Tour de l'Horloge à Guînes

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La Tour de l'Horloge à Guînes a été classée par arrêté du ministre de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts (31 mai 1912) sur la liste des sites et monuments naturels classés.

Elle est établie au centre d'une îlot bâti dans le centre bourg, sur l'ancienne motte féodale de la Cuve, vestige de la forteresse construite par les comtes de Guînes. Sous l'occupation anglaise (1347 à 1558), un donjon est édifié sur la motte. Celle-ci a un diamètre de 55 mètres et une hauteur de 9 mètres. La motte est entourée de constructions, élevées à l'emplacement des anciens fossés.

La Tour de l'Horloge

Historique du site

On trouve trace du site sous différentes dénominations, d'abord horloge dite du Château (parce qu’elle fut élevée sur les ruines de l’ancien château), on utilise désormais plus communément l'expression Tour de l’Horloge.

Lorsque la ville de Guînes est reprise aux anglais en 1558, le château est rasé, mais la motte de la Cuve, sur laquelle il s’élevait, est conservée. Dans un extrait du Terrier du domaine du Roy en la ville de Calais et pays reconquis, dressé par Pierre de Miraumont en 1582, on peut lire : « Premièrement, en la haute ville de Guînes, Girault de Gourdon, chevalier des deux ordres du Roy, gouverneur de la ville de Calais et pays reconquis, a reconnu tenir du Roy une motte sur laquelle y a une maison et corps de logis tant haut que bas avec les écuries, à la charge de trente cinq sols de cens et rentes par chacun an ».

Plus tard, on y construisit la Tour de l’Horloge, que la ville restaura à de nombreuses reprises. L’horloge semble donner la date de sa fondation par une inscription lisible sur sa cloche à côté d’un dessin représentant un preux le glaive à la main : « l’an 1634, ceste cloce a testé faict faire par les habitans du bourgeux de Ginne pour servir à lorloge du dict lieu de Ginne ».

Par la suite, plusieurs documents viennent confirmer l’ancienneté de cette tout horloge. : « le 11 février 1668, le capitaine de Guînes, le marguillier en charge, les anciens marguilliers et autres notables de l’endroit passent un marché pour l’entretien de l’horloge. On alloue six livres tournois à celui qui la règle et dix-huit livres à celui qui la remonte ».

Près d’un siècle après, le 28 janvier 1761, se doutant qu’un négociant de Guînes nourrissait le projet de se faire concéder la motte de la Cuve pour y établir un moulin, les autorités et notables présentèrent à l’intendant de Picardie une requête disant que « se trouvant à l’entrée du bourg du côté d’Ardres, une petite commune (terre) d’environ six arpens de terre qui n’a jamais été jusqu’à présent d’aucune utilité pour les habitants dudit bourg et plaise à votre grandeur de leur en accorder la vente pour employer les deniers qui en proviendront au rétablissement d’une horloge qui subsistait de temps immémorial et qui fut détruite par l’impétuosité des vents ; son rétablissement très nécessaire surtout dans un lieu comme celui cy où il se tient plusieurs foires chaque année et deux marchés par semaine, où il y a aussi très souvent des troupes en quartier… ».

Le 4 novembre suivant, les mêmes notables rédigent une soumission : « Nous soussignés, marguilliers en charge, anciens marguilliers et principaux habitants du bourg de Guisnes, assemblés en la manière accoutumée sur ce qui nous est revenu que le sieur Noé de la Balle, marchand au dit Guisnes, fesoit des offres au Conseil pour l’aliénation du terrain et emplacement de l’ancien château dudit Guisnes, pour y faire construire un moulin, à savoir cinq livres pour le droit de vent et dix livres pour le dit terrain par an. Vu l’utilité pour les habitants dudit bourg d’avoir ledit terrain pour y construite l’ancienne horloge dans l’endroit où elle étoit, nous donnons pouvoir à maître Varlet, avocat au Conseil, pour requérir ou demander ladite aliénation au nom des habitants dudit bourg.

Le sieur de la Balle en fut pour ses frais, car par un arrêté du 7 juillet 1762, la motte de la Cuve, dont l’horloge était détruite par vétusté, fut aliénée à la ville de Guînes.

L’année suivante, la ville fit construire une nouvelle tour dont le bas fut utilisé comme prison pendant une trentaine d’année. L’horloge fut également entièrement reconstruite, à part la cloche qui était d’origine.

Quelques années après, plusieurs particuliers s’étant emparés du bas de la motte pour y établir des cours et des jardins, la commune décida de faire payer un loyer annuel proportionné au terrain qu’ils occupaient et dont le total devait produire un arrentement de vingt-quatre livres.

La motte et la tour sur le plan napoléonien de 1833

Le 9 octobre 1813, en présence du sous-préfet de Boulogne-sur-Mer et des autorités guinoises, huit lots de terrain au pied de la motte furent vendus par adjudication comme suit :

  • 1er lot : pour 580 francs, 26 mètres 64 de long sur 9 mètres de large, à Pierre Morgant (aubergiste) ; le terrain était précédemment loué par Charles Louis Fortin, qui y avait fait construire une grange.
  • 2e lot : pour 570 francs, 31 mètres 83 de long sur 8, 5 mètres de large, à Jean-Claude Guilbert (cultivateur).
  • 3e lot : pour 115 francs, 11 mètres 85 de long sur 6 mètres de large, à Jean-Baptiste Roussel (voiturier).
  • 4e lot : pour 90 francs, 8 mètres 77 de long sur 6 mètres de large, à Jacques Picon.
  • 5e lot : pour 55 francs, 5 mètres 19 de long sur 6 mètres de large, à Joseph Leporc (brasseur)
  • 6e lot : pour 89 francs, 9 mètres 10 de long sur 6 mètres de large, à Jacques Mouchon.
  • 7e lot : pour 101 francs, 10 mètres 40 de long sur 6 mètres de large, à Benjamin Marnault.
  • 8e lot : pour 180 francs, 10 mètres 40 de long, sur 6 mètres de large, à Louis Marie Caux (avoué à Boulogne).

Les adjudicataires firent ensuite construire des maisons et autres bâtiments. C’est à ce moment qu’apparaît la rue du Château.

Le 27 mai 1843, suivant contrat passé devant maître Delannoy (notaire à Guînes), M. César de Filley de la Barre (maire) vendit à Benoît Fortin (boulanger) un lot de terrains situés au bas de la motte, à charge pour lui d’exécuter divers travaux estimés à 805 francs, parmi lesquels figurait l’escalier en pierre qui permet l’accès à la tour.

La tour fut menacée plusieurs fois de disparition, mais à chaque fois l’attachement des habitants de la commune à cet édifice a permis sa restauration.

En 1952, face à la détérioration de la tour, le conseil municipal sollicite une subvention auprès du préfet, arguant du classement de la tour comme monument historique (délibération du 18 juin 1952). André Sallez, architecte en chef des monuments historiques répond que le tour n’est pas classée comme monument historique mais comme site historique. Il ajoute qu’après une visite sur place il ne lui apparaît pas possible « d’envisager le classement en tant que monument de cette tour qui ne présente qu’un intérêt pittoresque ».

Le musée

Un musée est désormais installé dans la tour. Il propose un parcours de visite ludique qui vise à faire revivre 1000 ans d'histoire locale, dont l'entrevue du Camp du Drap d'Or en 1520 entre François Ier et Henry VIII, événement majeur de l'histoire franco-anglaise.


  • Coordonnées : Rue du château - 62340 Guînes. Tél. : 03 21 19 59 00

Lien externe

Sources

Bibliographie

  • Atlas des sites de la région Nord-Pas-de-Calais, 1986.
  • Francis Perreau, Guy Lefranc, Mottes castrales et sites fortifiés médiévaux du Pas-de-Calais, Mémoires de la commission départementales d'histoire et d'archéologie du Pas-de-Calais, tome 36, Arras, 2005, pages 157-159.