Conférence du curé de Barlin sur sa paroisse pendant la Grande Guerre

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En 1919, répondant à la circulaire de l'Evêque d'Arras, Boulogne et Saint-Omer, de documenter l'histoire locale de la Grande Guerre dans le cadre des Conférences ecclésiastiques d'après guerre, le curé de Barlin, Louis Delhohen, rédigea un texte qu'il commence en rappelant la tension à la déclaration de la guerre avec les populations ouvrières d'origine étrangère et le sort incertain du curé polonais de Barlin, accusé d'espionnage. Il poursuit en racontant le quotidien de la commune, située sur la ligne de feu.


Le document original de ce témoignage est conservé aux Archives du diocèse d'Arras sous la cote 6 V 102. Nous vous en proposons ici la transcription.


Transcription

Conférence de l’abbé Louis Delohen

Histoire locale de la guerre

Comme document de l'histoire locale de la guerre, c'est mon registre de paroisse qu'il faudrait envoyer… ou transcrire. Barlin est du nombre des paroisses sur la ligne de feu.

A. Depuis la mobilisation jusqu'à l'approche de l'ennemi

C'est le samedi 1er août que parut l'ordre de mobilisation générale en France. La sinistre petite affiche est apposée sur les murs de la mairie. On la regarde curieusement : aucun sentiment sur les visages, ni stupeur, ni colère, ni exaltation joyeuse : du calme et de la résignation. Et pourtant que de perturbation la petite affiche va causer !

On peut dire que c'est à Barlin que la guerre commence. C'est ici qu’ont eu lieu les premières hostilités. En effet, ce lundi 3, alors que toute la population est dans les rues, que les mobilisés se rendent à la gare pour rejoindre leur dépôt respectif, les étrangers, nombreux dans notre ville cosmopolite, circulent en curieux. Par étrangers nous entendons les Polonais, les Espagnols et aussi… les Autrichiens et Allemands qui sont à Barlin. Toutefois, depuis quelques temps, les plus en vue, ceux considérés comme espions, avaient disparu et la déclaration de guerre était venue justifier nos soupçons concernant ces prétendus mineurs qui ne travaillaient presque jamais, se livraient à la photographies ou au cinéma et recevaient de l'argent par la poste, en abondance.

Donc, alors qu'au départ des trains des larmes souvent discrètes étaient versées par les parents qui accompagnaient les mobilisés, des étrangers, des Autrichiens, pensons-nous, eurent l'audace de rire, peut-être pour approuver l'entrain des partants, peut-être aussi par dérision pour les larmes des femmes et des enfants.

Constatant cela, les hommes firent demi-tour et se ruèrent sur les rieurs qui partirent aussitôt, poursuivis par les mobilisés dont un avait déjà sorti son revolver. En tous cas, des pierres furent lancées, le sang coula et les gendarmes eurent de la peine à rétablir l'ordre. Les partants ne voulurent prendre le train qu'après avoir fait promettre à ceux que la mobilisation ne devait atteindre que quelques jours après qu'ils ne partiraient pas avant d'avoir fait expulser tous les étrangers. N'avait-on pas entendu dire par eux que, les hommes partis, ils auraient eu beau jeu avec les femmes ? Barlin, de ce fait, fut pendant quelques jours en état de siège !

Le mardi 4, on apprend que l'Allemagne a déclaré la guerre à la France. Déjà avant cette déclaration, elle nous avait attaqués et avait envahi le Luxembourg.

Cette nouvelle n'est pas faite pour calmer les esprits. Comme une grande effervescence règne partout dans les rues du village, non moins que dans les cités, la mairie interdit les attroupements. Les disputes se multiplient. On veut le départ des étrangers. Ceux qui appartiennent aux nations ennemies sont expédiés dans le midi. On croit pouvoir conserver les Polonais qui forment une colonie et se déclarent et se montrent amis de la France. Mais le peuple voit en eux des ennemis. On a beau lui expliquer qu'ils ne sont pas plus allemands ou autrichiens que les Alsaciens-lorrains ne sont allemands, il faut quand même mettre les hommes en lieu sûr. Tous ces Polonais sont donc réunis dans de grandes salles sur le carreau de fosse 7 et 9. Les femmes sont autorisées à leur porter de la nourriture. Mais nos coronières sans éducation renversent paniers et bidons. Des hommes sont sans famille et ont faim, n'étant pas ravitaillés. Nous demandons d'établir à leur intention et à l'intention des familles étrangères sans ressources des cantines populaires. Nous payons des portions aux plus malheureux. On nous le reproche, comme on nous reproche les visites que nous ferons à ces malheureux. Préfet et sous-préfet viennent haranguer la foule et essayer de la calmer. Rien n'y fait.

C'est alors que les Polonais, sur la promesse que leur fait la mairie de secourir les femmes et les enfants, se décident à s’engager au service de la France. Ils partent à Béthune, drapeaux déployés. Mais la nuit suivante, sans avertissement préalable, on oblige les femmes et les enfants à abandonner maison et mobilier et à s'entasser dans un train amené tout exprès sur les carreaux de fosse, pour les emmener on ne sait où…

Ces départs ramènent le calme dans la population encore agitée par une autre nouvelle qui circule : le vicaire polonais de Barlin vient d'être fusillé à Lille comme espion.

Ce vicaire polonais habitait Barlin depuis plus de 6 mois avant la guerre. Il avait décidé de prendre des vacances aux premiers jours du mois d'août et son départ était fixé au 4 août. Mais voilà qu'en fin juillet des bruits de guerre circulent et il se décide à partir le samedi soir 1er août. Nous essayons de l'en détourner. Il partit quand même, promettant de nous donner des nouvelles… qui ne vinrent jamais. Nous apprîmes quelques jours après que le commissaire de police de Lille demandait à la mairie de Barlin des renseignements sur ce prêtre polonais arrivé à Lille et demandant à rentrer chez lui en passant par l'Allemagne. À son domicile, dans ses papiers et dans sa valise restée en gare de Barlin, fut faite une perquisition qui ne donna aucun résultat. Nous fûmes nous-mêmes enquêtés et, comme nous n'avions jamais rien remarqué, ni dans sa conduite ni dans ses conversations, qui donnât lieu de penser qu'il n'aimait pas la France, au contraire, nous donnâmes de bons renseignements. Ce qui n'empêcha pas qu'on disait couramment qu'il avait été fusillé. Du reste, c'était un espion, c'était un Boche, répétait-on. Ne l'avait-on pas vu, une carte en main, alors qu'il se rendait à Lille à la veille de la mobilisation ? etc. En tous cas, nous ne reçûmes jamais de ses nouvelles. Nous écrivîmes au commissaire de Lille, rappelant les faits d'enquête et demandâmes ce que ce prêtre était devenu. Il répondit par l'intermédiaire de la mairie qu'il n'en avait pas connaissance ! Peut-être ne voulut-il pas parler ! Quelques temps après, nous apprîmes, par une institutrice polonaise restée en France, qu'il était en Suisse.

Un autre prêtre polonais, ancien vicaire de Barlin et curé d'une colonie polonaise à Lallaing (Nord avait été condamné à être fusillé parce que, en repassant à Cologne aux premiers jours de la mobilisation, il avait été trouvé porteur d'une brochure anti-allemande. Sa peine fut commuée en celle de travaux forée à perpétuité.

En France, chez nous, dès les premiers bruits de guerre, Mgr l'évêque d'Arras avait rappelé à ses diocésains le grand devoir de la prière. Les fidèles répondent avec empressement : un courant très intense de piété s’établit chez nous. Notre église revoit l'ancienne ferveur des foules venant prier pour la France et pour ceux qui luttent. Toutes les familles ont un sacrifice à faire, du reste, toutes l'offrent généreusement pour le salut de la France. Avant de partir, bon nombre de mobilisés se sont approchés du confessionnal et de la sainte table. À nos saluts quotidiens nous récitons le chapelet, et le réciterons, s'il plaît à Dieu, jusqu'à la fin de la guerre. Nous faisons une première neuvaine à N.-D. de Lourdes. Puis, neuf jours de suite, nous faisons le chemin de la Croix. C'est ensuite une neuvaine de prières à la bienheureuse Jeanne d'Arc, dont nous installons la statue dans le chœur. Au vendredi 21 août, nous apprenons la mort imprévue de Sa Sainteté le pape Pie X. Il meurt victime de la guerre qu'il s'est efforcé d'empêcher.

Nous prions pour lui.

Septembre se passe avec des incidents divers et locaux rappelés au registre de paroisse, et qu'il semble inutile de rapporter ici. Plus de poste à Barlin : les employés ont pris la clé des champs. Les nouvelles les plus contradictoires circulent. Comme toujours, il y a les optimistes et les pessimistes. Les messieurs bien informés ont beau jeu. Toujours pas de poste ni de trains et, de là, pas de journaux ni de lettres. Nous vivons séparés du monde.

Où est-notre armée ? que devient-elle ? Nous n'en savons rien. Les nouvelles arrivent.

Tristes nouvelles. Situation grave.

8 septembre. Fête de la nativité de la sainte Vierge. Deo Gratias, victoire de la Marne. Miracle de la Marne. L'élan allemand vers Paris est brisé. Mais c'est à notre région du Nord maintenant de trembler, car l'ennemi va tenter de gagner la mer.

La première quinzaine du mois d'octobre comptera pour notre paroisse de Barlin, comme pour toute la région, parmi les plus angoissantes de la guerre. L'inquiétude augmente de jour en jour, car on croit savoir que les ennemis approchent : on les signale à Douai, puis à Lens, à La Bassée, à Armentières, aux environs d'Hazebrouck. Les flots d'émigrés qui nous arrivent de ces régions montrent bien qu'on dit vrai, hélas !

Oh cet exode ! C'est une des plus noires tristesses de cette période pourtant bien triste. Les cœurs les plus insensibles sont étreints à la vue de ces théories lamentables d'hommes et de femmes, d'enfants et de vieillards qui abandonnent leur foyer, leurs biens, leur village devant la horde teutonne envahissante.

Tous les moyens de transports ont été utilisés. Les plus favorisés ont un chariot, un tombereau, une carriole. Les petits et les vieux y sont entassés parmi les sacs de linge et autres bagages. Mais le plus grand nombre a dû fuir à pied. Et alors, en général, le spectacle est celui-ci : la femme pousse devant elle une petite voiture d'enfant, où le dernier enfant est installé. Sur ce fragile véhicule sont amassés des paquets tant qu'on a pu en mettre : le père porte un autre enfant, les plus grands suivent… Une femme traîne sur une brouette sa vieille mère paralysée ; deux hommes portent, assis sur des planchettes, un vieillard infirme… toutes ces visions étaient poignantes. Et tout ce monde s'en allait le plus ordinairement à l'aventure. Il en est qui comptent trouver un abri chez des parents qu'ils ont au voisinage, mais pour la plupart c'est l'exil total. Ils s’efforcent de gagner le village le plus voisin, et comme presque toujours il n'y a plus de place, c'est de village en village et de jour en jour la recherche du gîte où pourra s'arrêter enfin le lamentable exode.

Barlin a été accueillant pour toutes ces infortunes. Il n'est presque pas de maison où on n'ait pas transformé une chambre ou une salle en un dortoir sommaire.

Le presbytère reçoit la famille de M. le vicaire Haverlant obligée de fuir Thélus où les Allemands passent et repassent.

Mardi 6 octobre. Pour la première fois nous entendons le canon. On s'y habituera ! Mais que ces premiers coups étaient lugubres !!

B. Sous le feu

C'est vers le 10 octobre que, dans leur course à la mer, les armées ennemies se trouvent en présence dans nos régions. Nous vivons des journées de grande panique.

Ordre est donné à tous les hommes mobilisables d'évacuer la région pour se rendre à Saint-Pol ou à Montreuil-sur-Mer. La procession lamentable des émigrants recommence de plus belle. Ils viennent surtout de notre région des mines. La circulation dans Barlin en est rendue très difficile. Arrivent au presbytère le curé et ses sœurs de Bouvigny. Les obus tombent là-bas aux abords du presbytère. Les blessés vont arriver aussi. c'est pourquoi la grande salle de l'établissement des sœurs de Charité ont été transformées en hôpital militaire. On y installe des lits pour les soldats malades et blessés. Ces lits ont été offerts par les habitants.

Vers le 17 octobre, s'installe le dépôt d'éclopés du 21e corps.

Puis, vers le 20, arrive à la fosse 7 le [docteur] Monod, protestant, qui installe une ambulance dénommée 8/21. Cette ambulance viendra bientôt s'établir dans l'école des garçons, pour s'installer définitivement au dispensaire des sœurs de Charité et dans les belles salles de classe de l'école des filles.

Toujours en octobre, une nouvelle ambulance, la 6/21, [docteur] Louette, s'installe à la mairie et dans les salles voisines. Elle nous quittera en février 1915 pour aller à Hersin. Mais, chassée par le bombardement, elle rentrera à Barlin au 15 mai 1915 pour ne partir, définitivement, qu'au 8 mars 1916.

Novembre 1914. Belles fêtes de la Toussaint et des morts. Le matin, un prêtre de l'ambulance du [docteur] Louette, M. l'abbé Cauet, fait un discours au pied du calvaire devant tous les officiers et les infirmiers et devant les blessés qui ont pu prendre part à la manifestation. Le soir, après l'office, toute la paroisse est convoquée au cimetière pour une cérémonie semblable. M. le doyen y prend la parole.

13 décembre 1914. Journée de prières nationales.

- La France catholique toute entière, à genoux devant Marie, mère de Dieu, la suppliant de nous protéger ! Oh ! le beau spectacle ! oh ! la consolante vision ! disait [Monseigneur] Lobbedey.

Ce beau spectacle, la paroisse de Barlin l'a donné pendant la neuvaine et au jour de fête de l'Immaculée Conception.

En, fin 1914, arrivèrent les brancardiers de corps du 21e Corps, avec Ragu, Lemoine et Journée. Une page leur est consacrée au registre paroissial d'autant qu'ils ne quittèrent Barlin qu'après plus d'un an de séjour, en février 1916. En fin décembre 1914 arrive aussi la 11/12, ambulance du docteur Louette junior. Elle s'installe au Cercle catholique. Et chez le docteur Legrand, mobilisé. Sur nos instances, le Dr Louette nous laisse la salle de billard et le théâtre. Le registre paroissial conserve le récit des consolantes soirées passées là pendant des semaines et des mois en compagnies de nos soldats.

C'est depuis le 8 octobre 1914 que nos soldats sont au contact avec les Boches qui sont à Ablain-Saint-Nazaire. Et sur le plateau de Lorette. Mais parce que cette hauteur domine toute la plaine, il faut les repousser. Le 9 octobre, on arrive aux abords de la chapelle. Le 10 octobre, la chapelle est occupée par une section d'infanterie. Hélas ! pas pour longtemps. Du 1er novembre 1914 au 3 mars 1915. Immobilisation.

La chapelle Notre-Dame de Lorette


Mars 1915. Oh ! Ce premier dimanche de mars. Quel souvenir poignant il laissera dans nos cœurs. À 3 heures u matin, le 10e bataillon de chasseurs arrive à Barlin par un temps affreux. Les quelques hommes qui ont échappé au massacre en essayant de reprendre la chapelle et la colline de Lorette sont exténués de fatigue. Ils auront cependant assez de force morale pour répondre à l'appel du commandant Tori qui veut tout de suite faire chanter un service pour ses pauvres chasseurs tombés sur les pentes de Lorette !!!

25 mai 1915. Annonciation. Journée de prières diocésaines. Clôture de la neuvaine. Communions nombreuses de soldats et de fidèles. 9 h, messe solennelle avec sermon par M. le doyen. Toute la journée, récitation publique du chapelet. 6 h du soir, salut solennel, procession… sermon par le R. P. Lemoine, capucin, aumônier.

Avril. Mai. Les régiments d'infanterie et bataillon de chasseurs se succèdent à Barlin, montent aux tranchées de Lorette et en descendent… en partie. C'est le 138e, le 109e, le 17e d'infanterie. Ce sont le 10e, le 37e, le 21e, le 20e bataillon de chasseurs. Pendant ces mois d'attaque, les soldats sont nombreux à Barlin. Pour enflammer leur courage, nous n'avons qu'à leur dire qu'en luttant pour repousser l'ennemi, ils travaillaient encore à purger la terre bénite de Lorette, toujours souillée par la présence de fanatiques protestants. Aussi voulaient-ils être munis de la petite médaille de N.-D. de Lorette pour aller au combat et pour l'envoyer à leur famille. J'entrepris une série de causerie sur la chapelle, le pèlerinage et la dévotion envers N.-D. de Lorette. À trois reprises différentes, je dus refaire ces récits pour de nouveaux régiments, dans une église comble et au milieu d'un silence impressionnant. Ces causeries se terminaient par des cantiques appropriés et une distribution de médailles.

J'en vis qui prenaient des notes pour les envoyer à leur famille. Après une des causeries, le commandant d'un bataillon de chasseurs, le Ct Perrin, celui qui, les 12 et 13 mai, reprenait la chapelle, vint me remercier au nom de tous :

-Ce que vous n'avez pas dit, me confia-t-il, c'est que N.-D. de Lorette fait aujourd'hui des miracles !

-Vous en connaissez ?

Et il me confia qu’un aspirant de son bataillon, ayant trouvé dans une maison en ruine à Aix-Noulette une médaille de N.-D. de Lorette, la prit dévotement et la mis pieusement en poche. Quelques jours après, il allait à l'attaque et une balle qui aurait dû le tuer vint frapper la médaille et dévia sans le blesser.

Juin. Fête-Dieu. Le récit de cette fête est tout au long, avec quelques autres, dans La guerre en Artois.

Octobre 1915. Arrivée du 9e corps. Le 77e et le 135e d'infanterie arrivent à la veille du dimanche du Rosaire. Mon registre de paroisse conserve en bonnes pages le récit des magnifiques cérémonies qui se déroulent, grâce à eux, dans mon église.

Mgr Lobbedey m'écrit pour me demander ce que nous devenons. Je lui réponds une longue lettre que conserve aussi mon registre de paroisse.

1916. Nouvelle lettre de Mgr Lobbedey ayant trait à certains incidents des environs. Lettre et réponse sont conservées au Registre. Trop longues pour les transcrire ici.

Arrivée des Anglais qui vont occuper le secteur de Lorette. Tiendront-ils ? C'est la question qu’on se pose.

Avec nos institutrices libres nous organisons à l'école une croisade d'enfants… Le registre paroissial à une belle page à ce sujet.

Bombardements et raids aériens

1917. c'est à la fin de cette année que commencent les bombardements sérieux. Dans la cité Jeanne-d'Arc où la première tombe nous comptons 2 victimes, une mère et sa fille.

Le 4 décembre, au jour de la fête de sainte- Barbe, un obus tombe sur les écoles. C'était congé à cause de la fête de mineurs, sinon nous aurions eu plus de 100 victimes. Le même jour un obus tombe en face de l'église pendant la grand-messe et fait 3 victimes. Pas de panique dans l'église.

Le 12 décembre, bombardement intense de la cité 5. Un tué, plusieurs blessés, assez sérieusement.

Le 13, maisons écrasées, chevaux tués, civils blessés.

Le 16, idem.

Ce n'est que vers le 13 avril 1918 que les bombardements redevinrent réguliers et que nous comptâmes des victimes : 3 le 23, 2 le 24, 3 le 25, 1 le 26, 1 le 27. Ce même jour, un gros obus tombe à la porte du presbytère dont il brise tous les carreaux, faisant aussi pas mal de blessures – non mortelles – au clocher de l'église.

Mai 1918. Bombardement de la cité et de la fosse 5 qu'ils incendient. Pas de morts. Des blessés et des maisons écrasées.

C. Évacuation

C'est au mois de mai 1918 qu'elle est fortement conseillée par affiches à la mairie. Béthune est en feu. Pendant 8 jours, des camions auto viennent à la mairie et emportent ceux qui veulent s'évacuer. Il en part quelques milliers… qui le regretteront bien vite et reviendront dès que possible. Église et presbytère sont, à l'heure actuelle, presque remis en état. La paroisse aussi. baraquements disparaissent petit à petit. Encore quelques champs incultes.


Les ruines de Béthune après la guerre

Nous avons sur la paroisse un cimetière de guerre en bon ordre, divisé en deux parties : Français/Anglais. J'ai la liste des soldats avec toutes indications.

D. Statistiques

Mobilisés : je n'en sais pas le nombre.

Morts : environ 350 avis de décès sont arrivés à la mairie de Barlin.

Blessés : Difficile d'en savoir le chiffre exact mais nous avons une section de mutilés qui en compte plus de 40.

Décorés : ils sont nombreux, le méritant sans doute plus ou moins.


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