone, alors veuve de Roger.