Joseph Tillie

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Joseph Tillie
Portrait de Joseph Tillie en 1932

Président du Conseil général du Pas-de-Calais de 1943 à 1944[1].

Parcours civil

Jules Élie Joseph Tillie est né le 24 octobre 1881 à Saint-Omer de Jules Léon Tillie et d'Élise Eugénie Gillier.

Bachelier ès-lettres, il entreprit des études de chirurgien-dentiste. Celles-ci terminées, il revint s'installer dans sa ville natale où il fut élu conseiller municipal dès 1908. En 1919, il est élu conseiller général du canton de Saint-Omer-Nord.

Il est élu député de la 1ère circonscription de Saint-Omer en mai 1932, mais il sera battu en 1936. En mai 1935 il devient maire de Saint-Omer, commune dont il est conseiller municipal depuis 1908.

Député en 1932, il sera battu aux élections législatives de 1936.

Durant l’occupation, il fut maintenu comme maire et apporta son soutien au régime de Vichy. À partir de juin 1941, il devint secrétaire particulier du Maréchal Pétain au Conseil National. En 1943, il devient président du Conseil départemental[2].

Son discours lors de l'installation du Conseil départemental le 9 août 1943[3] :

« Mes chers collègues,

Il y a un peu plus de trois ans, en mai 1940, le Conseil général du Pas-de-Calais tenait, dans cette même salle, sa première séance annuelle.

À cette séance d'installation du Conseil départemental qui succède, pour la durée de l'application de la loi du 12 octobre 1940, au Conseil général et à la Commission administrative, n'attendez pas un discours de votre Président. Mais je crois cependant avoir certaines obligations à remplir en votre nom.

Je suis persuadé d'être l'interprète fidèle de vos sentiments en adressant une pensée de solidarité à ceux qui, avant nous, ont apporté dans cette enceinte tout leur dévouement désintéressé à l'administration de notre grand département.

Nos prédécesseurs considéraient que la tâche qui leur incombait était de savoir faire profiter le département de tous les progrès. Nous nous engageons comme eux à nous pencher sur toute les misères, à essayer dans la mesure des moyens dont nous disposons à venir en aide à tous ceux de nos concitoyens que le malheur frappe, à parfaire autant que les circonstances nous le permettront, les améliorations nécessaires dans le domaine des communications, de l'hygiène et du progrès social.

Certes, notre tâche est rude, mais ce faisant nous aurons conscience de faire notre devoir sans aucun esprit de parti pour sauvegarder les intérêts particuliers de nos concitoyens et les intérêts généraux de notre pays. Accepter de faire son devoir est à l'heure actuelle surtout une tâche difficile. Elle est bien souvent la source de critiques injustifiées dues à l'incompréhension d'esprits chagrins et mécontents. Nous les excusons ; nous surtout les maires, nous comprenons que les difficultés de l'existence : la ravitaillement imparfait, les bombardements, la crise du logement qui s'ensuit, aigrissent les caractères. Nous leur demandons cependant de se rappeler que ceux qui ont la lourde tâche d'administrer sont comme eux victimes de pénibles circonstances dont on ne peut leur faire endosser la responsabilités.

Mes chers collègues - Sans souci des difficultés qui allaient vous échoir, vous avez mis de côté tout esprit ancien de classement en parti, de religion, en idées philosophiques, ne voulant plus entendre parler de politique, plaçant l'intérêt de la Patrie, l'amour de la France au-dessus de l'indifférence ou de la sympathie pour tel ou tel belligérant, vous avez accepté la délicate mission que l'on vous a confiée aujourd'hui, malgré ses difficultés.

C'est dans cet esprit que je vous convie à remplir ici le rôle qui nous est dévolu.

Nous aurons à reprendre les pouvoirs fixés au Conseil général par la loi du 10 août 1871, en tenant compte de certaines modifications apportées par des textes législatifs postérieurs au 12 octobre 1940.

C'est là notre première et principale tâche. D'accord avec M. le Préfet, nous avons établi un règlement qui sera soumis à votre approbation et qui servira de base à nos travaux. Nous aurons aussi à servir de trait d'union entre les populations et l'Autorité supérieure. Nous recueillerons les informations, les desiderata, les doléances des éléments actifs de la population et nous les transmettrons aux pouvoirs compétents. Les maires, les syndics locaux et les représentants des corporations seront nos meilleurs agents de renseignements. Comme Président de l'association des maires du Nord et du Pas-de-Calais, je suis heureux de constater que, dans sa très grande majorité, la Conseil départemental est composé de maires, d'adjoints et de conseillers municipaux. L'œuvre à laquelle nous sommes conviés sera d'autant plus facile à accomplir que votre expérience nous viendra en aide.

Pour mener à bien notre tâche, certains d'entre vous, nouveaux venus, auront besoin d'être guidés. Il m'est agréable de retrouver ici certains collègues du Conseil général. Ils seront pour vous des guides sûrs et éprouvés.

Les chefs des services départementaux et surtout les chefs de division, fonctionnaires d'élite, courtois et dévoués, auront à cœur, j'en suis sûr, comme ils l'ont fait dans le passé, de vous apporter le secours de leur expérience.

M. le Préfet, je vous remercie des sentiments que vous nous avez exprimés. Nous savons que nous pouvons compter sur vous. Vous nous êtes arrivé précédé d'une réputation d'administrateur averti. Comptez sur nous pour vous aider dans la lourde tâche qu'est à l'heure présente l'administration d'un grand département comme le Pas-de-Calais.

Les citadins comme les ruraux, les industriels, les commerçants, les artisans, les ouvriers, les paysans, les familles nombreuses, les réfugiés, les sinistrés, auxquels j'adresse en votre nom le témoignage de toute notre sympathie, remplissent noblement leur devoir de Français. Ils peuvent compter sur nous pour leur apporter notre concours dévoués, pour que d'un commun accord, nous travaillions au salut de la patrie. »

Joseph Tillie était par ailleurs membre de la Commission administrative du Pas-de-Calais. Président de l'Association des maires du Nord et du Pas-de-Calais, il élabore un projet destiné à améliorer le ravitaillement des populations de la zone interdite. Il est mort le 20 mars 1946 à Saint-Omer.

Chevalier de la Légion d’honneur (décret du 11 juillet 1935), officier de l’Instruction publique, officier du Mérite social et commandeur de l’Ordre du Nicham.

Parcours militaire

Matricule de recrutement : 1302 au bureau de Saint-Omer.

Il bénéficia de différentes dispenses à l’armée au titre de l’article 21 (il était l’aîné d’une fratrie de 9 enfants) et de l’article 23 (il était étudiant en médecine). Il perdra cette dernière dispense au 1er novembre 1904, faute d’avoir fourni les justificatifs nécessaires.

Le 14 novembre 1902, il est incorporé au 8e régiment d’infanterie. Au moment de la guerre, il est rappelé à l’armée et est affecté à l’hôpital des arts et métiers de Lille. Il est fait prisonnier le 11 octobre 1914, et bénéficia de sa qualité de sanitaire pour être rapatrié le 18 novembre 1918. Le 25 novembre 1918, il passe à la 22e section d’infirmiers militaires.

Le 26 février 1926, il est nommé dentiste militaire de 2e classe de réserve, promu 1ère classe le 21 novembre 1930.

Galerie

Sources

Notes

  1. Le Gouvernement de Vichy supprima les Conseils généraux en 1940. À la place les lois du 7 août 1942 et du 14 mai 1943 instituèrent le Conseil départemental. Ce conseil était composé de membres nommé par arrêté du ministre secrétaire d’État à l’Intérieur. Ces membres étaient choisis parmi les membre de la commission administrative, les conseillers d’arrondissement, les maires, les conseillers municipaux, etc. Le Conseil départemental avait à peu près les mêmes compétences que l’ancien Conseil général, toutefois, il ne pouvait pas émettre de vœux à caractère politique. D’ailleurs, la plupart des membres désignés dans le Pas-de-Calais étaient conseillers généraux avant la guerre.
  2. Nommé par arrêté du chef du Gouvernement, ministre secrétaire d'État à l'Intérieur, en date du 28 juin 1943.
  3. Procès-verbal des délibérations du Conseil départemental, première séance, 9 août 1943.
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