Église Saint-Pierre de Lugy

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Église Saint-Pierre de Lugy
Lugy église.jpg
Informations
Dédicace saint Pierre
Dates de construction XVIIIe-XIXe siècles
Particularités
Classement
Accessibilité fermée au public


Il ne reste rien de l’édifice d’origine qui a été entièrement reconstruit au XVIIIe siècle. D'après la gouache des Albums de Croÿ[1], l’église était en pierre couverte en ardoise, formée d’un seul vaisseau sur cinq travées, et surmontée d’un clocheton de charpente au milieu. Plusieurs objets de l'église ont été inscrits à l’inventaire des monuments historiques en février 1976.

Descriptif

La nef

La nef très basse, éclairée au sud par deux petites fenêtres d’arc cintré, de même qu'au nord où une troisième baie ainsi qu'une petite porte furent murées, un petit bâtiment en appentis ayant été adossé à la troisième travée de la nef. Roger Rodière avait observé vers 1900 une litre au nord de la nef à l’extérieur, sur laquelle se devinaient deux écus ovales accolés sous une couronne de marquis, supportés par deux lions gardants. Cette litre a aujourd'hui disparu.

La nef offre à l’ouest un pignon percé d’un portail d’une grande simplicité sous un linteau cintré, et surmonté d’une niche en cul-de-four à coquille en pierre, encadrée de volutes, de style néoclassique du XVIIIe siècle. Le clocheton en charpente et ardoise est assis en léger retrait du pignon, percé sur chaque face de deux abat-sons et surmonté d’une flèche octogonale à embase carrée.

À l'intérieur, la nef est d’une extrême simplicité, voûtée d’un plafond cintré, mais on constate que si le parement extérieur est en brique, l’intérieur présente une muraille en pierre, en partie badigeonnée par endroits. On peut supposer qu'il s’agit de l’ancienne nef qui fut rhabillée en brique lors de la reconstruction de l’édifice au XVIIIe siècle. Une niche en cul-de-four aménagée dans le mur accueille un bénitier en grès très ancien, ayant la forme des anciennes mesures à grains avec ses anses (on en retrouve dans diverses églises). La nef ne possède pas de fonts baptismaux.

Le transept et le chœur

Le transept et le chœur, plus élevés que la nef, sont couverts d’une même toiture à croupes. L’ensemble est appareillé en rangs alternés de panneresses et boutisses. Les faces nord et sud du transept sont assises sur un solin en pierre, et encadrées de faux pilastres saillants. Elles sont percées de hautes fenêtres en tiers-point surmontées d’un larmier qui retombe sur un cordon de brique horizontal. Au-dessus, figure une frise en modénatures de brique, en pyramides inversées et en épi.

On retrouve les mêmes fenêtres, les faux pilastres, le cordon horizontal et les modénatures sur les deux travées du chœur et sur le chevet à trois pans, dont les pans latéraux sont aveugles. La fenêtre du mur axial est de style gothique. Sous cette baie, un curieux écusson, ayant été trouvé dans les fondations du chœur lors de sa reconstruction en 1897, a été encastré à l’envers dans la muraille de brique. Ce grès de 33 cm sur 22, chargé de trois roses ou besants, pourrait représenter les armes des Godefroy, seigneurs de Lugy aux XVIe et XVIIe siècles. Sous les deux fenêtres nord du chœur est adossé un bâtiment bas en brique servant de sacristie.

Le transept et le chœur, plus élevés que la nef, semblent bien avoir été créés au XVIIIe siècle, entièrement en brique. Ils sont voûtés d’un plafond d’arrête supporté par sept colonnettes en plâtre aux angles des croisillons et trois dans les pourtours, imitant le XIIIe siècle, avec des chapiteaux à crochets marquant les colonnes du carré du transept. Des autels latéraux de style grec sont adossés aux murs de fond des chapelles dédiées l’une à la Vierge et l’autre à saint Pierre. De nombreuses statues meublent les deux chapelles du transept.

Le mobilier

Le chœur présente entre chaque colonne des statues et deux reliquaires posés sur des culs-de-lampe sculptés de feuillages ou d’anges portant un écu. Une statue de saint Antoine rappelle qu'une confrérie saint Antoine était établie à Lugy et Hézecques. L’architecte Clovis Normand fait mention, fin XIXe, d’une statue de saint Adrien datée du XVe siècle, alors conservée chez le maire, aujourd'hui disparue.

Les vitraux

Les vitraux du transept et du chœur consistent en des grisailles réalisées en 1878 par Courmont d’Arras, excepté pour la fenêtre axiale derrière le maître-autel de style grec, qui représente saint Pierre, patron de l’église.

Historique

On ne sait rien de la première église de Lugy. Une gouache des Albums du duc de Croÿ réalisée entre 1605 et 1610 montre une église en pierre couverte en ardoise, formée d’un vaisseau unique sur cinq travées, et surmontée d’un clocheton assis sur l’arc triomphal. Au XVIIIe siècle, l’église fut entièrement reconstruite en brique. En 1780, sa cloche fut refondue par Ignace Hanriot, fondeur de Lorraine. Avant la Révolution, les moines récollets de Renty venaient au temps de l’Avent, du Carême et de Pâques prêcher et confesser à Lugy, désignés lors de leurs tournées sous le nom de « Therminaires ». L’édifice fut dépouillé en 1793 de ses vases sacrés, ornements, et linges, emportés par les représentants locaux du Comité révolutionnaire, le notaire Courtois et le pharmacien Collart de Fruges. Un ostensoir offert par la comtesse de Thiennes Saint-Maur, décédée, est retrouvé au château et brisé par Courtois. Seuls restèrent à l’église la statue de la Vierge, la couronne en argent et un ornement rouge, et un Christ en étain qui fut sauvé par le père de Philippe Bodescot (maire de Lugy durant 48 ans). Ce Christ comme l’ostensoir faisait partie des dons que la comtesse de Thiennes avait faits à l’église, sous le ministère de l’abbé Lucas (1748-1789), avec un tableau de la Vierge. C’est aussi en 1793 que l’église est vendue, à M. Dhenin d’Arras, pour 8300 F. Le maire de Lugy, M. Guilluy, avocat, propose alors aux habitants de racheter l’église… mais sans succès.

L’église paroissiale fut rendue au culte après le Concordat et devint dès lors une annexe de la paroisse d’Hézecques. Sa démolition avait été entamée, des pavés ôtés ainsi qu’une partie de la toiture. Une nuit, elle est même vandalisée, les ardoises sont brisées, les vitres cassées, les carreaux abîmés. Mais dans la crainte de représailles, les auteurs du délit rachètent finalement l’église pour 450 F. A la Restauration, Lugy n’a plus de curé, elle devient annexe d’Hézecques, et manque de ressources pour restaurer son église. En 1842, la seule cloche restée après la Révolution est refondue et bénite par l’abbé Chevalier, curé d’Hézecques et Lugy, avec pour parrain M. Pierre Nicolas Merlin, pour marraine Mme Martel née Sophie Guilluy, laquelle a fait cadeau de quatre chandeliers argentés pour orner le grand autel. Des travaux limités sont menés de 1850 à 1857. La vente des plus gros arbres du cimetière et les dons d’habitants et de la Fabrique de l’église permettent de faire réparer les murailles et la charpente, et de remplacer les lambris intérieurs et les ardoises cassées. La marquise de Fléchin fait restaurer la chapelle. L’abbé Ringot fait ensuite refaire les plafonds de l’église, et renouvelle le mobilier : deux autels en chêne remplacent ceux de la sainte Vierge et de saint Pierre, et le maître-autel est repeint et redoré. Puis en 1877, la vente de 25 arbres de haute tige croissant dans le cimetière permet de ramener la clarté dans l’édifice, et le produit entrer dans le budget de la reconstruction du chœur et du transept en 1878. Un projet de reconstruction en 1897 fut abandonné.

Sources et bibliographie

Galerie

Notes

  1. J.-M. Duvosquel (dir.), Albums de Croÿ, Crédit communal de Belgique.
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