Église Saint-Martin d'Embry

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Église Saint-Martin d'Embry
Embry-Eglise.JPG
Informations
Dédicace saint Martin
Dates de construction XVe siècle, XIXe siècle
Particularités fenêtres gothiques flamboyantes uniques dans la région
Classement
Accessibilité fermée au public


Présentation générale

L’église d'Embry est une construction de la fin du XVe siècle, dotée d'un porche latéral au sud, mais surtout remarquable par ses larges fenêtres aux remplages et meneaux de pierre très variés. La nef d’origine possédait trois travées à collatéraux, comme le montre la gravure des Albums de Croÿ. La tour a été créée vers 1873, après que le chœur ait été reconstruit en 1861-1867. Les murs de la nef comportent une curiosité : un graffiti composé de chiffres et nommé le carré magique.

Descriptif extérieur

La nef à trois vaisseaux

L'église d'Embry se distingue des églises rurales du canton de Fruges par sa nef à trois vaisseaux comme à Fressin ou Fruges. Ses quatre travées et trois nefs lui donnent une forme très large. Elle est percée au nord et au sud par d'immenses fenêtres gothiques en tiers-point : elles sont ternées et leurs meneaux de pierre verticaux sont accompagnés de meneaux horizontaux formant ainsi neuf motifs trilobés sous arc en plein cintre, surmontés d'un quatre-feuille ou de flammes dans un oculus. Seules les fenêtres de la dernière travée, au nord et au sud, sont quaternées, avec des trilobes sous arc en tiers-point. Les meneaux ont été réparés en 1875 et 1888 avec des restes de balustrade. L'archivolte des fenêtres est protégée d'un larmier en arc brisé à retours horizontaux. Cette forme de baies est unique dans le canton et peu rencontrée dans la région. Les nefs sont couvertes d'une unique toiture en pavillon en ardoise.

Le porche sud

La première travée sud est percée non d'une fenêtre mais d'un portail en arc cintré à larmier. Il est abrité sous un porche monumental très ouvert, aujourd'hui couvert d'une toiture en appentis. Une archivolte en arc brisé à six voussures s'élevant sur toute la hauteur du mur domine le portail, tandis que les murs latéraux intérieurs présentent trois culs-de-lampe et une sculpture en pierre au sommet, laissant deviner d'anciennes niches richement décorées qui comportaient des statues, disparues.

Un cordon de pierre sculpté d'enroulements, d'arabesques et d'animaux fantastiques courait le long de l'édifice si l'on en croit de Calonne dans le Dictionnaire historique et archéologique du Pas-de-Calais au milieu du XIXe. Un vestige de pierre sculptée au-dessus du portail pourrait être issu de cet ancien cordon. Le soubassement du porche montre un appareillage de grès et de silex équarris, une configuration que l'on rencontre dans nos régions à partir du XIVe siècle. Une ancienne porte murée dans la dernière travée sud montre un arc en plein cintre provenant d'une ancienne construction selon Clovis Normand, l'architecte qui s'est chargé de la restauration de l'église fin XIXe. À l'ouest, le pignon de droite présente l'arc en tiers-point d'une des anciennes fenêtres qui perçaient chacune des nefs avant la construction de la tour.

La tour

Une tour en avant-corps fut créée à l'ouest entre 1873 et 1875 en remplacement d'un ancien clocheton détruit. Élevée en pierre, de plan carré, elle est appuyée de deux contreforts diagonaux à ressauts. Un portail à linteau droit perce la façade, surmonté d'un tympan en tiers-point sous accolade, percé d'une baie à meneaux et vitraux. Au-dessus du portail fut creusée une niche en cul-de-four destinée à accueillir une statue, aujourd'hui vide. Un cordon sépare les étages. La chambre campanaire est percée sur chaque face d'une baie en tiers-point, protégée de larmiers à retours horizontaux, munie d'abat-sons, et de meneaux de pierre dans le style gothique au nord et au sud. La tour est couronnée d'une flèche en charpente et ardoise octogonale à embase carrée. Une courte tourelle d'escalier, octogonale, est accolée à la tour côté nord.

Le chœur

Le chœur, comme la tour, date de la fin du XIXe siècle. Son chevet à trois pans est percé des mêmes immenses fenêtres gothiques flamboyantes que celle de la nef, excepté sur le pan axial qui présente un oculus."

Descriptif intérieur

Le narthex et les nefs

L'entrée occidentale ouvre sur le narthex dont la voûte en croisée d'ogive est percée d'un oculus servant d'accès à la cloche. Les nervures retombent sur des culs-de-lampe sculptés de roseaux. Du narthex, on accède aux nefs par un portail à double vantail en bois surmonté d'une imposte vitrée en tiers-point (reprenant la forme du portail extérieur). De style néogothique, l'imposte est encadrée de deux pinacles à crochets, et scindée en deux par une niche centrale accueillant une ancienne statue en bois de saint Benoît Labre, surmonté d'un dais à pinacle également. Les boiseries du tambour protégeant l'entrée du porche sud sont de même facture, oeuvre du menuisier Leduc de Lebiez et réalisés en 1935.

En entrant à gauche le pignon de la nef nord est percé d'un portail donnant accès à la tourelle de forme circulaire à l'intérieur et qui compte 37 marches en bois. La montée est éclairée par quelques jours pratiqués dans la maçonnerie.

L'espace est ouvert sur trois nefs couvertes d'un plafonnage en lattis imitant des croisées d'ogives dont les nervures retombent sur des culs-de-lampe ou des piliers engagés. Les nervures de la nef principale retombent sur des colonnes cylindriques dont la base et les chapiteaux sont octogonaux. Ces colonnes forment cinq travées alors que la structure des façades extérieures en présente quatre. Les 2e et 3e travées de la nef principale, séparées des suivantes par un mur diaphragme en arc brisé, semblent avoir conservé des caractéristiques de leurs anciennes voûtes, avant la réfection des années 1870-1877 : elles présentent, au-dessus des piliers, des colonnettes engagées à chapiteau orné de lierre, surmontées de dais sculptés accueillant des statues. Les chapiteaux octogonaux et la présence de ces niches à dais richement sculptées rappellent dans un style moins orné la configuration de la nef principale de l'église de Fressin, aussi du XVe siècle. On observe quelques clefs de voûte (en plâtre) pendantes ou ornées de rosaces.

Le chœur

Le sanctuaire possède également un plafonnage imitant une voûte à croisée d'ogives comme le reste de l'édifice, dont les nervures retombent sur des culs-de-lampe. Le pan axial est occupé par une niche voûtée en cul-de-four éclairée de l'oculus et de style gothique. Le piétement des murs du chœur est entièrement couvert de boiseries de style néogothique, ornées d'un motif dit en serviette pliée, exécutées par Leduc de Lebiez en 1935. Elles sont percées d'une piscine et d'une porte sous accolade et acrotère en bois ouvrant sur la sacristie. Le mobilier de l'église est de style néogothique, à l'exception des stalles de 1672, et de la chaire de 1728, toutes deux provenant de l'ancienne abbaye de Chocques, don du chanoine Adam ayant en cure la paroisse de Laventie, et qui était originaire d'Embry.

Graffitis

L'église présente de nombreux graffitis :

  • au porche : « 1507 », « 1586 »
  • sur un meneau transversal au tympan d'une des fenêtres de la nef : « 1575 »
  • mur nord de la nef : l'énigmatique carré magique
    8 3 4
    1 5 9
    6 7 2
    dont la somme des chiffres de chaque ligne, verticale, horizontale et diagonale est égale à 15.
  • mur sud de la nef : « 1634 »
  • face ouest, contrefort nord : « Charle Brebion 1696 » ; « Norbet + Brebion + » (avec N inversés)
  • escalier de la tour : « Ian Flour 1672 »
  • au nord près de la sacristie : « Nicolas Lelièvre 1732 ».

Historique

La nef (hormis ses voûtes) est la partie la plus ancienne de l'édifice, construite avant 1507, graffiti autrefois visible sur le porche. Un croquis extrait des Albums du duc de Croÿ, réalisé vers 1605-1610, montre une église à trois nefs de trois travées, aux toitures indépendantes, percées sur leurs pignons de hautes fenêtres, et surmontées d'un clocheton à abat-sons. Mais l'église ayant beaucoup souffert des guerres au XVIe siècle, on ne sait si l'église originelle possédait cette forme.

La Révolution fit son lot de dégâts également : vendue pour 325 F, son vaste chœur fut démoli et c'est un habitant d'Embry qui décida de la racheter 372 F pour la rendre au culte. Son chœur est alors réduit à un rectangle dont le mur du fond a été fermé avec des matériaux de démolition. Durant le dernier tiers du XIXe son plan est remanié par deux campagnes de travaux menés par l'architecte hesdinois Clovis Normand, dans le respect du style gothique de l'édifice d'origine.

En 1826, la foudre frappe l'église et détruit son clocher. Ce clocher était alors en charpente et ardoise, situé sur la deuxième travée de la nef centrale et porté par quatre piliers. Jusqu'en 1850, la cloche sera suspendue à un arbre du cimetière que l'on avait abattu dans la forêt de Lebiez ! La tradition orale le donnait comme étant assez haut pour être vu de Lebiez et de Fressin, ce qui paraît assez douteux.

D'après Clovis Normand, son chœur et son clocher d'origine avaient été détruits de longue date, et les trois vaisseaux s'achevaient par une abside à trois pans. De l'ancien chœur et des chapelles ainsi formées, il ne restait fin XIXe que l'amorce de murs arrêtée au profil des fenêtres. De 1861 à 1867, le chœur est reconstruit et ses baies et voûtes sont refaites à l'identique. La charpente de la nef est réparée et sa toiture en ardoise renouvelée en 1870. Puis en 1873-1875, la tour en avant-corps est construite, remplaçant l'ancien clocher en charpente, et le plancher situé au-dessus de l'ancien narthex est remplacé par une voûte à nervures de moindre hauteur. En 1877, des réparations sont opérées aux maçonneries extérieures et aux lambris de la voûte. En 1881, les arcades de la nef sont reconstruites et on remplace quatre piliers. En 1905-1906, toutes les toitures sont refaites, puis le pavage remplacé en 1931.

Les bombardements aériens de 1944 sur le bois du Cauroy ont endommagé le vitrail de la dernière travée nord. Une tempête l'hiver suivant l'ayant mis à terre, le sculpteur de Fruges, M. Dechamps, fut chargé du rétablissement de ses meneaux. Le tympan de la fenêtre fut restauré en 1949 par le maître-verrier Surty de Lille.

Galerie

Sources et bibliographie