Rapports du Préfet du Pas-de-Calais en 1941 deuxième semestre

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Troisième Partie : 1941 – second semestre. Les Archives de France conservent les rapports des préfets adressés au ministre de l'Intérieur de l'été 1940 à la Libération (1944) (cotes F/1cIII/1135-F/1cIII/1198). Ces rapports ont été numérisés et sont consultables en ligne sur le site des Archives de France. Nous proposons une transcription de ces rapports indispensables à la compréhension de cette période de notre histoire. On trouvera ci-dessous les 6 rapports du second semestre de l'année 1941 : 5 juillet, 6 août, 5 septembre, 4 octobre, 4 novembre, 3 décembre. Lien vers la page générale : Rapports du Préfet du Pas-de-Calais entre 1940 et 1944


Sommaire

5 juillet 1941

Cabinet du Préfet. Délégation Spéciale pour l'Administration

Rapport Mensuel

Arras, le 5 juillet 1941

Le Préfet du Pas-de-Calais

à Monsieur l'ambassadeur de France, Délégué Général du Gouvernement Français dans les Territoires occupés.

Questions administratives

Services Publics Départementaux et Communaux - Fonctionnaires - Difficultés d'ordre administratif

Les Services publics départementaux et communaux dans le Pas-de-Calais fonctionnent aussi normalement que les circonstances le permettent. Les administrations ont à assurer un travail très lourd que compliquent évidemment les exigences des autorités d'occupation qui s'intéressent avec minutie à toutes les questions.

Il faut reconnaître que le manque de personnel rend plus malaisée la tâche de tous. Je crois bien faire en vous donnant le tableau des fonctionnaires du Département du Pas-de-Calais qui n'ont pas rejoint leur poste :

Effectif des fonctionnaires du Pas-de-Calais

J'ai fait pour ma part de nombreuses démarches auprès des autorités d'occupation pour obtenir le retour des fonctionnaires repliés ; d'autre part, nous avons réclamé à maintes reprises le retour des prisonniers dépendant des services intéressés.

M. Théry, Secrétaire Général de la Préfecture du Pas-de-Calais, Collaborateur de premier plan, vient d'être nommé Préfet de la Haute-Saône, poste qu'il rejoindra le 11 juillet.

Administration communale

La tâche des maires demeure écrasante, mais je n'ai qu'à me louer de la confiance qu’ils m’accordent et de la collaboration qu'ils me donnent.

Sur 112 communes de plus de 2.000 habitants, dont 18 de plus de 10.000, 75 municipalités sont à ce jour nommées et installées. D'autre part, la nomination de la plupart des maires des villes de plus de 10.000 habitants est déjà intervenue. La constitution des municipalités correspondantes est fortement avancée.

Enseignement

Locaux. La situation s'est quelque peu améliorée au cours du présent mois. Un certain nombre d'écoles primaires et d'écoles maternelles occupées par les troupes depuis les vacances de Pâques ont été rendues à leur destination, en particulier, dans la région minière.

Par contre, le Lycée de Saint-Omer, y compris les logements du personnel administratif, est maintenant presque totalement occupé. Des transformations importantes dans la disposition des locaux sont entreprises. La Municipalité ne peut plus assurer par ailleurs, le transfert des classes dans des locaux de remplacement : la situation devient très difficile.

Bombardements. Pas d'accidents de personnes à signaler.

À Boulogne-sur-Mer, dans la nuit du 11 juin, les dépendances de l'école maternelle évacuée de la rue des Écoles ont été détruites. Le local, 8, rue du Bras d'Or, où est transférée cette école a été saccagé par une bombe.

Dans l'après-midi du 16 juin, vers 16 h.30, des bombes sont tombées à une trentaine de mètres des écoles Eurvin et Leuliette. Les maîtres et maîtresses firent preuve de sang-froid et la sortie des enfants fut assurée sans désordre en présence des parents accourus anxieux.

À Saint-Pol-sur-Ternoise, une bombe est tombée sur le logement de la directrice de l'école maternelle dans la nuit du 16 au 17 juin. L'institutrice a été seulement commotionnée et a pu reprendre son service quelques jours après.

Arrestations de personnel ou d'élèves. Melle Lapeyre arrêtée en avril, a été relâchée. Elle a repris ses cours au centre d'études du second degré d'Arras.

M. Devins, maître auxiliaire de Gymnastique au Lycée de Saint-Omer, arrêté à la suite d'une rixe avec un sous-officier a été condamné à 18 mois de prison.

À Saint-Martin-Boulogne, les autorités militaires ont fait arrêter les Instituteurs et les Institutrices le 6 juin. La raison accréditée dans le public est que les élèves, la veille, vers 20 heures, après la lecture des noms des candidats admis au Certificat d'Études Primaires élémentaires, avaient quitté la cour de l'école en chantant la "Marche Lorraine". Trois instituteurs et une institutrice sont encore maintenus en état d'arrestation. Les autres ont été relâchés.

A Fruges, M. Croix, Directeur du Cours Complémentaire, a été arrêté le 13 juin. Il aurait été vu, dans un café de Fruges en compagnie d'un Irlandais. M. Croix n'a pas encore réintégré son domicile.

À Hénin-Liétard, M. Dumont, instituteur-adjoint à l'école Michelet, a été arrêté le 28 mai, pour avoir engagé une conversation avec un mineur gréviste que les gendarmes allemands emmenaient. M. Dumont a été relâché le 21 juin.

À Calais, quatre élèves de l'école primaire supérieure de garçons ont été condamnés à 2, 5, 7 et 12 mois de prison par le Conseil de Guerre allemand de Boulogne-sur-Mer. Le motif de ces condamnations n'est pas connu, sauf pour la première : audition d'émissions radiophoniques étrangères.

N.B. : Dès que M. l'Inspecteur d'Académie a eu connaissance des incidents de Saint-Martin-Boulogne ; il a adressé aux Inspecteurs Primaires et aux Chefs de Centres d'Examens, ainsi qu'aux Chefs d'Établissements des Instructions sévères pour que soient empêchées toutes manifestations à l'occasion des examens et concours.

Propagande. - Un instituteur de la banlieue d'Arras, a reçu, sous enveloppe avec adresse dactylographiée, postée à Paris Quai Valmy, le 17 juin 1941, à 20 heures, un tract dont voici copie :

« Au moment où le gouvernement se fait l'écho de la propagande allemande, pour accuser l'Angleterre de nous faire mourir de faim par le blocus, nous devons crier de toutes nos forces : « C’est faux », et montrer ainsi que nous ne sommes pas dupes de ces mensonges. La France avait de quoi se suffire à elle-même pendant des années, malgré le blocus anglais, si les pillards hitlériens ne nous avaient pas tout volé. Il est temps de faire entendre notre voix à Vichy.

Français pour la Liberté

Contre l'asservissement et l'esclavage

Contre le maintien en captivité de nos prisonniers Tous debout et en avant

Un Français n'a qu'une parole et cette parole a été donnée en 1939.

Question : Français, acceptez-vous que notre pays se range au côté de l'Allemagne pour combattre l'Angleterre et les soldats de la France libre, même pour répondre au blocus anglais ?

Réponse : Chaque Français en recevant cet appel recopiera la partie ci-dessus « Question » qu'il enverra après avoir inscrit sa réponse "oui ou non" à M. le Secrétaire d'État à l'Intérieur rue de Tilsitt Paris 17e "Franchise Postale".

Il repassera le texte entier à au moins 10 personnes de sa famille ou de ses amis.

Il faut faire vite pour que l'effet soit considérable.

Un vrai Français doit avoir à cœur de répondre à cet appel. »

Il est vraisemblable que cet Instituteur n'a pas été seul à recevoir ce tract, mais je n'ai pas eu connaissance d'autres envois.

A Divion, le Dimanche 15 juin, s'est déroulée une manifestation qui a pris le caractère d'une provocation à l'égard des Autorités occupantes. Les organisateurs de cette manifestation ont pris comme prétexte l'anniversaire de la translation des restes d'un soldat anglais qui avait d'abord été inhumé dans une propriété privée puis transféré au Cimetière communal, en mai 1940. Les manifestants ont été conviés par tracts. Des tracts ont circulé à l'école primaire supérieure de Bruay-en-Artois, et un élève-Maître de 2e année accompagné de 4 élèves de la Section Brevet Supérieur ont pris ouvertement part à la manifestation. L'Inspecteur d'Académie a immédiatement exclu les quatre derniers et proposé au Recteur la révocation de l'élève-maître Dumont.

Questions économiques

Ravitaillement

Il est indéniable que la période de soudure qui, à cause du mauvais temps s'est prolongée plus qu'on ne pouvait le supposer, a été difficile à franchir ; mais à l'heure actuelle, avec les premiers légumes une amélioration sensible s'est manifestée. Les organisations professionnelles s'efforcent d'améliorer le plus possible le fonctionnement du ravitaillement et si celles qui concernent la viande rencontrent toujours de grands obstacles, les autres obtiennent des résultats plus appréciables. Il faut aussi indiquer que le contrôle et la surveillance sont plus méthodiquement et plus rigoureusement exercés. Nous avons davantage de contrôleurs et ces contrôleurs connaissent mieux la législation et la réglementation.

Le Nord et le Pas-de-Calais travaillent dans l'esprit le plus étroit de solidarité et toutes les décisions qui interviennent avec l'accord obligatoire des autorités de l'OFK, si elles ne cadrent pas toujours d'une façon stricte - et pour cause - et malgré nos incessantes démarches et interventions avec les directives contenues dans la législation française ou dans les instructions du Ministre du Ravitaillement - elles s'en rapprochent le plus possible.

Nous comprenons en effet qu'il faudrait absolument que les mêmes taux de rationnement, que les mêmes prix soient respectés dans l'ensemble du pays, compte tenu évidemment des marges établies en fonction de la distance. Sans être officielle, la régionalisation au point de vue du ravitaillement est en fait réalisée et, le plus souvent ce sont des arrêtés interdépartementaux qui en marquent les effets.

Si nos efforts constants (les miens et ceux de mon collègue du Nord) en vue du respect absolu des prescriptions ministérielles ne sont pas toujours couronnés de succès nous concevons l'espoir que M. Achard, Secrétaire d'État au Ravitaillement, dont la visite dans le département tant attendue est prochaine obtiendra les mises au point indispensables au cours des échanges de vues qui ne manqueront pas d'avoir lieu entre les autorités allemandes et lui-même.

Comme d'habitude je vous donne ci-après quelques renseignements sur le ravitaillement :

Viande. Sur le plan de fournitures de bétail aux Troupes d'occupation et aux centres déficitaires qui devait être réalisé par la Région A au cours de la période du 26 mai au 22 juin, un contingent de 1.000 bovins, 900 veaux, 2.500 moutons et 400 porcins en provenance des départements de l'Eure, de l'Eure-et-Loir, du Loir-et-Cher et du Loiret avait été attribué au département du Pas-de-Calais. Les arrivages ne se chiffrent actuellement pour le mois juin qu'à 296 bovins, 94 veaux, 256 moutons et 85 porcins. Sur les trois plans de fournitures qui ont été réalisés jusqu'à présent le montant des livraisons s'élève à 38% des impositions pour les bovins, 13% pour les veaux, 32% pour les moutons et 21% pour les porcins.

Des réclamations ont été adressées au Ravitaillement Général des départements expéditeurs en leur demandant de vouloir bien activer les expéditions.

En ce qui concerne le ravitaillement en viande sur les ressources locales, les Commissions de Réception sont chargées, depuis le 23 juin, de fournir hebdomadairement aux Centres d'abatage un contingent de bétail permettant d'allouer aux consommateurs ordinaires la ration minima de 200 grammes de viande imposée par les Autorités d'Occupation.

Les Commissions se sont mises immédiatement au travail ; si leur tâche se révèle déjà difficile pour les premières semaines, il est probable que, par la suite, il leur sera impossible de réaliser intégralement les impositions qui ont été fixées.

Il faut en effet établir une discrimination entre les animaux de boucherie et ceux dont la conservation est une nécessité si l'on veut sauvegarder le cheptel et, en même temps, maintenir la production laitière dans une région qui a déjà été fort éprouvée au cours de l'année 1940.

Il serait donc particulièrement urgent et souhaitable que les fournitures de bétail par la région A se poursuivent régulièrement et soient réalisées intégralement,

Beurre. Le Comité Central de Gestion des Produits Laitiers a fait parvenir, au cours du mois de juin, au Comité du Pas-de-Calais 3.350 Kilos de beurre et 32.767 Kilos de fromage.

La création des dépôts communaux qui ramassent le beurre suivant les prestations minima fixées par arrêté préfectoral permet de contrôler la production et d'améliorer sensiblement l'approvisionnement.

Pour la période de rationnement qui s'étend du 23 juin au 20 juillet, 300 grammes de matières grasses seront fournis entièrement en beurre, les autres 100 grammes, pour le complément de la ration qui reste fixée à 400 grammes, étant répartis en huile.

La ration supplémentaire de 400 grammes accordée aux mineurs de fond sera également distribuée en beurre.

Les ressources actuelles permettent la constitution de stocks qui seront limités par le manque de frigorifique dont certains ont été détruits Boulogne-sur-Mer et d'autres sont encore réquisitionnés par l'Armée d'Occupation (Lens).

Par ailleurs, le Comité de Gestion des Produits Laitiers organise actuellement le ravitaillement en lait, encore déficitaire de quelques localités de la région minière et met au point un plan de répartition du fromage dans le département.

Pommes de terre et Légumes secs. À la suite d'une intervention du Ravitaillement Général du Pas-de-Calais, le Bureau National de Répartition de la Pomme de Terre a attribué pour le mois de juin, 750 tonnes de pommes de terre nouvelles an Pas-de-Calais et 1.000 tonnes au Nord alors que les contingents respectifs avaient été primitivement fixés à 285 tonnes et 1.500 tonnes.

La répartition est prévue pour les villes de 5.000 habitants et à raison de 1 kilogramme par consommateur,

Les stocks de légumes secs sont épuisés et le Bureau Régional de Répartition n'a pu réaliser la cinquième répartition qui avait été envisagée pour le mois de juin. Les quelques disponibilités qui existent encore sont réservées au Secours National et aux œuvres d'Assistance.

Pain. Pour remédier à la pénurie de pommes de terre et de légumes secs, l'Oberfeldkommandantur 670 de Lille a prescrit une distribution supplémentaire de pain au profit de tous les consommateurs et des travailleurs lourds :

a) Consommateurs ordinaires : 500 grammes de pain en échange du ticket " i " de la carte de légumes secs au cours de la semaine du 16 au 22 juin ; 500 grammes de pain et échange du ticket "j" de la carte de légumes secs au cours de la semaine du 23 au 30 juin.

b) Travailleurs lourds : Supplément hebdomadaire de 500 grammes de pain pendant 7 semaines : période du 15 juin au 3 août. Une carte de rationnement a été imprimée spécialement pour cette distribution.

Riz. À la suite de nombreuses démarches, M. le Secrétaire d'État au Ravitaillement vient d'allouer au département du Pas-de-Calais un contingent de 62 tonnes de riz. Ce stock sera réparti au cours du mois de juillet entre les consommateurs des catégories suivantes :

E. Enfants de 0 à 3 ans

J1. Enfants de 3 à 6 ans

J2. Enfants de 6 à 12 ans

Margarine. La fabrication de la margarine est arrêtée jusqu'au mois d'août prochain. La ration du consommateur ordinaire étant fournie en beurre, les stocks existant actuellement permettront de satisfaire la ration supplémentaire de 400 grammes qui est délivrée aux travailleurs lourds.

Chocolat. Le chocolat est soumis depuis le 1er juin aux règles du rationnement. La ration est de 125 grammes par mois pour les enfants de 3 à 6 ans et les personnes âgées de plus de 70 ans. Elle est de 250 grammes pour les enfants de 6 à 12 ans et les jeunes gens de 12 à 20 ans. Les enfants de moins de 3 ans et les adultes de 20 à 70 ans sont donc exclus de la répartition du chocolat. Deux feuilles de tickets ont été imprimées spécialement pour assurer cette répartition.

Orge. Les départements du Nord et du Pas-de-Calais ont bénéficié d'un déblocage de 8.225 tonnes d'orge. Pour que ces stocks permettent d'assurer la soudure avec la prochaine récolte, M. le Chef de l'Administration Militaire de l'OFK 670 à Lille, a demandé que la force alcoolique de la bière soit limitée à 1,5 degré ce qui permettrait jusqu'au 15 septembre une fabrication de 1.700.000 hectolitres, correspondant à la consommation probable.

Avoine - Pailles. L'imposition de 1.600 tonnes d'avoines pour les chevaux des mines sera difficilement réalisée. Les disponibilités s'épuisent et il ne sera plus possible d'assurer le mois prochain les 4 Kilos qui avaient été délivrés jusqu'à présent aux chevaux des non-producteurs.

Les pailles sont toujours à la disposition des Troupes d'Occupation qui autorisent certains prélèvements pour les chevaux des mines et des non-producteurs, ainsi que pour la fabrication d'aliments mélassés et les cartonneries.

Contrôleurs. Plusieurs contrôleurs stagiaires ont été recrutés depuis le mois dernier :

Arrondissement d'Arras :

M. Varlet Jules, rue d'En Haut à Palluel

M. Tantot André, 10, Boulevard Crespel à Arras

M. Leroy Florimond à Aubigny-en-Artois

M. Daubresse Max, à Beaumetz-lès-Loges

M. Denis Raymond, à Vimy

Arrondissement de Boulogne :

M. Dupuich Pierre, rue du Fil-Bois à Desvres

Arrondissement de Montreuil :

M. Demarquilly Camille, 75, rue de Lhomel à Berck

M. Cardon Georges, 232, rue Principale à Camiers

Arrondissement de Saint-Omer :

M. Panier Robert à Lumbres.

L'activité des contrôleurs s'est portée sur les vérifications de stocks de farine, le recensement des habitants dans les mairies et le contrôle de la délivrance des titres d'alimentation, la vérification des déclarations d'animaux, la visite des centres d'abatage et des dépôts communaux de beurre, la circulation des denrées rationnées.

En outre, depuis le 21 juin et jusqu'au 15 juillet, les contrôleurs sont mis à la disposition des Présidents de Commission de réception pour la réalisation du plan de ravitaillement en viande.

À ces contrôleurs se joignent les services de police et de gendarmerie. Les autorités allemandes elles-mêmes qui se tiennent au courant des conditions du ravitaillement font des constatations qu'elles sanctionnent d'amendes le cas échéant,

De mon côté, par l'intermédiaire des maires ou directement, j'interviens auprès des producteurs pour qu'ils fassent leur devoir.

Lutte contre le marché noir. Avec les moyens encore limités que l'on sait le service des contrôles des prix poursuit méthodiquement son action, en collaboration avec la Gendarmerie, la Police et les brigades de surveillance des contributions indirectes.

Au point de vue surveillance des prix proprement dite, au 31 mai 1941, 3.286 procès-verbaux étaient parvenus au Service. 1.610 avaient été suivis de transaction pour un montant de 3.915.047 Frs. 214 avaient été transmis au Parquet.

Au cours du mois de mai, 44 affaires ont été jugées ; 3 ont été terminées par un non-lieu, 41 ont donné lieu à condamnation prononçant 88.110 francs d'amende. En outre, cinq ont prononcé des peines de prison de 1 à 2 mois avec sursis et quatre la confiscation des marchandises saisies.

Les affaires de marché noir transmises au Parquet sont au nombre de 21 pour le mois de mai et de 6 du 1er au 25 juin, dont 13 affaires de savon, 2 de pneus de bicyclette, 3 de beurre, 1 de chocolat, 1 de bestiaux, 1 de confiture, 3 de pain, 1 de viande et 2 de laine, soit au total 80 affaires depuis l'installation du Service.

Les jugements suivants concernant des affaires de marché noir ont été prononcés jusqu'à ce jour :

Noms des délinquants Marchandises objet des infractions Date du jugement Condamnation Observations
Jacobs Joseph café, farine 19/02/1941 40 jours de prison, 25 francs d'amende
Kus Jean café, farine 19/02/1941 5 mois de prison, 300 francs d'amende
Zymny Jean café, farine 19/02/1941 2 mois de prison, 100 francs d'amende
Sueur Abel chocolat, laine 09/04/1941 50 francs d'amende Appel
Mme Merlen née Van-Lede porc 04/06/1941 16 francs d'amende Appel
Vandaele née Boutoille porc 04/06/1941 150 francs d'amende
Dupont Alphonse porc 04/06/1941 25 francs d'amende
Boutin Georges chocolat 17/06/1941 30.000 francs d'amende
Pentel Paul beurre 11/06/1941 1 mois de prison, 500 francs d'amende
Benomar Amar café 07/05/1941 2 mois avec sursis, 200 francs d'amende
Brebion Alice laine 11/06/1941 Amende de 50 francs, confiscation

Communications

Visite de M. Jean Berthelot, Secrétaire d'État aux Communications. Le 24 Juin nous avions l'honneur d'accueillir dans le Pas-de-Calais M. Jean Berthelot, Secrétaire d'État aux Communications.

Pour la première fois, depuis les évènements de mai 1940 nous recevions un membre du Gouvernement. Sa venue a apporté un grand réconfort aux populations et plus particulièrement aux sinistrés des régions de Courrières et d'Oignies qui ont été tragiquement atteintes.

Le Ministre a exposé les grandes lignes d'un plan de reconstruction aux personnalités rassemblées à la Préfecture, il leur a donné d'utiles renseignements sur la législation déjà en application et sur celle qui est en cours d'études. Il s'est vivement intéressé aux problèmes soulevés et il voulut bien se rendre sur place à Courrières, à Oignies où les travaux de déblaiement se poursuivent avec une grande activité et où s'érigent en dépit d'innombrables difficultés des constructions provisoires destinées à recueillir les sinistrés.

M. Berthelot accompagné des Ingénieurs compétents a tenu à se rendre compte de la reconstruction de certains ouvrages d'art (ponts divers) et des conditions dans lesquelles se poursuivaient d'importants travaux routiers. Il a quitté le Pas-de-Calais pour se rendre dans le Nord.

Postes, Télégraphes, Téléphone

Service Postal

Le service automobile desservant la région sud d'Arras a été remplacé depuis le 1er juin courant par les trains des voies ferrées d'intérêt local Achiet-Bapaume-Marcoing et Boisleux-Marquion-Cambrai dont les horaires étaient devenus favorables au service postal.

L'amélioration obtenue de ce fait pour les bureaux de la région considérée est surtout sensible pour l'expédition des courriers bien que pour certains d'entre eux la réception ait été légèrement avancée.

Les relations journalières avec le département du Nord vont être prochainement augmentées par l'utilisation de 4 trains postaux dans les 2 sens au lieu de trois.

D'autre part, un plus grand nombre de bureaux des départements du Nord et du Pas-de-Calais pourront vraisemblablement être mis en relation directe avec les centralisateurs du département voisin ce qui permettra de réduire les délais d'acheminement. Une étude est en cours.

En ce qui concerne la distribution postale, une deuxième tournée a été rétablie à Calais et Saint-Omer, 2 liaisons journalières ayant pu être réalisées entre ces bureaux et le centralisateur départemental Arras-Gare.

Service télégraphique. L'échange des télégrammes familiaux (naissances, maladies décès) n'est plus admis entre la zone interdite et la zone occupée.

Service téléphonique. Au cours de la dernière période mensuelle écoulée, 35 bureaux ont été réouverts. Un service de nuit avait été organisé au cours des grèves dans l'arrondissement de Béthune. À la demande des autorités allemandes, ce service de nuit vient d'être suspendu. En conséquence, le service interurbain reste interrompu entre 19 heures et 8 heures pour tous les abonnés officiels et privés.

Toutefois une garde est assurée dans les centres de groupement d'Aire-sur-la-Lys, Arras, Béthune, Bruay, Hénin-Liétard, Lens, Saint-Omer et Saint-Pol-sur-Ternoise. Cette mesure a pour but de donner aux autorités la possibilité d'assurer dans les grandes villes la protection contre les avions et les incendies et de permettre à l'intérieur du réseau local du centre de groupement les mises en communication directes demandées, le cas échéant par certains services importants.

Chemins de Fer

Depuis mon dernier rapport, aucun fait saillant ne s'est produit qui mérite d'être relevé.

Ponts et Chaussées

Ouvrages d'art. 7 ponts provisoires avec passe marinière sont en cours de construction à Dourges, Billy-Berclau, Oignies, Saint-Omer, Cuinchy, Busnes, Guarbecque.

2 ponts provisoires sur voies non navigables en cours de construction à Sailly-en-Ostrevent.

1 passage provisoire par remblaiement de la cuvette du canal du Nord en cours à Hermies.

6 ponts définitifs sont en cours de reconstruction ou de réparation à Tortequesne (3), Lécluse, Huby-Saint-Leu et Saint-Laurent-Blangy.

Le pont de Saint-Venant (R.N. 16 sur la Lys) est terminé, mais non en service.

Service routier. Sans changement.

Destructions - reconstructions

À la recrudescence de l'activité aérienne qui se manifeste depuis fin mai correspond malheureusement un accroissement de destructions, non seulement dans la zone côtière, mais encore à l'intérieur du département.

Les communes d'Arques, Wardrecques, Saint-Pol-sur-Ternoise, Chocques, Labeuvrière, Vitry-en-Artois, Pont-à-Vendin notamment pour ne parler que de la région non côtière ont subi de sérieux dommages. On a à déplorer la mort de plusieurs personnes ; on compte aussi d'assez nombreux blessés.

Application de la loi du 5 août 1940 relative à la réparation des immeubles d'habitation partiellement endommagés. Environ 6.500 demandes ont été déposées dont 5.617 dossiers complets.

3.244 dossiers ont été étudiés. Les subventions aux particuliers atteignent 21.402.472 francs. Les ordres de paiements s'appliquent à un total de 5.391.395 francs.

Dans mon rapport précédent j'avais signalé la situation de certains sinistrés qui, faute de ressources, se trouvaient dans l'impossibilité de réparer eux-mêmes provisoirement les dégâts causés à leurs habitations par les bombardements. La circulaire de la Délégation Générale N° 393/D.6 en date du 10 juin dernier est venue très opportunément apporter un remède à cet état de choses. Le concours qu'apportera en l'espèce le Secours National sera, en effet, des plus utile.

Logements provisoires

a) Travaux terminés

Oignies. Secours National, Bâtiments communaux, Bureau de Poste.

Courrières : Secours National.

b) Travaux en cours

Oignies : 8 constructions isolées.

Courrières : 13 constructions isolées ; 2 cités-jardins groupant au total 150 constructions.

Arras : Cité de Tilloy 108 constructions ; Cité du camp Espagnol : 40 constructions ; Centre Sanitaire d'Arras : 8 bâtiments et 3 cellules opératoires.

Haisnes-les-la-Bassée : Cité de 38 constructions

Boulogne-sur-Mer : 75 constructions

Essars : 3 constructions

Fresnicourt-le-Dolmen : 120 constructions

Givenchy-lès-la-Bassée : 6 constructions

Les travaux sont également commencés pour les communes de : Lapugnoy, Isbergues, Busnes, Annezin, Saint-Floris, Béthune, Guarbecque, Calonne-sur-la-Lys, Mont-Bernanchon, Robecq, Sainte-Catherine, Saint-Venant.

De nombreuses autres constructions seront mises en chantier dans le courant du mois de juillet. À la fin du mois de juillet, une centaine de constructions provisoires pourront être entièrement terminées si les tuiles ne manquent pas.

D'une façon générale, une seule inquiétude : la couverture. Si celle-ci ne fait pas défaut, toutes les constructions provisoires destinées aux sinistrés seront terminées avant l'hiver.

Mobilier. Lorsque ces constructions seront achevées, il faudra pour qu'elles puissent être habitables, les doter du mobilier strictement indispensable. Le service des constructions provisoires s'occupe - je le sais - très activement de la question. Je me permettrai cependant de signaler l'intérêt primordial qu'il y a à ce que les commandes qui ont pu être déjà passées soient exécutées pour que les expéditions soient faites avec le moins de retard possible.

Industrie

a) Arrondissement d'Arras, Béthune et Montreuil

1) Industries détruites ou gravement endommagées. Aucune modification à la date du 28 juin.

2) Industries dont l'équipement est intact et pour lesquelles la main-d'œuvre fait défaut. Sans changement

3) Industries n'ayant pas encore repris leur activité Je n'ai rien à ajouter aux indications de mon précédent rapport concernant ces établissements, le ralentissement constaté actuellement étant occasionné soit par l'absence de combustible, soit par l'absence de matières premières.

Dans le courant du mois de juin, il a été effectué par les Offices du Travail 2.144 placements masculins et 856 placements féminins. Ces chiffres indiquent la stabilisation qui s'est produite dans l'emploi de la main-d'œuvre du département, les changements devenant de moins en moins fréquents par suite de la variation peu importante survenue dans les principales industries.

D'une manière générale, on n'a constaté aucune augmentation sensible d'effectif, ni aucune augmentation d'activité dans le courant du mois écoulé.

Cet état de choses est dû, ainsi qu'il est indiqué plus haut, aux divers facteurs dont les principaux sont la difficulté qu'éprouvent les usines à se procurer du charbon. Plusieurs établissements importants ont dû arrêter partiellement leur activité ou limiter un certain nombre de jours par mois leur fabrication. Le manque de matières premières est également intervenu pour freiner la production.

Cependant, il existe toujours un déficit important de main d'œuvre dans le département ; ce déficit étant particulièrement sensible parmi le personnel spécialiste des industries des métaux et du bâtiment ainsi que dans la main-d'œuvre valide, apte aux travaux de force.

On constate une certaine diminution dans la main-d'œuvre occupée par les autorités allemandes, les ouvriers ayant été licenciés ont d'ailleurs été facilement replacés dans d'autres entreprises. En ce qui concerne l'application des lois sociales pour le personnel occupé par les autorités allemandes, une intervention a été faite auprès de l'Oberfeldkommandantur à Lille.

b) Région côtière

Arrondissement de Boulogne-sur-Mer et Cantons d'Ardres et d'Audruicq, de l'arrondissement de Saint-Omer.

1) Établissements détruits qui ne pourront reprendre leur activité sans travaux importants. Aucun changement survenu au cours du mois.

2) Établissements pour lesquels l'équipement est intact et pour lesquels la main-d'œuvre fait défaut. Néant.

3) Établissements qui n'ont pas repris leur activité bien que disposant sur place de l'équipement et de la main-d'œuvre. Aucun changement.

4) Établissements ayant repris leur activité

Établissements François, rue des Fleurs à Calais, fabrique d'emballages métalliques ont réouvert leurs portes, mais n'occupent que 4 ouvriers.

c) Arrondissement de Saint-Omer (moins les cantons d'Ardres et d'Audruicq)

Ainsi qu'il a été déjà dit la main-d'œuvre qualifiée ou non manque. Cela se fait sentir surtout parmi les spécialistes des industries du bâtiment, cimentiers, menuisiers, charpentiers, etc., mais aussi parmi la main-d'œuvre banale. Cette situation résulte du fait que les autorités occupantes emploient pour leurs besoins un nombre important d'ouvriers soit pour leurs services domestiques soit pour leurs chantiers : champs d'aviation, dépôts de munitions, etc.

De son côté, l'industrie connaît une activité assez difficile. Cela est dû surtout ainsi que je l'ai précisé à plusieurs reprises, aux difficultés d'approvisionnement en charbons. C'est ainsi que les briqueteries et tuileries ont de la peine à assurer la cuisson de leurs produits. D'ailleurs, les autorités occupantes semblent vouloir intervenir activement pour concentrer le travail dans quelques usines. C'est ainsi qu'il est question de répartir la production du papier et carton entre quelques usines de la vallée de l'Aa qui seraient d'ailleurs loin de connaître leur activité d'avant-guerre. Ne parle-t-on pas d'arrêter la fabrique de papier à Ouve-Wirquin qui occupe encore actuellement 102 personnes ? Par ailleurs, les verreries Durand et Édard à Arques travaillent toujours dans les mêmes conditions, la filature de jute de Saint-Omer reste fermée, celle d'Arques travaille avec un personnel très réduit de 74 personnes. De leur côté les fabriques de lingerie s'efforcent de garder leur personnel, mais elles sont loin de pouvoir l'alimenter en travail comme avant la guerre.

a) Mines

Les expéditions de tous combustibles au départ des Mines du Nord et du Pas-de-Calais, sont reprises au tableau ci-dessous :

Expéditions de combustibles au départ des Mines du Nord et du Pas-de-Calais

Sur ces tonnages il a été expédié aux industries et aux foyers domestiques du Nord et du Pas-de-Calais les quantités ci-après :

Combustibles expédiés aux industries et aux foyers domestiques du Nord et du Pas-de-Calais

La régression considérable des ventes sur le carreau est la conséquence de la mise en vigueur de l'arrêté interdépartemental du 27 février 1941.

Les ventes au carreau à destination de la clientèle Nord et Pas-de-Calais non comprises dans le tableau ci-dessus, se sont montées pour le mois de mai à 173.853 tonnes contre 49.406 en avril. Ces ventes ne comprennent pas les tonnages enlevés par route pour l'exportation, ni pour l'armée allemande ni pour les ayants droit des mines. De même les tonnages enlevés pour les autres groupements que ceux du Nord et du Pas-de-Calais n'y figurent pas.

La production nette journalière a varié comme suit pour l'ensemble du bassin du Nord et du Pas-de-Calais. Elle est actuellement stationnaire, sans tendance à l'augmentation :

Septembre 1939 : 107.700 tonnes

Décembre 1939: 112.300 tonnes

Mars 1940 : 114.550 tonnes

Avril 1940 : 120.300 tonnes

Septembre 1940 : 81.680 tonnes

Décembre 1940 : 91.860 tonnes

Janvier 1941 : 93.440 tonnes

Février 1941 : 91.924 tonnes

Mars 1941 : 92.147 tonnes

Avril 1941 : 93.220 tonnes

Mai 1941 : 93.363 tonnes

Le rendement fond est également à peu près inchangé et en baisse notable sur celui d'avril 1940 (durée de travail 8 h45).

Avril 1940 : 1.294 kilos

Janvier 1941 : 1.073 kilos

Février 1941 : 1.033 kilos

Mars 1941 : 10036 kilos

Avril 1941 : 1.021 kilos

Mai 1941 : 1.017 kilos

L'extraction nette qui s'était élevée à 2.067.785 tonnes en mai 1940 s'est établie à 2.390.113 en mai 1941.

Les stocks à terre sont à peu près épuisés. La situation au 31 mai comparée à celle du 31 avril 1941 est la suivante :

Stocks à terre

Personnel

Le personnel atteint au 31 mai 1941 les chiffres suivants : fonds : 102.696 ; Dépendances légales : 43.066

Agriculture

Les conditions météorologiques de juin ont été très favorables à la végétation. Après l'humidité nécessaire fournie pendant la première quinzaine par des averses assez abondantes, une forte insolation a favorisé toutes les plantes, à l'exception du lin, qui, dans certaines parcelles, a brûlé. Le retard de la végétation a été en partie rattrapé.

Production végétale

Recensement des cultures. Le dépouillement des résultats du recensement fait à la date du 20 mai n'est pas terminé. Il le sera dans un très court délai.

État des cultures en terre

Blé. Par rapport à fin mai, la situation est légèrement améliorée. L'épiaison se poursuit normalement. Il y a peu de maladie.

Avoine. Dans l'ensemble, l'apparence est bonne bien qu'un assez grand nombre de parcelles souffre d'un manque d'engrais.

Orge. Les escourgeons et les orges donnent satisfaction.

Betteraves. Les démariages sont presque terminés. La main d'œuvre locale a souvent suffi pour ce travail qui a porté sur des surfaces beaucoup moindres qu'en année normale. La végétation est très belle, notamment dans les sols profonds et fertiles.

Pommes de terre. Les plantations faites en plants d'origine sont très belles. Dans le Bas pays de Béthune, elles ne représentent que 20% des surfaces. Les autres plantations faites avec les plants de qualité inférieure sont ou moyennes ou médiocres. Le Doryphore est apparu dès le 1er juin. Jusqu'à présent le Boulonnais, le Calaisis et le Bas Pays de Béthune sont épargnés. Ailleurs, on en a découvert dans beaucoup de communes. La lutte étant menée partout activement, il semble que ce parasite fera peu de dégâts.

Lin. Les récoltes de lin sont assez variables. Très belles dans le Calaisis et dans quelques communes de l'Artois, elles sont moyennes ailleurs. Un certain nombre de parcelles défectueuses ont dû être retournées en juin. La mauvaise apparence provenait du fait que la graine laissait à désirer et que les conditions météorologiques pendant le premier développement ont été plutôt défavorables. Plantes fourragères. Les luzernes et sainfoins sont beaux. Les trèfles par contre sont restés courts et beaucoup sont clairs. La fenaison bat son plein, dans les prairies naturelles, la saison est encore favorable à la pousse de l'herbe.

Plantes potagères. Les jardins ont actuellement bel aspect, mais les récoltes sont retardées.

Fruits. L'année 1941 ne donnera pas beaucoup de fruits. Il y a peu de pommes et de poires. Sur le pommier, l'anthonome a fait beaucoup de dégâts.

Productions animales

État sanitaire. Bon dans l'ensemble.

Recensement. Les Autorités allemandes ordonnent un nouveau recensement des animaux domestiques à la date du 1er juillet.

Production laitière. En juin, la production laitière a été favorablement influencée par l'excellent développement des prairies. Cependant les communes de la région côtière qui ont des chevaux allemands doivent abandonner leurs pâtures à ces chevaux, au grand détriment de la nourriture des bovins et de la production du lait.

Production de la viande. Production faible en viande de boucherie parce que les introductions de bétail maigre ont été beaucoup moins élevées qu'en temps normal. Il a été délivré des autorisations pour 6.297 bovins contre 15.000 avant-guerre et sur ce nombre 1.660 têtes ont été introduites dans le Pas-de-Calais.

Production très faible aussi en porcs gras, par suite du manque de grains. La production de porcs gras a baissé de plus de moitié dans les régions les plus productrices.

Approvisionnement

Engrais. Par suite des grèves et des bombardements, dans la région minière, les contingents d'engrais azotés prévus pour être livrés en juin ne l'ont été que dans une faible mesure. Des besoins assez importants restent encore à satisfaire, pour les betteraves sucrières. Des démarches ont été faites au Ministère pour prolonger le délai de livraison jusqu'au 15 juillet.

Clous à ferrer. Les clous à ferrer manquent toujours. Les contingents n'ont pu encore être répartis, de sorte que les besoins se font de plus en plus pressants.

Ficelle lieuse. Cette question préoccupe beaucoup le cultivateur. Compte tenu des quantités qui seront fournies officiellement et des stocks existant actuellement chez les cultivateurs, c'est plus de 50% des besoins qui vont manquer, c'est par conséquent la récolte de 125 à 130.000 hectares qu'il faudra lier à la main, si on ne trouve d'ici la moisson un succédané de la ficelle lieuse ordinaire. Le liage étant un travail qui demande de l'habitude et qui doit être fait sérieusement, le cultivateur n'accorde pas beaucoup de confiance pour l'exécution de ce travail à la main d'œuvre qui lui est proposée, c'est-à-dire à celle des jeunes gens de 17 à 21 ans et à celle des ouvriers d'usine qui seront réquisitionnés. Il craint qu'au moment de la rentrée des gerbes, la plus grande partie du travail de liage soit à recommencer. D'autre part, les difficultés du ravitaillement le font beaucoup hésiter à demander de l'aide.

Main d'œuvre

a) Main d'œuvre betteravière. 75 agriculteurs seulement ont introduit 137 bineurs belges. Une quinzaine n'ayant pu trouver toute la main d'œuvre nécessaire sur place, ont demandé fin juin l'aide de bineurs belges. Cette aide ne pourra leur être fournie que partiellement.

b) Service civique rural. Le recensement des jeunes gens est en cours. J'ai présidé plusieurs conférences pour la mise au point de cette question.

c) Main d'œuvre agricole occupée dans les chantiers allemands. Pour l'Artois, un accord est intervenu entre les Autorités allemandes et l'Inspection du Travail. Les ouvriers agricoles seront licenciés par les Autorités allemandes et renvoyés à l'Agriculture dans la mesure où l'Inspection du Travail remplacera cette main d'œuvre par des hommes ayant travaillé dans les usines. Des dispositions vont être prises pour rendre à l'Agriculture, dans le moindre délai, les ouvriers spécialistes dont elle a besoin. Le même résultat va être appliqué pour les autres régions, où les agriculteurs se plaignent du départ de leurs ouvriers, attirés par des salaires qui sont deux fois plus élevés que ceux que l'Agriculture peut leur payer actuellement.

Réquisition d'attelages par les autorités allemandes

Dans toutes les communes voisines des champs d'aviation, les Autorités allemandes réquisitionnent des attelages pour les charrois de cailloux et autres transports. L'intervention de l'Oberfeldkommandantur a limité à 10% de l'effectif des chevaux aptes au travail, le pourcentage maximum des chevaux susceptibles d'être réquisitionnés dans une commune. Ces exigences paraissent encore très élevées pour les cultivateurs, dont la cavalerie est, pour tous, très fortement diminuée.

Questions financières

Recouvrements sur impôts directs :

Les rôles émis sur l'exercice courant, 1941, formaient au 31 mai 1941, un total de 79.003.717 francs, sur lesquels il a été recouvré 18.770.568 francs. d'où un pourcentage de 23.75.

Au titre de l'exercice 1940, les renseignements de même ordre sont :

Rôles émis : 388.809.974 francs

Recouvrements : 855.096.702 francs

Pourcentage : 65.60

Sur les exercices antérieurs, il a été recouvré durant le mois de mai 1941 : 2.286.719 francs. Les restes à recouvrer restant ainsi ramenés à 35.796.891 francs.

Enfin, la perception "à la source" de la Contribution Nationale extraordinaire et des impôts cédulaires fait apparaître :

Recouvrements du mois de mai 1941 : 11.504.712 francs.

Recouvrements totaux au 31 mai 1941 : 64.848.352 francs.

Le tableau ci-après présente d'ailleurs la comparaison des recettes des divers mois, avec celles le mai 1938.

Situation comparative des recouvrements centralisés à la Trésorerie générale au cours des mois de mars 1938 et mai 1941
Situation comparative des recouvrements centralisés à la Trésorerie générale au cours des mois de mars 1938 et mai 1941

Émissions du Trésor. Les placements en Bons à court terme s'avèrent satisfaisants dans l'ensemble ; voici la comparaison des émissions de mai 1940 et mai 1941.

Placements en Bons à court terme

L'emprunt Crédit National de mai 1941 a, par ailleurs provoqué un chiffre de souscriptions de 7.199.280 Frs (net) aux guichets des seuls Comptables du Trésor.

Caisses ordinaires d'Épargne Les dépôts font toujours apparaître un excédent sur les remboursements ; au cours du mois de mai dernier, cet excédent a été de 2.729,800 francs.

Au cours du mois de mai 1940, il était apparu un excédent de remboursements de 4.207.281 francs ; ce chiffre étant d'ailleurs fonction des douloureux évènements de l'époque.

Enregistrement, Domaines, Timbre Le tableau ci-après donne la situation comparative des recouvrements effectués au cours des mois de juin 1940 à mai 1941 et de ceux afférents à la même période de l'année 1939 :

Situation comparative des recouvrements effectués au cours des mois de juin 1940 à mai 1941 et de ceux afférents à la même période de l'année 1939
Situation comparative des recouvrements effectués au cours des mois de juin 1940 à mai 1941 et de ceux afférents à la même période de l'année 1939

Question sociales

Inspection du Travail, Main-d'œuvre, Chômage, Grands Travaux

Le nombre de chômeurs secourus est tombé à 6 pour les hommes et à 411 pour les femmes, (les chiffres du mois dernier étaient 10 hommes et 505 femmes).

Ainsi, le chômage masculin a pratiquement disparu et le chômage féminin accuse, depuis quelques mois, une baisse aussi sensible que régulière, résultat du aux efforts des bureaux de placement et du personnel de contrôle des fonds de chômage.

Salaires. Augmentation des salaires. La loi du 23 mai 1941 publiée au Journal Officiel du 12 juin est actuellement en vigueur, l'autorisation d'application ayant été donnée par les autorités occupantes en date du 18 juin.

Les majorations prévues sont de :

0,90 de l'heure ou 156 francs par mois pour les localités de plus de 20.000 habitants

0,75 de l'heure ou 130 francs par mois pour les localités de plus de 5.000 habitants

0,50 de l'heure ou 86 francs par mois pour les autres localités.

La loi prévoit également l'assimilation de communes ou villes de plus de 5.000 ou 20.000 habitants par voie d'arrêté ministériel.

Étant donné que la plus grande partie du personnel ouvrier du département est occupée dans les mines, il convient de connaître les décisions prises en ce qui concerne cette importante catégorie, aussi l'Inspection du Travail de ces villes n'a pas manqué de se mettre en rapport avec le Service Minéralogique de Lille. Des renseignements recueillis, il résulte qu'aucune décision ferme n'a encore été prise, mais que les augmentations qui seront consenties par les mines auront pour base une augmentation au pourcentage, sans aucune distinction de localités, alors que celles prévues par la loi sont des augmentations forfaitaires d'après l'importance des localités. En conséquence, et étant donné surtout le caractère des industries situées dans l'agglomération minière, l'Inspection du Travail a proposé l'assimilation des communes dont il s'agit à celles de plus de 20.000 habitants.

D'autre part, notification de la nouvelle réglementation a été faite à tous les présidents des Syndicats patronaux ; une publication a également été faite à la presse.

Ci-après je reproduis le texte de la note publiée dans la presse et des instructions adressées aux organisations patronales.

« Arras, le 24 juin 1941.

L'Inspection du Travail communique : Messieurs les Employeurs sont informés que la loi du 23 mai 1941 portant attribution d'une allocation supplémentaire aux salariés à dater du 1er juin 1941, doit entrer immédiatement en application.

Cette loi qui est applicable aux professions industrielles, commerciales, artisanales et libérales, fixe de la manière suivante l'allocation supplémentaire dont doivent bénéficier les salariés :

Villes de plus de 20.000 habitants et leur banlieue industrielle : Par heure : 90 centimes, par mois 156 francs

Villes de plus de 5.000 habitants et leur banlieue industrielle : Par heure : 75 centimes, par mois : 130 francs

Autres localités : Par heure : 50 centimes, par mois 86 francs

L'allocation supplémentaire est ainsi réduite pour les "apprentis, les jeunes ouvriers et employés de l'un et l'autre sexe :

De la moitié pour ceux ayant moins de 17 ans révolus

Du quart pour ceux ayant moins de vingt ans révolus

L'application de cette règle ne peut avoir comme conséquence une réduction de l'indemnité des jeunes ouvriers ou employés dont le salaire serait égal au salaire le plus bas des ouvriers ou employés adultes de la même catégorie.

L'allocation s'applique aux salaires pratiqués au 1er septembre 1939 ou réajustés depuis lors, en vertu d'une autorisation régulière ; cette allocation supplémentaire est à la charge de l'employeur.

Un arrêté ministériel doit déterminer les localités assimilées aux villes de plus de 20.000 ou 5.000 habitants.

En ce qui concerne le département, en attendant la parution de l'arrêté dont il s'agit, l'augmentation doit être celle sus- indiquée. Le rappel sera, s'il y a lieu, versé aux ayants droit. Pour tous renseignements, s'adresser à l'Inspection du Travail, 11, rue de la Caisse d'Épargne à Arras,

Arras, le 23 juin 1941 »

J'ai l'honneur de vous faire connaître que l'autorité occupante ayant donné son accord, les dispositions de la loi du 23 mai 1941 portant attribution d'une allocation supplémentaire aux salariés, sont applicables dans le Pas-de-Calais à dater du 1er juin 1941, dans les conditions ci-dessous fixées, d'après les lieux de travail :

Villes de plus de 20.000 habitants et leur banlieue industrielle : Par heure : 90 centimes, Par mois : 156 francs.

Villes de plus de 5.000 habitants et leur banlieue industrielle : Par heure : 75 centimes, par mois : 130 francs.

Autres localités : Par heure : 50 centimes ; Par mois : 86 francs.

L'allocation supplémentaire est ainsi réduite pour les apprentis, les jeunes ouvriers et employés de l'un et l'autre sexe :

De la moitié pour ceux ayant moins de dix-sept ans révolus.

Du quart pour ceux ayant moins de vingt ans révolus.

L'application de cette règle ne peut avoir comme conséquence une réduction de l'indemnité des jeunes ouvriers ou employés dont le salaire serait au moins égal au salaire le plus bas des ouvriers ou employés adultes de la même catégorie.

L'allocation s'applique aux salaires pratiqués au 1er septembre 1939 ou réajustés depuis lors, en vertu d'une autorisation régulière ; cette allocation supplémentaire est à la charge de l'employeur.

Un arrêté ministériel doit déterminer les localités assimilées aux villes de plus de 20.000 ou 5.000 habitants.

En ce qui concerne le département, en attendant la parution de l'arrêté dont il s'agit, l'augmentation doit être celle sus-indiquée. Le rappel sera s'il y a lieu, versé aux ayants droit.

Je vous serais particulièrement obligé de vouloir bien porter à la connaissance de vos adhérents les dispositions de la loi du 23 mai 1941 dont l'application doit être immédiate.

Veuillez agréer,… »

Quant à la situation des grands travaux au point de vue de leur financement, je n'ai rien de particulier à ajouter à mon rapport du 11 juin.

Assistance et Prévoyance sociales hygiène

Santé Publique

Dispensaire antituberculeux. 18 dispensaires sur 23 ont pu avoir un fonctionnement normal. Pour Audruicq, Montreuil et Desvres les mêmes difficultés que le mois précédent s'opposent à leur réouverture. Les locaux sont toujours réquisitionnés par les troupes d'occupation. Le dispensaire de Saint-Omer a subi le même sort. Sur l'ordre des Autorités Allemandes ce dispensaire a dû être rapidement évacué. Le matériel a pu être emménagé dans d'autres locaux et il est vraisemblable que le dispensaire pourra reprendre à bref délai son activité normale.

La liste des dispensaires réquisitionnés a été communiquée à Monsieur le Directeur Régional à la Famille et à la Santé afin qu'il intervienne auprès de l'Oberfeldkommandantur pour obtenir leur libération ou à défaut l'autorisation de les installer dans une des maisons retenues pour le cantonnement des troupes.

À Bertincourt, le Service Social a repris activement. Mais les réparations à faire à l'immeuble sont très importantes et le mobilier est entièrement à reconstituer. Les consultations n'ont donc pas été rétablies, les malades sont dirigés sur les dispensaires d'Arras ou de Frévent, mais l'éloignement et les difficultés de communications rendent assez illusoire toute surveillance médicale. Plus que jamais les Assistantes sociales ont un gros travail à faire dans les familles.

Actuellement et principalement sur la côte, leur activité s'oriente vers l'enfance, s'efforçant de pallier aux conséquences des restrictions en dirigeant les enfants vers les préventoria, colonies de vacances ou placements familiaux.

Dispensaires Antivénériens. Il n'y a rien de particulier à signaler au sujet du fonctionnement de ces dispensaires. L'organisation régionale des services antivénériens sous la direction d'un inspecteur de la santé du département du Nord se poursuit activement. Il est apparu que le contrôle de la prostitution constituait une lourde charge pour les médecins chargés de ce service : Perte de temps considérable et une grosse responsabilité. Il semble assez juste de reconnaître la valeur de ces services et d'accorder à ces médecins un traitement forfaitaire mensuel.

Jusqu'à présent les médecins ne semblent pas observer les prescriptions de la circulaire visant la déclaration des maladies vénériennes. Une note a été adressée au Président de l'ordre des Médecins pour le prier de rappeler au corps médical le caractère absolument obligatoire de ces déclarations.

Services Hospitaliers. Ces services ont été particulièrement désorganisés dans certaines régions soit par la réquisition soit par la destruction d'une partie des bâtiments. Le nombre de lits d'Hospitalisation des contagieux est manifestement insuffisant, et nous recherchons les moyens ce qui n'est pas aisé de parer à cette situation.

Les cas de tuberculose se multiplient. Les placements en sanatoria surtout en dehors de la zone interdite sont difficile., J'essaye en ce moment d'imposer aux hôpitaux la création de pavillons de cure, jouant le rôle d'annexe sanatoriale et de pavillon de triage.

Œuvres Maternelles et Infantiles. Le projet d'installation de la maison maternelle départementale, à Saint-Pol-sur-Ternoise, dans les baraquements du Service des Constructions Provisoires est en bonne voie de réalisation.

Les appels d'offre ont été lancés aux entrepreneurs et la directrice ayant obtenu un laissez-passer est en quête de mobilier, linge et fournitures diverses nécessaires à sa réinstallation.

Les colonies de vacances du département, situées en majorité dans la région côtière, ne peuvent être utilisées. Un centre de colonies de vacances est en voie de réalisation à Arras. Il permettra à de nombreux écoliers d'y faire un séjour de longue durée. La priorité sera donnée aux enfants de la côte, des mines et à ceux qui se trouvent particulièrement en danger, soit par incurie familiale, soit par cohabitation avec un malade.

Les consultations de nourrissons sont toujours insuffisantes, en qualité et en quantité. Un programme d'ensemble visant à la réforme de ces organismes et à la création de crèches est à l'étude. Les enquêtes ont révélé que le fonctionnement des gouttes de lait était surtout entravé par les difficultés d'approvisionnement. Le service d'Hygiène a prévu avec le Comité de gestion laitier la délivrance à ces organismes de bons de déblocage qui leur permettront de reprendre leur activité. L'assainissement du marché du lait se poursuit également. Un inspecteur adjoint est tout spécialement chargé de procéder à la visite des laiteries et centres de ramassage.

État Sanitaire du mois. Le mois de juin a été particulièrement marqué par une recrudescence d'épidémies infantiles saisonnières, sans aucune gravité du reste varicelle, oreillons, coqueluche, etc.

Pendant ce mois il a été fait déclaration de :

23 cas de scarlatine.

61 cas et 11 épidémies de rougeole.

24 cas de diphtérie.

4 cas de fièvre typhoïde, mais dont 1 n'a pas été confirmé par l'enquête et le laboratoire.

1 cas de poliomyélite.

31 cas de tuberculose.

1 cas de syphilis.

1 cas de blennorragie.

Les enquêtes épidémiologiques sont faites au fur et à mesure des déclarations et les mesures de prophylaxie sont prises rapidement. C'est ainsi que dans les communes dépourvues de médecins les Inspecteurs adjoints sont allés vacciner eux-mêmes et ont pratiqué environ 3.500 injections d'anatoxine de Ramon.

Dans l'ensemble, l'état sanitaire est satisfaisant. Les épidémies ne sont ni plus denses, ni plus graves que celles que l'on observe habituellement à la même époque.

Réfugiés et Sinistrés

La statistique des réfugiés et sinistrés secourus fait ressortir leur nombre à 8.377 en augmentation de 423 sur le mois précédent, soit :

3.511 Réfugiés

4.866 Sinistrés

Région côtière - Évacuations éventuelles. Les bombardements ont depuis trois semaines repris avec une grande intensité sur toute la côte et Boulogne-sur-Mer comme Calais enregistrent chaque jour et chaque nuit de nouvelles victimes et des dommages de plus en plus importants. Une partie de la population s'est évacuée d'elle-même, mais de nombreuses familles, surtout ouvrières, ne peuvent quitter leur domicile.

Des plans d'évacuation ont été dressés depuis plusieurs mois.

Les autorités d'occupation n'ont autorisé jusqu'à présent les départs que s'ils sont effectués pour des localités situées hors du département et sans esprit de retour dans les deux départements du Nord et du Pas-de-Calais. Il serait urgent de faire examiner cette situation pour qu'elle fût réglée par les autorités d'occupation en accord avec le Gouvernement.

Déjà, j'ai prévu l'hébergement dans les villes moins exposées du Pas-de-Calais ; des habitations provisoires sont en cours de constructions. Des démarches multiples ont déjà été faites à cet effet par moi-même comme par mon collègue du Nord auprès de l'OFK à Lille.

D'autre part, dans la zone côtière interdite, les habitants ne peuvent circuler librement que dans un rayon de 5 kilomètres. Pour sortir de cette zone, ils doivent obtenir un laissez-passer spécial qui, quant à présent, n'est accordé que pour des professions touchant le ravitaillement général et l'industrie.

Ainsi, les familles qui pourraient s'abriter la nuit avec leurs enfants en se rendant chaque soir en dehors de cette zone de 5 Kilomètres, sont dans l'impossibilité de se réfugier dans les campagnes avoisinantes.

Notre principal souci c'est de pouvoir ménager la vie des enfants qui sont, sur la côte, particulièrement menacés et dont leurs familles, sauf quelques rares exceptions, ne veulent pas se séparer.

Pour ne citer que Boulogne-sur-Mer, il reste encore dans cette ville : 24.410 adultes ; 1.649 enfants de moins de 3 ans et 4.120 enfants de 3 à 12 ans. Soit 30.179 sur 52.371 habitants (recensement de 1936)

Des évacuations volontaires, avec notre aide, se sont effectuées au maximum. Pour agir maintenant de façon plus efficace, il convient d'examiner l'opportunité d'une autorisation devant per mettre l'évacuation obligatoire de toutes les familles dont la présence dans les circonstances actuelles n'est pas indispensable à la vie dos cités.

J'ai appris que M. le Préfet Marlier, chargé de mission à la direction des Réfugiés se proposait de venir à Lille pour examiner avec l'OFK non seulement les plans que j'ai établis et qui ont retenu tout l'intérêt des autorités allemandes, mais aussi les conditions dans lesquelles pourrait être effectuée l'évacuation qui serait demandée par les autorités allemandes des malades en traitement dans les différents établissements de Berck.

Secours aux populations civiles - Activité du Secours National. Sous l'impulsion de M. Perilhou, délégué départemental depuis novembre 1940, le Secours National a très rapidement développé son action. Actuellement, sept sous-délégués sont en fonctions : tous les cantons du département, sauf deux, possèdent un représentant de l'œuvre. 211 communes sont dotées d'un correspondant. Les services départementaux du Secours National, qui étaient logés trop à l'étroit, s'installent à l'École Normale d'Institutrices d'Arras, dont une partie a pu être mise à leur disposition.

Des efforts particuliers ont été poursuivis en faveur des populations des villes de Courrières et d'Oignies, fortement sinistrées et des ports de Boulogne-sur-Mer et de Calais fréquemment bombardés.

La situation des nombreux mariniers dont les péniches ont été coulées en mai 1940 a également retenu toute l'attention nécessaire.

À fin avril 1941, les secours suivants avaient pu être répartis :

En espèces : 507.464,65 francs

En nature : 974.519 francs

Au total : 1.481.984 francs

Les 40 tonnes de vêtements ramassés à la suite de l'appel de M. le Maréchal Pétain ont été réparties dans des ouvroirs pour remise en état.

Les dons en espèces recueillis au cours de cette campagne se sont élevés à 2.167.173, 45 francs.

Le Secours National a en outre donné son concours à l'organisation des soupes populaires, ainsi qu'au développement des Jardins ouvriers.

Il a pris également une part fort active aux manifestations qui se sont déroulées à l'occasion de la Fête du Travail, de la Saint Philippe et de la Journée des Mères. Le montant des gratifications distribuées aux mères médaillées du département a atteint environ 600.000 francs. Trains Bavarois

Au cours d'une conférence qui s'est tenue à l'Oberfeldkommandantur 670, les Autorités d'occupation ont demandé que la population des deux départements du Nord et du Pas-de-Calais bénéficie des repas chauds distribués par l'organisation du train bavarois "Hilfzug Bayern". Ces distributions étaient déjà faites aux populations minières des deux départements. Les repas sont livrés chaque jour dans des marmites norvégiennes contenant 50 rations.

Pour répondre aux propositions des Autorités occupantes, les centres de consommation du département ont été invités à prendre part à ces distributions, dans le but de relever les conditions d'existence des consommateurs indigents ou nécessiteux.

Les villes de Béthune, Saint-Omer, Calais, Boulogne-sur-Mer, Étaples, Le Touquet, Berck, Arras, Liévin, Bruay et Nœux-les-Mines ont pris part à ces répartitions. 34.500 rations ont été distribuées pendant la période du 26 mai au 5 juin dernier. À partir de cette date, seule la ville d'Arras a continué à s'approvisionner auprès de l'organisation Hilfzug Bayern, à raison de 1.000 rations par jour.

Le prix de ces repas est fixé à 4 francs. Le financement est assuré par les collectivités intéressées, avec le concours du Secours National, soit 1 franc par repas et éventuellement une participation des bénéficiaires.

Habitants privés de ressources. Remboursement des sommes payées par les communes sous forme de secours.

Lors des évènements de mai 1940, les communes du Pas-de-Calais par suite de l'exode massif des populations ont eu à faire face à des dépenses très élevées pour l'attribution de secours et le ravitaillement de la population civile.

Ces charges très importantes et imprévues ont été supportées soit sur les ressources propres des communes, soit grâce aux avances qui leur ont été consenties, d'abord par les autorités allemandes puis par le Trésor français. Les avances en reichsmark ont été remboursées intégralement à l'autorité occupante par l'État Français.

Aujourd'hui ce dernier réclame aux communes bénéficiaires le remboursement de la totalité des avances consenties.

Cette demande provoque l'inquiétude des municipalités qui se trouvent, en général, dans l'impossibilité de déférer à cette injonction. En cas de nécessités immédiates, une nouvelle avance, peut, il est vrai, être accordée dans les conditions fixées par la loi de finances du 31 mars 1932, article 70. Mais, il s'agit toujours d'une avance qu'il faudra rembourser.

À différentes reprises j’ai demandé au Secrétariat d'État à l'Intérieur d'examiner la possibilité de faire participer l'État aux dépenses de cette nature. L'œuvre du Secours National qui, d'après la correspondance reçue de M. le Président Pichat, semblait disposée à assumer cette charge, a demandé tous renseignements utiles qui ont été fournis. Mais aucune décision n'est encore intervenue et les municipalités intéressées désireraient être fixées au plus tôt, les finances locales ne pouvant supporter ces dépenses.

Tout dernièrement, M. le Ministre Secrétaire d'État aux Finances a fait savoir que ses services examinaient les moyens propres à assurer le financement des secours aux nécessiteux. En fait, le Trésorier Payeur Général est chargé d'une enquête destinée à faire ressortir les catégories de dépenses que l'État aurait à prendre en charge au titre de divers chapitres du Budget (chômeurs, réfugiés, etc.).

Il importe que l'imputation définitive de ces dépenses soit fixée à bref délai.

Relèvement du taux des Allocations Militaires et des Majorations

Le décret du 23 mai 1941 maintient les taux de :

a) 8 francs par jour pour les communes de plus de 5.000 habitants ;

b) 7 francs par jour pour les communes de moins de 5.000 habitants ;

Un supplément de 2 francs est accordé aux familles dont le soutien indispensable est prisonnier.

D'autre part, les majorations sont augmentées :

a) à partir du3e enfant pour les communes de plus de 5.000 habitants ;

b) à partir du 5e enfant pour les communes de moins de 5.000 habitants. Bien peu de familles sont appelées à bénéficier de ces dispositions étant donné qu'il doit exister très peu de prisonniers pères de plus de 3 enfants, les pères de 4 enfants étant généralement rentrés en congé de captivité.

La situation des autres familles bénéficiaires de l'allocation au taux primitif reste toujours aussi critique en raison de la cherté du coût de la vie.

Indemnité de bombardement

Aux termes de l'arrêté du 8 mars 1941 (Journal Officiel du 14 mars) sur l'attribution d'une indemnité de "Séparation" aux fonctionnaires et agents civils de l'État ayant la qualité de chefs de famille, la résidence donne lieu dans les localités soumises de façon fréquente et intensive à des bombardements, à l'attribution de ladite indemnité sans que les intéressés aient à justifier de la charge d'un double foyer.

Dans ces localités qui pour le Pas-de-Calais sont : Calais, Boulogne-sur-Mer, Outreau, Le Portel et Saint-Martin-Boulogne (arrêté du 12 mai 1941 - J.O. du 11 juin), l'indemnité dont il s'agit est véritablement une indemnité de bombardement et non de séparation. Il s'ensuit que tous les fonctionnaires et agents civils de l'État qui encourent les mêmes risques devraient, qu'ils soient mariés ou célibataires, bénéficier de la même mesure.

Le Département et les villes intéressés vont étendre à leurs propres agents le bénéfice des dispositions ci-dessus qui visent les personnels de l'État. Or, s'agissant d'un risque exceptionnel, la question se pose de savoir si, au moins les communes ne pourraient pas, en l'espèce, recevoir une aide substantielle de l'État. On sait que la situation financière de celles-ci a été particulièrement compromise. Par ailleurs, elles occupent un personnel nombreux. La charge nouvelle que doit comporter l'attribution aux agents communaux de l'indemnité de bombardement devrait en raison de son caractère national, être semble-t-il, supportée par l'État.

Victimes civiles de la Guerre 1939-1940

En raison de la situation critique de ces familles qui n'ont bénéficié jusqu'à ce jour que du secours d'urgence prévu par la circulaire ministérielle N° 800/Ad du 16 septembre 1940, il y aurait intérêt à ce que les textes concernant les réparations à accorder aux victimes civiles de la guerre 1939-1940 ou à leurs ayants-cause fussent promulgués d'urgence.

En attendant cette promulgation, une allocation d'attente pourrait peut-être instituée en faveur de ces familles privées de ressources. Question posée à M. le Secrétaire Général aux Anciens Combattants par lettre du 21 juin 1941.

Accidents du Travail

Le nombre d'accidents du travail pour le 2ème trimestre 1941 s'élève à 2.191 contre 797 pour le 2e trimestre 1940, l'activité industrielle avait il est vrai été à peu près complètement arrêtée au mois de mai 1940.

Le nombre d'accidents pour le 1er trimestre 1941 s'élève à 1.735, l'accroissement constaté indique approximativement l'augmentation de l'activité industrielle au cours des 2 premiers trimestres 1941.

Assurances Sociales

Le plus gros effort du Service continue à porter sur la retraite des vieux travailleurs. Le nombre des demandes augmente rapidement.

On est malheureusement obligé de constater que, pour les vieux qui ne sont ni retraités des Assurances Sociales, ni retraités R.O.P., les dossiers sont rarement constitués d'une façon correcte. Les 9/10 des demandes doivent être retournées ; elles provoquent ainsi une lourde et volumineuse correspondance et le rythme des liquidations reste, pour le moment, assez lent.

Des mesures ont été prises pour faciliter les constitutions de dossiers, notamment pour la constatation de l'âge et la délivrance de certificats de travail par les employeurs qui se trouveraient dans une zone différente de celle du salarié. Il n'a pas encore pu être établi de statistique des opérations.

En ce qui concerne les Assurances Sociales proprement dites, l'ensemble des institutions fonctionnent, malgré les difficultés croissantes, d'une façon à peu près satisfaisante.

Anciens Combattants

La première réunion du Comité consultatif qui a remplacé à titre transitoire le Conseil d'administration de l'office Départemental des mutilés Victimes de la Guerre et Pupilles de la Nation vient de se tenir sous ma présidence.

Une sous-commission a été désignée. L'esprit de dévouement et de solidarité des membres de cette organisation sont le meilleur garant de l'activité souhaitée.

Rapports avec les autorités allemandes

J'entretiens et les Chefs de Services Départementaux entretiennent des relations très courtoises avec les autorités allemandes.

Les conférences se multiplient qui nécessitent des déplacements continuels d'Arras à Lille où siège l'Oberfeldkommandantur. Les échanges de vues sont empreints de la plus grande courtoisie et nous percevons toujours une bonne volonté persistante en vue de régler les questions étudiées.

Dans chaque Sous-Préfecture, les Kreiskommandantur et leurs collaborateurs, sont animés du désir d'entente ; les Sous-Préfets ne m'ont signalé aucun incident.

Application de la nouvelle Législation française

Depuis mon rapport du 11 juin dernier, l'Oberfeldkommandantur 670 à Lille ne m'a notifié aucune liste de décrets, arrêtés, décisions, etc. dont l'application devrait être interdite dans le Nord et le Pas-de-Calais ou soumise à certains tempéraments. En ce qui concerne la réintégration du personnel spécialisé et des fonctionnaires en zone interdite, l'Oberfeldkommandantur n'a pas encore fait connaître sa réponse à la question que j'ai posé le mois dernier.

Quant au rapatriement de la population (regroupement familial), il m'est signalé, pour la première fois, que quelques demandes ont reçu satisfaction.

Réquisitions

On constate un certain ralentissement de la cadence des réquisitions.

L'attention des Kreiskommandanturen se porte plus spécialement à l'heure actuelle sur l'organisation des services d'incendie et de défense passive.

Par ailleurs, l'entretien des champs d'aviation continue de provoquer de nombreuses prestations d'attelages et d'hommes, au grand détriment de la culture.

Au point de vue du règlement des réquisitions, je me permets d'insister à nouveau pour que soit assouplie la procédure actuelle selon laquelle les opérations de vérifications et de mandatement sont centralisées à la Préfecture.

En raison des exigences, soit des autorités occupantes qui ont pu faire des avances, soit des fournisseurs qui demandent à être payés comptant, il serait souhaitable que des régisseurs d'avances fussent institués dans les communes pour régler tout au moins les dépenses les plus urgentes résultant de l'occupation.

Amendes

(Communes sanctionnées d'une amende : Bully-les-Mines, Hames-Boucres, Hermelinghen, Airon-Notre-Dame, Auxi-le-Château)

Amendes

Arrestations

Incarcérés à la Maison d'Arrêt de Boulogne-sur-Mer :

Marmin Julien, né le 28 novembre 1916, à Henneveux, célibataire, domicilié à Condette.

Godbert Auguste, né le 27 avril 1894, à Condette, y demeurant, célibataire.

Larzet Christian, né le 19 juillet 1921, à Boulogne-sur-Mer, célibataire, demeurant à Condette.

Lebon Jean, né le 19 juin 1922, à Condette, célibataire, domicilié à Condette.

Ces arrestations ont été opérées à la suite de la découverte sur le territoire de la Commune de Condette d'un fil téléphonique coupé depuis trois semaines environ.

D'autres arrestations ont eu lieu qui concernent le personnel enseignant - voir rubrique Enseignement au début du présent rapport.

Moral

Situation inhérente au caractère particulier de la zone Nord Pas-de-Calais

Les populations du Nord et du Pas-de-Calais souffrent cruellement de la situation spéciale dans laquelle se trouvent ces deux Départements. Elles s'imaginent, et à tort évidemment, qu'elles sont annexées et…. prisonnières !

Elles se rappellent l'occupation pendant la guerre mondiale et elles subissent actuellement, plus que partout ailleurs, les rigueurs de l'occupation. Les obstacles à surmonter sont, en effet, considérables dans tous les domaines et les difficultés sont innombrables.

Les autorités allemandes de l'Oberfeldkommandantur et des Kreiskommandanturs sont, sans aucun doute, désireuses d'améliorer cette situation, mais il faut bien reconnaître que les efforts faits à cet effet par ces autorités, auprès desquelles nous nous évertuons à faire toutes interventions et toutes démarches utiles, n'obtiennent pas toujours les résultats souhaités.

Les ordres qui viennent de plus haut doivent être exécutés et nous sommes dans deux départements dont une large bande, celle de la région côtière, est en zone de guerre ! Il est naturel, par conséquent, que des prescriptions sévères nous soient imposées ; il est également compréhensible que nous ne pouvons pas obtenir complètement le régime des autres départements occupés.

Il ne faut pas oublier que l'administration militaire allemande du Nord et du Pas-de-Calais relève du Commandant en chef des forces de Belgique et du Nord de la France.

Les améliorations accordées par le Gouvernement du Reich, à la demande du Gouvernement Français, pour le regroupement des familles, pour le retour des fonctionnaires, pour les communications postales et aussi pour la circulation et, principalement, pour les laissez-passer (franchissement de la Nordoftlinie) ne profitent pas intégralement à nos populations et le moral de celles-ci en subit forcément les influences néfastes.

Nous nous employons de notre mieux à faire comprendre la situation à nos administrés… beaucoup comprennent, mais beaucoup ne peuvent chasser de leur cœur cette angoissante préoccupation.

A maintes reprises, le préfet du Nord et moi-même nous avons franchement et loyalement signalé aux autorités occupantes les conséquences graves qui résultent de cette situation, notamment pour le développement de l'esprit de collaboration et pour celui de l'attachement à la politique du Gouvernement.

Ce que souhaitent tous les habitants de cette région spécialement interdite (Nord et Pas-de-Calais) c'est l'intégration des deux départements dans l'économie française, administrative et politique : c'est donc la suppression de la ligne de démarcation entre le Pas-de-Calais et la Somme.

Tout le monde sait que le Gouvernement de M. le Maréchal Pétain se soucie fortement de ce problème. Tout dernièrement, à l'occasion de la grève des mineurs de la région minière du Nord et du Pas-de-Calais (grève qui fut quasi générale, qui dura 13 jours, mais au cours de laquelle aucun incident sérieux ne s'est heureusement produit), nous disions à M. le Général Niehoff que s'il était possible de donner, d'une façon ou d'une autre, à ces populations l'assurance qu'elles ne sont ni annexées, ni prisonnières, que si, pour souligner cette assurance, des laissez-passer en plus grand nombre pouvaient être accordés à ceux qui peuvent justifier de sérieuses raisons de déplacement, que si les lois françaises pouvaient être automatiquement appliquées dans les limites de notre zone, nous étions à peu près sûrs que le moral s'améliorerait fortement et que l'état d'esprit des populations demeurerait moins sensible à la propagande gaulliste et communiste.

Donc INTERET PRIMORDIAL à obtenir l'intégration de nos deux Départements dans l'économie française.

Il convient d'enregistrer une très légère amélioration de l'opinion publique en ce qui concerne l'attitude à l'égard du Chef de l'État et de son Gouvernement.

Évènements de Syrie et Conflit germano-russe. Les évènements de Syrie ont sans aucun doute influencé cette opinion et, d'autre part, il n'est pas sans intérêt d'examiner les répercussions du conflit germano-russe sur l'état des esprits dans la région minière notamment.

Ce conflit a quelque peu surpris l'opinion publique, chacun situant à une époque plus éloignée, un règlement de compte entre ces deux puissances voisines, rivales pour des raisons d'intérêts économiques et ennemies par idéologie. Les divers éléments de la population ont réagi différemment suivant leurs conceptions, mais tous apportent à cette lutte un intérêt marqué.

L'élément communiste ou sympathisant, a manifesté une grande indignation à la nouvelle de cet évènement qu'il qualifie de "criminelle agression hitlérienne contre une nation paisible". Certains laissent entendre que ce conflit "prématuré" contrarie le plan bolchevique qui consistait à intervenir dans la guerre européenne après épuisement total des belligérants pour libérer l'Europe prétendument asservie au fascisme capitaliste.

Désireux de contribuer à la défense de leur idéal et convaincus qu'on les fait travailler pour l'industrie de guerre ennemie, les communistes seraient décidés à mettre tout en œuvre pour entraver la production des industries de la région. Il faudrait donc s'attendre à des distributions intensives de tracts et de circulaires, à des cessations de travail, à des grèves et même à des actes de sabotage.

Déjà à ce dernier point de vue il nous a été signalé le 27 juin des actes de malveillance commis sur des wagons de la S.N.C.F. à Lens (sectionnement de 8 tuyaux d'accouplement de freins Westinghouse).

Le 30 juin sectionnement de courroies constaté à la Fosse 4 des Mines de Courrières à Sallaumines.

À la même date, découverte dans l'Usine de Produits Chimiques de Marles Kuhlmann à Chocques, d'une cartouche non percutée de fusils de guerre anglais dans une colonne où sont mélangés de la chaux vive et de l'acide chlorhydrique.

Pour ces différents faits des enquêtes judiciaires sont en cours.

Les gaullistes ou supposés tels, auxquels viennent se joindre tous ceux qui ont à se plaindre de l'occupation allemande, ont accueilli cette nouvelle phase de la guerre européenne avec satisfaction. Ce conflit présente à leurs yeux, par ses conséquences, une importance considérable. Ils y voient :

- une aspiration des forces allemandes vers l'Est, ce qui permettrait aux anglais de combler leur retard dans la production du matériel de guerre et peut être même de prendre une avance très nette sur l'adversaire en prévision d'engagement futurs et décisifs ;

- un affaiblissement de la puissance militaire du Reich par suite de l'usure des effectifs et du matériel sur le front russe ;

- la défense ennemie se trouvant affaiblie, les Britanniques pourraient s'atteler à une destruction systématique de l'organisation offensive et défensive de l'Allemagne ;

- un affaiblissement ou même l'écroulement de l'Union des Républiques socialistes soviétiques dont la puissance sans cesse croissante devenait une menace très grave pour l'Europe et risquait de diminuer considérablement les bénéfices d'une victoire anglaise en compromettant la libération de certains pays.

Enfin, une minorité comprenant des éléments divers gagnés à l'ordre nouveau et groupés autour du Gouvernement actuel, se déclarent satisfaits de la tournure prise par les évènements. Depuis très longtemps, ils souhaitaient ce conflit qui doit se terminer par une victoire rapide et écrasante du Reich, éloignant à tout jamais cette menace qui pèse depuis longtemps sur l'Europe, le péril rouge. Ils y voient également un accroissement de puissance de l'Allemagne qui trouverait en Russie les matières premières nécessaires à son industrie de guerre et ferait échec à la politique anglaise de blocus. Ces éléments sont partisans d'une collaboration plus active avec l'Allemagne, mais purement économique.

Le conflit germano-russe a eu pour conséquence immédiate un rapprochement des éléments gaullistes et communistes tendant à former un bloc antifasciste englobant une importante partie de la population de la région minière et nettement hostile au Gouvernement. Certains accusent l'Allemagne de vouloir former, sous prétexte d'une croisade antibolchevique, une coalition des états européens asservis dirigée contre l'Angleterre.

En résumé, cette nouvelle phase de la guerre européenne a provoqué le réveil des passions politiques et une prise de position très nette des divers éléments de la population. Tout le monde suit avec un intérêt soutenu le développement et l'évolution de cette lutte.

Bombardements

Le nombre des bombardements aériens que nous enregistrons depuis quelques semaines et qui sont très meurtriers en même temps qu'ils provoquent des destructions importantes, commence à impressionner les populations.

Voici copie d'un tract jeté ces jours derniers sur la région par des avions britanniques :

« Message aux populations de la France occupée :

Pilonnée sans relâche dans le Ruhr, et dans le bassin du Rhin, l'industrie allemande se répand dans les pays occupés. En 1914 les Allemands faisaient marcher les femmes et les enfants belges devant leurs troupes.

Dans cette guerre - la guerre totale de Hitler - ils ont déjà forcé des dizaines de milliers d'ouvriers français à exposer leur vie dans les régions industrielles allemandes, d'où leurs propres populations se sont enfuies. Mais ils vont plus loin. Ils forcent les usines françaises mêmes, à fabriquer le matériel de guerre dont la production sur leur propre territoire est de plus en plus atteinte.

Le gouvernement de Sa Majesté annonce sa décision de frapper sans répit l'industrie de guerre allemande, partout où elle se trouve.

Par conséquent, les escadres de la R.A.F. vont attaquer progressivement toutes les usines qui, en France occupée, travaillent pour le compte de Hitler.

Nous savons que vous nous approuverez. La R.A.F. fera de son mieux pour toucher les objectifs et rien que les objectifs.

C'est à vous, ouvriers français, travaillant contre votre gré pour les Boches, d'adopter d'urgence les mesures suivantes :

I. Eloignez vos familles du voisinage de ces usines.

II. Trouvez si possible un autre emploi à la campagne.

III. Dans l'impossibilité de partir, insistez sur des mesures de protection absolues.

IV. Mettez-vous en grève si satisfaction ne vous est pas donnée .... vous ne risquez rien .... Ils ont trop besoin de vous.

Les bombes fabriquées sous le feu de l'ennemi par vos camarades des Midlands, de Coventry et de Londres, les bombes envoyées par nos amis américains, sont destinées rien qu'aux boches et à la machine de guerre boche.

C'est Hitler qui a commencé - à lui de se débrouiller.

Ouvriers de France, ne risquez pas votre vie ni celle des vôtres pour le compte de Hitler. »

Les ouvriers demeurent très courageux, mais les familles de ceux-ci qui habitent près des installations industrielles qui semblent devoir être plus spécialement visées sont inquiètes.

Je vous donne ci-après l'état des bombardements et des victimes depuis le 1er juin à ce jour :

Galerie

Date du bombardement Villes Immeubles détruits Immeubles endommagés Blessés Tués
1er juin Arques 2
11 au 12 juin Boulogne et Saint-Martin-Boulogne nombreux
11 au 12 juin Étaples usines Saint-Frères (un bâtiment détruit, dommages importants à d'autres bâtiments et habitations ouvrières) 6 2
12 juin Wardrecques 1
16 juin Boulogne et communes avoisinantes Nombreux immeubles détruits 27 9
16 au 17 juin Saint-Pol 3
17 juin Chocques et Lillers Plusieurs immeubles endommagés
21 au 22 juin Calais 40 ares d'herbage détruits
23 juin Labeuvrière 12 4 3
24 juin Ardres 10 10 3
24 au 25 juin Le Portel 1 1
24 juin Le Portel 2 1
27 au 28 juin Calais 14 52 1
26 juin Vitry-en-Artois Plusieurs maisons endommagées
30 juin Pont-à-Vendin Dégâts importants à la centrale électrique 3
4 juillet Lambres Dégâts à la gare 3 1
4 juillet Labeuvrière 3

Radio La population reste toujours très fortement impressionnée par la propagande en langue française de Londres. Les émissions des postes de la radiodiffusion française ne sont pas assez puissantes et les speakers ne mettent pas à mon sens de chaleur persuasive dans la lecture des communiqués. Il est à souhaiter qu'il sera possible d'améliorer les émissions. Je souligne toute l'importance de cette question.

Propagande Communiste

L'agitation communiste a marqué une recrudescence très nette lors des dernières grèves.

Exploitant le mécontentement des mineurs dû au rationnement, aux difficultés qu'ils éprouvent à se ravitailler et à l'augmentation du coût de la vie, des meneurs clandestins ont provoqué des grèves aux Mines de Dourges qui n'ont pas tardé à s'étendre à toutes les Concessions houillères, prenant de graves proportions, sans toutefois qu'il se soit produit de manifestations troublant sérieusement l'ordre public.

Des tracts faisant connaître les revendications des mineurs ont été répandus en grande quantité dès le début de cette grève, mais dès le 10 juin, date de la reprise générale du travail, cette diffusion clandestine a cessé et la propagande communiste ne s'est plus révélée jusqu'à la fin du mois.

Plusieurs perquisitions ont été effectuées à Lens, Hénin-Liétard, Montigny-en-Gohelle et Sallaumines.

2 seulement ont été fructueuses - les délinquants ont été déférés au Parquet.

Des arrestations en masse ont été opérées par les autorités allemandes pendant la période d'extension du mouvement de grève, mais il s'agit autant des meneurs et agitateurs que des communistes et sur les 450 personnes ainsi arrêtées il ne m'est pas possible de chiffrer le nombre de personnes mises en état d'arrestation uniquement pour propagande communiste.

Nécessité d'établissement d'un Camp de concentration pour les départements du Nord et du Pas-de-Calais

Les services de police ne cessent de faire preuve de la plus grande activité, mais avec de faibles moyens, il faut bien le reconnaître et avec les pires difficultés. Nous avons pu faire incarcérer plusieurs agitateurs. Les meneurs, les indésirables travaillent clandestinement : tracts, placards, circulaires, etc. Beaucoup sont connus, un grand nombre d'entre eux ont été arrêtés et déférés au Parquet. Souvent, il n'existe pas d'éléments suffisants pour justifier l'incarcération et pour qu'une condamnation intervienne. Ces ex-communistes sont libérés et ils reviennent dans leur milieu avec un potentiel d'influence encore plus grand.

Ce qu'il faudrait absolument, c'est que nous eussions le droit de faire interner ces individus malfaisants.

Depuis longtemps, des démarches répétées ont été faites auprès des autorités allemandes pour avoir l'autorisation d'établir un camp de concentration pour les deux Département du Nord et du Pas-de-Calais. Nous sommes revenus à la charge pour la énième fois à l'occasion des grèves de mineurs. Acte-nous a été donné de nos instances.

Il serait souhaitable, et les évènements actuels doivent faciliter la disparition de l'obstacle qui semblait s'opposer à la prise en considération de notre initiative, il serait souhaitable, dis-je, que cette autorisation nous soit accordée le plus tôt possible.

Il pourrait être mis plus aisément et plus rapidement fin aux différentes propagandes qui se manifestent.

Tableau récapitulatif des enquêtes, poursuites, arrestations. Mois de juin 1941 :

Enquêtes d'ordre judiciaire : 1.265 ; d'ordre administratif : 2.434 ; sur les menées communistes : 30.

Arrestations, pour menées communistes : ? ; pour pillages : 9 ; pour hausse illicite : 2 ; pour affaires diverses : 31.

Inculpations pour menées communistes : 2 ; pour pillages : 169 ; pour hausse illicite : 91 ; autres affaires diverses : 730.

Condamnations Contraventions Poursuites pour menées communistes : ?; pour pillages : 26 ; pour hausse illicite : 10 ; autres affaires diverses : 128.

En conclusion, il y a lieu de faire comprendre plus que jamais aux populations qu'il faut suivre aveuglément le Maréchal Pétain et son Gouvernement.

Nous nous y employons de toutes nos forces. Nombreux sont ceux qui voient clair et qui sont autant de précieux propagandistes. Déjà, je le disais plus haut, je perçois un sensible redressement dû notamment aux fermes directives données par le Maréchal et ses collaborateurs, stimulé par la confiance et l'attachement portés au Chef de l'État, dû aussi aux évènements qui se sont produits dans ces dernières semaines.

6 août 1941

Cabinet du Préfet

Délégation Spéciale pour l'Administration

Rapport Mensuel

Arras, le 6 août 1941

Le Préfet du Pas-de-Calais

à Monsieur l'ambassadeur de France, Délégué Général du Gouvernement Français dans les Territoires occupés.

Questions administratives

Services Publics Départementaux et Communaux - Fonctionnaires - Difficultés d'ordre administratif

Depuis mon dernier rapport, peu de changement est intervenu dans le fonctionnement des services publics. Ceux-ci ont une marche à peu près normale, encore qu'une partie du personnel, toujours repliée en zone libre n'ait pas jusqu'à ce jour rejoint son poste. Le rapatriement des fonctionnaires ayant été envisagé dans certains Départements de la zone occupée (1.089 dans les Ardennes) il a été demandé à l'OFK 670 à Lille, le 16 juin dernier, si des mesures analogues pourraient être étendues au Pas-de-Calais.

Toutefois je dois reconnaître qu'un certain nombre d'employés des Services Départementaux et Communaux, jusqu'à présent prisonniers, ont pu ou vont reprendre leurs fonctions. Cependant il reste encore beaucoup de vides, et je ne saurais trop à ce sujet, insister pour que le Gouvernement, lors des promotions des fonctionnaires d'État, réduise au minimum les mutations dans d'autres Départements, de ceux résidant actuellement dans le Pas-de-Calais.

Administration communale

La tâche des Maires reste toujours considérable et je me dois de signaler encore le dévouement et le loyalisme avec lesquels ceux-ci font résolument face à leurs obligations sans cesse plus lourdes.

Je poursuis activement le travail de réorganisation des corps municipaux en application de la loi municipale du 16 novembre 1940 :

Sur 94 communes de plus de 2.000 habitants, 76 municipalités sont à ce jour nommées et installées.

En ce qui concerne les 18 villes du Département de plus de 10.000 habitants, le travail de réorganisation est déjà fortement avancé. M. le Ministre de l'Intérieur a nommé, sur ma proposition, 14 Maires et je pense pouvoir à très bref délai, adresser mes propositions concernant les Mairies de Saint-Omer, Avion, Auchel, Marles-les-Mines, retardées par des circonstances étrangères à mon Administration.

6 Conseils municipaux sont prêts à être installés dans les importantes villes minières de Bruay, Barlin, Hénin-Liétard, Sallaumines, Liévin, Nœux-les-Mines, et, par mes rapports des 28 et 31 juillet, j'ai proposé à M. le Ministre de l'Intérieur la nomination des adjoints dans ces localités.

D'autre part, j'ai installé jeudi, 31 juillet, la nouvelle municipalité d'Arras, dont les adjoints avaient été récemment désignés, sur mes propositions ; par arrêté ministériel.

Enseignement

Locaux. La situation des établissements occupés est la même qu'à la fin du mois de juin dernier. En vue de la rentrée d'octobre, des démarches sont déjà faites auprès des autorités allemandes pour la libération de certains locaux scolaires qui figurent encore dans les états de cantonnement.

Bombardements. Une partie des locaux particuliers affectés au Collège de Calais a été rendue inutilisable par suite de la chute d'une bombe à proximité.

Une classe a été complètement démolie à l'Ecole des Filles d'Ardres par le bombardement du 23 juin ; Mademoiselle Hoguet, la Directrice de l'école, a été grièvement blessée, ainsi que son père.

A Boulogne-sur-Mer, le 17 juin, à 16 heures 20, les élèves des écoles Dezoteux et E. Quinet ont été effrayés par le bombardement. Il est apparu que des abris étaient absolument nécessaires dans la première de ces écoles, de même qu'un accès direct à la cave, pour la seconde.

À Fréthun, à la suite d'un bombardement assez vif, les familles des élèves de l'école de filles n'envoient plus leurs enfants à l'école qui est installée dans un groupe de baraquements occupés par les soldats.

A Gosnay, Vendin-le-Vieil et Chocques, les écoles ont été licenciées en raison de la proximité des objectifs visés par les bombardements. À Pont-à-Vendin, pour la même raison, les élèves ne sont pas astreints à la fréquentation scolaire, mais on garde ceux qui se présentent.

A Outreau, un petit garçon ayant été tué par un éclat d'obus de D.C.A., alors qu'il jouait dans la rue, après les heures de classes, les recommandations utiles ont été renouvelées.

J'ai fait effectuer des tournées dans les communes où les écoles sont situées près des établissements industriels, afin d'assurer le plus possible, et mieux encore par des travaux appropriés, la protection des enfants en cas de danger aérien.

Arrestations de personnel. A Saint-Martin-Boulogne, cinq des institutrices arrêtées le 6 juin, ont été libérées le 11, elles étaient accusées d'avoir laissé chanter dans la cour de l'école une chanson offensante pour l'armée allemande. Mademoiselle Rigaux demeure arrêtée parce qu'on a découvert chez elle un poste de T.S.F. qu'elle n'avait pas remis à la Mairie. M. Bodhuin, Instituteur auxiliaire, est retenu pour le même motif, et deux autres Instituteurs, MM. Martel et Dutertre, ne sont pas encore libérés. Une Institutrice auxiliaire, malade, a été laissée en liberté, et les écoles ont été rouvertes le 13 juin, avec le personnel libéré.

À Boulogne-sur-Mer, MM. Santerre, délégué pour l'enseignement des Lettres et de la grammaire, et Billot, répétiteur, ont été internés par les autorités d'occupation, le 4 juillet. Ils ont été libérés après enquête, leur innocence et leur bonne foi ayant été reconnus. Ils pensent avoir été victimes d'une dénonciation anonyme les accusant d'avoir facilité l'évasion de deux sujets anglais.

M. Croix, Directeur du Cours Complémentaire de Fruges, qui avait été arrêté le 13 juin et retenu plusieurs semaines, a été relâché, mais nommé dans le Nord, sur l'ordre de l'Oberfeldkommandantur qui ne l'autorise plus à résider dans le Pas-de-Calais.

Rapports avec les autorités d'occupation. Le 23 juin, les policiers allemands ont fait une enquête au Collège de Garçons d'Arras au sujet de "conseils donnés par un professeur à ses élèves de mettre des V sur les murs". L'enquête a révélé qu'aucun fait de ce genre ne pouvait être reproché.

À la suite d'une plainte de la Kreiskommandantur, des recommandations ont été faites au personnel pour les prier de rappeler à leurs élèves les devoirs de politesse et de tenue.

Le Principal du Collège de Béthune a été convoqué à la Kreiskommandantur de Béthune le 12 juillet, ainsi que M. Loriau, Inspecteur Primaire ; des inscriptions injurieuses ayant été relevées la nuit précédente sur la partie extérieure du mur de clôture du Stade Municipal, les enfants des écoles étaient présumés coupables. Des instructions ont été renouvelées au personnel et aux élèves. Une note a été remise aux enfants et à leurs familles afin de prévenir des imprudences et de dégager la responsabilité des écoles pendant les vacances.

Personnel de l'Inspection Primaire. Les difficultés signalées, ainsi que le problème plus général de la discipline morale à observer présentement à tous les échelons de l'organisation scolaire, y compris celui des élèves même, m'amène à insister particulièrement sur l'impérieuse nécessité de compléter d'urgence l'effectif de l'Inspection Primaire.

En temps de paix, avant la guerre actuelle, un observateur, averti des conditions de travail et de vie des maîtres de l'Enseignement Primaire, pouvait constater que l'autorité de l'Inspecteur Primaire sur ses subordonnés est d'importance capitale, qu'elle est suffisamment forte pour neutraliser complètement les influences latentes et continues des hommes ou partis ou clans politiques aussi bien que les pressions des groupements corporatifs. Certes, l'action de l'Inspecteur d'Académie n'est pas négligeable, mais cela est nécessairement souvent indirecte. Elle intervient comme une impulsion générale qui ne peut porter fruit que si les collaborateurs du Chef départemental assurent l'exécution des instructions données, non seulement dans leur lettre, mais surtout dans leur esprit : ceci est possible pour les Inspecteurs Primaires parce qu'ils vivent, très près de leur personnel, au milieu de leurs subordonnés, parce qu'ils ont la confiance de leurs Instituteurs dont ils sont souvent les confidents et les amis les plus sûrs.

Ces remarques générales pourraient être illustrées d'exemples et empruntés au Département, nous n'en citerons qu'un des plus probants : dans la circonscription de Lens, Secteur Socialiste et même communiste, dans laquelle existait un représentant actif du Syndicat National des Instituteurs, la grève de 1938 a complètement échoué, grâce à l'action personnelle de l'Inspecteur.

Il semble donc qu'on puisse affirmer, en principe: « Tel Inspecteur Primaire, tel personnel d'Instituteurs » et qu'il soit important de veiller en tous temps sur un cadre de fonctionnaires aussi utile que celui de l'Inspection Primaire.

Dans les circonstances actuelles, dans notre région interdite du Nord Pas-de-Calais, les Instituteurs vivent au contact de l'armée d'occupation, au milieu d'une population inquiète de son sort et de son avenir, avec la mission de lutter indirectement contre d'habiles propagandes qui promettent beaucoup et gagnent aisément la faveur des mécontents. Ils travaillent de leur mieux, mais il est in- dispensable de les soutenir dans leur effort en leur fournissant, aujourd'hui comme hier, le réconfort normal d'un chef qui sera éventuellement leur défenseur, sûrement leur conseiller et leur guide.

Actuellement, dans le Département, sur 12 fonctionnaires de l'Inspection, quatre seulement sont présents et l'un de ceux-ci prend sa retraite au 1er octobre prochain. Des postes vacants sont tenus par un Inspecteur honoraire, par deux Directeurs d'école en retraite, par un Instituteur admissible au concours de l'Inspection ; pour le reste il a fallu procéder à des groupements de services et c'est ainsi qu'un Inspecteur de Béthune, aidé par un Directeur d'école Honoraire assure, en fait, le contrôle de 1.900 classes.

Il y a donc un intérêt capital à désigner pour chaque poste un titulaire ou un intérimaire. Je m'efforce avec l'Inspecteur d'Académie de trouver sur place, des fonctionnaires intérimaires, mais je ne saurais trop insister pour vous demander de désigner le plus tôt possible des titulaires pour chacune des diverses circonscriptions scolaires actuellement vacantes.

Je saisis toutes occasions pour souligner aux yeux du personnel enseignant l'intérêt primordial de leur action pour qu'il apporte sa contribution à l'œuvre de redressement national. Je n'ai pas manqué lorsque j'ai présidé la première réunion du nouveau conseil Départemental de l'enseignement Primaire de donner tous conseils utiles aux Membres de cette Assemblée et par conséquent aux Inspecteurs Primaires présents pour que soient strictement suivies les directives reçues concernant le loyalisme du personnel dans son attitude et dans son action.

Questions économiques

Ravitaillement

Avec le mois de juillet a pris fin la période de soudure qui a été franchie sans trop de mal pour mon Département.

Les différents groupements de répartition (produits laitiers, pommes de terre, viande) sont maintenant complètement organisés et exercent leurs actions régulatrices sur la consommation. J'ajoute qu'après de longs pourparlers avec l'Oberfeldkommandantur à Lille qui sur toutes les questions de ravitaillement intervient sans arrêt et avec minutie il est désormais installé conformément aux directives ministérielles, une Commission d'achat par canton pour la viande : au lieu d'une ou deux par arrondissement ; ces organismes présidés par une personnalité que je me suis efforcé de choisir la plus capable, vont permettre d'utiliser au mieux les ressources du Département.

Je me dois d'ajouter cependant que le problème du ravitaillement en viande présente une gravité particulière du fait des difficultés éprouvées par les cultivateurs qui pratiquent l'élevage.

D'une façon générale le prix à la taxe de la viande sur pied est incontestablement trop bas et cette situation qui risque à plus ou moins longue échéance de supprimer dans le Pas-de-Calais l'élevage des bovins a motivé de ma part une réclamation auprès de M. le Ministre de l'Agriculture le 28 juillet dernier en vue d'obtenir un relèvement des tarifs.

En outre interviennent également d'autres raisons, les cultivateurs se plaignent à juste titre ;

1°) des contingents excessifs de viande qui leur sont imposés. Le département du Pas-de-Calais étant un département d'élevage où l'on n'a introduit cette année que le dixième du bétail maigre acheté en Normandie chaque année, il faudrait autant que possible, abaisser ces contingents, si on ne veut pas voir la réduction rapide de production du lait et du beurre. En compensation, il faudrait introduire du bétail de l'extérieur.

2°) du scandale des prix des chevaux. Des poulains laitrons payés l'an dernier 5.000 frs sont revendus en juillet 35 à 38.000 frs. Les chevaux valent encore 45 à 50.000 francs. Ces prix anormaux touchent profondément les cultivateurs, qui ne comprennent ce déséquilibre.

3°) de l'écart excessif entre le prix de la viande bovine et le prix des vaches laitières. Ces dernières valent 10 à 12000 francs tandis que pour la boucherie, leur prix n'atteint pas la moitié de cette valeur.

4°) du manque de nourriture pour le bétail et pour le porc en particulier. D'après les meilleurs éleveurs, les nourritures à base de gros son conviennent très mal au porc.

À noter que M. Achard alors Secrétaire d'État au Ravitaillement est venu le 7 juillet dans le Département du Pas-de-Calais, en voyage d'information. Il a pu fournir aux personnalités qualifiées toutes précisions utiles en même temps qu'il recevait d'elles de précieuses indications en vue de l'amélioration des conditions régionales du ravitaillement.

Viande

Sur le plan de fournitures de bétail aux Troupes d'occupation et aux centres déficitaires qui devait être réalisé par la Région A au cours de la période du 23 juin au 31 juillet, un contingent de 480 bovins et 1.000 ovins en provenance des Départements de l'Aisne, l'Eure et de la Seine-Inférieure avait été attribué au Département du Pas-de-Calais. A la date du 23 juillet courant, le montant des livraisons effectuées par rapport aux impositions ci-dessus était de l'ordre de 60% pour les bovins et de 42% pour les moutons, Des réclamations ont été adressées au Ravitaillement Général des départements expéditeurs en leur demandant de vouloir bien activer les expéditions.

Par lettre en date du 11 juillet, M. Ie Secrétaire d'État au Ravitaillement m'a fait connaître que le retard était dû à des causes locales momentanées et que le contingent serait livré intégralement.

En ce qui concerne le ravitaillement en viande sur les ressources locales, les Commissions de Réception avaient été chargées, depuis le 23 juin de fournir hebdomadairement aux centres d'abatage un contingent de bétail permettant d'allouer aux consommateurs ordinaires la ration minimum de 200 grammes de viande imposée par les Autorités d'occupation.

À la suite d'échanges de vue avec l'Oberfeldkommandantur 670 à Lille, il a été obtenu une réduction sensible des impositions hebdomadaires fixées précédemment. Il a été décidé notamment que ces impositions devraient être calculées sur la base de 100 grammes au minimum, le bétail d'apport devant constituer un supplément à cette fixation.

Les arrivages extérieurs se poursuivent à présent d'une façon plus régulière ; il est actuellement possible d'allouer aux consommateurs ordinaires une ration hebdomadaire dont le taux sera compris entre 100 et 150 grammes et aux travailleurs lourds une ration de 525 grammes.

Beurre. Le Comité Central de Gestion des Produits Laitiers a débloqué au cours du mois de juillet 12.710 kilogrammes de beurre et 62.471 kilos de fromage en faveur du Département du Pas-de-Calais Grâce à l'activité des contrôleurs du Ravitaillement et du Comité laitier, le contrôle de la production se resserre de plus en plus dans les dépôts communaux de ramassage et améliore sensiblement l'approvisionnement en matières grasses. De leur côté les autorités allemandes exercent une surveillance très sévère et lorsqu'elles constatent des défaillances, infligent des amendes souvent très importantes. La ration qui est de 400 grammes pour une période de rationnement de quatre semaines, est honorée en huile, soit 100 grammes et en beurre, soit 300 grammes.

Poisson. Le Préfet du Nord et moi espérons que nous allons désormais pouvoir mettre fin à l'anarchie qui règne dans le marché du poisson. En effet, dans les deux ports de pêche de Boulogne-sur-Mer et de Gravelines, le premier dans le Pas-de-Calais, le second dans le Nord, à raison de la mauvaise volonté des intéressés, le poisson était réparti et vendu dans des conditions défectueuses couvrant des manœuvres inadmissibles pour ne pas dire illégales et frauduleuses. Nous avons donc envisagé la création dans ces deux ports d'un comptoir du poisson. À ce comptoir seront rattachés les petits ports de pêche les plus voisins. La répartition sera faite par ces comptoirs suivent les directives des Intendants Chefs du Service départemental du Ravitaillement. Un arrêté interdépartemental a été préparé par nos soins et soumis à l'agrément de l'Oberfeldkommandantur à Lille. Un règlement intérieur prévoira les conditions du fonctionnement dans le cadre de l'arrêté. Le Ministre du Ravitaillement en sera tenu au courant.

Pommes de terre. Par lettre en date du 12 juillet 1941, M. le Secrétaire d'État au Ravitaillement m'a informé que le plan de répartition du mois de juillet prévoyait pour le Pas-de-Calais l'attribution d'un premier contingent de 1.000 tonnes de pommes de terre, une seconde répartition de même quantité était subordonnée au volume de la récolte à provenir des départements producteurs.

En outre, 600 tonnes de pommes de terre en provenance de la région de Dunkerque ont été réparties entre les consommateurs. Conformément aux instructions ministérielles, cette distribution a été limitée aux communes de plus de trois mille (3000) habitants et a été effectuée suivant les taux de rationnement en vigueur, soit 1 kilo par décade et par personne.

Pain. Pour remédier à la pénurie de pommes de terre et de légumes secs, l'Oberfeldkommandantur 670 à Lille a prescrit une distribution supplémentaire de pain ou de farine au profit de tous les consommateurs :

500 grammes de pain ou 375 grammes de farine en échange du ticket « L » de la carte de denrées diverses au cours de la semaine du 1er au 7 juillet.

500 grammes de pain ou 375 grammes de farine en échange du ticket « M » de la carte de denrées diverses au cours de la semaine du 7 au 13 juillet.

500 grammes de pain ou 375 grammes de farine en échange du ticket « N » de la carte de denrées diverses au cours de la semaine du 13 au 20 juillet.

500 grammes de pain ou 375 grammes de farine en échange du ticket « P » de la carte de denrées diverses au cours de la semaine du 20 au 27 juillet.

Riz. Les 62 tonnes de riz qui avaient été attribuées au Pas-de-Calais ont été réparties à raison de 300 grammes aux enfants de la catégorie J2 en échange du ticket "Juillet" de la carte de lait de 1/4 de litre.

Bledor et Maïzena. Une distribution de 500 grammes de Blédor eu de Maïzena, produits destinés à l'alimentation des enfants et des malades ; a été effectuée aux enfants de 0 à 6 ans en échange du ticket "Juillet" de la carte de lait rose et aux malades, femmes enceintes, mères allaitant, en échange du ticket "Juillet" de la carte de lait verte.

Margarine. La fabrication de la margarine a été reprise depuis le 20 juillet pour permettre de satisfaire la ration supplémentaire des mineurs et travailleurs lourds qui est de 400 grammes par mois.

Chocolat. La 1ère distribution est en cours suivent les règles énoncées dans le précédent rapport. La 2e distribution commencera prochainement.

Pâtes. La distribution des pâtes alimentaires a été ordonnée pour le mois de juillet et la ration est de 375 grammes pour tous les consommateurs.

Sucre. La ration de 450 grammes qui était allouée aux enfants de 0 à 2 ans est accordée également à présent aux enfants de 2 à 3 ans à partir du 21 juillet et jusqu'au 17 août 1941.

Savon. Du 21 juillet au 17 août 1941, les quantités suivantes seront distribuées à chaque consommateur : 125 grammes de savon mou ; 125 grammes de savon poudre ; 1 savonnette

Toutefois, les enfants de 0 à 2 ans obtiendront : 2 savonnettes et 150 grammes de savon mou.

En outre, des allocations spéciales seront faites aux médecins, dentistes, sage-femmes, pharmaciens, par l'intermédiaire de M. Hocqueghem, Inspecteur des Pharmaciens du Nord et du Pas-de-Calais ; aux Établissements Hospitaliers, Hôpitaux Hospices, Sana, Cliniques, Dispensaires antituberculeux et antivénériens par l'intermédiaire des Services d'Hygiène. Les ouvriers effectuant un travail salissant, bénéficieront également d'une ration supplémentaire de 120 à 150 grammes de savon mou provenant du Ravitaillement Général.

Avoine. Les Autorités d'occupation ont délivré le 29 avril 1941 à la Société d'approvisionnements des Houillères du Nord et du Pas-de-Calais un bon de déblocage pour 1600 tonnes d'avoine. Les réquisitions n'ont permis de livrer à ce jour que 1271 tonnes 200. Les dernières rentrées espérées laisseront encore un large déficit.

Pour pallier ce manque de ressources, une demande de 500 tonnes d'avoine sur le Département de la Somme a été envoyée à M. le Secrétaire d'État au Ravitaillement.

La ration mensuelle de 120 kilos d'avoine par cheval n'a pu être distribuée à la cavalerie des non-agriculteurs pour le mois de juillet.

Contrôle

1) Contrôle du Ravitaillement et des Prix. L'effectif des contrôleurs est actuellement de 32 ; y compris les délégués. Voici les noms des derniers recrutés :

Contrôle de la carte d'alimentation pour l'arrondissement d'Arras, M. Alisse Albert, 7 rue du Refuge Maroeuil, à Arras.

Canton d'Hucqueliers. M. Pannier Raoul, à Hucqueliers.

Canton d'Hesdin. M. Fenin Édouard, Avenue Sainte-Austreberthe, à Hesdin.

L'activité des contrôleurs se poursuit sur le recensement du bétail avec les membres des Commissions de Réception en vue de la réalisation du plan de ravitaillement en viande.

Les contrôleurs profitent de leur passage dans les communes pour procéder à la vérification des stocks de farine, à la visite des dépôts communaux de beurre, à des visites et contrôles dans les centres d'abatage et à la recherche d'infractions D'autre part au point de vue du contrôle des prix, l'effectif des contrôles et des employés est sauf pour une unité au complet.

2) Lutte contre le marché noir :

Je m'efforce, avec le personnel encore peu homogène dont je dispose, de poursuivre sans répit les contrevenants. En vue d'empêcher certaines tractations clandestines et notamment des évasions des récoltes de pommes de terre, vers le département du Nord et de la Belgique, j'ai décidé de faire donner par le Directeur du Ravitaillement au dirigeant du groupement de répartition le droit de réquisition.

D'autre part une surveillance très active des routes et chemins de fer est exercée par la Gendarmerie, la Police et les brigades de surveillance des contributions indirectes. Au 30 juin 3574 procès-verbaux étaient parvenus au Service, 1953 avaient été suivis de transaction pour un montant de 5.723.977 francs. 228 avaient été transmis au Parquet.

Au cours du mois de juin, 22 affaires ont été jugées :

2 ont été terminées par un non-lieu, et 20 ont donné lieu à condamnation prononçant pour 369.083 francs d'amende. En outre, jugements ont prononcé des peines de prison de 1 à 2 mois avec sursis et huit la confiscation des marchandises saisies.

Les affaires de marché noir transmises au Parquet sont au nombre de 129 depuis mon dernier rapport jusqu'au 25 juillet dont 10 affaires de viande, 3 de chocolat, 1 de savon, 1 de laine et 4 de beurre soit au total 99 affaires de marché noir depuis l'installation de mon Service.

L'affaire (BYL) a donné lieu à la fermeture administrative de l'établissement.

Les jugements suivants concernant des affaires de marché noir ont été portés à ma connaissance depuis mon dernier rapport.

Jugements concernant des affaires de marché noir

Communications

Service postal

Postes, Télégraphes, Téléphone. Depuis le {1er}} juillet, 4 relations journalières au lieu de 3 ont pu être réalisées entre Arras-gare et les deux centralisateurs du département du Nord : Lille centralisateur, Valenciennes centralisateur. En sens inverse, le même résultat n'a pu être obtenu, les horaires appliqués au 1er juillet n'ayant pas été favorables à l'organisation projetée.

Des modifications d'acheminement intéressant les bureaux des lignes Calais à Boulogne-sur-Mer, Saint-Pol-sur-Ternoise à Béthune etBully Saint-Pol-sur-Ternoise ont permis quelques améliorations de détail soit dans les courriers d'arrivée, soit dans ceux de départ.

Service téléphonique. Au cours de la dernière période mensuelle écoulée 28 bureaux ont été réouverts. Les abonnés officiels et les services Publics tels que les Services des Eaux, du Gaz, de l'Électricité sont autorisés à échanger la nuit des communications intéressant la sécurité et l'activité publiques.

Depuis le début de la deuxième quinzaine de juillet, les communications téléphoniques ont été interrompues entre la Préfecture et la zone occupée et notamment les Ministères à Paris.

Sur intervention de mon collègue du Nord auprès de l'OFK au nom des deux départements, une décision de principe m'a été notifiée par le Directeur régional des Postes à Lille, autorisant le Préfet à titre personnel à communiquer avec les 31 ministères et services officiels de Paris. Mais cette décision est restée une simple décision de principe, aucune communication n'a pu être obtenue encore régulièrement, le central téléphonique de Paris n'ayant pas reçu notification de l'autorisation accordée.

Cette interruption est évidemment très gênante pour le règlement de questions urgentes et pour la communication aux Ministères intéressés d'informations importantes qu'il serait nécessaire de porter immédiatement à leur connaissance.

Service télégraphique. Depuis le 8 juillet écoulé, j'étais le seul fonctionnaire autorisé à échanger des télégrammes avec la zone occupée ; toutefois, par note du 23 juillet, la F.N.K. 24 vient d'admettre quelques autres fonctionnaires au bénéfice du trafic télégraphique.

Services techniques. Depuis le 24 juin dernier, le personnel des services techniques a dû procéder à plusieurs reprises à la remise en état de lignes te téléphoniques endommagées par des bombardements aériens.

Le 23 juin : bombardement près de la V.F. Béthune-St- Pol à Labeuvrière. Tous les fils de la nappe téléphonique ont été rompus, un poteau de 12 m. cassé (27.300 francs de dégâts).

Le 4 juillet, au même endroit, un appui double a été renversé et 68 fils coupés (13.000 francs de dégâts).

Le 10 juillet : au cours du bombardement de l'usine Centrale électrique de Chocques, nouveaux dommages aux lignes téléphoniques (6.000 francs de dégâts).

En outre, les services techniques ont dû intervenir pour réparer des dommages moins importants à Vendin-le-Vieil (2 juillet), Vitry-en-Artois (3 juillet), Lambres-les-Aire (4 juillet), Boulogne-sur-Mer (7 juillet), Gosnay (9 juillet), Arques (12 juillet), Berck-Plage (14 juillet).

Pas d'autres faits importants à signaler.

Chemins de fer

Depuis mon dernier rapport, aucun fait saillant ne s'est produit qui mérite d'être relevé. À titre documentaire, je vous informe qu'au cours du mois de juin 1941, il a été transporté 769.560 tonnes de houille on provenance des Mines du Pas-de-Calais.

Ponts et chaussées

Ouvrages d'art

2 ponts provisoires sont terminés à Billy-Berclau et à Dourges.

4 ponts provisoires sont en cours à Oignies, [[Saint-Omer]], Busnes et Guarbecque.

1 passage par remblaiement de la cuvette du canal du Nord est assuré à Hermies.

3 ponts définitifs sont terminés à Saint-Venant, Noyelles et Fampoux.

7 ponts définitifs sont en cours de reconstruction ou de réparation à Tortequesne (3), Lécluse, Sailly, Huby-Saint-Leu et Saint-Laurent-Blangy.

Destructions, reconstructions

La recrudescence de l'activité aérienne qui se manifeste depuis fin mai et que je signalais dans mon rapport du mois de juin, s'est poursuivie dans le courant de juillet, mais davantage à l'intérieur du département que dans la zone côtière, contrairement au mois précédent.

Les communes de Labeuvrière, Calonne-Ricouart, Chocques, Pont-à-Vendin, Mazingarbe, Harnes, Gosnay, Labuissière, dans la région minière et industrielle de l'arrondissement de Béthune, celles de Lambre-les-Aire, Audruicq, Arques, Lumbres dans l'arrondissement de Saint-Omer, ont subi des dommages par suite des bombardements visant à la destruction d'importantes installations industrielles. 22 immeubles ont été détruits, plus une centaine ont été endommagés. La mort de plusieurs personnes est à déplorer dans la population civile. On compte aussi de nombreux blessés. Il faut cependant reconnaître que cette activité aérienne a considérablement décru dans la seconde quinzaine de juillet et les destructions pendant ces deux dernières semaines ont été infimes.

I - Application de la loi du 5 août 1940 relative à la réparation des immeubles d'habitation partiellement endommagés.

Environ 6.500 demandes ont été déposées dont 5.634 dossiers complets.

4.200 dossiers ont été étudiés.

2.881 arrêtés préfectoraux ont accordé des subventions aux particuliers pour un montant total de 28.177.830 francs. 1.274 ordres de paiement ont été émis pour un ensemble de 7.807.275 Frs. Constructions provisoires

1) Programme des sinistrés.

Travaux terminés

Arras : Centre Sanitaire, Magasin pour les Réfugiés, Baraque pour la Mairie.

Courrières : Secours National, Constructions isolées pour cultivateurs et artisans : 13.

Oignies : Secours National, Bureau de Poste, Mairie.

Sainte-Catherine : Préventorium (travaux de vitrerie terminés).

Travaux en cours en voie d'achèvement

Essars : Constructions isolées : 3

Robecq : Constructions isolées : 20

Courrières : 2 Cité-jardin : 150 constructions

Oignies : Constructions isolées : 8

Sainte-Catherine : Constructions isolées : 8

Béthune : 1 cité-jardin : 10 constructions

Haisnes-les-la-Bassée : 40 constructions.

Travaux en cours, chantiers en cours d'approvisionnement, fondations et chantiers au levage

Hénin-Liétard : une école

Saint-Venant, Mont-Bernanchon, Saint-Floris, Isbergues, Lapugnoy, Pernes-en-Artois, Annezin, Calonne-sur-la-Lys, Busnes, Guarbecque.

2) Programme d'évacuation éventuelle de la côte

Tilloy-lès-Arras : 1 cité-jardin : 50 constructions

Arras : 2 cités-jardins

Beaumetz-lès-Loges : 3 constructions isolées

Hesdin : 1 cité-jardin

Fresnicourt-le-Dolmen : 1 cité-jardin

Pour le programme d'évacuation éventuelle de la côte, il avait été prévu dans 180 communes la répartition de 1.600 constructions provisoires. A ce jour, les travaux sont commencés pour 350 constructions dans les communes de : Adinfer, Anzin-Saint-Aubin, Basseux, Bailleulmont, Berles-au-Bois, Biache-Saint-Vaast, Bourlon, Courcelles-le-Comte, Dury, Écourt-Saint-Quentin, Étrun, Givenchy-en-Gohelle, Gouy-en-Artois, Graincourt-lès-Havrincourt, Hamblain-les-Prés, Haucourt, Hendecourt-lès-Cagnicourt, Humbercamps, Inchy-en-Artois, La Cauchie, Lagnicourt-Marcel, La Herlière, Maroeuil, Monchy-le-Preux, Moyenneville, Oisy-le-Verger, Plouvain, Pronville, Quéant, Quiéry-la-Motte, Ransart, Rémy, Riencourt-lès-Cagnicourt, Sauchy-Cauchy.

La Section départementale du Pas-de-Calais a obtenu de l'Office des matériaux que les tuiles soient contingentées. La couverture des constructions provisoires est ainsi assurée. Les briques creuses et pleines sont l'objet d'une étude de la part de l'Office des matériaux et des autorités d'occupation. Seule la question du carburant ralentit considérablement les chantiers.

Malgré les difficultés d'approvisionnement, le programme tracé se réalise assez rapidement et l'on est en droit d'espérer que la plupart des sinistrés disposeront d'un abri pour l'hiver. À Courrières, deux cités comprenant 150 constructions sont en voie d'achèvement.

Dans d'autres communes sinistrées, des constructions isolées sont terminées ou très près de l'être, au total plus de 100 logements.

Sur les autres chantiers, les travaux sont activement poussés.

Enfin, le centre d'enfants d'Arras, destiné à recevoir des enfants de la région côtière bombardée, est terminé. Les hospices d'Arras ont accepté d'en assurer la gestion et ce centre va pouvoir très prochainement fonctionner.

Industrie

a) Arrondissement d'Arras, Montreuil et Béthune

1°) Industries détruites ou gravement endommagées

À la suite des bombardements, un certain nombre d'établissements industriels de la région ont été sérieusement touchés.

Centrale des Mines de Marles (arrêt complet)

Centrale des Mines de Lens à Pont-à-Vendin (arrêt partiel)

Cokerie des Mines de Marles, station de compression de gaz de Mazingarbe.

Tous ces établissements se trouvent sous le contrôle du service des Mines.

Les usines suivantes ont également été gravement endommagées :

Marles-Kuhlmann à Chocques (arrêt complet, lequel risque de se prolonger pendant plusieurs mois) ;

Courrières-Kuhlmann à Harnes dont l'installation de gaz à l'eau est très endommagée et l'installation de fabrique d'essences synthétiques mise hors d'usage pour 1 mois 1/2 à 2 mois.

Différents autres établissements ont également subi quelques dégâts d'assez minime importance.

2°) Industries dont l'équipement est intact et pour lesquelles la main d'œuvre fait défaut. Sans changement.

3) Industries n'ayant pas encore repris leur activité. Je n'ajouterai rien aux indications de mos précédents rapports, aucun changement ne s'étant produit sauf celui provoqué par les bombardements aériens. À noter que l'absence de combustible et aussi, dans quelques cas, de matières premières, ralentit considérablement l'essor industriel.

Dans le courant du mois de juillet, il a été effectué par les Offices du travail 2.067 placements masculins et 525 placements féminins. Ces chiffres d'inscrivent en diminution sensible, surtout en ce qui concerne la main-d'œuvre féminine, par rapport à ceux du mois précédent. Ils indiquent que la stabilisation de la main d'œuvre signalée dans mon dernier rapport s'affirme, les changements devenant de moins en moins fréquents par suite de la variation sans cesse diminuée de l'activité des principales industries dont la marche tend à devenir de plus en plus normale.

Dans le courant du mois de juillet, on a pu constater 2 périodes distinctes, celle correspondant à la période de bombardements (du 1er au 8 juillet) et pendant laquelle le nombre d'offres d'emploi a considérablement diminué et d'assez nombreuses usines ont dû, pour des motifs divers, arrêter complètement leur travail et mettre leur personnel en congés payés ; la seconde au cours de laquelle les industries ont assez rapidement repris leur activité normale, ce qui s'est manifesté par des offres d'emploi de plus en plus nombreuses. Le nombre d'offres d'emploi non satisfaites, qui était d'environ 800 en juin, est tombé à environ 400 au 10 juillet pour remonter à 850 à la date du 21 juillet. On peut considérer qu'il existe un déficit très important de main d'œuvre dans le département, ce déficit étant particulièrement considérable parmi les spécialistes des métaux, du bâtiment, et même pour les bons manœuvres. De même, il est très difficile de recruter pour l'agriculture des ouvriers aptes à l'exécution des travaux saisonniers. Au cours du mois de juillet, diverses entreprises allemandes de la région d'Arras ont débauché du personnel, celui-ci a été immédiatement placé dans d'autres entreprises.

b) Région côtière

1) Établissements détruits qui ne pourront reprendre leur activité sans travaux importants. Aucun changement survenu au cours du mois.

2) Établissements pour lesquels l'équipement est intact et pour lesquels la main-d'œuvre fait défaut. Néant.

3) Établissements qui n'ont pas repris leur activité bien que disposant sur place de l'équipement et de la main d'œuvre. Aucun changement.

4) Établissements ayant repris leur activité. Aucun changement.

Voici d'ailleurs pour cette zone la situation générale de l'industrie à la fin du mois dernier :

Situation générale de l'industrie

c) Arrondissements de Saint-Omer (moins les cantons d'Ardres et d'Audruicq).

La situation n'a guère varié d'un mois à l'autre. Le chômage reste inexistant. Les besoins en main-d'œuvre des autorités allemandes sont toujours importants. Il n'a pu être satisfait à une demande en maçons, charpentiers, menuisiers qu'elles avaient formulés à Saint-Omer le mois précédent. Il ne pourra davantage l'être à une demande de cimentiers, ravaleurs qu'elles viennent de faire. Par ailleurs, les Usines travaillent encore, mais d'une manière incertaine. Elles sont toujours dans la crainte de manquer de charbon, de gas-oil. Les contingents même très réduits ne leur arrivent pas toujours, C'est ainsi que les Brasseries Réunies de Saint-Omer craignent un arrêt par manque de gas-oil. Les Usines à papier et à carton elles-mêmes sont menacées dans leur activité. Les établissements Avot Vallée ont dû chômer par manque de combustible, bien qu'une priorité leur fût accordée pour le ravitaillement.

Ainsi que je l'ai dit le mois précédent, les allocations instituées par la loi du 23 mai 1939 ont été versées aux ouvriers. Il en résulte une légère amélioration de leur situation.

Un seul établissement, celui de Lumbres, a été bombardé le 12 juillet dernier. L'arrêt des Usines, par manque de courant électrique, n'a duré qu'une seule journée.

a) Mines

Les expéditions de tous combustibles au départ des Mines du Nord et du Pas-de-Calais, sont reprises au tableau ci-dessous :

Expéditions de tous combustibles au départ des Mines du Nord et du Pas-de-Calais

Sur ces tonnages, il a été expédié aux industries et aux foyers domestiques du Nord et du Pas-de-Calais les quantités ci-après :

Expéditions de combustibles aux industries et aux foyers domestiques du Nord et du Pas-de-Calais

Les ventes au carreau à destination de la clientèle Nord et Pas-de-Calais non comprises dans le tableau ci-dessus, se sont montées pour le mois de juin à 6.034 tonnes contre 173.853 en mai et 49.406 tonnes en avril. Ces ventes ne comprennent pas les tonnages enlevés par route pour l'exportation, ni pour l'armée allemande ni pour les ayant-droits des mines. De même les tonnages enlevés pour les autres groupements que ceux du Nord et du Pas-de-Calais n'y figurent pas.

Cette régression considérable des ventes sur le carreau est la conséquence des mesures que mon collègue du Nord et moi avons dû prendre fin mai à la suite des enlèvements massifs qui se sont produits en avril.

La production nette journalière a varié comme suit pour l'ensemble du bassin du Nord et du Pas-de-Calais. Elle est actuellement stationnaire, sans tendance à l'augmentation :

Production nette journalière

Le rendement fond est en baisse notable par rapport à celui du mois précédent et à celui d'avril 1940 (durée de travail : 8h45) :

Avril 1940 : 1.294 kilos

Janvier 1941 : 1.073 kilos

Février 1941 : 1.033 kilos

Mars 1941 : 1.036 kilos

Avril 1941 : 1.021 kilos

Mai 1941 : 1.017 kilos

Juin 1941 : 935 kilos

L'extraction nette qui s’était élevée à 62.710 tonnes en juin 1940 s’est établie à 1.778.546 en juin 1941.

Les stocks à terre sont à peu près épuisés. La situation à fin juin comparée à celle de fin mai 1941 st la suivante :

Stocks de combustibles à terre

Personnel

Le personnel atteint au 30 juin 1941 les chiffres suivants : Fond : 102.003 ; Dépendances légales : 42.890

Pour atténuer les conséquences, au point de vue de la production, des chômages des 15, 16 et 17 juillet dernier et d'une façon générale la baisse de la production que je vous signalais ci-dessus, les Autorités allemandes, à l'occasion d'une conférence qui s'était tenue à l'OFK avaient demandé à M. le Préfet du Nord et à moi-même de lancer un appel aux mineurs pour inviter ces derniers à travailler le dimanche.

Sur l'intervention instante et renouvelée de l'OFK nous avons donc rédigé l'appel ci-dessous aux ouvriers mineurs.

« Les Compagnies minières ont accepté de faire marcher les installations d'extraction le dimanche 3 août afin d'atténuer les conséquences des chômages des 15, 16 et 17 juillet.

Les ouvriers qui, volontairement, accepteront de venir travailler ce jour-là recevront en compensation, à titre gratuit, un supplément de 250 grammes de margarine et de 1 Kilos de pain. Il est de notre devoir d'attirer l'attention des mineurs sur l'intérêt national que présente toute augmentation de l'extraction des Mines, si faible soit-elle. Chacun a l'obligation morale d'y contribuer dans la mesure de ses forces.

La totalité du charbon extrait dans le Nord et le Pas-de-Calais reste en France, mais, par suite de l'arrêt total des importations, le pays manque de charbon.

La population a souffert gravement du froid au cours de l'hiver dernier ; toutes les industries, même les plus essentiellement ont leur activité réduite ; des ouvriers chôment, la production de sucre sera limitée, non pas par la récolte de betteraves, mais par la quantité de charbon qui peut être attribuée à cette industrie.

En se rendant au travail le dimanche 3 août, les mineurs contribueront à améliorer la marche de toutes les industries de notre région, notamment celles des sucreries et autres industries de l'alimentation ; ils permettront à un plus grand nombre de leurs camarades d'éviter le chômage, ils apporteront une aide aux efforts faits par le Gouvernement pour améliorer le ravitaillement du pays et leur propre ravitaillement ; ils rempliront un devoir de solidarité nationale. »

D'après les premiers renseignements et comme nous l'avions laissé d'ailleurs prévoir aux autorités allemandes, une quantité extrêmement réduite du personnel des mineurs a répondu le 3 août à cet appel.

Agriculture

Juillet a été excessivement chaud pendant la première décade. Ensuite une série d'orages s'est battue sur le Nord et l'Est du département. Quelques-uns ont été très violents et ont fait verser les avoines. L’humidité et l'adoucissement de la température ont favorisé les céréales et les plantes sarclées. Les herbages ont reçu insuffisamment d'eau et leur production a été extrêmement réduite pendant la deuxième quinzaine de juillet. Les lins et les pois ont aussi souffert de la chaleur.

Productions végétales

État des cultures en terre

Blé. Les blés se sont beaucoup améliorés au cours du mois. D'assez nombreux champs, notamment dans le Haut-Boulonnais sont clairs, ailleurs ils présentent une bonne densité et des épis bien conformés. Partout la paille est plutôt courte. Malgré les échardonnages répétés, les chardons sont encore nombreux. La maturité se poursuit dans d'excellentes conditions. Il n'y a pas de rouille. La moisson est commencée dans les régions aux sols superficiels.

Avoine. La récolte est belle. Il y a assez peu de champs clairs et envahis de mauvaises herbes. La moisson est également commencée.

Escourgeon Orge. Les escourgeons sont récoltés ; on commence à faucher les orges. On compte sur un rendement moyen.

Betteraves. Les betteraves sucrières poussent toutes vigoureusement, à l'exception de celles qui ont été semées et démariées en dernier lieu et qui ont souffert de la sécheresse. D'après le recensement fait en mai, la surface cultivée est réduite d'un tiers par rapport à la normale, avec 29.500 hectares contre 45.000 hectares.

Pommes de terre. Dans le Bas Pays de Béthune, les plantations en plants d'origine sont très belles, les autres laissent par contre à désirer. Partout ailleurs, les plantations de pommes de terre sont moyennes ou médiocres, conséquences de la qualité défectueuse des plants et de la sécheresse.

Le doryphore a été abondant, notamment dans les arrondissements de Montreuil et de Saint-Pol. La lutte a été organisée, mais elle n'a pu être menée partout avec l'efficacité désirable : négligence des planteurs, manque de pulvérisateurs. Les dégâts seront encore peu importants cette année.

Légumes secs. Les pois sont fauchés. Leur surface a été augmentée : 2.800 Ha contre 2.000 en temps normal. La maturité a été un peu trop précipitée sous l'influence de la trop forte chaleur. Les haricots dont la surface a aussi été augmentée sensiblement présentent un bel aspect. La floraison se fait, à la fin de juillet, dans d'excellentes conditions.

Lin. Les lins bleus sont en cours d'arrachage ; les autres sont légèrement plus tardifs. Les beaux lins sont plutôt rares.

Plantes fourragères. La fenaison s'est faite dans de très bonnes conditions. Le rendement des luzernes a été très bon, celui des trèfles, moyen. Les secondes coupes bonnes pour la luzerne, seront faibles pour le trèfle, à cause de la sécheresse.

Plantes potagères. En juillet, les jardins ont commencé à donner leur production retardée.

B. Approvisionnement

Engrais. Les besoins pour betteraves sucrières n'ont pas été satisfaits en totalité.

Clous à ferrer. En juillet, le Pas-de-Calais a reçu un contingent de 10 tonnes, représentant le douzième des besoins. Ce contingent arrivé au moment où tous les stocks étaient épuisés, a été vite absorbé. Dans plusieurs régions, on se plaint déjà de manquer de clous.

Ficelle lieuse. La faiblesse des contingents officiels, 280 tonnes contre des besoins de 1200 tonnes, a provoqué un gros émoi parmi les cultivateurs qui essayèrent par tous moyens de se procurer la ficelle indispensable. De la ficelle venant de Belgique a été payée à des prix très élevés variant de 100 francs à 300 francs le kilo. Les disponibilités vont être heureusement augmentée par l'appoint donné par la récupération de la vieille ficelle lieuse. La transformation a été retardée, mais l'Office des fibres dures vient de me faire connaître que la compensation serait faite en ficelle neuve. La pénurie de ficelle place dans une situation très difficile un grand nombre de chefs d'exploitation qui ne voient pas comment ils pourront couper et faucher toutes leurs récoltes avec une main-d'œuvre peut être suffisante, mais non qualifiée.

Fruits. L'année 1941 donnera très peu de pommes. L'an dernier, les arbres étaient surchargés.

Production animale

État sanitaire. Quelques foyers de fièvre aphteuse.

Production laitière. La production laitière a été normale jusqu'à la mi-juillet ; ensuite elle a progressivement diminué jusqu'à 25 et 30%, à mesure que les herbages devenaient plus secs.

Production de la viande. De toutes parts, les cultivateurs se plaignent des contingents de viande qu'ils doivent fournir et qui leur paraissent exagérés, eu égard à leurs disponibilités. En fait, si ces exigences sont maintenues les cultivateurs devront prélever sur leurs bêtes d'élevage et sur les vaches en lactation. Le porc ne peut jusqu'à présent combler le déficit, parce que les aliments du porc n'existent qu'en très faible quantité ; beaucoup de cultivateurs se plaignent de la qualité des moutures qui leur sont vendues et qui sont à base de gros son.

Main d'œuvre

Service civique rural. Les demandes de jeunes gens de 17 à 21 ans, élèves des établissements scolaires, sont peu importantes. Les travaux de moisson se feront d'ailleurs assez aisément grâce à la collaboration des membres de la famille, à l'entraide et au travail des ouvriers en congé payé et d'un certain nombre de jeunes étudiants. Ceux-ci qui ont choisi des fermes pour y consacrer les mois d'août ou de septembre sont au nombre de 600. Un avis d'affectation leur a été envoyé.

Réquisition des ouvriers d'usine disponibles. La réquisition n'a porté que sur un tout petit nombre d'ouvriers, ayant déjà travaillé dans l'agriculture : une dizaine tout au plus.

Main-d'œuvre employée dans les chantiers allemands. Aux alentours des camps d'aviation, les cultivateurs se plaignent toujours de l'embauchage d'une partie de leur main-d'œuvre par l'autorité allemande. À la suite de démarches pressantes, celle-ci a admis de libérer les ouvriers agricoles dans la mesure où l'Inspection du Travail lui fournirait les remplaçants nécessaires. Ces mutations sont assez lentes. Des démarches ont été faites récemment pour obtenir que pendant la moisson, les ouvriers agricoles embauchés dans les chantiers allemands soient remis à la disposition de l'Agriculture. Jusqu'à présent, la réponse n'est pas arrivée.

E. Réquisition d'attelages par les autorités allemandes

Les Autorités administrant les chantiers travaillant pour les camps d'aviation ont décidé de demander aux communes jusqu'à 10% de leurs effectifs de chevaux de trait, sauf à considérer les situations particulières. De ce fait, un nombre important d'attelages a été réquisitionné en juillet. Pour les travaux de moisson, il faudra obtenir que ces exigences soient considérablement réduites.

F. Gardes-messiers

Nous avons estimé qu'il était indispensable de faire opérer une surveillance sévère des récoltes et à cet effet nous avons recommandé aux Maires de procéder à la nomination de gardes spécialisés qui avec le concours des brigades de gendarmerie rendront de très grands services.

Étant donné qu'il est indispensable d'armer les gardes, j'ai insisté à cet effet auprès des autorités d'occupation pour qu'elles accordent les autorisations nécessaires et les armes.

Je me préoccupe en outre d'organiser, en accord avec les groupements agricoles et les coopératives notamment, une défense aussi efficace que possible contre les incendies des meules et des silos par bombes, plaquettes ou actes de sabotages.

Questions financières

Recouvrements sur impôts directs. Les rôles émis sur l'exercice courant, s'élevaient, au 30 juin 1941, à un total de 154.846.704 francs sur lesquels il a été recouvré 30.183.268 francs, d'où un pourcentage de 19.49.

Au titre de l'exercice 1940, les renseignements du même ordre sont les suivants :

Rôles émis : 388.809.974 francs.

Recouvrements : 270.009.713 francs.

Pourcentages : 69,4

Sur les exercices 1939 et antérieurs, il a été recouvré, durant le mois de juin : 2.360.193 francs ; les restes à recouvrer étant ainsi ramenés à 33.436.698 francs.

Enfin, les recouvrements « à la source » (Contribution nationale extraordinaire et impôts cédulaires), se sont élevés, durant le mois à 13.357.000 francs ce qui donne un total de 78.205.000 francs pour la période du 1er janvier au 30 juin 1941.

Le tableau ci-après présente d'ailleurs la comparaison des recettes diverses de juin 1938 avec celles de juin 1941 :

Situation comparative des recouvrements centralisés à la trésorerie générale au cours des mois de juin 1938 et juin 1941
Situation comparative des recouvrements centralisés à la trésorerie générale au cours des mois de juin 1938 et juin 1941

Émissions du Trésor. Aucune comparaison utile ne peut être faite entre les souscriptions aux Bons à court terme recueillies durant les mois de juin 1940 et juin 1941.

Au cours de ce dernier mois, il a été souscrit :

Bons à 6 mois : 5.610.500 francs

Bons à 1 an : 10.706.000 francs

Bons à 2 ans : 18.013.500 francs

Bons à 3 ans : 906.000 francs

Total : 35.236.000 francs

Par ailleurs, les souscriptions complémentaires en numéraire, recueillies à l'occasion de l'opération de conversion du Crédit National, se sont élevées à 327.195 francs, et l'Emprunt de la Société Nationale des chemins de fer a produit 532.980 francs pour les seuls comptables directs du Trésor.

Caisses ordinaires d'Épargne. Les excédents des dépôts sur les retraits, dans les caisses ordinaires d'épargne du département, ont atteint 2.101.689,50 franc durant le mois de juin écoulé.

En juin 1940, on a noté 956.099,78 francs d'excédents de retraits, et en juin 1939: 7.121.315,74 francs d'excédents de placements.

Enregistrement, Domaines, Timbre. Le tableau ci-après donne la situation comparative des recouvrements effectués au cours des mois de janvier 1940 à juin 1941 et de ceux afférents à l'exercice 1939-1940 :

Situation comparative des recouvrements effectués au cours des mois de janvier 1940 à juin 1941 et de ceux afférents à l'exercice 1939-1940

Contributions directes La tournée générale des mutations suit son cours ainsi que les travaux préparatoires de la révision des évaluations des propriétés bâties. Les difficultés déjà signalées sont encore accrues du fait de la réduction sensible des quantités d'essence attribuées aux agents de l'Administration.

Par ailleurs, les rôles généraux des anciennes contributions pour 1941 sont en voie de confection et les premiers pourront être adressés au Service du recouvrement dès que l'autorisation d'homologation sera parvenue.

Questions sociales

Inspection du Travail, Main d'œuvre, Chômage, Grands Travaux

Situation du chômage

Hommes secourus : 3

Hommes non secourus : 1.115

Total : 1.118

Femmes secourues : 388

Femmes non secourues : 3.057

Total : 3.445

Le nombre de chômeurs secourus est tombé à 3 pour les hommes et 388 pour les femmes, au lieu de 6 pour les hommes et 411 pour les femmes, fin juin 1941.

On peut donc considérer que le chômage masculin a disparu, tandis que le chômage féminin continue à être en régression légère par rapport au mois précèdent. Le nombre de fonds de chômage en activité dans les arrondissements d'Arras, Béthune et Montreuil est de 3, ces fonds secourant 3 hommes et 39 femmes.

J'ajouterai qu'il existe, à l'heure actuelle, une situation assez sérieuse à Berck par suite de l'évacuation des sanatoria de cette ville, évacuation qui devait avoir lieu en date du 1er août, mais pour des raisons particulières a été retardée de quelques jours. Cette décision va avoir pour effet la mise en chômage de plus de 600 personnes, dont 1/5 environ de personnel masculin pas toujours apte aux travaux de force. Je me suis rendu à Berck afin de m'entretenir de la question avec le Maire de la Ville. J'ai donné aux services locaux de placement toutes instructions concernant l'ouverture probable du fonds de chômage et le placement local ou inter local des chômeurs lesquels vont être convoqués et soigneusement examinés.

Salaires. La loi du 23 mai 1941 est entrée en vigueur à dater du 1er juin dernier. À l'heure actuelle, le nombre de réclamations concernant l'application de cette loi est assez faible. Je noterai cependant que le personnel occupé dans les entreprises artisanales est exclu du bénéfice de l'augmentation de salaires. Au terme des instructions, sont considérées comme entreprises artisanales celles inscrites à la chambre des métiers et occupant 5 ouvriers au maximum, ce qui est notamment le cas de la presque totalité des boulangeries et salons de coiffure. Je me suis mis en rapport avec les patrons intéressés, pas l'intermédiaire de leurs groupements, mais il ne semble pas qu'un résultat positif puisse être atteint.

Il conviendrait que des instructions fussent données afin d'ouvrir au personnel occupé dans les entreprises artisanales le droit à une augmentation de salaire. À ce sujet, je crois utile d'ajouter qu'il n'y a eu dans ces entreprises, à ma connaissance, aucune augmentation des salaires pratiqués à la date du 1er septembre 1939.

De même, il conviendrait que le décret fixant les communes assimilées à celles comptant plus de 20.000 ou 5.000 habitants fût pris sans tarder.

Assistance et prévoyance sociale

Santé publique.

Dispensaire antituberculeux. Aucun changement n'est à enregistrer dans la situation de ces dispensaires, 5 d'entre eux sont toujours fermés sur l'ordre des autorités d'occupation, le recensement des tuberculeux est en train de s'effectuer. Des questionnaires demandant le nom, l'âge de tous les tuberculeux inscrits ont été adressés aux dispensaires, aux caisses d'A.S. et caisses de Secours d'ouvriers mineurs. Certaines objections ayant trait au secret professionnel sont à prévoir.... Le recensement des lits réservés aux tuberculeux est en train de s'effectuer. Cette statistique permettra d'inciter les établissements hospitaliers à créer, en annexe des pavillons de cure.

Dispensaires antivénériens. Rien d'important n'est à signaler ce mois écoulé. L'organisation régionale de la lutte antivénérienne sous la direction d'un Inspecteur de la Santé, spécialiste résidant à Lille n'est pas encore effective. L'octroi d'un traitement forfaitaire aux médecins chargés du contrôle de la prostitution dans le cadre municipal n'a pu être mis à exécution. Un léger progrès a été réalisé dans les déclarations de maladies vénériennes, le nombre de ces déclarations bien que toujours très infime est supérieur à celui du mois précédent.

Services hospitaliers. La réalisation des progrès de maison maternelle départementale et d'Hôpital de Campagne-lès-Hesdin se poursuit.

Évacuation des malades de Berck. L'évacuation des malades traités dans la station de cure de Berck, ordonnée par les autorités occupantes, a provoqué dans cette ville une profonde émotion. 500 malades environ ont déjà quitté Berck ; les enfants de la zone interdite soignés en préventorium ont été transférés dans un établissement proche d'Arras. Les autres, guéris ou convalescents ont regagné leurs foyers.

Il reste à évacuer 1.300 malades graves, dont 600 devront voyager couchés.

Le plan d'évacuation élaboré avec le concours de M. le Professeur Gounelle, chargé de mission du Secrétariat Général à la Santé, se poursuit méthodiquement. Plusieurs établissements de cure ont pu se reconstituer en dehors de la zone interdite ; ils pourront accueillir, dans la limite de leurs possibilités, les malades restant à évacuer.

Œuvres maternelles et infantiles. L'activité du service s'est principalement dirigée vers la question des garderies de vacances destinées à remplacer cette année les colonies de vacances, avec le concours du Secours National, des Caisses d'Assurances Sociales et, nous l'espérons, avec l'aide des Caisses de Secours des Ouvriers mineurs une œuvre d'ensemble atteignant 107 communes, (les plus peuplées et les plus intéressantes) et 60.000 enfants, est en voie de création. Ces garderies prendront en charge tous les enfants de 6 à 14 ans et en assureront la surveillance de 9H30 à 17 H/30 sauf le dimanche. Ces enfants recevront un repas à midi et un goûter à 16 H. Ces garderies fonctionneront dans quelques communes à partir du 4 août et dans les autres à partir du 11. Elles se termineront fin septembre, mais nous espérons qu'à ce moment-là, le matériel acquis servira aux cantines scolaires.

Les enquêtes sur le lait ont permis d'établir un rapport spécial qui a été adressé au Ministère le 19 juillet 1941. L'organisation de nouvelles Gouttes de lait est en cours.

État Sanitaire

Les déclarations de maladies contagieuses ont permis de relever jusqu'à ce jour : Fièvre typhoïde : 3 cas

Dysenterie : 1 cas

Diphtérie : 28 cas

Scarlatine : 19 cas

Méningite cérébrospinale : 2 cas

Tuberculose : 38 cas

Rougeole : 37 cas + 2 épidémies

Coqueluche : 3 cas

Oreillons : 1 cas

Les cas de typhoïde sont dans 99% des Paratyphoïdes B disséminés dans le département sans rapport les uns avec les autres Les enquêtes même les plus minutieuses ne permettent généralement pas de trouver la cause de la contamination. Ces cas sont du reste sans gravité et restent isolés.

Refugiés et Sinistrés

Le nombre des réfugiés et sinistrés secourus s'établit comme suit au 1er août :

Réfugiés : 3.542

Sinistrés : 4.534

Total : 8.076

Les efforts accomplis par le Secours National pour secourir la population du Pas-de-Calais, si durement éprouvée, méritent d'être soulignés. Dans tous les domaines où son activité s'exerce des résultats appréciables ont été obtenus : soupes populaires ou scolaires, service social, ouvroirs, écoles ménagères, cours de puériculture, garderies d'enfants fonctionnent déjà dans plusieurs villes.

Pour les vacances scolaires, le Secours National s'est associé à l'organisation des nombreuses garderies de vacances prévues, à défaut des colonies qu'il n'est pas possible d'ouvrir cette année. Il donnera à ces œuvres son large appui financier.

a) Personnes privées de ressources

En ce qui concerne les allocations servies aux habitants privés de ressources, le Secours National, suivant les indications reçues du Ministère des Finances, assurera le paiement des secours à compter du 1er août. A cet égard, il serait urgent qu'une décision intervint pour préciser dans quelles conditions les communes, qui ont financé ces secours de mai 1940 à ce jour, pourront être remboursées de leurs avances. Les finances locales se trouvent extrêmement gênées et de nombreux maires sont fréquemment intervenus auprès de moi à ce sujet.

b) Victimes Civiles de la guerre 1939-1940

D'un autre côté, mais à de même sujet, j'ai signalé les 17 juillet et 4 août à M. le Secrétaire Général des Anciens Combattants la situation particulièrement digne d'intérêt des victimes civiles de la guerre et lui ai demandé d'examiner la possibilité de les faire bénéficier des allocations militaires.

La situation dos familles de ces victimes s'aggrave du fait que le secours d'urgence exceptionnel prévu, n'est payé généralement que 2 ou 3 mois après attribution du secours parce que l'Intendance, chargée des mandatements, ne reçoit que des crédits insuffisants malgré les demandes qu'elle adresse chaque mois. Je me permets d'insister à nouveau pour qu'une aide plus rapide et efficace soit accordée à ces éprouvés de la guerre.

c) Otages, internés, prisonniers

D'une façon générale d'ailleurs il semble qu'il serait opportun de considérer comme relevant d'une seule et même catégorie et par analogie de celle des internés administratifs, toutes les personnes (otages, prisonniers de guerre libérés, mais retenus par les allemands, prisonniers civils détenus pour motifs appréciés par les autorités d'occupation, etc.) dont les familles jugées sans ressources, pourraient alors recevoir l'allocation réglementaire.

D'autre part, seraient également considérés comme dépenses d'État les frais d'internement de toutes ces personnes. Sur ma demande la question a été posée en ce sens à M. le Ministre des Finances par lettre du 28 juillet dernier à la Direction du Trésor (6e Bureau).

Rapatriement

J'ajoute que le 17 juillet dernier, par train spécial, 1.200 mineurs du Nord et du Pas-de-Calais, accompagnés de leurs familles, et qui étaient repliés en zone libre depuis mai 1940 sont arrivés à Arras en vue de leur rapatriement définitif. Une halte repos avait été organisée. Une partie d'entre eux furent hébergés d'ailleurs pour la nuit au Centre d'accueil du Secours National à Arras, tandis que les autres étaient directement transportés à leur résidence par des cars des Compagnies minières ou par le chemin de fer.

Assurances sociales

Rien de spécial n'est à signaler en ce qui concerne le fonctionnement du Service des Assurances Sociales quant à ses attributions normales. Au sujet de l'application de la Loi du 14 mars 1941 sur la retraite des « Vieux Travailleurs », il est permis de constater que, grâce à un renforcement de l'effectif affecté à ce travail, un nombre assez important de dossiers de demandes d'allocation a pu être instruit et faire l'objet d'un mandatement. D'autre part, la Commission Régionale d'Inaptitude qui doit statuer sur le cas des « Vieux Travailleurs » âgés de 60 à 65 ans est en voie de constitution.

Anciens combattants

La Commission consultative de l'Office départemental des Mutilés, Combattants, Victimes de la Guerre et Pupilles de la Nation, prévue par la circulaire B.78 du 7 mars 1941 de M. Secrétaire Général aux Anciens Combattants a été installée, par mes soins, dans ses fonctions le 3 juillet 1941.

Rapports avec les autorités occupantes

Application de la Législation française

Depuis mon rapport du 11 juin dernier l'Oberfeldkommandantur 670 à Lille m'a notifié une nouvelle liste de décrets, arrêtés, décisions, etc. dont l'application est interdite dans le Nord et le Pas-de-Calais ou soumis à certains tempéraments. Vous voudrez bien trouver ci-après la liste de cette communication que j'ai d'ailleurs portée à votre connaissance le 30 juillet dernier. Oberfeldkommandantur 670. Lille, 1 17 juillet 1941. Je vous informe que les lois, ordonnances et décrets du Gouvernement français indiqués ci-après ne peuvent pas être appliqués dans le secteur de l'Oberfeldkommandantur 670.

1 -Décret du 23-4-41 créant un comité d'organisation de l'industrie du gaz - J.O. 1746.

2 - Décret du 24-4-1941 partent homologation du règlement d'application de la loi du 27 juillet 1940 relative à l'organisation de la production laitière J.O. 1779

3 - Décret du 22-4-41 portant constitution du Comité d'organisation du commerce des produits de quincaillerie J.O. 1858

4 - Décision I 18 du 25 avril 1941 de la section cuir J.O.1859

5 – Décision [?]

6 - Décision [?]

7 - Décision [?] pétrole. JO 1860

8 - Décision F.I.21 du 26-4-41 des sections chimie et cuir

9 - Décret du 3-5-41 créant un comité d'organisation de l'industrie du livre - J.O. 1928

10 - Décret du 2-5-41 sur la réglementation des restaurants - J.O. 1940

11 - Décret du 4-5-41 portant création du Comité général d'organisation du commerce - J.O. 1944

12 - Décision K.9 du 26-4-41 de la section caoutchouc, amiante et noir de fumée J.O. 1348

13 - Décision A 3. du 3-5-40 de la section fontes et aciers J.O. 1979

14 - Décret du 30-4-41 portant création d'un centre d'information interprofessionnel - J.O. 2008

15 - Décision K 10 de la Section caoutchouc, amiante et noir de fumée J.O. 2043 du 9-5-1941

16 - Décision E 2 de la Section pour papier, du carton et des emballages du 9-5-41 - J.O. p. 2044

17 - Décision F.13 de la section de la Chimie du 12-5-41 - J.O. 2059

18 - Décret du 15-5-41 relatif au financement des dépenses des Comités d'organisation J.O. 2153

19 - Décision G.25 du 16-5-41 de la Section Textile. J.O. 2155

20 - Décision D. 5 du 16-5-41 de la Section du Pétrole. J.O. 2156

21 - Décret du 24-5-1941 modifiant le décret du 9-11-1940 nommant les membres du Comité d'organisation de l'Industrie et du Commerce des machines thermiques, hydrauliques et pneumatiques - J.O 2227

22- Décret du 24-5-41 créant un Comité d'organisation des Industries des lessives - J.O. 2227

23 - Décret du 24-5-41 portant création d'un Comité d'organisation pour l'Industrie de l'amiante J.O. 2228

24 - Décision C. 5 du 20-5-41 de la Section du Charbon - J.O. 2230

25 - Taux des rations pour le mois de juin 1941 J.O. 2241

26 - Décision I 22 du 26-5-41 de la Section cuir J.O. 2259

27 - Décision I23 du 27-5-1 de la section cuir. J.O. 2259

28 - Décision A 4 du 23-5-41 section fonte, fer et acier J.O. 2260

29 - Décision G 26 du 26-5-41 de la section textile JO 2260.

30 - Décret du 23-5-41 créant un Comité d'organisation des entreprises de déménagement et de garde meuble J.O. 2284

31 - Décision B.8 du 29-5-41 de la Section des métaux J.O. 2288

32 - Décret du 4-5-41 fixant les droits et cotisations perçus au profit du Comité d'organisation de l'Industrie cinématographique - J.O. 2298

33 - Décret du 27-5-41 créant un Comité d'organisation des pelleteries et fourrures J.O. 2337

32A- Décret du 17-4-41 sur la vente et la consommation de la pâtisserie - J.O. 2335

34 - Loi du 1er juin 1941 relatif à l'organisation de la production laitière - J.O. 2358

35 - Décision F.I. 24 du 5-6-41 de l'Office du cuir et de la chimie J.O. 2388

36 - Décision D.6., pétrole J.O.2388

37 - Décision I 25 du 6-6-41 de la Section du Cuir

37a - Arrêté du 11-6-41 sur les cartes de rationnement - J.O.24 94

38 - Décision H.4 du 14-6-41 de la Section du papier - J.O.2556

39 - Arrêté du 16-6-41 créant une Section de produits divers J.O. 2569

40 - Arrêté du 14-6-41 sur l'allocation spéciale de sucre JO 2594

41 - Décision H.5 du 16-6-41 de la Section du papier J.O.2595

42 - Décision H6 J.O.2596

43 - Décision H7 J.O.2611

44 - Décision H8 J.O.2612

45 - Arrêté du 31-5-41 sur réglementation du commerce et de l'industrie des ferrailles - J.O. 2484

L'exécution des lois et ordonnances suivantes est soumise à certaines conditions, savoir :

1 -Décret du 12-5-41 créant un Comité d'organisation des industries de la brasserie, de la malterie et du commerce des houblons ; sous réserve que le comité organise d'après l'arrêté du 5-11-40 ne perde pas sa compétence actuelle pour la région dépendant de l'OFK.

2- Décret du 15-4-41 déterminant le fonctionnement du bureau national de répartition du poisson : sous réserve que le Comité organisé ne perde pas sa compétence actuelle pour la région dépendant de l'OFK.

Je vous prie de faire savoir à tous les services intéressés que ces lois et ordonnances, en tant que leur exécution est interdite, ne peuvent produire aucun effet juridique d'aucune sorte dans mon secteur et qu'elles ne doivent pas être appliquées.

Le Commandant de l'O.F.K. 670 signé NIEHOFF.

Réquisitions

Comme je l'ai déjà indiqué le mois dernier, les réquisitions continuent de diminuer en nombre et en importance, et dans tous les cas d'une façon très nette, en ce qui concerne les grands travaux réclamés par les autorités d'occupation.

Amendes de guerre

(Communes sanctionnées d'une amende : Airon-Notre-Dame, Rinxent, Herbinghen, Dainville, Airon-Notre-Dame, Auxi-le-Château)

Amendes de guerre

Arrestations

a) arrestation ou condamnation de Maires : M. Rohart, Maire de Sangatte, 5 jours de prison : fausse déclaration de pigeons-voyageurs

M. Louchez, Maire de Widehem, 2 mois de prison : ruptures de câbles téléphoniques trop fréquentes sur le territoire de la commune. Le Maire a exercé un recours et l'exécution de la peine est actuellement suspendue.

b) arrestations de civils :

Boulogne-sur-Mer : M. Wood Arthur (sujet britannique) ; Mme Bacquet Alice, Mademoiselle Fontaine Andrée, M. Cuvillier Lucien, Mademoiselle Leblond Jacqueline, M. Pinson Paul : pour hébergement de sujets britanniques ; M. Billot Raphaël, M. Santerre Charles : arrêtés le 2 juillet pour hébergement de sujets britanniques, ont été relâchés le 9. M. Chochois Joseph, Picque Jules, Masson Henri, Pecqueux Auguste : inconnu. Pouilly André, Magnier Julien, Bodel André, Goubel Alfred, Pernoud Robert : sabotage de câbles.

Mazingarbe : Mme Leupe Antoinette, mademoiselle Leupe Jeanne : relations avec des sujets britanniques.

Bruay-en-Artois : docteur Courouble : aurait vacciné des enfants en forme de V.

Rinxent : M. Vantornout Pierre : auditions de T.S.F.

Saint-Martin-Boulogne : Defachelle Aimé, Barbier Ernest : inconnu.

Pittefaux : Mme de Lubersac : relations avec des sujets britanniques.

Vitry-en-Artois : Mademoiselle Middledith Marcelle : d'origine canadienne, mais de mère française.

Rinxent : Lecoutre Bonningue, Poulain Émile, Lambec, Pérard Hippolyte, Debienne Émile, Marmus Albert, Dufosse André : inconnu.

c) Otages.

Burbure : Bouxin (maire), Pecqueur (c. mal), Martinage (secrétaire de mairie) : disparition d'un parachutiste britannique, ont été retenus du 3 juillet à 22 heures au 4 juillet à 13 heures.

Zutkerque : Mme Lassus, M. Delamaere Charles, Delamaere André, Duriez Alfred : disparition d'un aviateur britannique.

Ambleteuse : Baheu Auguste, Bertin-Defosse, Cuvillier Albert, Malahieude Armand, Malfoy Pierre : inconnu.

Moral

Comme je l'ai déjà indiqué les facteurs qui influent sur le moral de la population du Département sont principalement ceux ci-après :

Bombardements. Les bombardements ont été particulièrement intenses dans la première quinzaine de juillet. Par contre les deux dernières semaines ont été à peu près complètement calmes. J'avais signalé par mon rapport spécial du 15 juillet que depuis la fin juin et pendant les deux premières semaines de juillet, l'aviation britannique avait entrepris des opérations tendant à la destruction des installations industrielles vitales du Département du Pas-de-Calais situées en majorité dans l'Arrondissement de Béthune. Ces tentatives ont visé essentiellement les centrales électriques et les Usines de Produits Chimiques, plus spécialement celles fabriquant des carburants synthétiques. Le choix de ces objectifs s'explique par le fait que les centrales électriques sont en petit nombre, facilement repérables et absolument essentielles au fonctionnement de l'ensemble de l'industrie du Pas-de-Calais. Les centrales sont, d'autre part, des usines fragiles dont la remise en état est longue et délicate. Quant aux Usines de carburants synthétiques, leur choix comme objectifs s'explique par la nature même de leur production.

1.- Bombardement des Centrales électriques

a) Centrale des Mines de LensPont-à-Vendin). 30 juin : 27 bombes - 3 blessés. Dégâts importants ; reprise prévue dans un délai de 3 mois. 8 juillet : Bombardement du "lavoir commercial" - 3 morts, 5 blessés. Arrêt des Usines « Finalens » et « Carbure de Wingles » par manque de courant. Ces deux Usines ont repris leur activité depuis la fin du mois de juillet.

b) Centrale des Mines de Béthune, à Mazingarbe. 8 juillet : Violent bombardement. Centrale non touchée, mais destruction des gazomètres voisins.

c) Centrale des Mines de Marles à Chocques. Bombardements très violents les 4 et 7 juillet, faisant suite à ceux des 17 et 23 juin. 3 morts dans la population civile - 3 ouvriers blessés. Centrale hors d'usage pour plusieurs mois. Arrêt momentané de la production houillère dans la Concession de Marles comptant 14.000 ouvriers.

II. Bombardement des Usines de Produits Chimiques et Carburants Synthétiques.

a) Usines « Marles Kuhlmann », à Chocques. 7 et 10 juillet : violents bombardements. Usine mise hors d'usage. 4 morts et 6 blessés dans la population civile.

b) Usine « Courrières Kuhlmann » à Harnes. 8 juillet : 10 bombes, dont 7 au but. Arrêt de la production d'essence synthétique.

III. Bombardement d'industries et installations diverses

a) Usine Carbolux et Gazomètre des Mines de Bruay à Gosnay, La Buissière. 9 juillet : Bombardement.

b) Fabrique de Ciment "La Desvroise", Papeteries de l'Aa, Société Béthunoise, toutes trois situées à Lumbres. 12 juillet : 1 mort et 4 blessés dans la population civile.

c) « Ascenseur des Fontinettes » Ouvrage d'art essentiel au trafic du Canal de Neufossé, sur le territoire d'Arques. 12 juillet : Bombardement manqué. Deux morts et trois blessés dans la population civile.

En résumé, au total, 15 opérations de bombardement de fin juin au 15 juillet, faisant 44 victimes dont 14 dans le personnel ouvrier et 30 dans la population civile, entraînant l'arrêt d'une des plus importantes centrales électriques (Centrale de Marles) et de deux grosses usines de produits synthétiques : Marles Kuhlmann et Courrières Kuhlmann.

Pour sauvegarder la vie des populations ouvrières et civiles, des mesures ont été prises immédiatement en vue du rétablissement industriel et dans les localités situées à proximité des points sensibles et particulièrement visés. Ces opérations de bombardement intensif ont, d'ailleurs, cessé depuis le début de la deuxième quinzaine de juillet comme le fait apparaître l'état ci-après des bombardements, destructions et victimes du 1er au 31 juillet :

État des victimes et des destructions d'immeubles provoquées dans la région côtière et le département par des bombardements aériens (juillet) [Communes bombardées : Labeuvrière, Lambres, Calonne-Ricouart, Chocques, Vendin-le-Vieil, Mazingarbe, Harnes, Labuissière, Gosnay, Étaples, Audruicq, Arques, Lumbres, Berck, Rang-du-Fliers, Saint-Venant]

État des victimes et des destructions d'immeubles

Propagande Communiste. Dans le domaine de la propagande communiste on a constaté certaine effervescence dès le début du mois. Elle s'est manifestée à l'occasion du déclenchement du conflit germano-russe par des inscriptions variées telles que : Vive l'U.R.S.S., Vive Staline, Vive l'Armée rouge invincible. Des tracts commentant longuement cet évènement ont été répandus selon les moyens habituels.

Les journées des 13 et 14 juillet ont fourni aux meneurs communistes une occasion qu'ils n'ont pas manqué d'exploiter pour intensifier leur propagande et c'est le bassin houiller de l'Arrondissement de Béthune qui a été presque uniquement le théâtre de leur action clan destine. Des tracts, papillons, journaux communistes ont été distribués ou affichés en assez grand nombre dans les nuits du 12 au 13 et du 13 au 14. Des inscriptions ont été faites sur les routes, sur les trottoirs, les façades des maisons. Des drapeaux rouges ou tricolores, des oriflammes ornées des emblèmes soviétiques ont été accrochés aux fils téléphoniques. Partout on retrouve la tactique qui avait été employée à l'occasion du1er mai. Toute manifestation de quelque sorte qu'elle soit avait été interdite par l'Oberfeldkommandantur 670 à Lille qui m'avait adressé à ce sujet les deux communications suivantes :

« Oberfeldkommandantur 670, le 8 juillet

Objet : 14 juillet 1941.

La question du 14 juillet, c'est-à-dire si ce jour sera férié ou non, n'a pas encore été tranchée définitivement. Je vous avertis d'ores et déjà que toutes manifestations et démonstrations à l'occasion du 14 juillet sont interdites. La police française veillera à ce qu'aucun incident ne se produise. Des tracts communistes qui ont été trouvés, annonçant des incidents pour le 13 et la nuit du 13 au 14 juillet, la police française et la Gendarmerie seront pendant ce temps également mobilisées à pleins effectifs. Signé : Docteur Muller. »

« Oberfeldkommandantur 670, le 11 juillet. Objet : 14 juillet 1941.

Comme suite à la lettre du 8 juillet 1941, je vous informe que le 14 juillet est considéré comme jour férié. Les Administrations, usines et les écoles seront fermées. Les manifestations et démonstrations sont interdites.

Dans le cas où le Maréchal Pétain, comme il est prévu, lancerait un appel aux Ouvriers du Nord, cet appel est à appuyer. Par ailleurs, j'attire à nouveau votre attention sur le fait que la Gendarmerie française et la police ainsi que vous-même en qualité de Chef responsable, être tenus d'empêcher les 13 et 14 juillet toutes manifestations et démonstrations. Signé : Muller. »

L'activité des services de police a été très efficace et aucune manifestation, défilé ou cortège n'ont été signalés. Des patrouilles de nuit organisées spécialement ont permis de prendre en flagrant délit un certain nombre d'individus. 13 arrestations ont été ainsi opérées par la police française, à Montigny-en-Gohelle, Leforest, Arras et Réty.

D'autre part, en exécution des instructions de M. le Ministre de l'Intérieur au sujet des mesures à prendre contre les ressortissants soviétiques et tous individus on relations avec des organisations soviétiques, j'ai fait effectuer une révision générale de la situation de tous les étrangers d'origine russe ou ex-russe. Ces opérations ont porté sur 242 individus résidant dans le département : 89 dans l'arrondissement d'Arras, 111 dans l'arrondissement de Béthune, 24 dans l'arrondissement de Boulogne, 12 dans l'arrondissement de Montreuil et 6 dans l'arrondissement de Saint-Omer. Un seul cas a été retenu sur 242 dossiers examinés il s'agit d'un ressortissant russe résidant dans l'arrondissement de Montreuil, faisant l'objet de mauvais renseignements et soupçonné d'avoir entretenu des relations avec des éléments communistes. L'intéressé est soumis à une surveillance spéciale en attendant qu'une mesure d'internement puisse être prise contre lui.

A l'occasion du conflit germano-russe, les autorités Occupantes ont pris elles-mêmes des mesures sévères contre les éléments communistes français ou étrangers. Ces mesures ont atteint surtout la région minière, où d'après les renseignements que j'ai pu recueillir, une centaine d'individus ont été arrêtés par la Feldgendarmerie, J'ai porté ces faits à la connaissance de M. le Préfet délégué du Ministère de l'Intérieur, en exécution de ses instructions, par mes rapports des 22 et 31 juillet. En ce qui concerne d'une façon générale la répression des menées communistes, il n'est pas douteux que les précautions dont s'entourent de plus en plus les propagandistes rendent difficile la tâche des services de police dans la mesure où ces derniers doivent pour procéder à une arrestation constater une infraction précise. Le seul moyen de mettre un terme à l'agitation qui se manifeste serait de pouvoir procéder à l'internement administratif des individus connus comme particulièrement dévoués à l'ex-parti communiste.

Internement des communistes et création d'un camp de concentration. Avec mon Collègue du Nord, nous nous sommes préoccupés de la création d'un camp de concentration pour le Nord et le Pas-de-Calais. Cette création à laquelle les autorités occupantes étaient jusqu'à ce jour nettement hostiles est actuellement en bonne voie, l'OFK 670 à Lille ayant donné son accord de principe. L'emplacement du camp n'est pas encore déterminé de façon précise. Les autorités occupantes de l'OFK 670 étudient actuellement ce nouveau projet et doivent nous faire connaître décision à bref délai. En ce qui concerne le Pas-de-Calais, les mesures d'internement prévues porteraient en principe sur environ 500 individus.

Actes de sabotage

Les actes de sabotage contre les installations industrielles, dont les premières tentatives vous ont été signalées dans mon dernier rapport, se sont multipliés au cours du mois de juillet. Ils sont dirigés contre los installations industrielles, les mines et les chemins de fer et il ne fait aucun doute qu'ils sont d'inspiration communiste. Tous ces faits ont été signalés par rapports spéciaux à M. le Préfet, délégué du Ministère de l'Intérieur; vous en trouverez la liste ci-dessous :

5 juillet : tentative de destruction d'une passerelle aux Mines de Courrières ;

7 juillet : sabotage de chaudières aux Mines de Liévin ;

7 juillet : incendie aux Mines de Courrières dégâts importants au parc à bois de mine ;

7 juillet : 3 locomotives endommagées aux Mines de Liévin ;

9 juillet : tentative d'incendie du stock de bois des Mines de Courrières ;

13 juillet : destruction de rails de chemin de fer par pétards explosifs sur la ligne Lens-Ostricourt ;

15 et 16 juillet : même sabotage sur la même ligne ;

13 juillet : même sabotage sur la ligne Hénin-Liétard-Dourges ;

12 juillet : tentative d'incendie aux fosses 9 et 21 des Mines de Courrières ct sabotage manqué à la Centrale électrique de cette Compagnie ;

18 juillet : destruction de rails de chemin de fer à la dynamite sur la ligne Hazebrouck-Béthune ;

21 juillet : même sabotage sur la ligne Lens-Dourges ;

21 juillet : sabotage du puits de la fosse 5 des Mines de Liévin ;

21 juillet : rupture des câbles électriques alimentant la fosse 24 des mines de Courrières ;

22 juillet : sabotage de câbles électriques à Estevelles par pétards explosifs ;

24 juillet : sabotage de la ligne de chemin de fer Lens-Arras par pétards explosifs ;

27 juillet : Incendie du dépôt de bois de mines à la fosse 5 des mines de Liévin - 175.000 francs de dégâts ; 30 juillet : Dans la nuit du 29 au 30 juillet, destruction par explosifs d'un pylône électrique de lignes à haute tension à Courrières.

A l'occasion de ces nombreux sabotages, les autorités occupantes ont pris des mesures préventives sévères consistant dans l'arrestation de nombreux éléments communistes des localités où les actes de sabotage avaient été commis.

De son côté, la Police française n'est pas restée inactive. Des enquêtes minutieuses ont été effectuées pour chaque cas de sabotage par les commissaires spéciaux intéressés auxquels s'était jointe la Police mobile de Lille.

A l'occasion du sabotage du 24 juillet sur la ligne de chemin de fer Arras-Lens, une opération particulièrement importante a été réussie par la police et la gendarmerie françaises. J'ai exposé cette affaire par un rapport spécial détaillé à M. le Préfet délégué et aux services de police criminelle de la Direction Générale de la Police Nationale à Vichy.

L'un des auteurs de l'attentat ayant été tué sur place par l'explosion de l'engin placé sur la voie, il a été possible de découvrir quelques heures après son complice, le nommé Bekaert Albert. L'interrogatoire de ce dernier a permis l'arrestation de quatre autres communistes figurant sur les listes d'individus à interner et qui peuvent être considérés comme faisant partie d'une organisation chargée de préparer des actes de sabotage.

À la demande des autorités occupantes, ces cinq individus ont été remis entre les mains de la Feldgendarmerie allemande Jugé par le Tribunal militaire allemand de Lille, le nommé Bekaert a été condamné à mort. Cette condamnation a fait l'objet d'un avis spécial par voie d'affiches apposées dans toutes les communes sur ordre de l'autorité occupante :

« Avis. Suivant jugement rendu le 31 juillet 1941 par le Conseil de guerre de l'Oberfeldkommandantur (v) 670, l'ouvrier en bâtiment Albert Bekaert, sujet belge, habitant Avion, a été condamné à mort pour avoir pris part à l'attentat sur la voie ferrée commis le 23 juillet 1941 par l'ouvrier mineur français Marcel Dandre, habitant également Avion, et qui a trouvé la mort. Les deux auteurs étaient communistes. Lille, le 1er août 1941. Signé : Niehoff »

Activité des Services de Police. La répression de la propagande communiste, celle des actes de sabotage, le maintien de la tranquillité publique en général, ont nécessité une intense activité des services de Police qui apparait au tableau suivant :

Tableau récapitulatif des enquêtes, poursuites, arrestations. Mois de juillet 1941.

Enquêtes d'ordre judiciaire : 1.281

Enquêtes d'ordre administratif : 2.601

Enquêtes sur les menées communistes : 23

Arrestations pour menées communistes : 12

Arrestations pour pillages : 11

Arrestations pour hausse illicite : ?

Arrestations autres affaires diverses : 72

Inculpations pour menées communistes : 3

Inculpations pour pillages : 95

Inculpations pour hausse illicite : 125

Inculpations autres affaires diverses : 1.214

Condamnations Contraventions Poursuites pour menées communistes : ?

Pour pillage : 23

Pour hausse illicite : 4

Pour autres affaires diverses : 300

Propagande Gaulliste. Si la propagande gaulliste faite par T.S.F. exerce toujours son action, elle ne s'est manifestée au cours du mois de juillet que par de rares distributions de tracts ou de « papillons » manuscrits. Depuis le commencement du conflit germano-russe, il semble que le rapprochement constaté des éléments gaullistes et communistes renforcé par la conclusion de l'accord militaire anglo-soviétique laisse aux communistes l'initiative d'une propagande pour laquelle ils sont mieux outillés et qu'ils n'ont d'ailleurs pas manqué d'intensifier ainsi que je l'expose d'autre part dans ce rapport.

D'ailleurs, la propagande gaulliste qui se traduisait aussi par différentes inscriptions murales, s'est trouvée quelque peu décontenancée par la décision des autorités occupantes concernant les « V », devenus symboles de la victoire des armes allemandes. À la demande de l'OFK à Lille, j'ai adressé aux maires du Département une circulaire en date du 22 juillet ainsi conçue : « Les autorités occupantes viennent de me faire connaître que les dispositions suivantes doivent être immédiatement mises à exécution : Toutes les inscriptions en forme de V de quelque nature qu'elles soient et en quelque lieu qu'elles se trouvent doivent désormais être respectées. En conséquence, vous voudrez bien tenir compte de cette nouvelle prescription dans l'exécution de mon arrêté du 29 mars 1941 (relatif à la publication, circulation et apposition d'affiches, tracts, dessins, inscriptions de toute nature) qui n'est plus applicable aux inscriptions susvisées. »

Menées antinationales. Des tracts intitulés « Appel à l'Amiral Darlan » ont été adressés sous enveloppes timbrées :

- aux employés de la Mairie de Béthune (enveloppe postée le 4 juillet 1941, rue de Rennes, à Paris, 110),

- aux employés de la Mairie de Boulogne-sur-Mer (enveloppe postée le 4 juillet 1941, Rue de Rennes, à Paris, 110),

- aux médecins de l'Hôpital de Béthune (enveloppe postée le 30 juin 1941, Rue de Longchamp, à Paris, 110).

Ce fait a été signalé par rapport spécial du 11 juillet à M. le Ministre, secrétaire d'État à l'Intérieur.

Un tract récent « La France continue… », au sujet du rôle pendant la guerre 1914-1918, du Maréchal Pétain, Chef de l'État, a été également répandu, mais en faible quantité.

Conclusions

L'exposé qui précède révèle un état d'esprit que j'ai cherché à dépeindre dans mes rapports antérieurs et qui ne s'est que très légèrement modifié au cours du mois écoulé.

Plus que jamais il serait indispensable d'obtenir l'intégration des deux Départements Nord et Pas-de-Calais dans l'économie française. Mais personne n'ignore ici l'importance qu'attache le Gouvernement à résoudre ce problème, les efforts qu'il ne cesse de déployer à cette fin, comme aussi bien l'action personnelle du Maréchal Pétain et celle de l'Amiral Darlan.

Les populations de cette région ont confiance dans les destinées du Pays. Elles font preuve de courage, de ténacité et de foi.

5 septembre 1941

Cabinet du Préfet. Délégation Spéciale pour l'Administration

Rapport Mensuel

Arras, le 5 septembre 1941

Le Préfet du Pas-de-Calais

à Monsieur l'ambassadeur de France, Délégué Général du Gouvernement Français dans les Territoires occupés.

Questions administratives

Services Publics Départementaux et Communaux - Fonctionnaires - Difficultés d'ordre administratif

Le retour de France, non occupée, d'une certaine partie du personnel et la libération de fonctionnaires prisonniers de guerre ont apporté, ce présent mois, un appoint précieux dans le fonctionnement des services publics. Ceux-ci ont maintenant une marche normale.

Néanmoins, en ce qui concerne le personnel de la Préfecture, il serait désirable que les nombreuses vacances, existant actuellement, fussent pourvues définitivement de leurs titulaires, pris parmi les candidats reçus au prochain concours national, au lieu d'être occupées comme maintenant par des auxiliaires, recrutés sur place suivant les possibilités, et dont la valeur laisse encore à désirer.

Administration Communale

En raison des tâches toujours nouvelles imposées aux Maires, soit du fait de l'extension de la réglementation économique, soit de la part de l'autorité occupante, je ne saurais trop reconnaitre le mérite des magistrats municipaux qui dans l'ensemble font preuve d'un dévouement et de loyalisme parfaits.

Le travail de réorganisation des corps municipaux en application de la loi du 16 novembre 1940 entre maintenant dans sa dernière phase. Sur les 94 Communes de plus de 2.000 habitants, 92 municipalités sont à ce jour nommées et installées, En ce qui concerne les 18 villes du Département de moins de 10.000 habitants, 14 Maires sont déjà nommés par arrêté du Ministre de l'Intérieur, des propositions ont été faites pour les 4 dernières villes de Saint-Omer, Avion, Marles-les-Mines, Auchel.

La municipalité d'Arras est installée depuis le 31 juillet dernier et 8 conseils municipaux des Villes de plus de 10.000 habitants pourront l'être dès que la nomination des adjoints, que j'ai proposée à l'agrément de M. le Ministre de l'Intérieur sera publiée au Journal Officiel. Il s'agit des importantes villes minières de Bruay, Hénin-Liétard, Carvin, Barlin, Sallaumines, Liévin, Nœux-les-Mines et Harnes. J'étudie actuellement les propositions qu'il m'appartient de vous faire pour le remplacement de M. Maes, Maire de Lens, qui avait été confirmé dans ses fonctions et qui est décédé dans le courant du mois d'août. M. Maes représentait depuis de longues années la circonscription minière de Lens à la Chambre des Députés.

Enseignement

Locaux. Situation inchangée. Toutefois les locaux disponibles paraissent devoir être suffisants pour la rentrée d'octobre. Reste surtout la question de la destination à donner aux bâtiments de l'École Normale d'Institutrices à Arras. Le Ministre de l'Éducation Nationale a été saisi de propositions à cet effet en vue de la création à Arras d'un institut pédagogique.

Bombardements. À la suite du bombardement du 14 août dernier, l'un des immeubles occupés par l'école pratique de garçons de Boulogne-sur-Mer et situé 6, Rue des Pipots, a été sinistré ; les dégâts sont purement matériels et concernent presque uniquement le mobilier appartenant au propriétaire de la maison. Le même jour, le local occupé par les écoles Dezoteux et [Femeland] a été gravement endommagé. Une certaine émotion s'étant manifestée à Boulogne-sur-Mer au sujet du danger présenté par les rassemblements d'enfants en garderies, j'ai pris toutes dispositions et précautions utiles pour que l'effort tenté ainsi en faveur de l'enfance et dont les résultats s'avèrent déjà si heureux dans tout le Pas-de-Calais, put être continué même dans cette ville, compte tenu du danger aérien. J'ai à peine besoin d'ajouter que, depuis plusieurs mois, je m'efforce d'évacuer le plus grand nombre possible d'enfants pour les recueillir dans une zone moins exposée. Nombre de ceux-ci, recueillis par des œuvres diverses, sont actuellement hébergés à Gex, en Suisse, ou en Afrique du Nord.

Rapports avec les autorités d'occupation. M. Lorgnier, Instituteur à Marquise, a été arrêté avec plusieurs autres habitants de Rinxent. Il est enfermé à la prison de Boulogne-sur-Mer ; j'ignore les motifs de son arrestation.

Postes d'inspecteurs primaires à pourvoir. Je vous rappelle la demande pressante que j'ai présentée dans mon rapport du 6 août dernier au sujet de la nécessité impérieuse de combler les vacances d'Inspecteurs Primaires. Ceux-ci exerceront la meilleure influence sur le personnel enseignant.

Questions économiques

Ravitaillement et produits contingentés

Les questions de ravitaillement, eu égard au chiffre élevé de la population du Département du Pas-de-Calais, est toujours au premier plan de mes préoccupations.

Les autorités occupantes témoignent à ce sujet une attention continue et minutieuse, et les conférences se succèdent chaque semaine à l'OFK 670 à Lille pour les deux Départements. À ce propos une conférence d'une importance particulière s'est tenue le 18 août en présence de M. l'Intendant Casanove, de l'Administration Centrale, et des chefs des services économiques allemands de l'OFK 670 à Lille : l'objet était la liaison à opérer dans ce domaine entre les deux Départements du Nord et du Pas-de-Calais et le reste de la France.

Une nouvelle conférence mensuelle aura lieu le 24 septembre prochain, réunissant encore avec les chefs de services, M. l'Intendant Casanone et le Docteur Bayer.

Les déclarations faites par le nouveau Ministre du Ravitaillement au sujet des principes qui conditionneront son plan général de ravitaillement paraissent avoir produit la meilleure impression sur les populations. La possibilité accrue de la circulation d'une certaine quantité des produits des jardins particuliers et la tolérance des expéditions de colis familiaux a particulièrement été appréciée. Par lettre en date du 22 juillet 1941, l'Oberfeldkommandantur 670 à Lille a autorisé le retour à la période mensuelle de rationnement. Comme mesure transitoire, la période actuelle s'étend du 18 août au 30 septembre et les cartes de rationnement ont été établies pour une durée de six semaines.

Viande. Le plan de ravitaillement en viande pour le mois d'août 1941 prévoyait en faveur du Pas-de-Calais un contingent de 680 bovins et 400 veaux, en provenance des Départements de l'Aisne, de l'Eure et de la Seine-Inférieure. Au 24 août courant, la situation des arrivages était la suivante :

- Aisne : Impositions satisfaites intégralement.

- Eure : Reste à recevoir 23 bovins sur 50, soit 48%

- Seine-Inférieure : Reste à recevoir 394 bovins sur 630, soit 65%.

De fréquentes réclamations ont été adressées au Ravitaillement Général de ces deux Départements, afin d'accélérer dans la mesure du possible le rythme et l'importance des envois.

En ce qui concerne le ravitaillement sur les ressources locales, il convient de signaler le gros travail effectué par les Présidents des Commissions de Réception et, en particulier, l'établissement d'un tableau d'imposition par commune qui, d'ores et déjà, s'annonce comme devant donner de bons résultats.

De plus, une dernière main est apportée à la nouvelle organisation des Commissions transformées en Commissions cantonales ; elles seront en mesure de fonctionner le 1er octobre dans leur nouvelle forme et devront prendre leurs consignes à la Direction du Ravitaillement Général et auprès des anciennes Commissions d'ici le 15 septembre.

Leur nombre sera de 40, soit une par canton en principe. La division des circonscriptions, autrefois trop chargées, permettra un meilleur rendement dans la prospection du bétail et surtout dans la réalisation d'initiatives de nature à concilier les nécessités du Ravitaillement Général avec la sauvegarde du cheptel.

La ration hebdomadaire minimum des consommateurs ordinaires reste fixé à 100 grammes ; toutefois les consommateurs des agglomérations urbaines et centres miniers ont perçu au cours de ce mois une ration d'environ 150 grammes, les apports de l'extérieur étant destinés à augmenter le taux minimum qui doit être assuré au moyen des ressources locales.

Il résulte de la conférence précitée, en présence de M. l'Intendant Casanove, que les apports pour septembre seront portés à 1.760 tonnes pour le Nord et le Pas-de-Calais.

Beurre. Au cours du mois d'août, 28.483 kilos de fromage ont été importés dans le Département du Pas-de-Calais. Le rationnement de 300 grammes par mois est assuré par le ramassage des beurres livrés dans les dépôts communaux.

La qualité des beurres fermiers qui laisse à désirer, tout particulièrement dans les régions de Bapaume et Marquion, où certains beurres ne peuvent demeurer plus de 48 heures en cave, a suscité de nombreuses difficultés au cours des mois d'été. Le Comité de Gestion des Produits Laitiers du Pas-de-Calais se préoccupe de ce problème et entend favoriser le ramassage et le traitement des crèmes par des usines spécialisées.

Fromages. Un certain nombre de répartiteurs, titulaires de la carte D ont été désignés par le Comité Laitier pour assurer entre les consommateurs du Département une répartition équitable des ressources en fromage.

Le taux de rationnement de 240 grammes par mois n'a pu être honoré jusqu'à présent ; la production locale est très insuffisante ; les importations en provenance du Nord ou d'autres Départements n'ont permis qu'une répartition d'environ 150 grammes par consommateur.

Poisson. L'arrêté interdépartemental prescrivant la création à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) et à Gravelines (Nord) d'un comptoir de poisson, a reçu l'agrément de l'Oberfeldkommandantur 670 à Lille.

Une Conférence Interdépartementale s'est tenue pour la détermination, non seulement des conditions de fonctionnement dans ces comptoirs, mais encore de celles de la répartition entre les centres de consommation. Dans mon prochain rapport je serai en mesure de vous fournir toutes précisions utiles.

Pommes de terre. L'approvisionnement en pommes de terre n'a pu être réalisé au cours du mois d'août sur la base du taux de rationnement, soit 1 kilo par personne et par décade pour les consommateurs des communes de plus de 3.000 habitants. En effet, le Département du Pas-de-Calais n'a pas été compris dans les contingents en provenance des Départements excédentaires attribués par le Bureau National aux Départements déficitaires.

Les ressources locales en pommes de terre hâtives ou demi- hâtives sont réduites et, d'autre part, l'arrachage des autres variétés a été interdit avant le 1er septembre. Le taux de rationnement reste fixé à un kilo par personne et par décade pour le mois de septembre.

À la demande de l'OFK 670, la réglementation concernant la nouvelle récolte a fait l'objet d'un arrêté interdépartemental pour le Nord et le Pas-de-Calais, en date du 31 juillet.

Le Ravitaillement Général détermine, pour chaque commune, un contingent d'imposition. Cette imposition est le produit des déclarations d'emblavement par un rendement moyen qui, dans l'ensemble du Département, ne pouvait être inférieur à 15 tonnes. Le Maire, assisté du Comité de la production agricole et en collaboration avec le syndicat agricole, répartit cette imposition entre les producteurs de sa commune. Telles sont les grandes lignes de l'organisation qui prévoit, dans a partie répartition, la délivrance d'une carte d'approvisionnement dont la valeur vient d'être fixée à 50 kilos, aux consommateurs non producteurs ou ne possédant pas un jardin dont la surface cultivée en pommes de terre est supérieure à un are par membre de la famille. Cette carte de stockage entrera en vigueur le 1er octobre.

Légumes secs. Un arrêté pris par mon Collègue du Nord et par moi-même en date du 5 août 1941 a fixé les conditions dans lesquelles s'effectueront la livraison et la répartition des légumes secs de la nouvelle récolte.

Le tonnage à livrer par hectare de culture déclarée a été déterminé par région de production, compte tenu des besoins de la consommation familiale et de l'ensemencement, et d'après l'état des récoltes.

Des cartes de rationnement sont actuellement délivrées aux consommateurs qui déclarent n'avoir fait aucune culture de légumes secs ou n'en avoir pas récolté plus de 12 kilos par personne. Sur présentation de ces cartes, les consommateurs pourront obtenir une première livraison de 1 kilo.

Pain. Pour remédier à la pénurie de pommes de terre et de légumes secs, l'Oberfeldkommandantur 670 de Lille a prescrit une distribution supplémentaire de pain ou de farine au profit de tous les consommateurs :

- 500 grammes de pain ou 375 grammes de farine en échange du ticket "Q" de la carte de denrées diverses pendant la semaine du 29 juillet au 4 août ;

- 500 grammes de pain ou 375 grammes de farine en échange du ticket "R" de la carte de denrées diverses pendant la semaine du 4 au 11 août ;

- 500 grammes de pain ou 375 grammes de farine en échange du ticket "S" de la carte de denrées diverses pendant la semaine du 11 au 18 août.

En raison des difficultés d'approvisionnement en charbon, l'Oberfeldkommandantur 670 a accordé un supplément de 1 kilo de pain aux mineurs qui ont pris le travail le dimanche 3 août.

Riz - Blédor. Aucune répartition de riz et de blédor n'a pu être effectuée au cours du mois d'août. Si les disponibilités le permettent, les enfants de la catégorie J2 (6 à 13 ans) percevront 200 grammes de riz en échange du ticket "Septembre" de la carte de lait de 1/4 de litre. Les enfants de 0 à 6 ans ainsi que les malades, femmes enceintes mères allaitant, percevront 500 grammes de blédor contre remise du ticket "Septembre" des cartes de lait rose et verte.

Flocons d'avoine. La Maison "IBLED" de Mondicourt a mis au point sa fabrication de flocons d'avoine. Des modalités de répartition de ce produit sont actuellement à l'étude. La première distribution ne pourra probablement pas s'effectuer avant le mois d'octobre.

Margarine. Les margarineries continuent leur fabrication pour honorer la ration supplémentaire des mineurs et des travailleurs lourds qui est de 400 grammes par mois.

Chocolat. La deuxième répartition de chocolat s'effectue actuellement suivant les taux déterminés par la réglementation en vigueur et en échange des tickets du mois de juillet.

Pâtes. Pour le mois d'août, la ration de pâtes alimentaires a été de 250 grammes pour toutes les catégories de consommateurs.

Savon. Les consommateurs ordinaires continuent à percevoir la ration mensuelle suivante : 125 grammes de savon mou ; 125 grammes de poudre de savon ; 1 savonnette.

En outre, pour la période du 18 août au 30 septembre, il est alloué aux enfants de 0 à 2 ans, 225 grammes de savon mou et 3 savonnettes. La ration supplémentaire des ouvriers effectuant des travaux salissants a été portée à 200 grammes par mois.

Textiles.

Le nombre de points pour besoins individuels a pu suffire à satisfaire les demandes présentées aux bureaux de délivrance de bons d'achat, les consommateurs ayant modéré leurs besoins dans les plus extrêmes limites, notamment en ce qui concerne les gros vêtements. Souvent les réserves étaient suffisantes, ce qui a permis de satisfaire les besoins des victimes des opérations de guerre et des pillages.

Depuis le 1er août, la carte provisoire a été mise en service et, jusqu'à présent, l'application n'a pas provoqué de grandes difficultés. Il est cependant à présumer que dans les mois d'hiver, le contingent de points, pour la délivrance des bons d'achat de gros vêtements, s'avèrera nettement insuffisant. Il faut considérer que fréquemment des destructions importantes résultant des bombardements aériens nécessitent le remplacement de vêtements disparus.

Chaussures. Le pourcentage appliqué, dans le Pas-de-Calais, par l'Oberfeldkommandantur 670, ne permet pas de couvrir, en chaussures d'usage, notamment, les besoins les plus pressants, retenus parmi une population de 1.179.000 habitants. De nombreuses réclamations nous parviennent de tous les points du Département.

Si un certain nombre de familles possédaient quelques réserves, il faut retenir que pour beaucoup d'entre elles, les opérations de guerre et le pillage, les ont fait disparaître. Les bombardements qui se poursuivent anéantissent souvent avec les immeubles, tout ce qu'ils contiennent. Des secours sont bien accordés à ces victimes, mais les bons d'achat de chaussures font défaut ou, s'ils sont délivrés, privent les autres du plus strict nécessaire. J'estime que cette situation signalée maintes fois à l'autorité occupante, mérite de retenir toute l'attention et, je pense qu'il ne serait pas exagéré, de doubler le contingent des chaussures d'usage affecté à mon Département. Pneumatiques. L'arrêté ministériel du 9 janvier 1941 instituant la carte de pneumatiques pour les véhicules automobiles n'a pu être mis en vigueur dans mon Département à la date prévue, les autorités allemandes ayant fait connaître qu'elles s'opposaient à l'application de la réglementation élaborée par l'Office du Caoutchouc et qu'elles désiraient la création d'un "organe de réglementation", dans le Nord et le Pas-de-Calais. Cet organisme créé le 7 juin 1941 n'a eu, en fait, aucune attribution.

En effet, à la même date, furent pris deux arrêtés instituant, dans les deux Départements du Nord et du Pas-de-Calais, une réglementation sur la vente des pneus « auto » et « vélo » analogue à celle qui fait l'objet de l'arrêté ministériel du 9 janvier et da la décision K. 9 du 26 avril 1941 du Répartiteur, Chef de la Section Caoutchouc. Toutefois ces arrêtés qui n'avaient pas reçu l'accord écrit de l'Oberfeldkommandantur 670 à Lille, ne furent pas publiés, la réglementation ayant simplement été diffusée au moyen de deux circulaires en date des 16 juin 1941 (pneus « vélo ») et 18 juin (pneus pour véhicules) adressées aux Maires des Communes du Département.

a) Pneumatiques pour véhicules. La délivrance des cartes de pneumatiques qui a lieu avec l'assentiment tacite des autorités d'occupation a donc commencé tardivement. Un grand nombre d'unités de pneus restaient donc encore à répartir étant donné que les contingents affectés à mon Département ont été de 5.600 unités pour Février-Mars et de 2.400 unités pour chacun des mois suivants.

Cependant, j'avais jugé équitable de ne pas répartir immédiatement les contingents des mois précédents puisqu'il n'était pas possible d'établir les cartes de pneus à la cadence voulue. C'est ainsi que, jusqu'à présent, 1.500 cartes ont été délivrées alors que le nombre de véhicules autorisés à circuler s'élève à environ 7.000.

Par ailleurs, le nombre d'unités jusqu'à présent attribuées, s'établit comme suit : 96 unités en mai ; 2.715 en juin ; 2.556 en juillet ; 2.300 en août (jusqu'au 25 août).

Or, je suis informé que la partie non utilisée d'un contingent mensuel, peut être reportée sur le mois suivant, mais pendant le même trimestre. Si cette décision devait être maintenue il en résulterait un préjudice très grave pour les usagers qui ne peuvent, actuellement, obtenir des pneus neufs que dans la proportion de 30 à 40% de leurs demandes. Je crois devoir appeler votre attention sur cette situation particulière afin qu'il me soit permis de disposer des contingents n'ayant pu être répartis en temps voulu. Je vous signale, d'autre part, que la réglementation ne prévoit l'attribution de pneus neufs de la classe « touriste » qu'aux seuls usagers appartenant à l'une des professions suivantes : médecin, vétérinaire, sage-femme.

Il serait désirable également d'accorder une dérogation en faveur des chefs de service du Département. Faute de pneus de remplacement, certains d'entre eux se verront, en effet, les pneus d'occasion faisant totalement défaut, dans l'obligation d'interrompre, à brève échéance, des déplacements dont la nécessité ne fait pourtant aucun doute.

Pneumatique pour cycles. La réglementation précédemment en vigueur qui laissait aux distributeurs le soin de répartir leur « contingent commercial » a donné lieu à des abus malheureusement trop certains (vente à des prix excessifs sans justification ; détournement de la destination des pneus utilisés pour la monte des vélos neufs, etc.). La réglementation nouvelle applicable à compter du 1er septembre 1941, d'accord avec l'Oberfeldkommandantur 670 à Lille, permettra d'apporter un remède partiel à cette situation, attendu que la vente de chaque article ne pourra avoir lieu que sur production d'un bon individuel qui sera exigé par le fournisseur lors du réapprovisionnement du vendeur.

Cependant, le contingent affecté à mon Département pour le mois de septembre : 16.400 unités, ne permettra de satisfaire qu'une faible partie des demandes, tout en n'accordant, en principe, qu'un article (pneu ou chambre à air) par usager. Il convient de remarquer que beaucoup de personnes et (notamment les ouvriers mineurs) habitent à plus de 3 kilomètres du lieu de leur travail et ont à souffrir, non seulement des restrictions imposées par les évènements, mais aussi des difficultés résultant du manque de moyens de transport.

La première répartition du contingent de pneus « vélo » devra être faite, compte tenu que l'équipement complet d'un grand nombre de cycles (pneus et chambres à air) est inutilisable, certains usagers ayant dû renoncer à ce mode de locomotion et se rendre au travail à pied. C'est pourquoi l'attribution d'un contingent complémentaire de pneus « vélo » s'avère indispensable, tout au moins durant les premiers mois d'application de la nouvelle réglementation.

Contrôle

1. Contrôle du Ravitaillement et des Prix

L'effectif des contrôleurs est sans changement : 32, y compris les délégués auprès des Sous-Préfets. 21 contrôleurs sont actuellement assermentés.

L'activité des contrôleurs s'est poursuivie dans les domaines qui ont déjà fait l'objet des précédents rapports. Toutefois, il est nécessaire de signaler le contrôle plus intense, parce que plus nécessaire, de la circulation des pommes de terre effectué par les contrôleurs de l'Arrondissement de Béthune, région de grosse production et de grosse consommation. D'autre part, en ce qui concerne le contrôle des prix, l'effectif des contrôleurs spécialisés vient d'être porté dans le Pas-de-Calais à douze. 2. Lutte contre le marché noir. Au 31 juillet, 4.003 procès-verbaux étaient parvenus au service : 2.260 avaient été suivis de transaction pour un montant de 6.862.768 francs.

272 avaient été transmis au Parquet. Au cours du mois de juillet, 20 jugements ont été portés à ma connaissance : 2 ont été terminés par un non-lieu et 18 ont donné lieu à condamnation, prononçant pour 10.483 francs d'amende. En outre, trois jugements ont prononcé des peines de prison de 10 jours à 5 mois et 1 la confiscation des marchandises saisies.

Les affaires de « marché noir » transmises au Parquet sont au nombre de 27 depuis mon dernier rapport jusqu'au 25 août dont 1 affaire de chaussures, 1 d'essence, 1 de pommes de terre, 14 de viande, 1 de chocolat, 2 de savon, 1 de textile, 3 de beurre, 2 de pain et 1 de laine. Soit au total: 126 affaires de « marché noir » depuis l'installation du service.

Les jugements suivants concernant des affaires de « marché noir » ont été portés à ma connaissance depuis mon dernier rapport :

Jugements concernant des affaires de marchés noirs

Communications

Postes, Télégraphes, Téléphone

Service Postal. Réouverture et fermeture d'établissements de poste

Le Bureau de Wailly-Beaucamp et l'agence postale de Quéant ont été remis en activité le 1er août 1941. Par contre, la recette municipale d'Hardelot a été fermée à la même date, à la demande de la municipalité de Neufchâtel le trafic de ce bureau étant presque nul. La distribution est assurée dans cette section de commune par un facteur du bureau de Neufchâtel.

Acheminement. Améliorations de détail et plus particulièrement entre les régions de Lille et d'Arras.

Service Télégraphique. Situation sans changement.

Service Téléphonique. Au cours de la dernière période mensuelle 67 bureaux ont été réouverts.

Les autorités d'occupation ont fait connaître que, pour protéger les récoltes contre les risques d'incendie, il était prévu un service de signalisation qui empruntera en partie le réseau téléphonique des P.T.T. Pour que les avis puissent être transmis sans retard, il est introduit une catégorie de communications ayant la priorité sur toutes les autres. Ces communications seront annoncées par l'indicatif « SOS » et les conversations en cours devront être coupées en cas de besoin pour en permettre l'établissement immédiat.

Dans un précédent rapport mensuel, j'avais indiqué que depuis le début de la deuxième quinzaine de juillet les communications téléphoniques avaient été interrompues entre la Préfecture de la zone occupée et notamment les Ministères à Paris. Cette situation s'est sensiblement améliorée au mois d'août - j'avais adressé à la Direction Régionale des Postes à Lille, une demande m'autorisant à recevoir la communication avec les 31 Ministères et Services Officiels à Paris - L'autorisation de communiquer téléphoniquement a été accordé seulement pour les postes suivants :

1- Délégation générale du Gouvernement Français dans les Territoires occupés. Anjou 28-30

2- Secrétariat d'État à l'Intérieur (Echelon de Paris). Wagram 92-96

3- Secrétariat d'État à l'Intérieur (Économie nationale et aux finances). Gut. 80 90

4- Secrétariat d'État à la Famille et à la Santé.

5- Secrétariat d'État au Ravitaillement. Inv. 66-70

6- Secrétariat d'État à la Production industrielle. Inv. 67-00

7- Secrétariat d'État au Travail. Ség. 98-10

8- Secrétariat d'État aux communications. Lit. 46 40 Opé. 54

9 - Société Nationale des Chemins de Fer Français (Région du Nord). Trud. 99

10-Secrétariat Général des P.T.T. Ség. 17-40

Il serait souhaitable que cette autorisation fût étendue aux 31 Ministères et Services officiels primitivement demandés. D'après les indications qui m'avait été données par M. le Directeur Départemental des P.T.T. les difficultés proviennent du fait que les correspondants demandés par la Préfecture devraient eux-mêmes être autorisés par l'autorité occupante de Paris à appeler la Préfecture du Pas-de-Calais.

Services Techniques. Au cours d'un bombardement en gare de Marquise-Rinxent le 16 août dernier, l'artère téléphonique sur V.F. a été endommagée, un appui de 12 m. a été rompu et 80 fils coupés sur une longueur de 400 m environ. Aucun autre fait important à signaler.

Chemins de fer

Aucun fait saillant ne s'est produit qui mérite d'être retenu, sauf l'augmentation générale des tarifs applicables depuis le 28 juillet 1941 tarifs des voyageurs, bagages et chiens majorés de 20% et tarifs de marchandises et des colis postaux relevés de 10 %.

D'autre part et à titre documentaire, au cours du mois de juillet 1941, il a été transporté 958.400 tonnes de houille en provenance des Mines du Pas-de-Calais.

Ponts et Chaussées

Ouvrages d'art

1 pont provisoire est terminé à Busnes.

2 ponts provisoires sont en cours à Oignies et Saint-Omer

2 ponts définitifs sont terminés à Lécluse et à Tortequesne.

6 ponts définitifs sont en cours de reconstruction ou de réparation à Tortequesne (2), Sailly-en-Ostrevent (2), Huby-Saint-Leu et Saint-Laurent-Blangy.

Destructions, reconstructions

L'activité aérienne a été relativement moins importante que dans le mois de juillet ; si l'on considère le nombre d'opérations de bombardement effectuées, 30 immeubles ont été détruits 40 endommagés lors du bombardement de Boulogne-sur-Mer, le 14 août qui a causé la mort de 75 personnes, 10 immeubles ont été endommagés.

Sangatte le 19 août et 17 courant, Camiers le 26 août. Ces deux dernières opérations n'ont heureusement fait aucune victime.

I - Application de la loi du 5 août 1940 relative à la réparation des immeubles d'habitation partiellement endommagés.

Environ 6.500 demandes ont été déposées dont 5.634 dossiers complets. 5.594 dossiers ont été étudiés ; 3.213 arrêtés préfectoraux ont accordé des subventions aux particuliers pour un montant total de 32.897.618 francs. 1.389 ordres de paiement ont été émis pour un ensemble de 9.858.451 francs.

II. Constructions provisoires

Travaux terminés

Oignies : Secours National ; Bâtiments communaux ; Bureau de Poste ; 8 Constructions isolées.

Courrières : Secours National ; 13 constructions isolées.

Travaux en cours

Oignies : Une cité jardin de 68 constructions.

Courrières : Deux cités-jardins, ensemble 150 constructions.

Arras : Cité de Tilloy 108 constructions ; Cité du Camp Espagnol : 40 constructions ; Centre Sanitaire d'Arras : 8 constructions et 3 cellules opératoires ; Cité des Hochettes : 41 constructions.

Boulogne-sur-Mer : Cité 75 constructions.

Fresnicourt-le-Dolmen : Cité 120 constructions

Haisnes-lès-la-Bassée : 38 constructions. Sainte-Catherine : [9] constructions ; Béthune : 10 constructions ; Essars : 3 constructions ; Lens : 14 Constructions : Duisans : 2 constructions ; Givenchy-lès-la-Bassée : 6 constructions ; Pas-en-Artois : 33 constructions

Les travaux sont également commencés dans les communes de : Lapugnoy, Isbergues, Busnes, Annezin-lez-Béthune, Saint-Floris, Guarbecque, Calonne-sur-la-Lys, Mont-Bernanchon, Saint-Venant, Robecq.

D'autres travaux sont traités et pourront être commencés sans délai : Arras, Cité Ronville, 81 constructions ; Calais, Petit Courgain, 43 constructions ; Meurchin, 6 constructions

En outre la viabilité est traitée pour la Cité de Tilloy et celles de Courrières et d'Oignies.

Plusieurs marchés sont à l'approbation au Service central de Paris. Plusieurs dossiers sont également à l'approbation au point de vue plans et situation pour quinze communes. Pour les baraques type « 33 » destinées aux repliés de la côte, les marchés sont passés pour 67 communes, représentant 707 constructions. On peut considérer que la moitié de ces constructions est en cours d'exécution. En outre, un marché a été conclu également pour Saint-Pol-sur-Ternoise, une école maternelle, pour Campagne-lès-Hesdin, un Hôpital provisoire.

Les tuiles nécessaires à la couverture de ces constructions ont été finalement obtenues. Seul le matériau bois fait défaut, notamment pour terminer plusieurs cités.

Reconstruction immobilière

En application du décret du 7 février 1911, j'ai réuni pour la première fois, le 5 août 1941, la Sous-Commission de la Reconstruction à l'ordre du jour de laquelle figuraient :

1) l'exposé des études de MM. Abella et Alleman, Urbanistes chargés des plans d'aménagement d'Arras, d'une part, de Courrières, Saint-Venant, Robecq et Mont-Bernanchon d'autre part ;

2) le projet de délimitation du « Plan Régional d'Arras ». Plans de Courrières, Saint-Venant, Robecq et Mont-Bernanchon.

A propos de Courrières la Sous-Commission saisie du problème des constructions provisoires isolées a émis le vœu de ne pas voir rejeter en bloc toutes les constructions isolées prévues sur les ruines. Un examen de chaque cas particulier est en cours et des demandes de dérogation seront demandées à M. le Commissaire Technique en s'inspirant du souci de loger le plus tôt possible les sinistrés.

Arras. M.ABELLA dont les études sont plus avancées a exposé les soucis qui inspirent celles-ci :

1) Amélioration de la circulation par la séparation de la circulation de transit et de la circulation intérieure.

2) Assainissement de certains quartiers insalubres.

Constructions provisoires sur emplacement de l'Hôpital d'Arras. Un point particulier du plan ; le déplacement éventuel de l'hôpital en partie détruit et le percement d'une voie sur des ruines de celui-ci amène la Sous-Commission, après intervention de M. le Préfet, à appuyer favorablement une demande éventuelle de dérogation pour installation de certains pavillons provisoires dont le besoin est urgent, dans l'enceinte même de l'Hôpital, sous réserve de ne pas nuire aux alignements nouveaux.

Étude d'un plan d'aménagement de la région d'Arras. Après examen de l'état de la question qui avait déjà été mise à l'étude en application du décret-loi de juillet 1935 sur les plans régionaux d'urbanisme, en complet accord avec l'urbaniste chargé d'Arras et sur les conclusions de M. le Délégué Régional du Commissaire Technique, la Sous-Commission a émis le vœu de voir étudiées dans le cadre d'un plan régional les Communes d'Arras, Achicourt, Anzin-Saint-Aubin, Beaurains, Dainville, Sainte-Catherine, Saint-Laurent-Blangy, Saint-Nicolas, Tilloy-lès-Mofflaines, Athies et Feuchy.

Plan d'équipement national. En exécution de la loi du 6 avril 1941 et de l'Instruction du 1er juillet 1941 de M. le Délégué Général à l'Équipement National relatives à l'établissement d'un plan d'équipement national et à la révision des programmes actuels de travaux les Ingénieurs, Chefs de Service et les Maires des Communes de plus de 2.000 habitants ont été invités à présenter leurs propositions. La situation actuelle des projets de travaux présentés s'établit ainsi qu'il suit :

1. Projets divers :

a) approuvés : 39.785.126

b) non approuvés : 25.896.255

Total : 65.681.381

2. Constructions scolaires :

a) approuvés : 8.207.200

b) non approuvés : 82.343.500

Total : 90.550.700

3. Travaux de voirie :

a) approuvés : 19.943.000

b) non approuvés : 3.101.400

Total : 23.044.400

Total général : 179.276.481

Les projets des fiches de prévision aux rapports ont été adressés aux Ministères intéressés ainsi qu'au Commissariat Général à l'équipement national.

Voici la liste détaillée de ce projet :

I. Projet divers

A) Groupe I, projets approuvés

Fiches de prévision avec Rapports transmis aux Ministères intéressés et au Commissaire Général à l'Equipement National. Basseux. Travaux d'alimentation en eau potable. 244.525 francs. Transmis au ministère de l'Agriculture par M. l'ingénieur en chef du Génie rural.

Burbure. Travaux d'alimentation en eau potable. 498.000 francs. Transmis au ministère de l'Agriculture par M. l'ingénieur en chef du Génie rural.

Frévillers. Travaux d'alimentation en eau potable. 736.000 francs. Transmis au ministère de l'Agriculture par M. l'ingénieur en chef du Génie rural.

Le Quesnoy-en-Artois. Travaux d'alimentation en eau potable. 1.499.000 francs. Transmis au ministère de l'Agriculture par M. l'ingénieur en chef du Génie rural.

Isbergues. Travaux d'alimentation en eau potable. 4.200.000 francs. Transmis au ministère de l'Agriculture par M. l'ingénieur en chef du Génie rural.

Association syndicale du marais de Fillièvres. Assainissement. 60.000 francs. Transmis au ministère de l'Agriculture par M. l'ingénieur en chef du Génie rural.

Coopérative agricole des coopérateurs du Nord de la France à Arras. Construction de silos & magasins de blé. 2.351.000 francs. Transmis au ministère de l'Agriculture par M. l'ingénieur en chef du Génie rural.

Boulogne-sur-Mer. Travaux d'amélioration du service d'eau potable. 6.500.000 francs. Transmis au ministère de l'Agriculture par M. l'ingénieur en chef du Génie rural.

Calonne-Ricouart. Travaux à l'Hôtel de Ville. [53.975] francs. Transmis au ministère de l'Intérieur.

Association Syndicale de dessèchement de la Vallée de la Sensée à Vitry-en-Artois. Travaux de curage et d'approfondissement er de régularisation de la Rivière « La Marche Navire » et de ses affluents. 2.607.000 francs. Transmis au ministère de l'Agriculture.

Barlin. Travaux d'agrandissement des bureaux de la Mairie. 139.936 francs. Transmis au ministère de l'Intérieur.

Pas-de-Calais. Rivière de l'Escaut. Canaux de la Deûle de la Sensée et d'Aire. 15.000.000 francs. Transmis au secrétaire d'État aux communications.

Pas-de-Calais. Dragages d'approfondissement pour permettre la navigation sur les voies navigables reliant le bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais à la Région parisienne. Canal d'Aire. Démolitions d'anciens ouvrages d'art. 2.494.140 francs. Transmis au secrétaire d'État aux communications.

Canal de la Deûle. Élargissement et rectification de courbes entre les points kilométriques 720 et 21.270. 2.200.000 francs. Transmis au secrétaire d'État aux communications.

Calais. 4e et 5e section des wateringues. Travaux en vue de I' augmentation de la capacité d'accumulation du bassin de chasse de l'ouest du port. 650.000 francs. Transmis au ministre de l'Agriculture.

Saint-Laurent-Blangy. Réparation de l'Eglise. 511.550 francs. Transmis au ministère de l'Intérieur.


b. Groupe II. Projets non approuvés.

Blendecques. Adduction d'eau. 3.840.000

Fauquembergues. Construction d'un dispensaire d'hygiène sociale avec centre d'élevage pour nourrissons. 600.000 francs.

Département. Pavillon de chirurgie au Sanatorium d'Helfaut. 4.000.000 francs.

Isbergues. Construction d'un abattoir municipal : 1.470.000 francs. Construction d'une habitation communale et aménagement des abords : 450.000 francs.

Marquion. Dispensaire d'Hygiène sociale. 400.000 francs.

Marquise. Dispensaire d'Hygiène sociale. 400.000 francs.


Nœux-les-Mines. Réfection de l'abattoir municipal : 59.955 francs. Reconstruction et réparations d'immeubles endommagés par faits de guerre : 289.400 francs.

Sains-en-Gohelle. Réparations et reconstructions d'immeubles endommagés par faits de guerre. 89.900 francs.

Saint-Pol-sur-Ternoise. Dispensaire d'Hygiène sociale. 450.000 francs.

Saint-Venant. Hôpital psychiatrique départemental. 4.500.000 francs.

Sallaumines. Réparation et agrandissement de l'église. 800.000 francs.

Bapaume. Construction d'un dispensaire d'hygiène sociale. 550.000 francs.

Département. Travaux à l'école régionale d'Agriculture d'Arras : 2.000.000 francs. Agrandissement des bureaux de la Préfecture : 6.000.000 francs.

II. Constructions scolaires

A. Groupe I. Projets approuvés.

Fiches de prévision avec Rapports transmis aux Ministères intéressés et au Commissariat Général à l'Equipement National.

Ourton. Installation de l'eau potable dans les écoles. 42.600 francs.

Sailly-en-Ostrevent. Construction d'une classe enfantine. Aménagement du logement. 8.600 francs.

Auchy-au-Bois. Construction d'une classe à l'école de garçons et aménagement des écoles. 585.000 francs.

Courcelles-lès-Lens. Construction de 4 classes aux écoles de garçons et de filles. 2.055.000 francs

Étaples. Agrandissement de l'école de garçons. 1.116.000 francs.

Desvres. Construction d'une école maternelle. 1.800.000 francs.

Hénin-Liétard. Reconstruction de l'école primaire supérieure et de l'école pratique. 2.600.000 francs.

Total : 8.207.200 francs.

B. Groupe II. Projets non approuvés.

Département du Pas-de-Calais. Construction d'un Institut Médico-Pédagogique départemental à Fresnicourt-le-Dolmen. 13.000.000 francs.

Achiet-le-Grand. Construction d'une 2e Classe, préau et divers à l'école de garçons. 225.000 francs.

Aix-Noulette. Constructions d'une 3e classe à l'école de filles. 117.500 francs.

Athies. Construction d'une classe enfantine. 350.000 francs.

Auchel. Agrandissement de l'école Victor Hugo. 1.500.000 francs.

Béalencourt. Construction d'un préau, WC, aménagement de la classe. 184.000 francs.

Beaumont-en-Artois. Construction d'un groupe scolaire. 7.250.000 francs.

Béthune. Construction d'une classe à l'école maternelle Pasteur et d'un logement pour le Directeur de l'école de garçons Pasteur : 140.000 francs. Construction d'ateliers à l'EPS à l'école de Garçons : 300.000 francs. Construction d'une école Rue de Verquigneul : 4.660.000 francs. Agrandissement du groupe scolaire F. Buisson : 1.700.000 francs.

Beuvry. Construction de 2 classes à l'école de garçons du centre : 375.000 francs.

Billy-Berclau. Construction d'un groupe scolaire. 1.000.000 francs.

Billy-Montigny. Construction d'un groupe scolaire. 4.265.000 francs.

Blessy. Construction d'une école de filles. 187.000 francs.

Bouvigny-Boyeffles. Construction d'une école de garçons. 1.600.000 francs.

Brebières. Construction d'un groupe scolaire. 750.000 francs.

Bruay-en-Artois. Construction d'un groupe scolaire Boulevard Basly : 3.250.000 francs. Construction d'un groupe scolaire rue d'Hulluch : 2.650.000 francs.

Bullecourt. Construction d'une classe et transformation de la Mairie. 111.000 francs.

Bully-les-Mines. Construction de classes aux écoles de garçons et de filles. 634.000 francs.

Chocques. Agrandissement de l'école de garçons : 746.000 francs. Agrandissement de l'école de filles : 689.000 francs.

Diéval. Construction d'une classe à l'école de garçons. 160.000 francs.

Éclimeux. Construction d'une école mixte avec logement et mairie. 377.000 francs.

Ferfay. Construction d'une école de garçons et aménagement de l'école de filles. 1000.000 francs.

Fléchin. Construction d'un groupe scolaire. 370.000 francs.

Fouquières-lès-Béthune. Construction d'une école de filles. 500.000 francs.

Frévillers. Construction d'un préau, WC et divers. 120.000 francs.

Grenay. Construction de 4 classes au groupe scolaire. 584.000 francs.

Gonnehem. Agrandissement de l'école du hameau de Busnettes. 136.000 francs.

Ham-en-Artois. Aménagement des bâtiments scolaires. 400.000 francs.

Hesdin. Construction d'une 2e classe et aménagement divers à l'école maternelle : 310.000 francs. Construction d'une école de garçons avec internat : 3.900.000 francs. Construction de 2 classes et d'un vestiaire à l'école de filles : 425.000 francs.

Isbergues. Agrandissement du groupe scolaire du Pont à Balques. 895.000 francs.

Izel-les-Hameaux. Construction d'une école de garçons et d'une école de filles. 660.000 francs.

Loison-sous-Lens. Construction d'un groupe scolaire à la Cité Hollandaise numéro 8. 4.000.000 francs.

Maintenay. Construction d'un groupe scolaire. 235.000 francs.

Maroeuil. Construction de 2 classes au groupe scolaire. 500.000 francs.

Molinghem. Agrandissement des locaux scolaires. 500.000 francs.

Mont-Bernanchon. Construction d'une 2e classe et d'un logement d'adjoint à l'école de garçons. 150.000 Fr

Nœux-les-Mines. Construction d'un groupe scolaire primaire et professionnel. 8.122.000 Fr

Noyelles-sous-Lens. Construction d'un groupe scolaire. 451.000 Fr

Ostreville. Construction d'une école mixte à 2 classes. 1.000.000 Fr

Rœux. Agrandissement du groupe scolaire. 1.800.000 Fr

Sailly-Labourse. Construction d'une quatrième classe à l'école de garçons. 155.000 Fr

Sains-en-Gohelle. Construction d'une classe enfantine et d'une salle de cinéma à l'école de filles. 207.000 Fr

Saint-Laurent-Blangy. Construction d'une troisième classe au Groupe scolaire de Blangy. 440.000 Fr

Saint-Nicolas. Construction d'une classe, d'un logement (une salle de douches & divers). [3000.000] Fr

Sallaumines. Agrandissement du groupe scolaire du Centre : 1.239.000 Fr. Installation du chauffage central dans les nouvelles classes des groupes scolaires Basly et du Centre : 130.000 Fr. Agrandissement du groupe scolaire Basly : 621.000 Fr.

Saulty. Construction d'une seconde classe, à l'école de garçons. 61.000 Fr.

Souastre. Construction d'un préau, WC et divers aux écoles. 64.000 Fr.

Souchez. Construction d'une troisième classe et d'un préau à l'école de garçons. 275.000 Fr.

Ternas. Construction de dépendances à l'école. 27.000 Fr

Vendin-le-Vieil. Construction d'un groupe scolaire à la Cité du n° 8. 2.600.000 Fr

Verquin. Construction de 2 classes à l'école de garçons. 237.000 Fr

Vieil-Hesdin. Construction d'une école mixte à 2 classes. 1.000.000 Fr

Villers-Brûlin. Aménagement du logement de l'instituteur. Construction d'un préau et divers. 184.000 Fr

Villers-au-Bois. Construction de classes et d'un préau. 310.000 Fr

Villers-l'Hôpital. Construction d'une classe enfantine. 183.000 Fr

Wamin. Construction d'une école mixte à 2 classes et aménagement du logement. 332.000 Fr

Total : 82.343.500 Fr

Sous-groupe B. Il s'agit de projets trop peu avancés pour être chiffrés actuellement, et au sujet desquels il est impossible de donner les renseignements demandés par la D.G.E.N. La liste ci-après a été adressée à M. le Secrétaire d'État à l'Education Nationale et à la Jeunesse :

Caffiers. Construction d'une classe à l'école.

Calonne-Ricouart et Cormont. Construction d'un groupe scolaire.

Ficheux. Construction d'une classe enfantine avec logement.

Haillicourt. Agrandissement du groupe scolaire Pasteur.

Pernes-en-Artois. Construction d'une école de garçons.

Polincove. Agrandissement des écoles.

Saint-Folquin. Construction d'une école de garçons.

III. Travaux de voirie

Routes Nationales. En ce qui concerne les routes nationales, le Secrétariat d'État aux Communications a fourni directement à la Délégation Générale à l'Équipement National des renseignements détaillés sur tous les travaux en cours autorisés et projetés ressortissant à la Direction des routes.

Voirie départementale et communale.

A. Groupe I. projets approuvés. Fiches de prévision avec Rapports transmis au Ministère de l'Intérieur et au Commissariat Général à l'Equipement National le 14 août 1941.

Construction d'un pont en béton armé à Setques. 140.000 Fr

Établissement de fossés le long des chemins départementaux. 3.710.000 Fr

Remise en état des bas-côtés et des fossés des chemins départementaux. 4.500.000 francs.

Réparation des chemins départementaux dégradés par le trafic automobile des armées. 10.000.000 Fr

Aménagement des chemins départementaux 204-254 et 202 et établissement de caniveaux sur les chemins départementaux 52 et 236. 730.000 Fr

Construction d'une chaussée en tarmacadam sur le chemin vicinal ordinaire n° 4 à Noyelles-Godault. 63.000 Fr

Convertissement en tarmacadam de la Chaussée pavée du C.V.0. n° 4 dit de la Tournée à Oignies. 800.000 Fr

Total : 13.943,000 Fr

B. Projets non approuvés. Ces travaux doivent, en principe, n'intéresser que la voirie (chemin départementaux, vicinaux, voies urbaines ou rurales). Le Service vicinal et les Communes de plus de 2000 habitants ont reçu en temps opportun les directives et les imprimés nécessaires à l'établissement des fiches de prévision. Dès maintenant la Préfecture est en possession des fiches correspondant aux projets suivants :

Nœux-les-Mines. Établissement d'une rue nouvelle et d'un pont sur la Loisne. Rectification du cours de la Loisne. 492.000 francs.

Sains-en-Gohelle. Établissement d'une rue nouvelle. 102.000 Fr

Desvres. Construction de chaussées avec bordures et caniveaux à Desvres : 400.000 Fr. Aménagement de la place du Courgain : 130.000 Fr.

Auchel. Assainissement de la rue Séraphin Cordier, de la rue Roger Salengro (CVO 10) et du Chemin départemental 183 F. 677.400 Fr

Isbergues. Établissement d'une place publique Aménagement de la rue Danton : 700.000 Fr. Travaux de voirie : 600 000 Fr.

Total : 3.101.400 francs.

Industrie

a) Arrondissement d'Arras, Montreuil et Béthune

1) Industries détruites ou gravement endommagées. Sans modification.

2) Industries dont l'équipement est intact et pour lesquelles la main-d'œuvre fait défaut. Sans changement.

3) Industries n'ayant pas encore repris leur activité. Aucun changement notable autre que celui provoqué par les bombardements aériens signalés dans mon précédent rapport. Les difficultés d'approvisionnement en combustible freinent de plus en plus l'essor industriel ; les papeteries marchent toujours au ralenti, un établissement : la Papeterie De Ruyscher à Maresquel, ayant épuisé son stock de charbon s'est vu dans l'obligation de licencié son personnel, une centaine environ, à la date du 25 courant.

Dans le courant du mois d'août il a été effectué 2.114 placements masculins et 591 placements féminins. Ces chiffres s'inscrivent en augmentation par rapport au mois précédent ; cette variation est due principalement à l'arrêt momentané de certains établissements industriels de la région, touchés par les bombardements de juillet dernier. Le nombre d'offres d'emploi non satisfaites qui était d'environ 900 en fin juillet, est remonté à 1.185 à la date du 23 août. Ces offres émanent en général des diverses sucreries de la région qui se préoccupent actuellement de la main-d'œuvre qui leur sera nécessaire pour la campagne prochaine

b) Zone côtière

1) Établissements détruits qui ne pourront reprendre leur activité sans travaux importants. Aucun changement

2) Établissements pour lesquels l'équipement est intact et pour lesquels la main-d'œuvre fait défaut. Aucun changement

3) Établissements qui n'ont pas repris leur activité bien que disposant sur place de l'équipement et de la main- d'œuvre. Aucun changement

4) Établissements ayant repris leur activité. Les Établissements Simon May, ayant leur usine occupée par les troupes d'occupation ont repris une partie de leur activité dans un local de la rue du Vauxhall. Ils occupent actuellement 26 personnes.

Marché du Travail du 25 juillet au 25 août

Pêche. 17 hommes sont inscrits contre 18 le mois dernier. La situation de la pêche est inchangée. Elle n'est autorisée qu'en vue des côtes, et de jour seulement.

Agriculture. 5 hommes sont inscrits contre 12. Il s'agit d'ouvriers actuellement en cours de placement. Sur les 11 femmes du mois précédent 2 seulement restent inscrites. En fait il n'existe plus aucun travailleur valide disponible dans l'agriculture.

Industrie extractive. Il reste 2 hommes d'inscrits, sur 4 au 25 juillet.

Industrie de l'alimentation. 21 hommes contre 20, et 108 femmes contre 113 précédemment. La situation est stationnaire. Cette industrie continue de souffrir du manque de matières premières, spécialement de farines et de graisses pour la fabrication des biscuits.

Industries chimiques. Aucun homme inscrit Toujours 4 femmes. En réalité les ouvriers de cette industrie sont occupés pour les chantiers allemands comme manœuvres.

Industrie du papier. Plus aucun homme. 22 femmes sont inscrites, soit une de plus que le mois dernier. Cette industrie souffre du manque de matières premières, et de plus la seule usine de Calais est toujours arrêtée.

Industrie du livre. Sont inscrits : 3 hommes contre 4 et toujours 2 femmes. Aucun changement.

Industrie Textile. 118 hommes contre 128 et 889 femmes contre 892 à fin juillet. Si l'industrie des tulles et dentelles travaille toujours au ralenti, par contre les Usines des Filés de Calais ont actuellement un bon rendement.

Industrie du Vêtement. Toujours 3 hommes et 174 femmes, soit une femme de moins.

Cuirs et Peaux. 2 hommes de moins que le mois dernier, 3 contre 5, et 2 femmes de plus, soit 10 au lieu de 8.

Industrie du Bois. 14 hommes alors que le mois dernier il y en avait 29 et 7 femmes contre 6. Il s'agit là de manœuvres, car la main-d'œuvre spécialisée fait défaut complètement.

Métallurgie. Sont inscrits à ce jour : 73 hommes contre 62, et toujours 65 femmes.

Terrassement-Bâtiment. 40 hommes contre 37 inscrits le mois précédent. Dans cette catégorie également seuls restent les manœuvres, les ouvriers spécialisés étant toujours très recherchés.

Pierres et Terres au feu. 3 hommes contre 1 23 femmes sont inscrites au lieu de 8. Ce supplément provient de licenciements de chantiers allemands.

Manutention. 455 hommes sont inscrits, soit 85 de moins que le mois dernier, et 817 femmes, soit 120 de moins. Les hommes inscrits dans ce groupe sont en général des manœuvres ; restent demandeurs d'emploi les personnes âgées ou inaptes aux travaux de force.

Transports. 45 hommes contre 43 - st 4 femmes contre 3.

Commerces divers. Sont inscrits : 67 hommes contre 66, et 249 femmes contre 260. Situation sans changement.

Professions libérales. 2 hommes de plus, soit 7 contre 5, et deux femmes de moins, soit 10 au lieu de 12.

Soins personnels. Un homme au lieu de 2, et toujours 15 femmes. Aucun changement. Services domestiques. 1 homme au lieu de 2 - 536 femmes contre 521. Il s'agit de femmes de ménage, et non de gens de maison.

Divers. Sont toujours inscrits 8 hommes et 3 femmes. Situation inchangée.

En résumé, il manque toujours des ouvriers spécialisés principalement dans les industries du bois, bâtiment, des métaux.

c) Arrondissement de Saint-Omer

La marche des établissements industriels est toujours très incertaine. Les fabriques de papier et carton sont toujours gênées par le manque de charbon. Les cartonneries de Wardrecques et de Quiestède sont arrêtées. Les papeteries Verschaeve, à Setques le sont aussi. Les papeteries d'Ouve-Wirquin ne travaillent plus que 32 heures par semaine. Les autres papeteries travaillent avec un personnel réduit.

La filature de jute d'Arques n'emploie que quelques ouvriers, une cinquantaine, au lieu de 450 en marche normale, La filature de jute des Établissements Vandesmet, à Saint-Omer, est toujours occupée par l'armée allemande et ne peut envisager une reprise prochaine.

Les fabriques de lingerie de Saint-Omer occupent d'une manière normale le personnel qu'elles ont encore ; mais beaucoup d'ouvrières ont cherché du travail pour le compte des autorités allemandes.

Les Tuileries de Wardrecques et de Campagne-lès- Wardrecques, la Céramique d'Aire-sur-la-Lys, les deux verreries d'Arques marchent d'une manière assez satisfaisante bien qu'avec des effectifs réduits.

Dans l'ensemble, le nombre des ouvriers occupés par les établissements industriels et commerciaux qui normalement ont plus de 5 personnes, était de 3.764 au début du mois. Le mois précédent, ce nombre atteignait 3.809 personnes. Cependant, ainsi que je le répète chaque mois, la marche difficile des établissements ne provoque en rien un accroissement du chômage. Mieux, la main-d'œuvre reste toujours très déficitaire dans la région de Saint-Omer, par suite des besoins considérables de l'armée occupante. Il avait été envisagé d'assurer le curage des watergangs de Saint-Omer, mais le travail s'avère très difficile en raison du manque d'ouvriers. La sucrerie Cotillon Belin et Co, de Saint-Martin-au-Laërt craint quelques difficultés pour le recrutement de son personnel saisonnier. Ainsi que je l'ai déjà écrit, il n'est plus un seul ouvrier valide en chômage.

Par ailleurs, il faut mentionner la suppression du bureau de placement de Fauquembergues à partir du 1er septembre prochain et le rattachement des communes du canton aux bureaux de Lumbres et d'Aire-sur-la-Lys.

d) Mines

Les expéditions de tous combustibles au départ des Mines du Nord et du Pas-de-Calais, sont reprises au tableau ci- dessous :

Expéditions de tous combustibles au départ des Mines du Nord et du Pas-de-Calais

Sur ces tonnages il a été expédié aux industries et aux foyers domestiques du Nord et du Pas-de-Calais les quantités ci-après :

Expéditions de tous combustibles aux industries et aux foyers domestiques du Nord et du Pas-de-Calais


Les ventes au carreau à destination de la clientèle Nord et Pas-de-Calais non comprises dans le tableau ci-dessus se sont montées pour le mois de juillet à 8.643 tonnes. Ces ventes ne comprennent pas les tonnages enlevés par route pour l'exportation, ni pour l'armée allemande ni pour les ayants- droit des mines. De même les tonnages enlevés pour les autres groupements que ceux du Nord et du Pas-de-Calais n'y figurent pas.

Industrie. La production nette journalière a varié comme suit pour l'ensemble du bassin du Nord et du Pas-de-Calais. Elle est actuellement stationnaire, sans tendance à l'augmentation :

Production nette journalière pour l'ensemble du bassin du Nord et du Pas-de-Calais

L'extraction nette s'est élevée à 2.252.113 en juillet 1941 contre 1.778.545 en juin par conséquent en hausse très appréciable. La situation à fin juillet comparée à celle de fin juin des stocks à terre est la suivante (non compris le stock de sécurité des cokeries).

Stocks de combustibles à terre

Le personnel atteint le 31 juillet 1931 les chiffres suivants : Fond : 101.964 ; Dépendances légales : 43.084.

Agriculture

Le temps pluvieux du mois d'août avec des averses orageuses abondantes et fréquentes et des journées entières de pluie fine a retardé considérablement et contrarié les travaux de moisson. Une fraction importante des céréales étant versée, on n'a pu couper que sur une face. Dans les régions où les pluies ont été abondantes, une partie du blé et de l'avoine germe en moyettes.

Le vent a souvent soufflé avec violence contribuant à ressuyer le sol et les récoltes, mais provoquant surtout dans la région côtière, l'égrenage partiel des céréales sur pied, que le mauvais temps empêcha de couper en temps opportun. L'humidité a été défavorable à la pomme de terre en favorisant le mildiou qui s'est rapidement développé à la fin du mois. Elle a été par contre utile à la betterave et aux prairies.

Production végétale

Céréales

Blé. Pas de maladie, sauf la [carie] dans les exploitations où le traitement laisse à désirer. Presque tous les blés ont pu être liés à la ficelle. Les moyettes non couvertes ont beaucoup souffert des pluies. La germination y est parfois importante. La rentrée est assez avancée dans l'Artois et le Bas-Pays de Béthune. Ailleurs, on est très en retard puisqu'on commence seulement à rentrer à la fin du mois. A la faveur des jours de pluie, les premiers battages ont eu lieu accusant un poids spécifique faible : 71 à 72 Kilos. En raison de la fauchaison souvent tardive et des pertes par égrenage, le rendement moyen prévu en juillet devra être abaissé.

Avoine. Beaucoup de champs d'avoine ont dû être liés à la main, faute de ficelle, ce qui a accentué le retard dû aux intempéries. La verse a été assez généralisée de sorte que fin août, il reste encore des avoines à faucher, notamment dans le Haut-Boulonnais. Les intempéries auront une répercussion défavorable sur le rendement. Les Autorités allemandes ont imposé au département un contingent important de 600.000 quintaux.

Orge. Le mauvais temps a été nuisible à l'orge dont très peu de [lets] conviendront à la Malterie.

Seigle. Rendements médiocres

Plantes sarclées. Betterave sucrière. Dans l'ensemble, la récolte présente un développement foliacé très important et sain et des racines dont le poids moyen est normal ou parfois supérieur à la normale.

Chicorée. Très belle végétation.

'Pommes de terre. La qualité dos plants ayant souvent laissé à désirer, même pour ceux qui ont été importés de Hollande, l'aspect des cultures est dans l'ensemble quelconque. En prévision de la fourniture de plants pour la prochaine campagne, les meilleures cultures ont été visitées. Parmi elles, il ne sera possible d'en retenir qu'un tout petit nombre. Le mildiou est apparu tardivement vers la fin du mois. Il n'affectera donc pas beaucoup les rendements.

Légumes secs. Pois. Les intempéries ont rendu difficile le séchage sur le champ. La récolte est bonne.

Haricot. La floraison qui semblait se faite dans de bonnes conditions, à la fin de juillet, a été effectivement contrariée par les pluies. Dans certaines communes du Bas Pays, la fructification est nettement défectueuse.

Plantes industrielles. Lin. Beaucoup de lins ont souffert de la brulure du soleil survenue pendant les fortes chaleurs de juillet. Le rendement s'en est donc trouvé diminué.

Plantes fourragères. Les jeunes luzernes et les jeunes trèfles de l'année ont bel aspect. Les secondes coupes sont moyennes poux la luzerne et insignifiantes pour le trèfle qui n'a pas bénéficié à temps de l'humidité.

Production animale

État Sanitaire. Bon.

Statistique du bétail. Un nouveau recensement du bétail des exploitations agricoles a été fait au 1er juillet 1941. Les résultats comparés à ceux du recensement précédent effectué au 1er avril donnent les renseignements suivants :

Espèce chevaline. L'effectif total, atteignant 62.444 têtes, a très peu varié. Les animaux de trois ans, avec l'effectif de 47.942 sont en augmentation de 1.410 têtes sur les chiffres d'avril. Par rapport à 1938, cette dernière catégorie est en diminution de 15.133 têtes, soit de 24%.

Espèce bovine. L'effectif total de 283.372 accuse une augmentation de 4.281 têtes par rapport au 1er avril 1941, soit 1,5%. Cette augmentation porte sur les taureaux : 5.333 contre 4.192 soit 1.141 ; sur les bœufs : 1931 contre 1273, soit 658 et sur les vaches : 135.647 contre 130.027 soit 5.620. Il y a par contre une diminution sur le jeune bétail 140.461 contre 148.599 soit 3.138.

Ovins. Les ovins dont les effectifs atteignent 40.270 têtes sont en augmentation de près de 5.000 têtes. L'accroissement porte sur les agneaux et les agnelles.

Porcins. Les porcins représentent 156.762 têtes, soit une diminution de 2.700 têtes et moins de 2%. La diminution atteint les truies : 36.345 contre 38756 soit 2.231 et les porcelets de moins de 2 mois : 57.854 contre 73.668 soit 15.814. Il y a par contre augmentation des porcs de plus de 6 mois : 7.935 contre 2.274 soit 5.661 et des porcs de 2 à 6 mois : 52,398 contre 42.858 soit 9.550. La diminution du nombre des porcelets est normale.

Production laitière. Grâce à l'humidité qui a favorisé la pousse des herbages, la production laitière a été sensiblement égale à celle du mois de juillet, qui avait diminué pendant la deuxième quinzaine à la suite de la sécheresse.

Production de la viande. Le ravitaillement rencontre d'assez grandes difficultés pour se procurer les contingents nécessaires. Dans beaucoup de cas, on doit abattre des animaux d'élevage de poids peu élevé, ainsi que des vaches laitières dont la carrière n'est pas terminée. La production du porc gras qui devrait contribuer à alléger les prélèvements sur les bovins est malheureusement très diminuée, par suite du manque de grains et d'autres aliments appropriés.

Ressources. Conformément à la loi du 12 juillet 1941, portant création d'un Comité National Interprofessionnel des Viandes et à la circulaire ministérielle du 9 juillet 1941 sur les évaluations des ressources, la Commission départementale d'évaluation des ressources a été constituée. Elle a mis à l'étude les ressources de chaque canton et examiné les mesures à prendre pour que les veaux et les porcs n'échappent pas au Ravitaillement général. Parmi celles-ci, elle a retenu la déclaration des naissances.

C. Approvisionnement en produits indispensables à l'agriculture.

Aliments du bétail. La pénurie est très grande.

Ferrure. Des plaintes de plus en plus nombreuses provenant de toutes les régions sont exprimées au sujet du manque de clous à ferrer. Le dernier contingent réparti en juillet, représentait à peine le douzième des besoins. Il a été rapidement réparti. Actuellement tous les agriculteurs réclament des clous à ferrer.

Carburants. Les contingents de carburants accordés en août ont permis de faire fonctionner tous les tracteurs pour la moisson. Les agriculteurs ont obtenu la presque totalité des besoins exprimés. Une certaine partie a pu être affectée aux premiers battages. Les cultivateurs signalent à juste titre que les pourcentages d'huile moteur qui leur sont délivrés, sont insuffisants à cause notamment du fait que beaucoup de moteurs sont usagés ct consomment davantage.

Lubrifiants. Les cultivateurs en général déclarent que l'huile agricole qui leur est délivrée ne présente pas les qualités nécessaires. Ils se plaignent d'autre part du fait que les quantités de graisse mises à leur disposition sont insuffisantes. Ils n'ont rien eu en juillet et le contingent d'août n'a pu encore être réparti.

D. Main d'œuvre.

La situation critique n'est pas améliorée. Le nombre d'agriculteurs ou d'ouvriers agricoles prisonniers de guerre rentrés en congé de captivité est peu important. Les agriculteurs se plaignent du fait que certains de leurs ouvriers sont embauchés dans des usines ou dans les chantiers allemands, où ils reçoivent des salaires plus élevés et une ration supplémentaire. Les démarches faites par les Inspecteurs du Travail auprès des Autorités Allemandes pour obtenir le remplacement des ouvriers agricoles employés dans les chantiers par des travailleurs appartenant à d'autres professions n'ont pas donné de grands résultats, par suite du manque de ces autres travailleurs. Dès maintenant, les agriculteurs des grands centres betteraviers, du Calaisis notamment, recherchent les ouvriers dont ils auront besoin poux les arrachages de betteraves.

Service civique rural. En application de la loi du 10 mars 1941, le Service civique rural a été organisé dans le département. La Mission de Restauration Paysanne a envoyé un agent qui a continué le travail commencé dès le début du mois. Au total, un millier de jeunes gens ont été affectés en août chez les cultivateurs. Le Service civique devant se prolonger en septembre pour une autre série, un rapport d'ensemble sera fait sur la question à la fin de septembre.

E. Marchés

Chevaux de trait. Les chevaux de 4 ans et plus sont toujours à des prix très élevés de 50 à 60.000 francs.

Vaches laitières. Leur prix, qui atteint 12.000 francs, dépasse de beaucoup leur valeur pour boucherie.

Porcins. Les prix des porcelets sont en fin de mois de nouveau en hausse la demande étant active.

Beurre. Taxe : 35 francs à la production.

F. Prisonniers de guerre

En application des instructions officielles, le recensement des prisonniers de guerre chefs d'exploitation agricoles, ouvriers agricoles, artisans ruraux, Directeurs de Coopérative ou de Syndicat, a été fait dans toutes les communes. La vérification des fiches envoyées pour chacun est en cours. Les situations les plus intéressantes ont été cependant signalées au service des Prisonniers (Ministère de l'Agriculture), pour une libération aussi prompte que possible.

G. État d'esprit des milieux agricoles

Les cultivateurs travaillent actuellement dans des conditions extrêmement difficiles. Ils demandent que toutes dispositions soient prises en temps opportun par les Services responsables pour leur assurer les matières premières dont ils ont absolument besoin : engrais, clous à ferrer, machines agricoles, etc. Ils s'adaptent progressivement à la règlementation en vigueur, cependant ils se plaignent des prix du bétail. Certains, sollicités activement, écoulent partie de leur production au marché noir.

Le cultivateur fait remarques à juste titre que les ouvriers des chantiers sont classés dans la catégorie des « travailleurs lourds » et reçoivent à ce titre des rations supplémentaires, alors que l'ouvrier agricole, dont la dépense de force physique est la même, n'a pas droit aux mêmes suppléments.

Questions financières

Recouvrements sur impôts directe. Les rôles émis sur l'exercice courant 1941 s'élevaient au 31 juillet 1931, à un total de 155.496,519 francs, sur lesquels il avait été recouvré : 39.905.485 francs, d'où un pourcentage de 25,66.

A titre de l'exercice 1940, les renseignements de même ordre sont les suivants : Rôles émis : 388.809.974 francs ; Recouvrements : 280.638.899 francs ; Pourcentage : 72.17.

Sur les exercices 1939 et antérieurs, il a été recouvré durant le mois de juillet 2.649.56 2 francs ; les restes à recouvrer se trouvant ainsi ramenés à 30.785.734 francs.

Enfin, les recouvrements « à la source » (Contribution Nationale extraordinaire et impôts cédulaires), se sont élevés durant le mois à 11.244.843 francs, soit un total de 89.449.843 francs pour la période du 1er janvier au 31 juillet 1941.

Ci-après, par ailleurs, un tableau comparatif des recettes diverses juillet 1938 - juillet 1941.

Émissions du Trésor. Les souscriptions aux Bons à court terme, recueillies au centralisées aux guichets des comptables du Trésor et des Postes durant le mois de juillet 1941, accusent une nette plus-value sur les émissions du mois précédent. Au cours du dernier mois, elles se sont élevées à :

Bons à 6 mois = 5.660.500 francs

Bons à 1 an = 15.284,500 francs

Bons à 2 ans = 20.200.500 francs

Bons à 3 ans = 1.351.500 francs

Total : 42.497.000 francs

Elles n'avaient atteint, en juin 1941, que 35.236.000 francs.

Caisses Ordinaires d'Épargne. Relèvement également sensible en ce qui concerne les excédents de dépôts dans les Caisses ordinaires d'Épargne du département. En juillet 1941, excédent de 2.941.201,10 francs, il n'avait été, en juin que de 2.101.689,50 francs. A titre d'information, l'excédent du même ordre pour le mois de juillet 1939, s'est élevé à 2.683.668 francs.

Situation comparative des recouvrements centralisés à la Trésorerie générale au cours des mois de juillet 1938 et juillet 1941 :

Situation comparative des recouvrements centralisés à la Trésorerie générale au cours des mois de juillet 1938 et juillet 1941
Situation comparative des recouvrements centralisés à la Trésorerie générale au cours des mois de juillet 1938 et juillet 1941

Enregistrement. Domaines. Timbres

État comparatif des recouvrements effectués dans le département du Pas-de-Calais au cours des mois de janvier à juillet 1941 et ceux afférents à la même période de l'année 1940.

État comparatif des recouvrements effectués dans le département du Pas-de-Calais au cours des mois de janvier à juillet 1941 et ceux afférents à la même période de l'année 1940

Contributions directes

La tournée générale des mutations est déjà très avancée et les travaux préparatoires de la révision des propriétés bâties suit son cours. Ces travaux s'exécutent dans des conditions extrêmement difficiles en raison de la réduction très sensible des quantités de carburant attribuées aux agents de l'Administration. Or, au cours des mois à venir, des tournées dans toutes les communes du département doivent encore être assurées ; dans ces conditions, je vous serais obligé de vouloir bien envisager pour mon Administration une dotation d'essence nettement plus importante que par le passé.

Par ailleurs, les rôles généraux des anciennes contributions directes de 1941 des communes rurales des Arrondissements d'Arras, Montreuil et Saint-Omer seront entre les mains des Percepteurs pour la fin de ce mois. La confection du surplus de ces documents se poursuit normalement.

Questions sociales

Inspection du Travail, Main d'Œuvre, Chômage, Grands Travaux

Chômage. Hommes secourus : 0 ; hommes non secourus : 969. Femmes secourues : 403 ; femmes non secourues : 2.929 Total : 3.332

Il n'existe plus de chômeur homme secouru et le nombre de chômeurs femmes secourues est tombé à 403 au lieu de 411 en fin juillet. Le chômage masculin a donc disparu totalement, le chômage féminin continue à être en régression légère, par rapport au mois précédent. Il n'existe plus de fonds de chômage en activité dans les arrondissements d'Arras, Béthune et Montreuil. Par contre, ainsi que je vous l'ai signalé dans mon précédent rapport, le licenciement du personnel des sana de Berck environ 600 personnes, apportera forcément des changements notables très prochainement. Il est en effet évident qu'il ne sera pas possible, tout au moins au début, de fourni du travail à ces 600 personnes dont beaucoup même parmi le personnel masculin ne sont pas aptes à dos travaux de force. Toutes instructions ont été données pour procurer du travail par priorité aux personnes chargées de famille.

Salaires. La parution du décret du 22 juillet 1941 concernant le classement des communes assimilées à celles comptant plus de 20.000 ou 5.000 habitants pour l'attribution d'une allocation supplémentaire, n'a motivé, jusqu'à présent, aucune réaction sérieuse et n'a fait l'objet, à ce jour, d'aucune réclamation pouvant être prise en considération.

Accidents du travail. Les renseignements seront donnés pour le 3e trimestre 1941 dans le rapport d'octobre.

Assistance et Prévoyance Sociales - Hygiène

Santé publique

Dispensaires antituberculeux. Fonctionnement normal des dispensaires actuellement ouverts. Le Dispensaire de Montreuil va recevoir une Assistante sociale, qui reprendra le service social à domicile. En accord avec Monsieur le Sous-Préfet de Montreuil ; le dispensaire sera réinstallé dès qu'un local se trouvera libre dans la Ville. La liste des tuberculeux est partiellement établie. Un complément d'information provenant des demandes de suralimentation permettra d'établir un fichier social complet des tuberculeux du département.

Dispensaires antivénériens. Rien à signaler de particulier au sujet de leur fonctionnement. Mais le service social est insuffisant. Il serait utile d'avoir dans les centres les plus importants des Assistantes Sociales spécialisées pour ce service.

Service hospitalier. Les projets de Maison Maternelle Départementale et d'Hôpital Chirurgical de Campagne-lès-Hesdin n'ont pas encore pu être réalisés, des difficultés matérielles ayant retardé le service des constructions provisoires. L'évacuation des Hôpitaux et Sanatorium de Berck se poursuit. Plusieurs trains sanitaires ont déjà quitté la gare de Rang-du-Fliers.

Œuvres maternelles et Infantiles. L'organisation de garderies de vacances, destinées à remplacer cette année les colonies de vacances, s'est poursuivie activement avec la collaboration de l'Inspection Académique du Secours National, des Caisses d'Assurances Sociales et des Caisses de Secours des Ouvriers Mineurs.

Un Comité de Gestion a été nommé par mon arrêté du 30 juillet, ce Comité a enregistré, à ce jour de nombreuses déclarations d'ouverture de garderies groupant 63.000 enfants d'âge scolaire. Ces enfants sont gardés de 9H30 à 17H30. Ils reçoivent presque partout un repas complet à midi et un goûter à 16 heures. Des Assistantes Sociales se préoccupent activement de l'Enfance dans les régions bombardées de la côte. Quelques centaines d'enfants ont déjà été dirigés, soit sur les colonies de vacances du Doubs organisées par la Croix-Rouge, soit sur les préventoriums ou Centres d'Accueil organisés pour eux dans l'arrondissement d'Arras. Un convoi de 150 enfants venant de Boulogne-sur-Mer et Calais arrivera prochainement à Arras et sera logé dans les locaux de l'École Normale de jeunes filles.

L'Inspecteur adjoint chargé plus spécialement de l'organisation des Gouttes de lait n'a pu faire d'enquête, étant surchargé par le contrôle des certificats médicaux établis en vue de l'octroi de régimes spéciaux aux malades. L'arrivée d'un troisième adjoint va lui permettre de reprendre son activité sociale.

État sanitaire. Les déclarations de maladies contagieuses ont permis de relever jusqu'à ce jour :

Fièvre typhoïde : 1 cas.

Diphtérie : 36 cas.

Scarlatine : 14 cas.

Méningite cérébro-spinale : 2 cas.

Tuberculose : 21 cas.

Rougeole : 93 cas.

Oreillons : 1, épidémie : 4 cas.

Coqueluche : 29 cas.

L'état sanitaire du département est donc satisfaisant.

Réfugiés et sinistrés

Au 1er septembre 1941, le nombre des réfugiés et sinistrés secourus, en augmentation de 1.000 environ sur le mois précédent, s'établit comme suit :

Réfugiés : 4.222 : Sinistrés : 4.889. Total = 9.111.

L'augmentation constatée doit s'expliquer par le fait des bombardements répétés de la région côtière. Les centres d'accueil que j'organise pour recevoir les enfants de la côte sans famille, ou ceux dont les parents veulent bien se séparer, ont commencé à fonctionner. Déjà plus de 250 enfants, y compris ceux qui se trouvaient dans les établissements de cure de Berck évacués, y ont été reçus, partie à Sainte-Catherine, près d'Arras et partie à Bapaume. Un troisième centre pourra accueillir cette semaine, à Arras, une centaine d'enfants. Mes efforts dans ce sens se poursuivent, dans le but de soustraire le plus grand nombre possible de ces jeunes vies aux bombardements. Dans mon précédent rapport, je vous avais fait connaître les mesures prises pour l'évacuation des malades de Berck ordonnée par les autorités d'occupation. Cette opération s'est terminée sans incident notable. Plus de 1.800 malades, 800 à 900 employés des établissements de cure ont quitté Berck. Trois de ces hôpitaux se sont reconstitués, deux à Versailles, dans les bâtiments de l'hôpital Dominique Larrey, le troisième à Fontenay-sous-Bois. À ce sujet, le Directeur des Réfugiés au Ministère de l'Intérieur m'a fait savoir, sur ma demande, que les divers frais occasionnés par cette évacuation feraient l'objet de l'ouverture d'un crédit spécial au Secrétariat d'État à la Famille et à la santé. Il y aurait intérêt à ce que ces dépenses : frais de transport, de personnel, etc. pussent être rapidement réglées.

Secours aux populations civiles Garderies de vacances pour les enfants. Parmi les activités déployées pour secourir les populations, la réalisation des garderies de vacances mérite d'être tout spécialement signalée. Antérieurement aux évènements actuels, de nombreuses colonies de vacances fonctionnaient dans le département. L'impossibilité de les organiser cette année m'avait amené à examiner dans quelles conditions on pouvait y suppléer ; la formule des garderies de vacances me parut répondre aux besoins du moment. Je pris donc l'initiative, dès la première quinzaine de juillet, d'une réunion à laquelle furent convoqués les représentants des groupements et services que la question pouvait intéresser : Secours National, Croix-Rouge, Caisses d'Assurances Sociales et d'allocations familiales, sociétés do Secours aux Ouvriers mineurs, les Inspecteurs d'Académie et de la Santé, l'Intendant Départemental du ravitaillement. La nécessité apparut à chacun de procurer aux enfants, durant les vacances, de l'air pur, des repas suffisants, tout en les soustrayant aux dangers de la rue.

Un comité fut constitué, qui se mit immédiatement au travail. Il élabora le programme d'action, sollicita et obtint les concours les plus divers, assigna à chacun son rôle, étudia dans le détail les deux questions vitales pour l'œuvre à entreprendre, le ravitaillement et le financement des garderies. Sur ce dernier point, les calculs du comité établirent aux environs de 10 francs le prix de revient de la journée d'enfant. Il fallait trouver les fonds nécessaires. Le Secours National y participait pour une somme de 6 francs. Au cours d'une réunion que je présidai personnellement et dont vous voudrez bien trouver ci-après, à titre documentaire, le procès-verbal, les sociétés de secours des ouvriers mineurs et les caisses d'Assurances Sociales décidèrent un versement de 3 francs pour chacun des enfants de leur tributaires fréquentant les garderies. Le Secours National acceptait d'assumer le service financier. Pour l'organisation matérielle, on fit appel aux municipalités, aux sociétés minières, aux œuvres privées, le Secours National faisant l'appoint. Enfin, une assurance collective garantissait les risques d'accident aux enfants et au personnel.

A peine mises en route, les garderies comptaient un effectif impressionnant qui comportait 54.700 enfants au 15 août pour atteindre 62.750 au 23 août. À cette dernière date, les quantités de denrées distribuées par bons se chiffraient comme suit, pour les principaux articles : pain, 25.500 Kilos ; pommes de terre, 104.000 Kilos ; confitures, 31.000 Kilos ; biscuits, 58.500 Kilos ; viande, 8.500 Kilos ; sucre, 19.000 Kilos, etc. Ces chiffres se passent de commentaires. Le succès couronnait les efforts de tous.

J'ai déjà visité un certain nombre de garderies. Quel spectacle réconfortant et quel enseignement. Les petits citadins respirent, ils jouent, ils courent, ils sont gais, leurs visages se colorent. Entre les promenades, les jeux, la culture physique, les chants, quelques courtes leçons de morale et de propreté. Des séances de dépistage et de pesée permettent de conseiller les parents sur l'état de santé de leurs enfants. Deux repas sont généralement servis aux enfants : le repas de midi, sain et copieux et un goûter. J'ai visité les cuisines où règne la propreté. J'ai vu les enfants à table, dévorant les plats qu'on leur servait, bien préparés et suffisants, se régalant au goûter de fruits ou de confitures. Mais j'ai surtout été frappé de l'union qui se réalisait autour de ces jeunes têtes.

Dans les centres où les installations matérielles le permettaient, enfants des écoles publiques et privées prennent en commun leurs ébats et leurs repas. Autour de leurs tables s'affairent maitres et maitresses, prêtres et religieuses, personnes d'opinions ou de conditions très diverses. Il semble que tous ces gens, qui, hier encore, pour la plupart, s'ignoraient, lorsqu'ils n'étaient pas ennemis, aient conclu un pacte de l'enfance, n'écoutant que leur conscience et leur cœur en présence de l'œuvre à accomplir.

Quel parti l'on pourrait tirer de cet heureux état d'esprit si l'effort entrepris pouvait se poursuivre après les vacances.

Ces remarquables résultats n'ont pu être obtenus qu'avec le Concours dévoué de tous, et il serait trop long d'énumérer toutes les personnes qui ont droit à notre reconnaissance. Mention toute spéciale doit être faite cependant des membres de l'enseignement qui ont généreusement fait le don de leurs vacances.

Il faut au surplus souligner l'effort considérable accompli par le Secours National. Sous l'impulsion de M. Perilhou, directeur Général des Mines de Béthune, Délégué Départemental du Secours National, qui a été l'âme de l'organisation, tous les représentants de cette œuvre méritent nos vifs remerciements. Les résultats obtenus nous encouragent à persévérer. Déjà nombre d'enfants ont vu leur poids augmenter de façon appréciable. De nombreux parents, reconnaissants des efforts accomplis expriment leur satisfaction.

Aussi bien, j'exprimerai le souhait que le Secrétariat d'État à la Famille et à la Santé, qui dispose de crédits destinés à subventionner les colonies de vacances et les œuvres de plein air, accorde au Secours National, dès que les garderies seront terminées, la subvention la plus large possible.

Comité départemental d'organisation des garderies de vacances

« Procès-Verbal de la Séance du 12 août 1941

Le 22 août 1941, à 16 heures, M. Amédée Bussière, Préfet du Pas-de-Calais, a réuni dans son Cabinet le Comité des garderies de vacances. Assistaient à la réunion :

M. Touzé, Secrétaire Général de la préfecture ; M. Grière, Inspecteur primaire, représentant M. l'Inspecteur d'Académie ; M. Crépin, représentant M. l'Intendant du ravitaillement : Mademoiselle le Dr. Guy et M. le Dr. Franchomme, Inspecteurs Adjoints de la Sante ; M. Charpaux, Chef de Section du Service régional des assurances sociales ; M. Lallart, Chef de Division à la Préfecture ; MM. Durant et Rouger, du Secours National ; Mme PARIS, représentant de la Croix Rouge ; M. Maes et Mailly, représentant l'Union des Caisses de Secours des ouvriers mineurs ; M. Joos, représentant l'Union Régionale et les Caisses d'Assurances sociales ; M. Sec, représentant les Caisses d'Allocations familiales.

En ouvrant la Séance, M. le Préfet tient à exprimer ses remerciements à tous les membres présents du concours qu'ils apportent à l'organisation des Garderies de vacances ; il se félicite en particulier de ce que les présidents des Caisses de Secours des Mines aient répondu à son appel, malgré les difficultés des communications, sous la conduite du vénéré Président de l'Union, M. Maes.

M. le Préfet résume rapidement l'entretien qu'il vient d'avoir avec les représentants des Caisses de Secours. Les quelques malentendus qui ont pu se produire, dit M. le Préfet n'étaient qu'apparents. J'ai expliqué à ces Messieurs dans quelles conditions j'avais pris l'initiative d'organiser ces garderies. L'impossibilité de prévoir cette année des colonies de vacances privait nos enfants des bienfaits qu'ils eussent pu en tirer. Il fallait faire quelque chose et très vite, car on était à 15 jours des vacances.

C'est ainsi qu'eut lieu la réunion préparatoire du 11 juillet au cours de laquelle les représentants des divers organismes intéressés reconnurent la nécessité du projet qui leur était présenté et admirent le principe de participer dans les dépenses qu'entrainerait sa réalisation.

Il restait aux Conseils d'administration, responsables d'une saine gestion, à fixer le quantum de cette participation.

Le Secours National décida de verser une somme fixe par enfant et par jour ; les Caisses d'Assurances adopteront pour leurs affiliés une solution analogue. Les Caisses de Secours des Mines votèrent des subventions pouvant éventuellement être renouvelées. Ces subventions s’avéraient insuffisants, étant donné le grand nombre d'enfants du pays minier appelés à bénéficier des garderies. Aussi au cours d'une réunion récente, les Conseils d'administration des Caisses de Secours, qui ont toujours été à la tête du progrès social et ont marqué, à maintes reprises, leur souci de défendre l'enfance ont-ils décidé, à la lumière des explications qui leur avaient été données, d'affecter une somme journalière de 2 francs à chacun des enfants de leurs cotisants qui fréquenteraient les garderies de vacances.

M. le Préfet se réjouit do cette heureuse décision, mais se demande si le versement de 2 francs permettra la réalisation du programme envisagé. À la demande de M. le Préfet, M. Rouger, représentant le Secours National, expose l'effort qu'est prête à accomplir cette Œuvre pour la réussite du projet. Toute l'installation matérielle est assurée par le Secours National ; ce qui entraine do gros débours. M. Rouger exprime d'ailleurs l'espoir de voir, après le 1er octobre, ce matériel utilisé par des cantines scolaires. Une participation journalière de 6 francs par enfant est accordée par l'œuvre, alors que le prix de revient s'établir aux environs de 10 francs, comprenant le repas de midi avec dessert, le goûter, les frais du personnel de service et de surveillance, enfin les frais de bureaux et divers. Le Secours National s'occupe de toutes les questions de ravitaillement pour lesquelles il est assuré du précieux concours de M. l'Intendant départemental.

M. Rouger cite quelques chiffres impressionnants qui montrent l'effort considérable à accomplir pour approvisionner les garderies surtout dans les difficultés du moment. Le représentant du Secours National estime que la somme de 8 francs par jour, soit 6 francs versée par cette Œuvre et 2 francs alloués par les Caisses de Secours des Mines, ne permettra pas d'assurer le fonctionnement des garderies tel qu'il avait été prévu. Il appelle l'attention sur les enfants dont les parents ne sont ni assurés sociaux, ni tributaires des Caisses de Secours. Il faudrait pour eux obtenir le concours des Municipalités.

M. Joos, représentant les organismes d'assurances sociales, rappelle que les Caisses d'Assurances sociales, depuis plusieurs années, employaient une partie des excédents de leurs bonis pour envoyer le plus grand nombre possible d'enfants en colonies de vacances, ce qui n'est pas possible actuellement.

C'est pourquoi, les Caisses se sont pleinement associées à l'initiative prise par M. le Préfet d'organiser des garderies. Du fait des circonstances, on constate chez l'enfance une recrudescence de maladies, dues en grande partie à la sous-alimentation. En dehors du but social poursuivi, il est de l'intérêt des Caisses d'assurances sociales, comme d'ailleurs des caisses de secours minières, de sauvegarder le capital santé de leurs adhérents. L'effort financier accompli à titre de prévention se traduira donc plus tard par des économies en médecine et en pharmacie.

A l'instar des décisions prises par les Caisses d'Assurances sociales du Nord, les Caisses du Pas-de-Calais avaient accepté de verser 4 francs par jour pour les enfants de leurs adhérents participant aux garderies ; mais il eut été souhaitable que les organismes similaires fissent le même effort. M. Mailly, de l'Union des Caisses de Secours, fait remarquer que ces caisses ne sont pas régies comme celles des assurances sociales et n'encaissent pas des cotisations aussi élevées.

M. Joos remet los choses au point. Un large échange de vues s'engage, auquel prennent part des représentants des divers organismes. M. le Préfet résume la discussion et insiste, s'agissant de l'enfance, pour que l'effort maximum soit fait par chacun. M. Maes, au nom des Caisses de Secours, déclare que celles-ci acceptent de participer pour 3 francs par jour et par enfant des tributaires de ces Caisses. M. le Préfet n'est nullement étonné de ce geste et exprime à tous les représentants des mineurs sa vive reconnaissance, ainsi que celle des enfants. M. Joos, au nom des Caisses d'assurances sociales, fait savoir que ces Caisses participeront également pour 3 francs par jour aux dépenses des garderies.

M. Rouger donne des explications sur la tenue de la comptabilité ; chaque garderie fera l'objet d'un compte spécial, ce qui permettra de connaître l'utilisation dos fonds. Il signale enfin que plusieurs garderies fonctionnent déjà. Les repas sont bons, abondants ; on apprécie combien ils étaient nécessaires, car les enfants ne laissent rien dans les assiettes. Rien qu'à voir les enfants manger, on trouve les remerciements aux efforts accomplis et tous les encouragements pour les poursuivre.

M. le Préfet invite tous les membres présents à visiter les garderies et leur y donne rendez-vous. Il remercie encore chaleureusement toutes les personnalités du concours qu'elles lui apportent dans l'intérêt de l'enfance et lève la séance.

Le Préfet. A. Bussière  »

Assurances sociales. Rien de particulier à signaler pour le fonctionnement général des Assurances Sociales. Les Caisses ont décidé de financer le séjour des enfants des assurés sociaux en colonies ou garderies de vacances en accord avec le Secours National et des œuvres diverses.

Anciens combattants

Retour des Prisonniers de Guerre libérés - Centre d'accueil. La libération des prisonniers de guerre et leur retour dans leur département d'origine, en zone interdite, ont posé dos problèmes qu'il convenait de résoudre dans le sens des directives du Gouvernement.

À - Coordination de l'action respective des différents groupements. J'avais réuni dans mon Cabinet, le 7 août dernier, les représentants des différents œuvres et groupements, s'occupant à un titre quelconque des prisonniers libérés. Je ne saurais mieux faire que de reproduire ci-dessous le compte-rendu de cette réunion paru dans la presse locale : « Pour nos prisonniers rentrant de captivité (JO du 13/08/1941). Parlant de ses combattants, le Maréchal Pétain, fils de l'Artois, a dit : Chacun doit savoir qu'il a en moi un père et un ami. Et il a ajouté, pensant aux prisonniers : mes enfants, chaque jour, je lutte pour leur sort.

Ces mêmes sentiments sont au cœur de tous les habitants do notre département. C'est ainsi que sous la présidence de M. le Préfet, jeudi dernier, à Arras, s'est réuni le premier Conseil de Famille dos prisonniers. Y assistaient le colonel-commandant Tyran, de Lille, substituant le colonel Bailly ; le capitaine Maire, commandant le centre départemental de démobilisation ; l'intendant Claeys avec le groupe des sous-officiers ses adjoints et M. Louis, adjoint au Maire de la Ville d'Arras, préposé au ravitaillement. Mme LAURENT, présidente, à Auchel, y représentait la Croix-Rouge française ; Mme Dubois, par empêchement de M. Georges Deletoille, délégué départemental, le Comité d'Assistance aux Prisonniers de Guerre. Quant au Secours National, branche de La Famille du Prisonnier il était représenté par M. le Docteur Baron, adjoint au Maire de Boulogne-sur-Mer ; Maitre Lamoril, avocat à Arras et M. Richard ingénieur des mines de Béthune ; ces deux derniers, combattants de 1939-1940, récemment libérés d'Allemagne. M. Ernest Petit, mutilé de la grande guerre, assistait également à cette réunion d'information et de coordination.

Après avoir salué les présents, M. le Préfet, avec la chaleur d'expression d'un ancien combattant volontaire, parle de nos frères prisonniers, énumère les œuvres et organismes qui se sont mis à leur service, soit en captivité, soit au retour, précise le rôle de chacun et donne lecture d'une lettre fortement documentée de M. Georges Deletoille.

Suit un remarquable exposé du colonel Tyran : Le Prisonnier rentre à la fois anxieux et curieux : vite rejoindre les siens et savoir si la France rénovée est à l'image qu'il s'en est faite au camp. Donc, il faut que l'accueil ne déçoive pas son attente et que les formalités, nécessairement longues, d'établissement de compte et de démobilisation ne soient pas injustifiées. Camarades, c'est un ancien qui vous parle. Pendant quelques heures, acceptez, librement encore, la discipline nécessaire. Nos prisonniers comprennent de langage, à condition que le Centre de mobilisation, tôt ouvert, fonctionne, de jour, sans arrêt. Eux-mêmes, n'ont-ils pas, en campagne comme au camp, en service, en souffrances, connu des journées de vingt-quatre heures. Les prisonniers comprennent, à condition que des numéros d'ordre réduisent la longueur des queues, qu'une liaison constante soit assurée entre le centre de démobilisation, organe administratif et le centre d'Accueil, dont la Croix-Rouge, maternellement, justifiera le titre. Appelée à y pourvoir, par l'adjonction d'une sorte d'antichambre avec petit bazar d'objets usuels, comptoir de boissons hygiéniques, tables aménagées pour la correspondance, la Croix-Rouge, se hâte d'ajouter Mme LAURENT, y répondra par un cordial S.V.P.

Puis le Colonel Tyran aborde la question hébergement. C'est plus de 200.000 prisonniers que le Nord et le Pas-de-Calais auront à accueillir. En juillet dernier 9.000 libérés sont passés par Lille, Dans l'avenir, il faudra faire face à des retours massifs souvent irréguliers, donc parer au coup d'accordéon.

Comme le commandant du Centre départemental de démobilisation, le capitaine assure que, chacun autour de lui, s'inspirera de ces directives et il indique ce qui, avec la parfaite compréhension des autorités d'occupation, a pu être organisé à Arras.

Faute du local unique espéré, un centre d'accueil, pouvant héberger 100 prisonniers, fonctionne rue Pasteur. Dès à présent, dans la Manutention militaire, rue de Lille, trois cents autres peuvent être reçus et de nouveaux aménagements sont prévus rue des Fours. M. Louis, adjoint au Maire, confirme que, pour les débuts, la ville d'Arras pourvoira au ravitaillement contre abandon de la prime d'alimentation et il préconise une discrète, mais ferme vigilance. M. Richard assure que les prisonniers rentrent pénétrés de reconnaissance pour leurs familles, surtout leurs épouses, admirables gardiennes du foyer, dont les colis, et les lettres ont fait, au physique et au moral, tant de bien. Encore sous l'émotion de l'accueil « très chic » que la capitale de la Lorraine réserve à tous les rapatriés, ils ressentent davantage l'insuffisance de la liaison avec la cité et le milieu professionnel. Pour ceux qui attendent encore le retour, ne pourrait-on remédier par un bulletin communal ou corporatif polycopié et que la plupart des camps toléreraient dans les colis envoyés par les familles ?

Proche de cette idée, Monsieur le Préfet avait déjà envisagé avec M. le Président Petit et M. Richard, celle du « Carnet du Prisonnier libéré ». Ainsi M. Petit soumet le projet aussitôt adopté, d'un opuscule illustré sur la couverture, œuvre de Mme Paris, la France s'avance les bras tendus pour accueillir ses enfants de retour de captivité ; au verso, un mémorandum personnel, puis sur les pages suivantes : un vibrant salut à ceux qui, après une lutte inégale, dans l'épreuve de la séparation, ont mieux senti l'attachement à la Patrie, à la Famille, au Travail et vont reprendre place au foyer national ; le rappel des droits des prisonniers, avec les moyens de les faire valoir et, aussitôt, cette phrase : « Mais, n'est-ce pas, dans vos cœurs, qui portent le deuil de la Patrie, à ces mots : Vos droits, l'écho répond : Vos devoirs. Au nombre de ces droits et devoirs, à la fois, l'un des premiers : le travail. Importante question pour les prisonniers libérés surtout dans les villes sinistrées, souligne M. Petit.

Le Docteur Baron et M. Lamoril, avocat, rappellent que l'œuvre de "La Famille du Prisonnier" sous l'égide du Secours National continue son concours pendant les trois mois qui suivent le retour. Bien placée pour prévoir les cas d'espèce, elle pourra souvent y pourvoir. Mais c'est surtout la "Commission du Retour des Prisonniers en voie d'organisation à Paris et ses secrétariats départementaux qui auront à s'attacher au grave problème d'embauchage et de rééducation des prisonniers libérés. Et, comment ceux-ci pourraient oublier que l'Office départemental des Combattants au Palais Saint-Vaast à Arras et, dans chacune de leurs communes, les Comités d'Assistance et les Associations de Combattants demeurent à leur service, sont prêts à les accueillir.

Alors prit fin ce premier "Conseil de Famille" des prisonniers et M. le Préfet exprima une pensée commune en souhaitant d'autres réunions semblables. »

B. Fonctionnement du Centre d'accueil des Prisonniers de Guerre. Ce Centre a été ouvert le 11 août dans les locaux mis à sa disposition par la Ville. Le personnel d'encadrement comprend actuellement 2 officiers, 17 sous-officiers et 30 employés de bureau ainsi que deux gendarmes chargés de la démobilisation. Un service d'accueil fonctionne à la gare ; le personnel chargé de ce service rassemble les rapatriés et les conduit au Centre d'accueil où ils entrent aussitôt en contact, avec les différents services de démobilisation. Les prisonniers arrivant au dernier train régulier du soir sont installés dans les chambres prévues pour eux au Centre d'accueil et démobilisés dès la première heure le lendemain.

Cadence de démobilisation. À la date du 27 Août 801 prisonniers rapatriés d'Allemagne ou isolés avaient été démobilisés, se décomposant comme suit :

1- 184 officiers qui furent pour la plupart démobilisés le jour même de leur arrivée ;

2- 617 sous-officiers et soldats dont un grand nombre venant des front-stalag étaient déjà rentrés dans leurs foyers et se présentèrent au Centre pour régulariser seulement leur situation.

La cadence de démobilisation qui était en moyenne de 48 par jour a atteint certains jours le chiffre de 80.

Service médical. Un service médical a été organisé au Centre sous la direction du Directeur départemental de la Santé en retraite. Tous les prisonniers passent une visite médicale, certains sont soumis à un examen radioscopique. Jusqu'à ce jour, un seul prisonnier, un officier, a dû être dirigé sur l'hôpital de Lille.

Alimentation. Elle est assurée par le ravitaillement municipal et la ville d'Arras a prêté à l'organisation son concours total. D'autre part, un foyer a été installé par la Croix- Rouge le 26 août dernier. Les prisonniers rapatriés sont satisfaits de l'accueil qui leur est réservé à leur arrivée au Centre ainsi que de la façon dont il est procédé aux différentes opérations concernant leur démobilisation et leur renvoi très rapide dans leurs foyers, Leur moral paraît excellent. Ils sont reconnaissants, au Maréchal Pétain de s'être penché avec tant d'affection sur leur sort.

Rapports avec les autorités occupantes

Les relations entretenues par mon Administration et mes Services avec les autorités allemandes sont toujours empreintes de la plus grande courtoisie. Le désir réciproque d'entente facilite sans nul doute le règlement de beaucoup de difficultés qui apparaissent journellement du fait de la situation spéciale de mon Département.

Réquisitions

En prévision de l'aménagement de nouveaux cantonnements d'hiver, les réquisitions qui les mois précédents avaient diminué en importance et en nombre, marquent pour le mois d'août une légère recrudescence et notamment dans toute la région côtière, notamment à Calais et Saint-Omer.

À noter, qu’en vue de l'aménagement de bases aériennes, l'ordre a été donnée par la Luftwaffe en ce qui concerne la Commune de Calonne-sur-la-Lys, de réquisitionner une dizaine de maisons et fermes de cette localité, lesquelles devront être détruites et rasées pour permettre la construction de nouvelles aires d'envol. Ces dernières ont posé immédiatement un problème d'hébergement des populations évacuées, que je me suis employé de régler avec le concours du Service des Constructions Provisoires.

Amendes de Guerre

8 août 1941. Fiennes. 794 habitants. Amende de 3.000 francs. Motifs : défaut d'enlèvement d'un placard politique tendancieux.

Arrestation ou Condamnation de Maires. Monsieur Lemaitre, Maire de Maresquel, qui avait été arrêté au début d'août et emmené comme otage, a été libéré quelques jours après sur intervention de Monsieur le Sous-Préfet de Montreuil auprès de la Kreiskommandantur de l'arrondissement.

2 août. Brunembert. Boucher Jean-Baptiste (cultivateur). Ses 3 fils ont été arrêtés il y a 2 mois à la suite de l'atterrissage d'un avion anglais.

7 août. Hydrequent. Renaux Henri (directeur de carrière). Motif inconnu.

7 août. Rety. Mierlot Camille (ouvrier de carrière). Motif inconnu.

7 août. Marquise. Routier Kléber. Motif inconnu.

7 août. Rinxent. Benard René (métallurgiste) et Drieux Joseph. Motif inconnu.

7 août. Brunembert. Desombre Arsène (ouvrier agricole), Leroy Fernand (cultivateur), Delbarre Paul (cultivateur), Lemaire louis (cultivateur), Pruvost Auguste (cultivateur), Bouly Georges (ouvrier agricole), Bodart Achille (cultivateur). Motif inconnu. Remplacement à la prison : MM. Lefebvre Ernest, Lard, Lemaire, Flahaut, Desombre et Saint-Maxent incarcérés précédemment.

13 août. Saint-Aubin. Mademoiselle Heleine Simone (19 ans). Inscriptions injurieuses pour les troupes d'occupation et le Gouvernement français.

13 août. Rinxent. Debon Eugène (marchand de cycles), Limousin Charles (carrier), Brouillard Sylva (carrier), Bulot Paul (cafetier), Lasalle Pierre (conducteur d'auto), Sulliger Louis (forgeron), Masson Désiré (électricien), Vantornout Gaston (soudeur autogène), Degand Pierre (électricien), Lorgnier Louis (instituteur), Anquez Eugène (employé de chemin de fer), Malle Marcel (ancien cantonnier), Villery Gilbert (dessinateur).

13 août. Elinghem-Ferques. Dewaelle Paul (cafetier).

24 août. Hocquinghen. Leroy Achille (cultivateur), Caron Edmond (cultivateur), Gallet Paul (ouvrier agricole).

24 août. Saint-Omer. Mme veuve Villon Demarle (commerçante). Discussion commerciale avec deux soldats allemands. Mademoiselle Debacker Lucile à la suite de l'évasion de l'officier aviateur anglais prisonnier à la clinique Stérin.

Étrangers

30 juillet. Boulogne-sur-Mer. Koeberlin Ferdinand. Détention et usage d'appareil de TSF.

4 août. Marquise. Hahda Bazilas, Kurylevirez Michel, Rak Jasek, Fedoryszin Maria, Had Catherine, Kuedziel Zola, Rymarczyk Anna, Rymarczyk Anastazia, Drozd Anastazia. Motif inconnu.

4 août. Wimille. Petryk Kartazyna. Motif inconnu.

11 août. Tardinghen. Lakulska Bronislawa. Cinkalo Marga. Kandziora Szesepan, Manditch Zasko, Rajak Wlada. Motif inconnu.

11 août. Rinxent. Goudyme Jean (sujet russe). Motif inconnu Hydrequent. Lutar Pozalye (sujet yougoslave). Motif inconnu Marquise. Lutar Térezja. Motif inconnu. Dannes. Mouette Henriette, Taylor Dorothée, Taylor Lucienne (sujets anglais).

Otages

5 août. Berck. Feuillet Joseph (menuisier), Dodet Edmond (plâtrier), Norel André (peintre), Nabor François (manœuvre), Becque Lucien (journalier). Pour actes de sabotage dans la commune.

Airon-Notre-Dame. Mille Jules (ouvrier agricole), Ducrocq Régis (directeur de battages), Humblot Paul (maraicher), Richard Alphonse (ouvrier agricole). Pour actes de sabotages.

Maresquel. Lemaitre Ambroise (retraité de la SNCF), Ringard Charles (ouvrier papetier), Lapierre Louis (instituteur). Pour actes de sabtage.

La Calotterie. Anquez Robert (garde champêtre), Caquelot Marcel (ouvrier agricole), Saison Lucien (chauffeur d'auto), Deketele Jean (ouvrier agricole), de Longeville Georges (sans profession). Pour actes de sabotage.

Saint-Aubin. Merel André (ouvrier agricole), Mouilliere Norbert (fils de cultivateur). Pour actes de sabotage dans la commune.

Saint-Josse. Durre François (garde-chasse), Carpentier Charles (cultivateur), Cosyn Guy (cultivateur). Pour actes de sabotage dans la commune.

7 août. Licques. Hede Louis (secrétaire de mairie), Hennin Alfred (peintre), Bourbiaux Camille (cultivateur). Dépôt de clous sur la chaussée.

Bouquehault. Demaret Victor (cultivateur), Demaret Rémy (ouvrier agricole), Dewignes André (ouvrier agricole). Pour motif inconnu.

20 août. Clairmarais. Pouliquen Édouard (garde-forestier auxiliaire, élève à l'école forestière des Barres dans la Loire, en vacances), Mégret Marcel (ouvrier de malterie), Bernard Maurice (ouvrier de sucrerie), Westel Gérard (cantonnier). Pour sabotages aux lignes téléphoniques allemandes les 8, 9 et 15 juillet. Ont été libérés le 22 août (Mégret, Bernard et Westel).

24 août. Saint-Pol-sur-Ternoise. Chatel (couvreur), Barlet (mineur), Brongniart (clerc de notaire). Pour sabotage de lignes téléphoniques.

Otages rentrés

2 août. Vimy. Mme Delaporte, Mesdemoiselles Dhé, Hallart, Delaporte.

Condamnations

12 août. Boulogne-sur-Mer. Tetelain Paul (sous-brigadier de police). 3 mois de prison pour démonstration politique.

Picque Jules (garde particulier). 3 mois de prison pour démonstration politique.

Masson Henri (coiffeur). 3 mois de prison pour démonstration publique.

Pecqueux Auguste (employé des pompes funèbres). 3 mois de prison pour démonstration publique.

Saint-Martin-Boulogne. Defachelle Aimé (agents d'assurances). 3 mois de prison pour démonstration publique.

Barnier Ernest (mécanicien). 3 mois de prison pour démonstration publique.

Moral

Comme je l'indiquais dans mon précédent rapport, les facteurs qui influent sur le moral de la population sont principalement ceux ci-après :

A) Proximité du front de guerre Des combats aériens se déroulent nombreux au-dessus du territoire du Département, particulièrement dans la zone côtière et l'arrondissement de Saint-Omer. Ils entretiennent ainsi dans l'état d'esprit des populations une mentalité de guerre qui s'est manifestée à différentes reprises, notamment à l'occasion de la chute d'appareils britanniques. Dans des cas assez nombreux la population des communes sur le territoire desquels se produit la chute a favorisé l'évasion des pilotes anglais blessés ou saufs en leur prêtant des vêtements ou en les soustrayant aux recherches de l'autorité allemande. Des sanctions ont, par suite, été prises par l'autorité occupante, dont les instructions ont, à plusieurs reprises, informé les populations des conséquences graves qu'entraînerait pour elles une action de ce genre. Des incidents de cette sorte se sont ainsi produits le 9 août à Sangatte et le 14 août à Audruicq et Saint-Folquin.

D'autre part, j'ai reçu du Sous-Préfet de Saint-Omer un rapport qui mérite d'être particulièrement signalé, au sujet d'un atterrissage forcé aux environs de Saint-Omer d'un lieutenant-colonel aviateur :

« J'ai l'honneur de vous rendre compte que dans la nuit du 18 au 19 courant, un fameux as Anglais amputé des deux jambes, lieutenant-colonel aviateur, s'est évadé de la clinique Stérin. Il a été repris dans l'après-midi du 19. Il avait été récemment contraint d'atterrir dans la campagne environnante et fait prisonnier. Traité avec les égards dus à son courage, il jouissait d'un régime de faveur. L'une de ses jambes de prothèse s'étant brisée lors de sa chute, il donna l'indicatif voulu et les autorités allemandes purent entrer en liaison par sans-fil, avec la Croix-Rouge britannique. Celle-ci envoya un avion-sanitaire vers la côte française où il fut escorté par deux avions allemands. Ils se dirigèrent en volant bas vers le terrain d'aviation de Clairmarais où l'avion anglais laissa tomber par parachute des appareils de prothèse. Le Maréchal de l'Air Britannique remercia le Commandant de Place de Saint-Omer de son geste d'humanité. À la suite de cet incident pittoresque, le champagne fut sabré et profitant de l'euphorie générale, l'officier anglais demanda des cartes et put ainsi repérer sa situation exacte. Il s'enfuit la nuit suivante.

Le lendemain, dans l'après-midi, la gendarmerie allemande arrêtait les époux Hiecque-Fournier, rentiers, Quai du Haut-Pont à Saint-Omer, chez qui ils avaient retrouvé le fugitif. Ces personnes sont âgées d'une soixantaine d'années. Simultanément à ces arrestations les autorités allemandes arrêtaient la nommée Lefebvre Hélène, fille de salle à la clinique Stérin, qui aurait favorisé l'évasion et ensuite, pressée de questions, aurait dévoilé toute l'affaire.

B) Bombardements

Le nombre des opérations de bombardement a été moindre que dans les mois précédents de juillet et de juin. Les tentatives de destruction systématique des installations industrielles vitales de l'Arrondissement de Béthune ont à peu près cessé pendant le mois d'août à noter seulement 3 opérations manquées, le 12 et le 21 août, contre la centrale électrique de Bruay, le 21 août contre la Centrale et l'usine chimique "Carbolux" de Gosnay. Au cours de ces 3 bombardements, trois personnes ont été légèrement blessées.

Malheureusement, les bombardements importants de Boulogne-sur-Mer qui avaient à peu près complètement cessé depuis plusieurs mois ont repris. Dans l'après-midi du 14 août, la ville a subi, en plein jour, le plus violent bombardement depuis le début de l'année 1941. Des appareils à très haute altitude ont lancé au cours de cette opération des bombes qui ont atteint le quartier principal de la ville, particulièrement peuplé, sans qu'aucune mesure de protection ait pu être prise par la population étant donné la soudaineté d'une attaque qu'aucune Alerte ne laissait prévoir. 77 personnes dont 10 pompiers ont trouvé la mort au cours de ce bombardement. 99 personnes ont été blessées. La caserne des pompiers ayant été gravement atteinte, tout le matériel de protection contre l'incendie a été détruit et j'ai dû prendre des mesures d'urgence pour mettre, dès le lendemain, à la disposition de la ville, un matériel de secours prélevé sur le matériel de lutte contre l'incendie d'autres communes du Département.

Par rapport spécial au Ministère de l'Intérieur, j'ai demandé qu'un secours important fut mis à la disposition de la ville de Boulogne-sur-Mer en faveur des familles particulièrement éprouvées. Une somme de 500.000 francs a été accordée. Cette somme, ajoutée à celle du secours très important que M. l'Amiral Darlan avait déjà décidé d'accorder à cette ville tant en son nom qu'au nom du Maréchal, constitue une preuve particulièrement affectueuse de la sollicitude du Gouvernement à l'égard d'une ville dont le courage est un exemple et qui est, hélas, si tragiquement frappé.

J'ai, par ailleurs, signalé tout spécialement au Ministre de l'Intérieur la nécessité d'apporter à la ville de Boulogne-sur-Mer une aide financière aussi large que possible pour la reconstitution et le rachat du matériel de lutte contre l'incendie totalement détruit. Je viens d'être informé des décisions ministérielles que la Municipalité de Boulogne-sur-Mer apprécie hautement.

Les obsèques des dernières victimes ont eu lieu les 18, 19 et 20 août. J'ai assisté, le lundi 18 août, aux funérailles des pompiers morts en service commandé auxquels la Médaille d'Or des Belles Actions a été accordée sur mes propositions. Accompagné du Sous-Préfet de Boulogne-sur-Mer et des Autorités de la Ville, j'ai rendu visite aux blessés dans les différents hôpitaux. Le 16 août, la région de Boulogne-sur-Mer a subi un nouveau bombardement qui a fait 3 morts et 5 blessés dans les communes de Marquise et Rinxent. Enfin, le 21 août, un Faubourg de la Ville de Saint-Omer a été atteint par des bombes causant 3 morts et 1 blessé dans la population civile.

L'ensemble des opérations de bombardement au cours du mois d'août est repris dans le tableau chronologique ci-après : [Liste des communes bombardées : Wimille, Bruay, Boulogne-sur-Mer, Saint-Omer, Longuenesse, Marquise, Rinxent, Sangatte (hameau de Blériot-Plage), Gosnay, Éperlecques, Camiers]

État des bombardements

C) Propagande communiste

La propagande communiste a continué à se manifester par avis, écrits, tracts et journaux clandestins. Elle est restée active malgré les énergiques mesures de répression prises tant par l'Autorité française que par les autorités d'occupation.

L'activité communiste clandestine s'est manifesté par une tentative brusquée de déclanchement de la grève générale minière et par la répétition des actes de sabotage.

Tentative de déclanchement de la grève minière

Les 24 et 25 Août des numéros spéciaux de la "Vie Ouvrière" ont été diffusés, la nuit surtout dans l'ensemble du bassin minier, sans que les auteurs de ce colportage puissent être découverts ; ce numéro spécial était ainsi conçu :

« La Vie Ouvrière, numéro spécial 24 août 1941. Journal Syndical des Travailleurs du Pas-de-Calais

C'en est assez ! Mineurs et similaires, tous unis dans la 11 grève générale, dès le 26 août ! Dans chaque concession, dans chaque puits, les mineurs et similaires ont envoyé à diverses reprises depuis 2 mois leur cahier de revendications aux directions patronales, aux délégués usurpateurs, aux pouvoirs publics et à l'occupant.

Toutes les revendications demandées sont modestes et légitimes.

Qui sauf les "collaborateurs" ne seraient pas d'accord avec les mineurs et similaires quand ils réclament l'obtention des congés payés effectifs. N'est-ce pas la seule corporation qui soit privée de ce droit ?

Qui pourrait leur reprocher de considérer l'aumône accordée par Vichy comme dérisoire et d'exiger 50% d'augmentation des salaires. Le coût de la vie n'a-t-il pas augmenté de plus de 100% ?

Il faut avoir une âme d'esclave pour ne pas appuyer leur réclamation concernant la cessation des brimades. Non seulement les amendes tombent drues pour un oui ou un non, les insultes les plus choquantes redoublent, les déclassements s'opèrent à grande échelle, mais des ouvriers sont mêmes battus, comme aux Mines de Liévin par des agents de maîtrise sans scrupule ayant perdu toute dignité humaine. La question du ravitaillement qui tient tant à cœur aux mineurs et similaires et à leurs familles n'a pas été prise en considération par les pouvoirs publics. Aucune amélioration n'est envisagée pour que cesse la famine dans les foyers.

Quant aux autres revendications déposées, le patronat fait la sourde oreille pour ne pas y faire droit. Puisqu'aucune réponse n'est parvenue aux travailleurs de la mine, ni par le patronat, ni par l'occupant, les mineurs et similaires ont décidé de passer à la GREVE GENERAL le 26 août. 

Par l'action, ils lutteront pour défendre leur droit à la vie, leur pain et celui de leurs familles. Ils savent que si les congés payés effectifs leur sont refusés, ce n'est pas pour fournir suffisamment de charbon à la population française, mais parce que Hitler en a énormément besoin et toujours davantage chaque jour. Ils savent que l'oppresseur des peuples, Hitler accapare 90% de la production charbonnière française pour alimenter sa machine de guerre nazie, pour ravitailler l'Italie fasciste et pour permettre aux usines françaises travaillant pour forger du matériel destiné à l'armée hitlérienne de tourner à plein rendement. Aussi en luttant tous unis pour défendre leurs revendications, les mineurs et similaires ont conscience de servir les intérêts de la France qu'ils veulent voir débarrasser de ses affameurs et pilleurs. Pour mener à bien la grande tâche entreprise et pour guider le déroulement de la grève, un comité d'organisation composé d'honnêtes militants syndicaliste de chaque concession a été constitué pour suppléer à la carence des traites : Priem, Chopin et autres vendus "La Vie Ouvrière" lui ouvre toutes grandes ses colonnes pour diriger cette grève d'une importance capitale pour les travailleurs de la mine et leurs familles et pour la cause de la France.

Mineurs et similaires ! Tous debout les travailleurs des autres corporations seront solidaires avec vous. Unissez-vous dans l'action pour faire aboutir votre cahier de revendications. Vous hâterez ainsi l'heure de la délivrance en contribuant à l'écrasement de l'hitlérisme oppresseur.

VIVE la GREVE GENERALE le 26 AOUT jusqu'à la VICTOIRE !!! »

Par ailleurs quelques tracts ont été également distribués, au nom de la Section Gaulliste mais en petit nombre, invitant les ouvriers à la grève générale, en exécution sans doute des conseils de sabotage de la radio de Londres. Ces tracts étaient ainsi conçus :

« Appel aux mineurs, aux cheminots, aux métallos, aux ouvriers de produits chimiques, etc. Français, Non contents de livrer nos colonies à Hitler, les traitres de Vichy livrent toutes les richesses de la France et ils se proposent de livrer 80% des prochaines récoltes pour ravitailler les troupes hitlériennes. Ils sont en train de préparer un accord militaire avec Hitler, mais pas un Français ne servira de chair à canon à ce tyran sanguinaire.

Non seulement on vous fait travailler pour Hitler, mais on ne vous donne pas de quoi manger et on vous considère comme des esclaves. Oui ou non êtes-vous toujours des Français dignes de nos ancêtres ? Si oui, vous répondrez à l'appel de notre Chef, le Général de Gaulle, c'est-à-dire que vous revendiquerez le droit de vivre, que vous refuserez de mourir de faim en travaillant.

Français, unissez-vous, suivez l'exemple des travailleurs communistes qui ont commencé courageusement la lutte. Tous ensemble refusons de donner des armes pour Hitler à tuer des soldats anglais et des soldats soviétiques. C'est pour notre lutte que nous préparerons un débarquement des Anglais. Faisons la chasse impitoyable aux traitres et aux collaborateurs. Unissons-nous entre vrais Français. Répondons à l'appel du Comité Gaulliste du Nord, du parti Communiste et des Syndicats non dirigés par des traites.

Profitons de l'affaiblissement des troupes hitlériennes.

Vive la France libre et indépendante

Vive la grève générale immédiate.

La Section Gaulliste »

Cette tentative brusquée de grève générale a complètement échoué et dans la journée du 26 août aucune défection n'a été constatée aux heures de descente.

Actes de sabotage Au cours du mois d'Août de nombreux actes de sabotage ont encore été commis dans le Département et presque exclusivement dans la région Minière et industrielle de Béthune. Dans le mois de juillet, les actes de sabotages avaient visé plus particulièrement les voies ferrées et les installations industrielles. Dans le courant du mois d'Août le sabotage a atteint surtout les pylônes des lignes de transport d'Énergie à haute tension, comme le fait ressortir le tableau ci-après :

Actes de sabotage

1er août : Tentative de sabotage des câbles servant à la descente et à la remontée des ouvriers mineurs à la fosse 7 des Mines de Noeux à Barlin.

2 août : Tentative de destruction à Fampoux d'un pylône électrique soutenant la ligne à haute tension de Pont-à-Vendin à Bapaume.

4 août : même tentative à Harnes.

4 août : même tentative à la fosse 5 des Mines des Drocourt à Méricourt sur la ligne de haute tension Lille-Péronne 5 août sabotage de la ligne de chemin de fer Béthune Lens à Liévin un rail a été détruit sur une longueur de 3 mètres par l'explosion de cartouches de dynamite.

6 au 7 août : sabotage d'un pylône de ligne électrique à haute tension près de la fosse 5 des Mines de Courrières à Liévin ; un pylône a été détruit.

6 août : même sabotage à un pylône près de Liévin.

7 au 8 août : sabotage d'un pylône sur la route de Noyelles, à Mazingarbe, pylône endommagé, mais non détruit.

12 août : Dans la nuit du 11 au 12 août un pylône a été abattu par l'explosion de cartouches de dynamite à la limite des territoires d'Allouagne et Lozinghem.

18 août : Explosion d'une cartouche de dynamite sous un tracteur à la fosse 4 des Mines de Carvin.

20 août : Sectionnement de 5 raccords de frein Westinghouse sur des wagons de S.N.C.F. à la fosse 6 des Mines de Noeux à Labourse.

26 août : sabotage des installations électriques en gare d'Arras par explosion provoquée dans la salle des transformateurs électriques. 29 août : Dans la nuit du 28 au 29 destruction par dynamite de 2 pylônes supportant une ligne à haute tension de 15.000 volts sur le territoire de la commune de Marles-les-Mines.

30 août : Tentative de sabotage à la fosse 7 des mines de Bruay à Houdain (pâte d'émeri placée entre les paliers d'un ventilateur).

Depuis le début d'août et presque journellement sectionnement des tuyaux d'accouplement des freins Westinghouse sur des rames de wagons de la S.N.C.F.

Protection contre les actes de sabotage. La répétition et la fréquence de ces actes de sabotages a provoqué la mise en œuvre des moyens de protection pour les installations particulièrement visées.

A. Service de garde des lignes à haute tension Par ordre de l'Oberfeldkommandantur 670 et à la suite d'une conférence à laquelle j'assistais avec mon Collègue du Nord à Lille, un service de garde nocturne des lignes à haute tension a dû être organisé dans toutes les communes traversées à partir du 10 août. Pour le Département du Pas-de-Calais et bien que la garde ait été prévue seulement pour les lignes de plus de 40.000 volts, 194 communes ont été atteints par ces mesures et ont dû organiser le service de garde de 500 Kms de lignes : Arrondissement d'Arras : 53 communes ; Arrondissement de Béthune : 61 ; arrondissement de Boulogne : 32 ; Arrondissement de Montreuil : 14 ; arrondissement de Saint-Omer : 34.

Le service a été organisé selon les méthodes précédemment adoptées pour la garde des lignes téléphoniques de l'armée allemande ; et à raison de 4 hommes par kilomètre de 21 heures à 6 heures du matin. Étant donné la nécessité de prévoir deux postes de garde par nuit au moins, de 4 heures 30 chacun, 4.000 hommes se trouvent ainsi de garde chaque nuit. Cette mesure est évidemment grosse de conséquences notamment en pleine période de travaux agricoles, la plupart des communes traversées étant des communes rurales. Dans celles-ci tous les hommes de 18 à 60 ans doivent être réquisitionnés à tour de rôle par le Maire. J'ai pour ma part insisté vivement pour très étroite que la surveillance s'exerce d'une façon, mais dans des conditions qui ménagerait la main-d'œuvre agricole.

B. Service de garde des voies navigables Par décision de l'Oberfeldkommandantur en date du 28 août, un service de garde doit également être organisé pour les voies navigables et ouvrages d'art qu'elles comportent. Ce service est en voie d'organisation et pèsera lourdement encore sur les populations des communes intéressées.

Répression des menées communistes et des actes de sabotages.

En face d'une telle recrudescence de l'action communiste et des actes de sabotages, recrudescence en liaison évidemment avec le conflit germano-russe, des mesures extrêmement rigoureuses se sont imposées.

A. Action de l'Autorité française

Dès le 8 août, j'avais réuni à Béthune une conférence des Commissaires de Police Municipale et des Commissaires Spéciaux de cet arrondissement où s'exerce plus particulièrement l'activité des saboteurs afin de donner aux autorités de police des consignes strictes en ce qui concernait les perquisitions massives à effectuer et la préparation des mesures d'internement.

I. Perquisitions massives. J'avais décidé au cours de la conférence du 8 août que des perquisitions massives seraient faites, avec le concours de la brigade mobile de Lille, chez tous les individus suspects. Ces opérations ont commencé dès le 11 août et se sont poursuivies à un rythme accéléré les jours suivants. Au 31 août, un total de 131 perquisitions avaient été opérées plus particulièrement dans la région minière. Un grand nombre de tracts, journaux, brochures, des armes ont pu être saisis. Deux arrestations seulement ont été opérées, dans les autres cas d'opérations fructueuses, les agents communistes, absents de leur domicile, ont pris la fuite et n'ont pu encore être retrouvés. Le tableau ci-dessous comprend l'énumération par date de l'ensemble des opérations effectuées et leur résultat : [communes concernées : Hénin-Liétard, Drocourt, Noyelles-Godault, Courcelles-lès-Lens, Leforest, Ruitz, Saint-Nicolas, Lillers, Divion, Auchel, Cauchy-à-la-Tour, Allouagne, Haillicourt, Bruay, Chocques, Burbure, Vimy, Marles-les-Mines, Billy-Montigny, Montigny-en-Gohelle, Fouquières-lès-Lens, Beuvry]

État des bombardements

1. Préparation des mesures d'internement. Dans mon précédent rapport, je vous faisais connaître que le projet de création d'un camp d'internement pour le Nord et le Pas-de-Calais était en voie de réalisation, les autorités d'occupation ayant donné leur accord. Ce camp est enfin créé dans la Citadelle de Doullens (Somme). Au cours du mois d'août, je me suis rendu sur place avec le Préfet du Nord et le Préfet de la Somme. Le camp d'internement sera en mesure de fonctionner partiellement dès le 9 septembre.

Activité des Services de Police. La répression de la propagande communiste, celle des actes de sabotage, le maintien de la tranquillité publique en général ont nécessité une activité accrue des services de police qui apparaît au tableau suivant :

Tableau récapitulatif des enquêtes, poursuites, arrestations – août 1941

D. Propagande gaulliste. La propagande gaulliste s'est assez peu manifestée et je n'ai à signaler que l'affichage ou la distribution de quelques tracts, tapés à la machine. Les affiches allemandes "Victoria" ont été lacérées en certains endroits ou recouvertes de croix de Lorraine. Quelques tracts ou journaux intitulés "Le Courrier de l'Air" journal de la R.A.F., ont été jetés par des avions britanniques.

E. Menées anti-nationales. Des manifestes postés à Paris ont été adressés sous enveloppes timbrées aux curés de Maresquel et de Chocques. Ils sont intitulés « Le front national de lutte pour l'indépendance de la France est constitué ». Le manifeste adressé au curé de Chocques a été posté le 7 août 1941 à Paris, (102) Boulevard Pasteur.

D'autres tracts, intitulés « Réponse au Maréchal Pétain » et « Appel aux Français » ont également été adressés aux employés de la Mairie de Béthune, sous enveloppe timbrée, postée le 1er août 1941 à Paris (43) Littré.

Enfin, 2 opuscules intitulés « Comment se défendre ? » et « Ces Messieurs » ont été saisis sur un communiste, arrêté à Nœux-les-Mines]] le 4 août 1941.

Ces faits ont été signalés par rapports spéciaux à M. le Préfet, délégué du Ministère de l'Intérieur.

Action des autorités d'occupation contre le communisme et les actes de sabotage. Les autorités allemandes ont à nouveau procédé, au cours du mois d'août, à des arrestations dans les milieux communistes. Une centaine d'individus ont été arrêtés à ma connaissance, ce qui porte à 224 le nombre des communistes ou présumés tels arrêtés depuis le début du mois de juillet.

D'autre part, à la suite de la recrudescence des actes de sabotage, des mesures spéciales ont été prises par l'autorité occupante. Par avis du 25 août, placardé dans toutes les communes du Département, le Commandant Militaire de la Belgique et du Nord de la France a fait connaitre que le parti communiste français étant inter- dit, tout fait de propagande communiste serait justiciable des cours martiales allemandes. Vous trouverez, ci-dessous, la reproduction de cet avis :

« AVIS

Le parti communiste français est interdit.

Tout individu qui pratique une activité communiste, qui fait de la propagande communiste ou qui tente d'en faire ou qui favorise, de quelque manière que ce soit, des agissements et des machinations communistes, prête son concours aux ennemis de l'Allemagne, Le coupable est donc justiciable des Cours martiales allemandes et passible de la peine de mort.

Tout individu entrant en possession d'un tract antiallemand est obligé de le remettre sans délai à l'autorité militaire allemande la plus proche. Les contrevenants seront punis d'une peine de travaux forcés d'une durée maxima de quinze ans. J'attends de la sagesse et du bon sens de la population que chacun contribuera à empêcher les éléments irresponsables, de prêter leur concours aux ennemis de l'Allemagne. Je mets tout le monde en garde contre les conséquences graves qui devraient nécessairement résulter d'une attitude hostile des milieux communistes, non seulement pour les coupables, mais aussi pour la totalité de la population des territoires occupés.

Bruxelles, le 25 août 1941. Signé von Falkenhausen, Général der Infanterie »

Enfin, trois condamnations à mort pour actes de sabotage ont été prononcées par le Tribunal militaire de l'O.F.K. 670 suivant jugement rendu le 28 août 1941. Quatre autres condamnations pour le même motif et pour complicité ont également été prononcées. Tous ces individus appartenaient aux milieux communistes.

Vous trouverez, ci-dessous, le texte de l'avis placardé dans toute l'étendue du Département pour porter ces condamnations à la connaissance des populations :

« Oberfeldkommandantur 670. Der Oberfeldkommandant. AVIS

Suivant jugement rendu le 28 août 1941 par le Conseil de Guerre de l'Oberfeldkommandantur (V) 670 : Alfred Delattre, Marcel Delfly, André Lefebvre, tous trois résidant à Harnes ont été condamnés à la Peine de mort pour attentats répétés au moyen d'explosifs et pour incendie volontaire ;

Henri Derache, résidant à Harnes a été condamné à 8 ans de travaux forcés pour avoir omis de déclarer qu'il était au courant de l'existence d'un plan de sabotage ;

La femme Raymonde Debarge, la femme Aline Delattre, toutes deux résidant à Harnes, ont été condamnées chacune à 3 ans de travaux forcés pour le même crime ;

Léon Legros, résidant à Sallaumines, a été condamné à 1 ans de travaux forcés pour avoir été trouvé porteur d'un revolver.

Les coupables appartiennent au milieu communiste.

Lille, le 28 août 1941. Signé NIEHOFF, Generalleutnant »

Attentats contre des membres de l'Armée allemande.

Les autorités d'occupation du Nord de la France ont pris des mesures extrêmement graves à la suite d'attentats commis contre des membres de l'armée allemande, dans la nuit du 24 au 25 contre deux soldats à Marquette, dans la nuit du 25 au 26 août contre deux officiers à Lille.

Le Commandant militaire pour la Belgique et le Nord de la France a fait connaître par un avis en date du 26 août que toutes les personnes arrêtées pour des motifs politiques seraient considérées comme otages et répondraient sur leur vie des attentats nouveaux commis contre des membres de l'armée allemande. Par le même avis (dont texte ci-dessous), le Général Niehoff, chef de l'OFK 670 a annoncé l'arrestation de 50 otages pour le Nord et le Pas-de-Calais.

« Avis. Ces derniers jours, des attentats ayant causé des blessures et, en quelques cas, la mort des victimes, ont été commis à plusieurs reprises par des personnes appartenant à la population civile contre des membres de l'armée allemande. Les instructions sont en cours. Les coupables seront fusillés.

A l'avenir, dans tous les cas où les criminels coupables ne pourront être découverts immédiatement, un nombre d'otages correspondant à la gravité du crime seront fusillés après chaque attentat. Si l'attentat cause la mort de la victime, cinq otages au moins seront passés par les armes.

Toutes les personnes arrêtées pour des motifs politiques sont, d'ores et déjà, considérées comme otages.

Bruxelles, le 26 août 1941. Signé von Falkenhausen, General der Infanterie

« Oberfeldkommandantur 670. Der Oberfeldkommandant

En vertu de l'Avis adressé par le Commandant militaire de la Belgique et du Nord de la France à la population, j'ai ordonné l'arrestation de cinquante otages. En cas d'un nouvel attentat contre les membres de l'armée allemande, les mesures indiquées dans l'avis précité du Commandant militaire de la Belgique et du Nord de la France leur seront appliquées.

Lille, le 26 août 1941. Signé Niehoff Généralleutnant »

Devant la gravité de ces mesures, nous avons estimé, le Préfet du Nord et moi-même, qu'il était de notre devoir d'adresser aux populations des deux Départements un appel pour attirer toute leur attention sur ces décisions qui seraient, le cas échéant, impitoyablement exécutées. Des précisions formelles nous avaient été données à ce sujet au cours de deux conférences à l'OFK, la première sous la présidence du Général Niehoff.

Vous trouverez, ci-dessous, le texte de notre appel :

« Préfecture du Nord et du Pas-de-Calais

Appel à la population

Deux soldats de l'armée allemande ont été, dans la nuit du 24 au 25 août, trouvés blessés mortellement par arme à feu, dans la région de Marquette. Dans celle du 25 au 26 août, deux Officiers ont été lâchement abattus dans une rue de Lille.

Les autorités occupantes ont pris, sur le champ, les mesures imposées par les circonstances, mesures dont la gravité ne saurait échapper à quiconque. Au cours d'une conférence tenue à l'Oberfeldkommandantur, M. le Generalleutnant Niehoff, en termes aussi nets que catégoriques, nous a informés des décisions arrêtées par lui.

Il a souligné que si les autorités d'occupation avaientfait preuve, jusqu'ici, de patience, elles étaient, désormais, résolues à sévir avec une extrême rigueur en cas de renouvellement de pareils attentats. Vous savez déjà, par les affiches qui viennent d'être placardées dans les deux Départements, que les otages, à l'arrestation desquels il a été procédé, répondront désormais de la vie des membres de l'Armée allemande.

Il est de notre devoir strict d'appeler toute votre attention sur ces décisions qui seraient le cas échéant impitoyablement exécutées. À vous même d'être vigilants et d'assurer votre propre sécurité. La vie des otages est entre vos mains. Il faut en finir avec une agitation intolérable qui trouble les esprits et peut, malheureusement, inciter des inconscients à commettre des actes générateurs de représailles contre la collectivité.

Le Gouvernement est résolu, de son côté, à mettre un terme à l'action nocive d'éléments qui, clandestinement et sous le couvert de patriotisme, ne tendent qu'à créer le désordre et à multiplier les difficultés de l'heure.

À vous de comprendre que des tentatives de troubles, des désordres passagers, des actes de sabotage et même des crimes ne sauraient avoir une influence déterminante sur le développement des événements et leur issue. La population doit, en conséquence, s'abstenir de toute dé-- monstration de quelque nature qu'elle soit, elle doit se défendre de toute complicité.

Elle ne saurait cependant, par sa passivité, paraître approuver des actes qui ne sont pas français parce que lâches. Elle doit, plus que jamais, faire preuve de sagesse et de pondération.

Elle doit, elle-même, se protéger et maintenir la tranquillité publique, en déjouant toutes les manœuvres et toutes les tentatives dont le seul but est de favoriser une agitation criminelle, d'engendrer la souffrance et de soulever le mécontentement général. Connaissant votre esprit de compréhension, sûrs de votre patriotisme, nous ne doutons pas que notre appel à votre solide raison sera entendu.

Nous vous faisons confiance.

Le Préfet du Nord, Fernand Carles

Le Préfet du Pas-de-Calais, Amédée Bussière »

Nous espérons, le Préfet du Nord et moi-même, que notre appel au calme sera entendu et que de nouveaux attentats contre des membres de l'armée allemande ne seront pas commis.

Conclusions

Les populations du Pas-de-Calais demeurent toujours très influencées par la propagande faite chaque jour par les speakers de la radio anglaise. Il faut reconnaître qu'elles n'écoutent certainement pas avec autant d'attention les émissions de la radio nationale française.

Cependant, il convient de noter que la dernière allocution de M. le Maréchal Pétain a fortement impressionné les habitants du Pas-de-Calais, lesquels demeurent tenaces au travail et confiants dans l'avenir. Les ouvriers mineurs obtiennent un rendement dans l'extraction particulièrement appréciable. Ils comprennent ainsi leur devoir essentiel, sans qu'en général cependant leurs tendances se soient modifiées.

Quant aux agriculteurs, il ne se sont laissé atteindre par aucun découragement qui aurait pu être du non seulement aux difficultés innombrables qu'ils ont à surmonter du fait de l'occupation, mais encore aux conditions atmosphériques défavorables. Dans l'ensemble ils sont très compréhensifs et leur sagesse est aussi grande que leur ardeur dans leur tâche.

Les populations côtières, elles, demeurent toujours admirables ; elles se rendent compte de la sollicitude affectueuse, qu'en toutes circonstances, le Gouvernement du Maréchal leur témoigne.

Ces jours derniers les deux Secrétaires Généraux du Ministère des Finances, M.M. Deroy et Philippi, sont venus leur donner une nouvelle preuve de cet attachement et je ne saurais trop souhaiter pour ma part, que des Membres du Gouvernement puissent également venir dans notre Département, ce qui ne manquerait pas de prouver d'une façon plus tangible encore que le Pas-de-Calais n'est pas isolé de la France, ce qui permettrait aussi d'affermir le moral et de renforcer la confiance des populations dans les destinées de notre pays.

À Bussière

4 octobre 1941

Préfecture du Pas-de-Calais.

Rapport Mensuel d'information

Objet : Période du 1er au 30 septembre 1941.

Introduction

Observations Générales

Vue d'ensemble de l'esprit et de la vie du Département au cours du mois écoulé. Les populations du Département font toujours preuve de sang-froid et d'ardeur au travail. Les commerçants et industriels qui ont à surmonter, il faut le reconnaître, de très importantes difficultés, tant au point de vue des matières premières, que des transports, ne sont pas encore complètement éclairés sur les conditions de fonctionnement des organisations professionnelles dont leur activité relève. Ils s'efforcent cependant dans un esprit de large solidarité de faire face à la situation.

Les ouvriers travaillent régulièrement, une grande partie d'entre eux sont utilisés par les formations militaires allemandes à des salaires assez élevés ; cette situation ne manque pas de provoquer une perturbation dans le marché du travail. Les ouvriers mineurs comprennent leur devoir essentiel et continuent d'obtenir des rendements très appréciables.

Les agriculteurs, en dépit des obstacles qui se présentent devant eux, méritent toujours notre admiration ; les résultats qu'ils obtiennent dans leur production en sont la meilleure attestation. Quant aux populations côtières qui souffrent beaucoup et qui demeurent constamment exposées aux dangers de la guerre, elles ont toujours une attitude très digne.

Les conditions d'existence, la situation spéciale dans laquelle se trouve le Département du Pas-de-Calais influent évidemment sur l'esprit et le moral des populations de cette région. La proximité du front de guerre, les bombardements aériens, l'impossibilité d'avoir aisément les laissez-passer pour franchir la ligne de démarcation Nord-Est, la propagande des radios étrangères, les représailles et surtout les exécutions, sont des facteurs qui entraînent un état d'esprit qui n'est certes pas celui que nous souhaitons.

Il faut cependant reconnaître que dans le mois qui vient de s'écouler, grâce à l'esprit compréhensif de certains, dont le nombre augmente peu à peu, qui commentent et soulignent les actes du Maréchal et du Gouvernement dans l'intérêt de la Patrie, grâce aussi aux prisonniers de guerre dont la grande majorité sont si reconnaissants à ceux auxquels ils doivent leur libération et aussi en raison des excès des partis de désordre qui font peser sur la population des menaces constantes, l'état d'esprit général tend à s'améliorer sans aucun doute. Si des Membres du Gouvernement peuvent visiter plus souvent encore les deux Départements de la zone interdite spéciale du Nord de la France, les habitants se sentiront moins isolés, ils seront plus réconfortés encore et leur foi dans les destinées du pays s'affirmera plus grande et plus solide.

Je ne saurais trop souligner la haute portée du voyage que vient de faire M. Pucheu, Ministre de l'Intérieur, dans notre Région.

Visites dans le département

En ce qui me concerne personnellement, je circule beaucoup dans le Département. J'ai visité presque tous les chefs-lieux de canton et de nombreuses communes. J'ai signalé une œuvre très intéressante que j'ai créée dans le Département avec le concours du Secours National, des Caisses d'assurances sociales et de mineurs, et j'ai tenu à visiter presque toutes les garderies qui ont été installées et qui groupaient en totalité 67.500 enfants. J'ai profité de ces visites pour voir les maires et la plupart des personnalités locales. Comme malheureusement de nombreux bombardements aériens atteignent le Département dans toute son étendue, que ce soit à l'intérieur dans la région industrielle (Bruay, Mazingarbe, Grenay), que ce soit dans la zone côtière (Outreau, Le Portel, Boulogne-sur-Mer, Calais), j'ai de nombreuses occasions de prendre contact avec ces populations éprouvées (voir tableau annexe).

Les Sous-Préfets dans leur arrondissement circulent également beaucoup et je dois reconnaitre que ces prises de contact fréquentes avec les municipalités sont très utiles et très appréciées (visites des écoles, des principales industries, des exploitations agricoles, des organismes de ravitaillement des centres d'abatage, examen sur place des projets de construction).

L'impression qu'on peut dégager est que dans la généralité des cas, les maires comme les secrétaires de Mairies accomplissent une tâche écrasante avec des moyens extrêmement limités. Ils font face au mieux à des situations souvent très délicates. Il ne faut pas en effet, oublier que le bouleversement provoqué par l'invasion et l'occupation a entraîné des complications de toutes sortes. Nous n'enregistrons cependant que très peu de défections et de très rares démissions.

Dans le Département du Pas-de-Calais, la multiplicité des incidents, la diversité des questions à régler d'urgence et souvent sur place, les innombrables convocations à tous moments des autorités allemandes, soit aux Kreiskommandantur, soit à l'Oberfeldkommandantur à Lille, nous placent dans l'impossibilité, mes collaborateurs et moi, d'organiser avec méthode un programme de visites…. et nous n'avons même pas toujours, pour plusieurs Arrondissements, la possibilité d'user du téléphone. Le Département compte 906 communes et cependant le nombre des visites effectuées à ce jour est à peu près des trois-quarts.

État des victimes et des destructions d'immeubles provoquées dans la région côtière et le département par des bombardements aériens : [communes concernées : Bruay, Mazingarbe, Grenay, Boulogne-sur-Mer, Le Portel, Outreau, Vermelles, Hénin-Liétard]

État des victimes et des destructions d'immeubles provoquées dans la région côtière et le département par des bombardements aériens – septembre 1941

Opinion publique

I- Réactions de l'opinion sur la politique intérieure et extérieure du Gouvernement.

Politique intérieure.

Souhaitant le retour des idées qui firent auprès d'elle le succès du Front Populaire, la population ouvrière dans sa majorité n'est pas plus près du Gouvernement dans sa politique intérieure que dans sa politique extérieure. Elle ne comprend l'organisation de la profession que si la démagogie électorale renait au sein des Syndicats, elle ne voit du ravitaillement que quelques règles administratives sans vouloir comprendre la nécessité inéluctable d'un rationnement et d'une équitable répartition. Elle hait tout ce qui est manifestation d'autorité. Si, en quelques endroits l'œuvre à ses yeux plus charitable, plus sociale, du Maréchal Pétain, notamment en ce qui concerne les garderies d'enfants a fait naître une certaine compréhension et de la reconnaissance à l'égard du Chef de l'État, la population ouvrière n'est pas encore acquise à la politique du Gouvernement, Intensément travaillée par la propagande communiste qui tire habilement parti de la résistance des Soviets à l'armée allemande, la population ouvrière compte sur les succès militaires des tenants d'idées qu'elle n'a point abandonnées, et pour peu que demain, la situation évolue dans un sens favorable à ses espoirs, elle serait prête à montrer sa force.

Les agriculteurs se préoccupent moins de la politique intérieure. Ils travaillent et gagnent beaucoup d'argent. Les Caisses de Crédit Agricole accusent un accroissement considérable des dépôts. Les commerçants, que la concurrence ne stimule pas, devenus de simple répartiteurs, ne sont pas satisfaits du sort qui leur est réservé.

L'attitude des fonctionnaires est au point de vue politique intérieure ce qu'elle est au point de vue de la politique extérieure.

Politique extérieure.

La politique extérieure du Gouvernement, pour la majorité des ouvriers, n'est encore pas comprise ; les critiques sont exercées avec une facilité que n'arrête pas l'ignorance où les uns et les autres se trouvent quant aux évènements actuels.

Les informations qui parviennent à la connaissance du public sont diversement interprétées, trop souvent déformées, soit par la malveillance, soit par l'intérêt. Des agents, hélas souvent difficiles à identifier, jettent le trouble dans les esprits, même dans les campagnes les plus reculées. Aux questions directes, on obtient que des réponses évasives, réticentes, des affirmations insuffisantes. La peur de se montrer ou de prendre notamment position est un des symptômes révélateurs d'une opinion hésitante et troublée. À cette condition morale s'ajoute la condition matérielle à raison du bouleversement économique né de la guerre et de l'invasion : cherté des prix, main-d'œuvre rare, pénurie de charbon, de certaines matières premières, mesures de rationnement, etc. ; ce sont là quelques-uns des problèmes entre tant d'autres qui compliquent encore la situation.

Les agriculteurs supportent mal leur condition actuelle. D'abord parce que l'autorité occupante fait chez eux des prélèvements massifs, des réquisitions d'attelage et de chevaux très lourdes notamment dans les communes voisines des champs d'aviation, ensuite parce que l'administration allemande contrôle minutieusement leur production et punit sévèrement les contrevenants aux règles du Ravitaillement.

Les commerçants s'occupent de leurs intérêts professionnels qui absorbent toute leur attention.

C'est parmi les industriels qu'on trouverait peut-être le plus de personnes sympathiques à la politique extérieure gouvernementale.

Les magistrats municipaux, bien souvent à cause de leur origine politique, ne sont pas tous favorables à la politique extérieure du Gouvernement. Mais aucun ne le manifeste ouvertement.

Quant aux fonctionnaires, ils sont discrets, souvent impénétrables. Ils ont d'ailleurs, en général, une très lourde tâche qui absorbe leur activité et, consciencieux, ils font leur devoir. Avis personnel du Préfet

En résumé, il y a beaucoup à faire dans nos régions pour diriger l'opinion dans le sens d'un redressement conforme aux principes de la Révolution Nationale. L'isolement du Département, les conditions qui lui sont imposées, tant au point de vue économique qu'au point de vue administratif, l'idée difficile à combattre dans l'esprit des populations qu'elles se trouvent dans une situation de pré-annexion, sont les principaux facteurs de réactions apparemment défavorables au Gouvernement, mais non à la personne même du Maréchal. Que faut-il pour modifier cet état d'esprit et pour l'améliorer ?

- L'intégration de ces régions dans l'économie française.

- L'assouplissement de la ligne de démarcation.

- Des contacts plus fréquents des Membres du Gouvernement et des personnalités dirigeantes.

- Une radio plus puissante, plus éloquente, plus persuasive.

Une propagande de tous les instants et directe par des émissaires bien choisis qui se rapprocheraient de toutes les organisations et pénètreraient dans le peuple.

Activité des divers mouvements

a) Groupements politiques

A l'exception de l'action clandestine menée par les éléments de l'ex-parti communiste (action exposée eu chapitre D. Répression des menées communistes), l'activité des groupements politiques est nulle.

Les parlementaires n'en manifestent également aucune ; ils ont tous une attitude correcte et un certain nombre d'entre eux sont attachés à la politique du Maréchal et du Gouvernement.

b) Légion des Combattants

La Légion des Combattants n'est pas constituée officiellement ; son fonctionnement n'ayant pas été autorisé en zone interdite. Mais tout me permet de penser que les autorités d'occupation inclinent en ce moment à une modification de leur attitude, surtout depuis le retour des prisonniers de guerre. Le Président désigné pour le Département, M. Petit, est un homme dont la foi et l'enthousiasme entraîneraient l'adhésion de tous.

c) Groupements professionnels

Le syndicat des mineurs a repris son activité, se bornant aux questions corporatives et de retraite. Son Secrétaire Général administratif est favorable au Maréchal et au Gouvernement. Mais, au Comité de Direction même, il n'y a aucune idée d'unité, la politique ayant, hélas, trop déteint dans le syndicat.

Dans ces conditions, il est difficile d'apprécier dans quelle mesure le Secrétaire Général est suivi. Dans l'ensemble, le Syndicat des Mineurs n'a pas retrouvé son autorité et sa forte cohésion, bien qu'il s'efforce de maintenir une action soutenue.

Par ailleurs, les seuls groupements actifs sont les groupements professionnels économiques de création récente.

Questions concernant la police

Personnel. Dans l'ensemble, le personnel assure correctement son service, les commissaires de police sont actifs et dévoués, mais en nombre insuffisant, étant donné le rôle qu'ils doivent assumer : 32 commissaires et 15 inspecteurs, pour un Département comprenant 906 communes et 1.250.000 habitants.

La tâche de la police est particulièrement ingrate et n'est pas sans- danger. Les Commissaires seraient à coup sûr les premières victimes d'un mouvement révolutionnaire. Le personnel subalterne laissera à désirer tout le temps que la police d'État ne permettra pas un tri qui s'avère urgent et indispensable et qui est actuellement en cours.

Il est donc nécessaire et urgent d'étatiser la police, particulièrement dans toute la région minière. J'avais, d'ailleurs, adressé à la Direction du Personnel de la Police Nationale, pour étude un projet d'étatisation de la police de l'arrondissement de Béthune.

Matériel. La question du matériel est dominée par un problème essentiel, celui de l'armement de la police. Malgré mes efforts répétés, je n'ai pu obtenir que les commissaires, au moins, soient armés. Or, dans la répression qu'ils mènent contre le communisme ils ont à faire dans la plupart des cas, à des gens qui, eux, sont armés. Cette question est particulièrement grave.

Activité

1) Répression des menées communistes et gaullistes

Propagande communiste

La propagande communiste qui ne s'était que timidement manifestée au début du mois, s'est développée brusquement par des distributions massives de tracts, journaux et brochures diverses dans un grand nombre de communes du bassin minier de l'arrondissement de Béthune.

Le 13 septembre, les meneurs ont tenté une manœuvre en apposant « au fond » dans certaines concessions des mines de fausses affiches des Compagnies minières, annonçant l'octroi des congés payés aux mineurs à partir du lundi 15 septembre. Les Compagnies ont pu parer à cette manœuvre et le lundi 15 septembre, le travail était normal dans les concessions intéressées.

Les appels et exhortations dont sont remplis les tracts trouvent leur écho dans les milieux ouvriers de la région des mines et les sabotages qui ont marqué le mois de septembre sont le résultat de cette propagande extrémiste dont l'organisation ne semble pas avoir été désorientée malgré les mesures sévères qui ont été prises contre les meneurs.

Actes de sabotage

Les actes de sabotage ont été moins nombreux au début du mois. La destruction des pylônes supportant les lignes à haute tension a été abandonnée, les risques étant devenus trop grands pour les saboteurs en raison de la surveillance exercée la nuit dans les communes traversées par ces lignes. Par contre dans la dernière semaine de septembre, plusieurs attentats ont été dirigés coup sur coup sur des lignes de chemin de fer et paraissent être en liaison avec un important vol d'explosifs commis le 23 septembre à Beaumont-en-Artois. La fin du mois de septembre a été marqué par de nombreuses tentatives criminelles qui ont amené des incendies de récoltes. Aucun de leurs auteurs n'a pu être découvert jusqu'à ce jour, Tous ces actes de sabotage sont repris dans le tableau ci-dessous : 1er septembre : Constatation de sabotage sur 2 wagons de la S.N.C.F. Boites d'essieu démunies de leur packing.

4 septembre : Sabotage d'un poteau en ciment armé supportant les câbles de commandes des postes B et C sur la ligne de chemin de fer à Vimy.

3 septembre : Tentative de sabotage d'un pylône supportant la ligne à haute tension de 220.000 volts de Mazingarbe à Rouen, à Hersin-Coupigny. Le courant électrique n'a pas été interrompu.

5 septembre : Sectionnement d'un boyau de caoutchouc de demi-accouplement et frein à air d'un wagon de la S.N.C.F. à la Gare de Bully-Grenay

10 Septembre : Incendie à l'usine des "Huiles-Goudrons & dérivés" à la fosse n° 8 à Vendin-le-Vieil. Les dégâts s'élèvent à 400.000 francs pour la naphtaline entreposée.

13 septembre : Sabotage par explosifs de la Centrale électrique de Vendin le-Vieil. Les dégâts ont pu être réparés rapidement et n'ont entraîné qu'une courte interruption de travail. L'auteur de l'attentat a été tué sur place par l'explosion prématuré de son engin.

20 septembre : Sabotage d'un pylône électrique à Méricourt, 1 pylône a été endommagé ; une deuxième tentative sur un autre pylône a échoué, les explosifs n'ayant pas éclaté.

23 septembre : Acte de sabotage sur la ligne de chemin de fer Armentières- Berguette près de Bac-Saint-Maur. Un rail a été dynamité Le train est passé sans inconvénient.

23 septembre : Dans la nuit du 22 au 23 septembre, vol au dépôt d'explosifs des fosses 6 et 7 des mines de Drocourt à Beaumont-en Artois 300 kilos de dynamite et 570 amorces ont été emportés par un groupe de 15 individus qui avaient attaqué le garde de ce dépôt.

24 septembre : Dans la nuit du 24 au 2, acte de sabotage sur la ligne de chemin de fer Lens-Brebières à Quiéry-la-Motte. Un rail dynamité a sauté au passage d'un train de militaires allemands. La locomotive et 6 wagons ont déraillé ; il n'y a pas eu de victimes, ni blessés.

24 septembre : Mise hors d'usage du poste téléphonique de secours du passage à niveau non gardé n° 74 sur la ligne Arras Doullens.

24 septembre : Acte de sabotage sur la voie ferrée près de la gare de Leforest, par explosif posé sous une section de rail. Le tender d'un train charbonnier a déraillé.

21 septembre : Même sabotage avec le même procédé près de la gare de Dourges. La locomotive et 3 wagons d'un train charbonnier ont déraillé. Nombreuses détériorations de wagons de la S.N.C.F. par sectionnement des tuyaux de freins westinghouse.

Derniers jours du mois - Incendies de récoltes à Noyelles-lès-Vermelles, Wingles, Lières, Racquinghem, Loos-en-Gohelle, Quiéry-la-Motte, Izel-lès-Équerchin, Boyelles, Boiry-Becquerelle Gomiécourt.

Perquisitions. Les perquisitions se sont poursuivies dans les milieux suspects et 86 opérations ont été effectuées dans les communes suivantes : Vimy, Liévin, Bully-les-Mines, Grenay, Mazingarbe, Vermelles, Isbergues, Ablain-Saint-Nazaire, Pommier, Sallaumines, Annezin, Montigny-en-Gohelle, Hénin-Liétard, Évin-Malmaison.

La plupart sont restées sans résultat. Les militants communistes, en effet, qui se sentent particulièrement surveillés s'entourent des plus grandes précautions, ne conservent chez eux aucun matériel de propagande et évitent même de coucher à leur domicile pour échapper aux arrestations opérées continuellement par les autorités allemandes.

Internement. Ainsi que je vous en ai rendu compte dans mon dernier rapport, la Citadelle de Doullens (Somme) ayant été choisie pour recevoir les agitateurs communistes du Nord et du Pas-de-Calais, les travaux d'aménagement ont été activement poussés et dès le 9 septembre une première série d'internement a été effectuée et 45 communistes ont été internés. Un deuxième convoi a rassemblé 23 communistes qui ont été conduits à Doullens le 20 septembre, soit au total 68 internements. Ces internements continueront tant que durera l'agitation communiste et dès que le camp d'internement sera aménagé pour recevoir un effectif plus important.

Arrestations opérées par la police française. La police française a procédé à quelques arrestations d'individus surveillés ; l'arrestation à Cauchy-à-la-Tour du nommé Lelong René et la découverte sur lui d'un bulletin de bagages a permis de retirer de la consigne de la gare de Lens, 2 valises expédiées de Paris-Nord et remplies de tracts, journaux et brochures communistes, et contenant en outre 2 tubes d'encre et une certaine quantité de papier à ronéotyper. Lelong a été déféré au Parquet et l'enquête se poursuit dans le but de découvrir ses complices.

4 autres arrestations ont été opérées à Vendin-le-Vieil. Il s'agit de quatre individus qui ont attaqué, la nuit, un surveillant des lignes à haute tension. Ils ont été déférés au Parquet de Béthune le 23 septembre 1941.

Répression des menées gaullistes. Le mouvement antinational gaulliste n'apparaît pas très actif. Il est néanmoins suivi avec attention. Il y a lieu de signaler le départ d'un jeune homme de 16 ans, de nationalité polonaise, habitant Sallaumines, soupçonné par sa famille de vouloir se rendre en Angleterre. L'enquête menée à ce sujet a permis de recueillir certains renseignements qui laissent penser qu'un centre de départ pour l'Angleterre fonctionnerait à Ploemeur (Morbihan). Ce fait a été signalé le 25 septembre à M. le Préfet délégué du Ministère de l'Intérieur.

Par ailleurs, quelques tracts ont été jetés par des avions anglais dans la région de Boulogne-sur-Mer et Saint-Omer. Il s'agit du "Courrier-de l'Air", journal de la R.A.F. et d'une brochure intitulée "Déclaration anglo-américaine sur les buts de la guerre".

2) Répression du marché noir

La répression du marché noir a été marquée par deux affaires particulièrement importantes :

a. À la suite d'une enquête habilement conduite, le commissaire spécial de Saint-Omer a découvert une grave affaire de marché noir dans laquelle étaient compromis le Maire de la Commune de Coulomby, son fils et le garde champêtre de cette commune. Le maire a été immédiatement arrêté et déféré au Parquet. J'ai prononcé sa suspension et j'ai proposé à M. le Ministre sa révocation. Le garde champêtre a été révoqué. Les décisions judiciaires du Parquet de Saint-Omer ne sont pas encore intervenues.

b. Une affaire de transport frauduleux de blé a été découverte dans la région de Saint-Pol-sur-Ternoise. Trois cultivateurs et un courtier se sont trouvés compromis dans cette affaire et ont été déférés au Parquet. J'ai fait procéder à l'internement administratif au camp de Doullens du courtier, le nommé Duforeau, qui avait organisé l'opération en vue de l'expédition probable de 5.000 kilos de blé vers la Belgique.

En dehors de ces deux affaires importantes, l'activité des services de contrôle en ce qui concerne le marché noir est résumée dans le tableau ci-dessous :

Au 31 août, 4344 procès-verbaux étaient parvenus au Service de contrôle des prix

2726 avaient été suivis de transaction pour un montant de 7.265.754, 55 francs.

230 avaient été transmis au Parquet.

Au cours du mois d'août, 7 jugements ont été portés à ma connaissance, 6 ont été terminés par un non-lieu et 1 a donné lieu à condamnation prononçant une amende de 1.100 francs, décimes com- pris. Les affaires de "marché noir" transmises au Parquet sont au nombre de 23, depuis mon dernier rapport, dont 8 affaires de viande, 3 de beurre, 5 de blé, 1 de spiritueux, 1 de farine, 2 de ficelle-lieuse, 2 de textile, 1 de savon. Soit au total 149 affaires de marché noir depuis l'installation du service.

Les jugements suivants concernant des affaires de marché noir ont été portés à ma connaissance depuis mon dernier rapport.

Jugements concernant des affaires de marché noir

Tableau statistique de l'activité des services de police

Statistique de l'activité des services de police

Tutelle des départements et des communes

A. Commission Administrative

La Commission administrative, très bien composée, me donne des avis précieux ; elle s'intéresse activement aux affaires départementales, mais il faut considérer qu'étant donné la situation actuelle, nous ne pouvons envisager que des réalisations d'opportunité.

B. Gestion communale

Tutelle des communes Maires - Conseillers Municipaux

La gestion des Maires n'a donné lieu à aucune observation importante. En ce qui concerne les budgets communaux, les communes attendent les instructions annoncées pour l'établissement du budget primitif de 1942. Dans l'ensemble, la situation financière des communes est bonne, la valeur du centime est relativement élevée.

D'autre part, dans les communes de la région minière, la redevance des mines apporte de substantielles recettes.

Quelques communes ont une situation obérée du fait des dépenses effectuées en Mai-Juin 1940, dépenses pour lesquelles le Gouvernement vient, d'ailleurs, de prendre des mesures spéciales.

Application de la réforme municipale

1. Communes de 2.000 à 10.000 habitants. Sur 95 communes rentrant dans cette catégorie, 93 d'entre elles ont été dotées, à ce jour, d'un conseil municipal. Il ne reste plus à nommer que les Maires de Vimy et de Desvres, pour lesquels se posent des problèmes particuliers.

2. Communes de plus de 10.000 habitants. Il existe, dans le Département, 18 communes rentrant dans cette catégorie. 14 Maires ont fait, à ce jour, l'objet d'un arrêté de nomination ministériel. Il ne reste plus en suspens que la nomination des Maires d'Avion, Marles-les-Mines, Auchel et Lens. Les propositions en vue de la nomination des Maires d'Avion, Marles-les-Mines, et Auchel ont été transmises au Ministère de l'Intérieur le 9 août dernier. Aucune décision n'est toutefois intervenue à ce jour.

M. Alfred Maes, maintenu dans ses fonctions de Maire de Lens par arrêté du 20 mai 1941, est décédé. Les propositions en vue de son remplacement par M. Hanotel ont été transmises au Ministère de l'Intérieur le 10 septembre courant.

Parmi les 14 Maires actuellement en fonctions, 7 d'entre eux sont d'anciens Maires maintenus. Les autres sont de nouveaux magistrats municipaux.

Maires maintenus :

Barlin, Auguste Capiaux, arrêté du 20 mai 1941 ;

Bruay, Henri Cadot, arrêté du 20 mai 1941 ;

Noeux-les-Mines, Henri Beaussart, arrêté du 20 mai 1941 ;

Harnes, Alfred Duchenne, arrêté du 20 mai 1941 ;

Liévin, Louis Thobois, arrêté du 20 mai 1941 ;

Berck, Michel Malingre, arrêté du 24 juin 1941 ;

Saint-Omer, Joseph Tillie, arrêté du 29 août 1941.

Nouveaux maires :

Arras, Lucien Gaillard, arrêté du 20 mai 1941 ;

Hénin-Liétard, Julien Bridoux, arrêté du 20 mai 1941 ;

Boulogne-sur-Mer, Charles Goulois, arrêté du 20 mai 1941 ;

Calais, Georges François, arrêté du 20 mai 1941 ;

Sallaumines, Gaston Bailleul, arrêté du 20 mai 1941 ;

Béthune, Charles Charties, arrêté du 30 juillet 1941 ;

Carvin, Henri Dupond, arrêté du 20 mai 1941.

Des propositions ont été adressées au Ministère pour la nomination d'adjoints dans les localités ci-après : Liévin, Sallaumines, Hénin-Liétard le 28 juillet ; Barlin, Carvin, le 16 août.

C) Budget - Développement de l'Exercice budgétaire

1) Services du Trésor. En ce qui concerne l'exécution des Services du Trésor au cours du mois d'août 1941, voici pour les renseignements d'ordre général :

Recouvrements sur impôts directs. Les rôles émis sur l'exercice courant 1941 s’élevaient, au 31 août, à un total de 172.832.675 francs. Sur lesquels il avait été recouvré 50.307.808 francs, d'où un pourcentage de 29,10.

Au titre de l'exercice 1940, les renseignements da même ordre sont les suivants. Rôles émis : 388.809.974 francs ; Recouvrements : 291.000.317 francs. Pourcentage : 74,84.

Sur les exercices 1939 et antérieurs, il a été recouvré, durant le mois d'août : 1.328.589 francs ; les restes à recouvrer se trouvant ainsi ramenés à 29.457.145 francs.

Enfin, les recouvrements "à la source" Contribution Nationale extraordinaire et Impôts Cédulaires se sont élevés à 14.862.983 francs durant le mois d'août, soit un total de 104.312.826 pour la période du 1er janvier au 31 août 1941.

Ci-joint, par ailleurs, un tableau comparatif des recettes diverses d'août 1938 à août 1941.

Situation comparative des recouvrements centralisés à la Trésorerie générale
Situation comparative des recouvrements centralisés à la Trésorerie générale

Émissions du Trésor. Les souscriptions aux Bons à court terme, recueillies ou centralisées aux guichets des Comptables du Trésor et des Postes pendant le mois d'août 1941, sont en nette progression sur les émissions des mois antérieurs ; elles ont atteint en effet :

Bons à 6 mois : 6.676.500 Frs

Bons à 1 an : 16.048.000 Frs

Bons à 2 ans : 38.774.500 Frs

Bons à 3 ans : 364.000 Frs

Total : 62.463.000 Frs

Elles ne s'étaient élevées, en juillet 1941, qu'à 42.497.000 francs.

Caisses Ordinaires d'Épargne. Le relèvement est également très sensible, en ce qui concerne les excédents de dépôts dans les Caisses ordinaires d'Épargne du Département. En août 1941, excèdent de 4.262.036, 60 francs ; il n'avait été en juillet, que de 2.941,201, 10 francs. A titre d'information, les opérations des mois d'août 1939 et 1940, faisaient ressortir un excédent de retraits sur les dépôts : août 1939 : 29.494.515,26 francs ; août 1940 : 970,482, 10 francs.

2) Budget départemental

La rentrée des recettes départementales, en ce qui concerne les subventions de l'État et les impositions départementales s'effectue normalement. Cependant le versement par les communes de leurs contingents pour les dépenses d'assistance ne manque pas de présenter certaines difficultés en raison de la situation financière difficile dans laquelle se trouvent certaines d'entre elles. C'est ainsi que les contingents non recouvrés s'élevaient à : 11.107.887 francs à la clôture de l'exercice 1940 contre 4.370.837, 87 francs en 1939. Au 31 août 1941 seule une somme de 179.027, 80 francs a été versée sur les restes à recouvrer de 1940.

En ce qui concerne les recouvrements de 1941, la somme de 1.382.822 francs a été versée sur le montant d'un titre de 8.295.200 francs émis le 1er août 1941.

Pour le présent exercice, ce recouvrement est normal si on considère l'émission récente des titres de perception. Toutefois cette situation, si elle n'est pas susceptible d'une amélioration au cours des mois à venir, pourra provoquer certaines difficultés dans la trésorerie du Département surtout si l'État, de son côté, ne verse pas régulièrement ses participations dans les dépenses d'assistance.

La situation au 31 août 1941 des sommes restant dues par l'État s'établit comme suit :

Recettes à provenir de dossiers de liquidation adressés en 1940 et antérieurement : 10.514.286,82 francs.

Recettes à provenir de dossiers de liquidation adressés en 1941 : 9.181.206, 49 francs. Au total : 19.695.493, 31 francs.

Les subventions arriérées se répartissent de la façon suivante entre les diverses assistances :

- Assistance médicale gratuit (loi du 15-7-1893) : 1.961.970,25

- Assistance aux vieillards (loi du 14-7-1905) : 8.546.108, 54

- Assistance aux familles nombreuses (loi du 14-7-1913) : 6.207, 93

Total :10.514.286, 82 francs

Le versement par l'État de ces subventions arriérées apporterait, dans la Trésorerie du Département, un appoint important qui paraît d'ailleurs indispensable pour assurer l'ordonnancement normal des dépenses, toujours plus importantes, en fin d'exercice financier. Les relèvements des dépenses figurent au budget supplémentaire de 1941 (entretien des chemins départementaux travaux aux bâtiments départementaux, dépenses d'assistance, augmentation de la rémunération du personnel frais d'impression et fournitures diverses) ont été couverts au moyen des recettes normales (subventions de l'État, contingents communaux) et du reliquat disponible existant à la clôture de l'exercice 1940.

Les dépenses engagées à la date du 31 août s'élèvent à 85.325.212, 30 francs, 88.986.116, 20 francs.

D. Travaux.

Comme suite aux indications que je vous donnais dans mon rapport mensuel du 5 septembre dernier, page 23 et suivantes sur l'application dans mon Département, de la Loi du 6 avril 1941 sur l'équipement national, je vous communique ci-après la liste complémentaire des prévisions transmises au Commissariat Général au début du présent mois :

I) Constructions Scolaires

A. Groupe I - Projets approuvés

Saint-Étienne-au-Mont. Construction d'un groupe scolaire au hameau d'Audisques. 1.127.000 francs.

Hesdigneul-lès-Boulogne. Agrandissement du groupe scolaire. 450.000 francs. Travaux restant à exécuter.

Groupe II. Projets non approuvés

Angres. Construction de deux classes avec dépendances et 4 logements pour le personnel enseignant. 1.430.000 francs.

Berles-au-Bois. Construction d'une classe. 350.000 francs.

Boiry-Sainte-Rictrude. Construction d'une classe enfantine et d'un logement pour l'institutrice. 240.000 francs.

Campagne-lès-Boulonnais. Construction d'une classe supplémentaire avec logement et mairie. 363.000 francs.

Chelers. Construction d'un groupe scolaire et d'une mairie. 410.000 francs.

Cléty. Agrandissement de l'école et construction de vestiaire. 60.000 francs

Colembert. Construction d'un groupe scolaire. 660.000 francs.

Corbehem. Chauffage central aux écoles-mairie ; salle de gymnastique. 200.000 francs.

Croix-en-Ternois. Salle de classe, préau, logement, dépendances, remises. 376.000 francs.

Écourt-Saint-Quentin. Construction de 5 classes, salle commune, logements des adjoints et douches. 1.197.000 francs.

Hesdigneul-lès-Béthune. Construction d'une classe enfantine. 105.000 francs.

Hinges. Construction d'un groupe scolaire mixte. 622.000 francs.

Inchy-en-Artois. Construction d'une classe annexe à l'école de garçons. 125.000 francs.

Leulinghem-les-Estrehem. Construction d'une école avec logement et mairie. 200.000 francs.

Longueville. Reconstruction et agrandissement de l'école publique. 450.000 francs.

Marck. Construction de deux classes, vestiaires de la cantine, du logement de l'adjoint, des WC, des préaux, magasin, terrain de jeux, etc. 642.000 francs.

Nesles. Construction du logement de l'instituteur. 96.000 francs.

Nortkerque. Agrandissement de l'école des filles et Construction de logement pour l'institutrice adjointe. 84.000 francs.

Recques-sur-Course. Construction d'un groupe scolaire. 485.000 francs.

Rinxent-Hydrequent. Construction d'un groupe scolaire école de filles, aménagement du groupe garçon à Rinxent et agrandissement du groupe scolaire garçons et filles à Hydrequent. 10.750.000 francs.

Saint-Martin-Boulogne. Agrandissement et aménagement des écoles du centre et groupe scolaire d'Ostrohove. 2.158.000 francs. Samer. Construction d'un groupe scolaire. 3.600.000 francs.

Siracourt. Construction de lavabo vestiaire, préau, WC, remise. 200.000 francs.

Surques. Construction d'un groupe scolaire. 600.000 francs.

Vitry-en-Artois. Construction de deux classes supplémentaires (filles et garçons). 250.000 francs.

Willencourt. Construction d'un bâtiment scolaire. 650.000 francs.

2. Travaux d'équipement sportif.

Groupe I. Projet subventionnée.

Hesdin. Construction d'une salle de gymnastique sur le terrain de sports. 138.000 francs.

II. Travaux de voirie

Durant le mois de septembre 1941 il a été envoyé au Commissariat Général à l'équipement national une fiche de prévision accompagnée d'un rapport de l'Ingénieur en Chef du Génie Rural.

Commune de Senlis : Voies d'accès à 115 hectares de terres ; et Commune de Loos-en-Gohelle : Voies d'accès à 35 ha de terres. 685.000 francs

III. Électrification des écarts

Groupe I. Travaux autorisés

Électrification des écarts
Électrification des écarts
Électrification des écarts

Observations générales. La réalisation du programme d'électrification d'écarts dans le Département du Pas-de-Calais accuse actuellement un retard considérable, aucun chantier n'ayant pu être ouvert depuis le début des hostilités. D'où l'importance du programme prévu, justifiée par l'utilité et l'urgence des travaux en présence de la pénurie de carburants comme du manque de moyens d'éclairage. Le montant total des dépenses envisagées atteint le chiffre de 12.650.000 francs.

E. Protection contre l'incendie

Sur 906 communes que compte le Département du Pas-de-Calais, 334 possèdent un corps de sapeurs-pompiers régulièrement constitué. Ce chiffre peut paraître faible au premier abord, mais il y a lieu de tenir compte que depuis 1926 existe dans le Pas-de-Calais un service départemental de défense contre l'incendie. Ce service comprend 13 centres principaux et 22 centres secondaires. À chacun d'eux est attribué un rayon d'action variant entre 25 et 30 Kms pour les premiers et entre 15 et 20 kilomètres pour les seconds.

En cas de sinistre, les communes font appel d'abord au centre secondaire dont elles dépendent et, ensuite, en cas de nécessité, au centre principal. Cette organisation donne pleine satisfaction et elle a été adoptée par de nombreux Départements. Quoiqu'il en soit, il est incontestable que les communes ne doivent pas se désintéresser des moyens de défense ; il serait souhaitable que toutes pussent constituer un corps de sapeurs-pompiers capable de combattre un incendie dès sa naissance en attendant qu'arrive le renfort demandé au centre.

Cette question est capitale particulièrement dans les circonstances actuelles où dans le Pas-de-Calais, les incendies peuvent devenir fréquents. Cette situation a, d'ailleurs, retenu l'attention des autorités occupantes elles-mêmes qui prescrivent soit la création nouvelle de corps de sapeurs-pompiers, soit le renforcement en hommes de ceux existants, soit encore l'augmentation du matériel. La guerre et la situation du Pas-de-Calais en zone interdite ont beaucoup nuit au fonctionnement des corps qui ont vu leurs effectifs considérablement réduits et qui sont privés de leurs hommes les plus valides. En effet, il faut évaluer à plus de 1.500 le nombre de ceux qui sont encore prisonniers ou restés en zone libre. Il serait de première importance que les uns et les autres pussent être autorisés à réintégrer leurs corps.

Le matériel a aussi eu beaucoup à souffrir des évènements, soit qu'il ait été détruit par faits de guerre, soit qu'il ait été utilisé par les troupes d'occupation et détérioré. On en poursuit le remplacement avec toute la diligence que permettent les conditions actuelles du marché.

A l'heure présente, ce matériel est réparti comme suit :

1. Corps communaux

Autos-pompes : 25 ; Motos-pompes : 140 ; pompes à bras : 251 ; échelles : 28 ; extincteurs : 404 ; tuyaux (en mètres) : 67.564 ; sceaux : 728.

2. Corps des établissements industriels

Autos-pompes : 1 ; Motos-pompes : 73 ; pompes à bras : 39 ; échelles : 2 ; extincteurs : 6.865 ; tuyaux (en mètres) : 51.338 ; sceaux : néant.

III. Tutelle sur les groupements

En dehors des associations charitables et sportives, il n'y en a pas d'autres qui manifestent d'activité.

Rapports des pouvoirs publics avec le clergé

Ils sont très corrects. Le clergé a apporté beaucoup de dévouement dans l'organisation des garderies d'enfants, en liaison étroite avec le Secours National et les Maires. L'union sincère qui s'est partout manifestée, à cette occasion, notamment avec les instituteurs, mérite d'être notée. Les rares incidents locaux qui ont pu se produire ont été réglés dans les meilleures conditions, en accord avec l'Évêché.

Informations et propagande

Presse

La Presse départementale ne publie que des articles favorables au Gouvernement et à la politique de collaboration. Elle est censurée par les autorités d'occupation. En ce qui concerne la Presse parisienne, six journaux seulement pénètrent dans le Pas-de-Calais, à la suite d'une décision spéciale de l'OFK à Lille. Ces journaux sont : Le Matin, l'Œuvre, Les Nouveaux Temps, La France au Travail, Paris-Soir, l'Atelier. Je ne pense pas que la Presse parisienne ait une influence bien considérable sur le public, en raison, notamment, du chiffre très limité de vente de ces quotidiens.

Radio

Quant à la radio, je ne peux que répéter ce que j'écrivais au chapitre B, paragraphe 2, c'est-à-dire qu'elle devrait être plus puissante, plus éloquente et plus persuasive. D'autre part, dans les grandes villes de la zone côtière, les appareils de T.S.F. ont été confisqués.

Propagande

Le service de propagande n'a pas encore été organisé dans le Département. Je sais que le Ministère compétent se préoccupe de la question et je ne peux souhaiter très vivement qu'avant peu de temps les pourparlers actuellement en cours aboutissent et qu'un délégué départemental soit désigné.

Économie nationale

Le Département du Pas-de-Calais et le Département du Nord ont, avant la lettre, appliqué la formule de la régionalisation dans le domaine économique, en raison de la présence à Lille de l'OFK, compétente pour les deux Départements. Cette régionalisation est, aujourd'hui, réalisée par décision du Gouvernement. Dans ces conditions, les renseignements que fournit mon Collègue du Nord, concernant l'économie nationale, comprendront également ceux qui concernent le Département du Pas-de-Calais.

Agriculture

Répercussions des conditions atmosphériques sur les cultures. À un mois d'août caractérisé par de nombreuses averses orageuses a succédé un mois de septembre sec et chaud, sauf pendant la deuxième semaine qui a été refroidie par un vent du Nord assez fort. A la faveur de ce temps favorable, la rentrée des céréales a pu être terminée dans de bonnes conditions. De même, les déchaumages, les arrachages de pommes de terre et les premiers battages en plein air ont pu être réalisés facilement. Le temps sec et souvent ensoleillé a été très favorable à la betterave sucrière. Il a été par contre nuisible aux prairies.

Production végétale

Blé. La rentrée des derniers blés s'est prolongée jusqu'au 15 septembre et a pu se faire dans de meilleures conditions que celles des premiers blés rentrés partout trop humides. Les premiers battages accusent un rendement qui déçoit. Dans l'ensemble, il paraît devoir être légèrement inférieur au rendement moyen. Le poids spécifique des premiers blés battus atteignait 70-72 kilos. Ce poids se relève actuellement avec des blés plus secs. Il monte à 74 kilos. Les battages ne sont pas avancés.

Avoine. La récolte est nettement médiocre. Dans beaucoup de communes du Haut Boulonnais, aux terres argileuses, les cultivateurs ne se souviennent pas d'une récolte aussi faible. Le rendement moyen n'atteindra pas 20 quintaux. La qualité laisse également à désirer. Le poids spécifique ne dépasse pas souvent 43 kilos. Avec une telle récolte, le contingent de fourniture de 600.000 quintaux imposé aux cultivateurs ne pourra que très difficilement être réalisé.

Plantes sarclées

Pommes de terre. Les arrachages des variétés demi-hâtives telles que la Bintje qui est très répandue, ont eu lieu du 10 au 25 septembre. Les rendements laissent à désirer. Si avec des plants sélectionnés et une culture soignée faite en bonne terre le rendement a atteint 20 tonnes à l'hectare il est le plus souvent voisin de 10 et 21 tonnes avec des plants quelconques et des sols médiocres. Certains rendements sont même inférieurs. Cette variété a été fortement atteinte par le mildiou, de sorte que la proportion de tubercules tâchés, voués à la pourriture, dépasse parfois 25 %. Avec les variétés tardives, on n'espère pas un rendement plus élevé, de sorte que le rendement moyen départemental sera l'un des plus bas qui ait été enregistré. Ce médiocre résultat est la conséquence des conditions météorologiques défavorables de la date souvent tardive de plantation, de la qualité défectueuse du plant et du manque de sels de cuivre pour lutter contre le mildiou. Dans plusieurs communes de la zone côtière, le doryphore a fait beaucoup de dégâts.

L’OFK 670 à Lille a imposé que soit réparti entre les communes un contingent moyen de 15 tonnes à l'hectare, ce qui provoque des réclamations multiples de la part des Maires et des agriculteurs. Cette moyenne ne peut être atteinte.

Betteraves sucrières. À la fin de septembre, la végétation est encore très active. Après les pluies d'août, le feuillage a pris un grand développement. Les racines sont assez volumineuses dans la région du collet, mais d'après les cultivateurs, elles ne seraient pas longues. On espère cependant un bon rendement et une densité élevée. Dans les terres sableuses de la zone côtière, le ver blanc a occasionné de nombreux vides.

Betteraves fourragères. Dans l'ensemble, bonne récolte moyenne.

Rutabagas. Récolte plutôt médiocre, qui a beaucoup souffert des altises.

Chicorée. Très belle végétation qui fait entrevoir une récolte supérieure à la moyenne.

Légumes secs. Pois. La récolte s'est effectuée avec beaucoup de difficultés par suite des pluies d'août. Les battages ont à peine commencé. On estime que le rendement moyen atteindra 24 quintaux.

Haricots. Le haricot a, par contre, eu une mauvaise floraison ; il en est résulté de la coulure qui fera baisser le rendement de 30 à 50 % par rapport à la moyenne. La récolte et le séchage sont en cours.

Plantes oléagineuses

Œillette. L'oreillette a pu être récoltée dans de bonnes conditions. Les battages à la batteuse à céréales ont souvent été difficile. Les rendements signalés ne dépassent pas 15 quintaux en très bonne terre.

Hélianthe. Quelques très rares cultivateurs de la région d'Arras ont essayé l'hélianthe sur de petites surfaces. La récolte ne pourra pas être faite avant la mi-Octobre. De ces essais des renseignements utiles pourront être tirés.

Plantes fourragères. En septembre les deuxièmes coupes de luzerne ont donné des rendements satisfaisants. Le trèfle, par contre, est resté très court.

Production animale

État sanitaire du cheptel. La fièvre aphteuse, qui n'a jamais complètement disparu, manifeste une légère recrudescence, occasionnant peu de mortalité.

Recensement du cheptel. Le recensement trimestriel du cheptel, ordonné par les autorités allemandes, aura lieu le 1er octobre.

Espèce chevaline. Une seule question doit être signalée : celle des prix. Les prix de la taxe ne sont pas appliqués. Quant aux prix des chevaux et juments de plus de 4 ans, ils sont prohibitifs pour un très grand nombre de cultivateurs.

Espèce bovine. Vaches laitières Leurs prix sont très élevés. Le prix de 12.000 francs est fréquent. Ce prix comporte une marge trop considérable par rapport au prix de la même vache qui, vendue pour la boucherie ne dépasserait pas 5.000 francs. Dans ces conditions, l'amortissement devient une lourde charge.

L'approvisionnement en viande sur les seules ressources de la région entraîne un prélèvement assez important de vaches laitières. En ce qui concerne la production laitière, elle souffre de l'alimentation dont la quantité et la qualité commencent à baisser sérieusement.

Bœufs de travail. La cherté des chevaux conduit un certain nombre d'agriculteurs des régions betteravières à remplacer les chevaux manquants par des bœufs de travail que l'on fait venir de l'Allier, de la Nièvre et des Deux-Sèvres. Cette tendance s'accentue constamment. Aussitôt après les réquisitions massives de chevaux, en février, par l'armée allemande, les introductions ont commencé. Actuellement, cent dix bœufs de travail ont été amenés dans le Pas-de-Calais, la plupart dans la région de Marquion.

Espèces porcine et ovine. Rien à signaler.

Production de la viande. Il faut répéter ce qui a été dit le mois dernier, à savoir que le ravitaillement rencontre de grandes difficultés pour se procurer les contingents nécessaires, bien que ces derniers soient calculés sur une ration de viande très faible. On abat des animaux d'élevage de poids peu élevé, ainsi que des vaches laitières dont la carrière n'est pas terminée. D'autre part, faute de grains, le porc ne fournit pas l'appoint de viande sur le- quel on pourrait compter.

Les emboucheurs se plaignent des résultats financiers de leurs opérations. À cause des prix élevés du bétail maigre et de la marge insuffisante que laissent les prix du bétail gras, ils n'ont pu garnir normalement leurs herbages. Pour la même raison, les achats de bétail maigre à engraisser à l'auge pendant l'hiver, les pulpes, sont insignifiants.

Approvisionnements en produits indispensables à l'agriculture

Aliments du bétail. Les contingents de 600.000 quintaux d'avoine et de 60.000 quintaux d'orge imposés l'un par l'autorité allemande, l'autre par l'Office National des Céréales vont priver les cultivateurs de denrées fourragères dont ils ont absolument besoin pour leurs bestiaux. Ces prélèvements beaucoup trop élevés se traduiront inévitablement par une baisse importante de la production laitière et de la production de la viande. En temps normal, le Département du Pas-de-Calais vendait à l'extérieur un peu d'avoine, mais il introduisait environ 1.000.000 quintaux d'aliments concentrés, soit 675.000 quintaux de céréales et 350.000 quintaux de tourteaux. On conçoit que les ressources fourragères qui seront laissées au cultivateur, malgré l'appoint d'un petit contingent de tourteau, ne lui permettront pas de produire les quantités de lait, de beurre et viande que le rationnement impose.

Engrais. Les approvisionnements en engrais d'automne sont peu importants.

Ferrure. Toutes les communes sans exception se plaignent vivement de manquer de clous à ferrer depuis déjà quelques semaines. La situation à ce point de vue est extrêmement grave, surtout à la veille des travaux de transport que va nécessiter la récolte de betteraves. Le dernier contingent accordé au Pas-de-Calais remonte à juillet. Aucun clou n'a été fourni en août et septembre. Un contingent est prévu pour octobre. Il est absolument indispensable qu'il puisse être réparti dès le début de ce mois.

Carburants. En septembre, les quantités de carburants mis à ma disposition m'ont permis d'attribuer aux battages le double des quantités allouées en août. Vingt pour cent des besoins vitaux sont donc déjà satisfaits. Les contingents d'octobre sont malheureusement réduits de plus de 30 %, de sorte que le travail des batteuses et des tracteurs s'en trouvera forcément limité.

Lubrifiants. Tous les cultivateurs ayant des tracteurs manquent de graisse consistante. La graisse agricole qui leur est délivrée ne peut servir que pour les chariots. Elle provoque dans les roulements de tracteurs des avaries coûteuses.

Main-d'œuvre et attelages. Main-d'œuvre. Les chantiers allemands pour l'aménagement des champs d'aviation occupent un nombre croissant de journaliers et de journalières agricoles, attirés par des salaires très élevés. Dans la zone côtière, l'expulsion des ouvriers et ouvrières polonaises a provoqué une grande perturbation dans les exploitations agricoles, qui ne peuvent pas trouver la main-d'œuvre de remplacement.

Dans toutes les communes, tous les éléments de la population rurale sont contraints de redoubler d'efforts pour effectuer en temps opportun les différents travaux. Les arrachages de betteraves seront exécutés avec une faible main-d'œuvre étrangère, parce que les femmes en assureront une grande partie.

Attelages. Les travaux des champs d'aviation n'emploient pas seulement des hommes, mais encore de nombreux attelages. Les communes situées dans un rayon de 10 kilomètres doivent fournir un ou plusieurs attelages tous les jours. Cette imposition gêne d'autant plus les travaux agricoles que partout la force de traction est considérablement diminuée. Des démarches ont été faites sur ma demande par l'Oberfeldkommandantur à Arras pour que ces réquisitions soient réduites pendant la saison des betteraves sucrières.

Activité des Associations agricoles. Les Sociétés d'agriculture d'Arrondissement reprennent progressivement leur activité à l'exception de celle de Saint-Pol-sur-Ternoise dont le Président, décédé, n'a pas encore été remplacé. D'autre part, les différentes coopératives et syndicats ont tenu leurs réunions annuelles. Malgré les difficultés de déplacement, nombreux sont les membres qui suivent ces différentes réunions.

La Direction des Services agricoles organisera les 4 et 5 octobre 1941, avec le concours financier du Secours National et sous les auspices de la Société Artésienne d'Horticulture, une exposition d'Horticulture qui groupera les horticulteurs, les amateurs et les membres des jardins ouvriers.

État d'esprit des cultivateurs. Le travail des cultivateurs devient de plus en plus difficile. La cherté excessive des chevaux et des bovins, la faiblesse de la récolte des grains, les impositions importantes de denrées fourragères gênent considérablement les exploitants du Pas-de-Calais, pour lesquels les productions animales ont toujours constitué une partie importante des revenus. Ajouter à cela la difficulté et parfois l'impossibilité de se procurer certaines fournitures indispensables, telles que ficelle lieue pendant la moisson, clous à ferrer actuellement et les offres de ces mêmes produits par le marché noir à des prix scandaleux. Beaucoup de cultivateurs prennent prétexte des dépenses importantes qui leur sont imposées pour trouver insuffisants les prix des produits agricoles et livrer au marché noir une partie de leur production.

Les producteurs demandent que les marges des intermédiaires soient réduites dans toute la mesure correspondant aux frais et aux bénéfices normaux. Ils demandent également une répartition équitable de tous les produits dont ils ont besoin.

Ravitaillement

Les 46 cantons du Département ont été répartis entre 40 commissions. L'arrondissement d'Arras/Saint-Pol comprend 15 Commissions pour 16 cantons (Arras-sud et Arras-Nord ont été réunis). L'arrondissement de Béthune comprend 7 commissions pour 9 cantons (Lens-Est et Lens-Ouest ont été réunis de même que Lillers et Norrent-Fontes). L'arrondissement de Boulogne comprend 6 commissions pour 8 cantons (Boulogne-Nord et Boulogne-Sud, Calais Nord-Ouest et Calais Sud-Est ont été réunis). L'arrondissement de Montreuil comprend 6 commissions pour 6 cantons. L'arrondissement de Saint-Omer comprend 6 commissions pour 7 cantons (St-Omer Nord et St-Omer Sud réunis)

La Préfecture procède actuellement à la nomination des derniers membres. Ces commissions effectueront dès la semaine prochaine des prélèvements de bétail pour un poids de viande total hebdomadaire de 273.155 kilos.

Viande. La ration hebdomadaire de viande a évolué de 57 à 238 grammes pendant le mois de septembre dans le Département.

Bétail d'apport. En exécution du plan de ravitaillement de septembre les Départements de Seine-Inférieure, Cher, Loir-et-Cher, Calvados, Orne, Manche et Eure-et-Loir devaient nous adresser : 2225 bovins, 1.920 veaux, 2.120 ovins. À ce jour sont parvenus : 1303 bovins, 404 veaux, 1057 ovins. Chaque semaine un état des arrivages a été envoyé aux Départements expéditeurs en les invitant à diligenter leurs envois.

Paille. En vertu d'instructions ministérielles en date du 5 août, le Ravitaillement Général a pour seule mission de rechercher les quantités nécessaires pour les troupes d'occupation.

Avoine et aliments du bétail. La loi du 5 juillet 1941 indique comme seul organisme compétent le Comité Départemental des Céréales.

Beurre. Le rationnement de 300 grammes de matières grasses a été honoré entièrement en beurre au cours du mois de septembre. Les livraisons minima des producteurs ont été ramenées à 5 litres de lait ou 200 grammes de beurre depuis le 1er septembre. Néanmoins, le ramassage des beurres dans les dépôts communaux permettait d'envisager pour le mois d'octobre une répartition égale au mois précédent soi 300 grammes. Cette question est actuellement à l'étude avec le Ravitaillement Général du Nord. Au cours de ce mois 34 tonnes de beurre et 52 tonnes de fromages ont été importés dans le Département du Pas-de-Calais.

Pommes de terre. L'arrachage des pommes de terre, autorisé depuis le 1er septembre, a permis d'honorer les tickets d'août qui n'avaient pu l'être en raison de la pénurie de pommes de terre demi-hâtives et de répartir une ration de deux kilos par décade depuis le 10 septembre. Les cartes d'approvisionnement sont actuellement distribuées aux consommateurs qui pourront, dès le 1er octobre, obtenir en échange des tickets A et E de cette carte une première attribution de 50 Kilos.

Les communes ont reçu depuis le 5 septembre la notification des impositions de pommes de terre à livrer au Ravitaillement Général. Ces impositions ont été établies d'après les déclarations d'emblavement et suivant un rendement moyen fixé par l'Oberfeldkommandantur 670 à Lille, qui, pour l'ensemble du Département, ne pouvait être inférieur à 15 tonnes. Ces contingents seront difficilement réalisés, les rendements étant déficitaires par suite des intempéries, du défaut de semences sélectionnées et d'engrais, de maladies. En accord avec le département du Nord, une démarche sera tentée auprès de l'Oberfeldkommandantur 670 pour que l'imposition du Pas-de-Calais soit réduite aux possibilités de livraison des producteurs. D'ailleurs un télégramme de M. le Secrétaire d'État au Ravitaillement en date du 16 septembre 1941 n'imposait le Pas-de-Calais que pour 82.000 tonnes alors que les impositions réalisées à la suite des instructions de l'Oberfeldkommandantur 670 s'élevaient à 125.000 tonnes.

Légumes secs. Aucune répartition de légumes secs n'a pu être effectuée jusqu'à présent aux consommateurs, les prix de vente n'étant pas fixés. Avec les mauvais temps, la récolte de haricots, qui s'annonçait très belle, sera fortement déficitaire ; l'autorisation d'arrachage en vert devra vraisemblablement être accordée dans certains cas.

Riz – Blédor - Flocons d'avoine. Une répartition de 150 grammes de Riz a été effectuée au cours du mois de septembre aux enfants de 6 à 13 ans ; en outre, les enfants de 0 à 6 ans ont perçu 500 grammes de Blédor. Les Services du Ravitaillement Général du Nord et du Pas-de-Calais étudient actuellement un nouveau plan de répartition pour les aliments spéciaux, sur les bases suivantes :

- Enfants de 0 à 3 ans : 500 grammes de l'un des produits ci-après : Fromentine, Dulcia, Maïzena, Blédine.

- Enfants de 3 à 6 ans : 1 kilo de Blédor.

- Enfants de 6 à 14 ans : 250 grammes de flocons d'avoine.

Si ce plan était retenu par l'Oberfeldkommandantur 670 à Lille, il pourrait entrer en application dès le mois d'octobre. Des cartes spéciales ont été prévues pour le contrôle de la distribution.

Margarine. Les margarineries continuent leur fabrication pour honorer la ration supplémentaire des mineurs et des travailleurs lourds qui est de 400 grammes par mois

Chocolat. Une troisième répartition de chocolat s'effectue actuellement suivant les taux déterminés par la réglementation en vigueur et en échange des tickets du mois d'août.

Pâtes. Pour ce mois, la ration de pâtes alimentaires a été de 850 grammes pour toutes les catégories de consommateurs. Les stocks sont épuisés et aucun arrivage n'étant prévu des autres départements, cette ration ne pourra être honorée au cours du mois d'octobre.

Savon. La répartition du savon s'est effectuée sur les mêmes bases que pour le mois d'août. Pour octobre, application des 5 catégories prévues à l'annexe I de l'arrêté du 7 mars 1941 relatif à la répartition des savons et des produits à base de savon :

Première catégorie : 1 savonnette

2ème catégorie : 1 savonnette, 250 grammes de savon mou

3ème catégorie : 2 savonnettes, 250 grammes de savon mou

4ème catégorie : 4 savonnettes, 250 grammes de savon mou

5ème catégorie : [illisible] grammes de savon mou

En outre les enfants de 0 à 2 ans percevront 2 savonnettes.

Sucre. La ration mensuelle demeure fixée à 900 grammes, soit pour septembre : 800 grammes sucre raffiné et 100 grammes vergeoise

Pour octobre : 500 grammes sucre raffiné, 300 grammes sucre cristallisé et 100 grammes vergeoise

Les enfants de 0 à 3 ans et les femmes enceintes bénéficient d'un supplément de 450 grammes.

Poisson. Un arrêté interdépartemental signé de mon Collègue du Nord et de moi-même en date du 25 août 1941, crée les Comptoirs du poisson de Gravelines (Nord) et de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Ces Comptoirs sont chargés d'assurer la répartition des produits de la mer débarqués dans les différents ports entre les centres de consommation suivant un plan fourni par les Services du Ravitaillement Général.

En ce qui concerne le Pas-de-Calais, le Ravitaillement Général a établi le plan de répartition suivant les propositions de M. les Sous-Préfets qui ont effectué une enquête dans leur arrondissement pour connaître les centres de consommation et leur capacité d'absorption. Un réceptionnaire désigné par le Maire de la localité est agréé pour assurer dans chacun de ces centres la répartition des arrivages entre les détaillants ; il est responsable pécuniairement des commandes adressées au Comptoir au Poisson.

Le Comptoir centralise les commandes et les satisfait suivant les arrivages ; le groupement des mareyeurs, représenté par l'un de ses membres, est chargé des opérations matérielles de cette répartition réception de la marchandise, expédition sur les centres de consommation. Le transport du poisson par fer ou par route ne peut s'effectuer qu'avec un laissez-passer délivré par le Comptoir. Cette réglementation est en mesure de fonctionner dès le 1er octobre. Elle permettra de contrôler entièrement la production et d'assurer une répartition équitable, basée sur les besoins des centres urbains et industriels.

Légumes verts et Fruits. Par lettre en date du 27 août, le Bureau National des Fruits et Légumes a donné, en ce qui le concerne, son agrément à la composition suivante du Bureau des Fruits et Légumes du Pas-de-Calais : Président délégué : M. Quenot à Béthune. Délégué adjoint : M. Berteloot Cyr, à Saint-Omer. Répartiteur : Cuisse à Arras.

Comité consultatif : Pour les Producteurs : M. Foucaut, à Saint-Omer ; M. Dionnet, à Habarcq ; M. Henry Henri, à Achicourt ; M. Brocquet Alfred, à Serques. Membres suppléants à titre de Président ou Délégué de Syndicat : M. Colin André à Saint-Omer ; M. Berteloot Marcel à Saint-Omer.

Pour les Négociants : M. Benoit, à Lens ; M. Régent à Béthune ; M. Hillebrante, à Calais, M. Berteloot-Dujardin, à Saint-Omer. Membre suppléant : M. Beaurain, à Boulogne-sur-Mer.

Le Secrétariat administratif est installé à Arras, 6, rue des Portes Cochères. En outre, un Secrétariat annexe fonctionne à Saint-Omer pour le contrôle de la répartition au départ de la production de la région. Les livraisons nécessaires à l'approvisionnement des Départements du Nord et du Pas-de-Calais, sont assurées par priorité. Pour le surplus, le Bureau départemental a obtenu de l'Oberfeldkommandantur 670 deux bons de déblocage de 1.000 tonnes pour exportations en dehors du Nord et du Pas-de-Calais au profit du Groupement interprofessionnel de Répartition des Fruits et Légumes frais pour l'approvisionnement de l'armée allemande ainsi que de la population civile suivant les pourcentages fixés par le Bureau National soit : Paris, 50% ; Rouen et Seine-Inférieure, 5% ; Amiens et Somme, 5% ; Meurthe-et-Moselle et Meuse, 10% ; Ardennes, 5% ; Aisne, Marne, Haute-Marne et Aube, 10% ; Autres destinations, 15%.

La famille

Réfugiés. Nombre de réfugiés et sinistrés assistés. Réfugiés : 4.800 ; Sinistrés : 5.000. Total : 9.800.

Programme général d'évacuation. Dans la situation actuelle du Département, l'évacuation ne saurait-être envisagée que pour la zone côtière située entre Gravelines et le Sud de Boulogne-sur-Mer. Cette zone compte encore actuellement environ 120.000 habitants. La région Boulonnaise, la plus fréquemment soumise aux bombardements, représente une population de 60.000 habitants. Il ne saurait être question, à moins d'un ordre des Autorités Occupantes, d'évacuer ces habitants. Le programme envisagé ne s'appliquerait qu'aux malades, aux blessés, aux enfants et aux vieillards.

Les possibilités d'hébergement à l'intérieur du Département sont très variables, suivant les besoins des troupes occupantes, dont les mouvements fréquents modifient continuellement à cet égard la situation.

En ce qui concerne les malades et les blessés, une étude très poussée a été faite, sur mes instructions, par les Inspecteurs de la Santé avec la féconde collaboration de M. le Docteur Pouget, Maire du Touquet, qui a dressé le plan sanitaire de la Région de Boulogne-sur-Mer, et l'a soumis lui-même lors d'un voyage à Paris à M. le préfet Marlier. Ce plan qui avait pour pivot la station sanitaire de Berck, s'est trouvé profondément modifié à la suite de l'évacuation de cette station de cure. Il a dû être remanié en conséquence ; M. le Directeur Régional de la Santé met la dernière main à ce projet qu'il doit d'ailleurs soumettre à l'agrément des Autorités Occupantes.

En ce qui concerne les vieillards, il est envisagé d'évacuer les Hospices de Boulogne-sur-Mer et de Calais, qui comptent environ 600 hospitalisés ; ceux-ci pourraient trouver asile dans des locaux (châteaux, etc.) de l'intérieur du Département.

Pour les enfants, en dehors de ceux qui ont pu être confiés au Secours Suisse, à l'œuvre Guynemer, à la Croix Rouge, pour placements familiaux, des centres d'Accueil sont prévus, dont deux fonctionnent déjà à Arras. Actuellement, on peut évaluer à 6 ou 700, le nombre des enfants de la Région Boulogne-Calais, qu'on a pu ainsi sauvegarder.

Logement des sinistrés et réfugiés. Le programme des constructions provisoires comprend :

a) Sinistrés : 11 Cités Provisoires comprenant 583 logements et 201 constructions isolées.

b) Réfugiés : Cités d'un total de 419 logements, et 1.700 constructions environ réparties dans 150 communes rurales. L'ensemble de ce programme de constructions provisoires permettrait d'héberger environ 10.00 personnes. Le rapport ci-joint indique l'état d'avancement des travaux d'édification de ces logements.

Programme des constructions provisoires pour le Pas-de-Calais (septembre 1941). Le programme des Constructions Provisoires a été établi de la façon suivante :

Secours National : 2 bâtiments de 30 mètres.

Sinistrés. a) Cités jardins. b) constructions isolées

Constructions imputables aux frais d'occupation : 12 de 30 mètres.

Réfugiés : a) Cités jardins. b) bâtiments hospitaliers : 18 de 30 mètres. c) constructions isolées ré- parties dans des communes rurales de l'Arrondissement d'Arras : 1.600.

Réalisation. En cours ou terminé :

Secours National : Courrières et Oignies : Constructions terminées.

Sinistrés.

a) Cités - Arras : 1 cité, 90 constructions en cours. Boulogne-sur-Mer : 2 cités, 100 habitations en cours. Givenchy-lès-la-Bassée : 1 cité, 6 habitations en cours. Courrières : 2 cités, 185 habitations en cours. Calais : 1 cité, 50 habitations en cours. Oignies : 1 cité, 90 habitations en cours. Haisnes : 1 cité, 36 habitations en cours. Lens : 1 cité, 16 habitations en cours. Béthune : 1 cité, 10 habitations en cours. Total : 583.

b) Isolés – Aire-sur-la-Lys : 6 habitations. Duisans : 2 habitations. Givenchy-en-Gohelle : habitations. La Couture : 1 habitation. Lorgies : 1 hangar. Meurchin : 6 habitations. Rœux : 1 école. Vieille-Chapelle : 1 habitation, 1 hangar. Agnières : 2 habitations. Athies : 2 habitations. Beaumont-en-Artois : 2 écoles. Beuvry : 1 hangar. Brebières : 1 habitation. Busnes : 2 habitations. Courrières : 50 habitations, 4 hangars. Éleu-dit-Leauwette : 2 habitations. Essars : 5 habitations. Givenchy-lès-la-Bassée : 1 hangar. Guarbecque : 10 habitations, 4 hangars. Hénin-Liétard : 2 écoles. Hinges : [10] habitations. Huclier : 2 habitations. Isbergues : habitation. Mingoval : 2 habitations. Mont-Bernanchon : 26 habitations, 13 granges. Oignies : 15 habitations, remises. Robecq : [30] habitations. Sainte-Catherine : 9 habitations. Saint-Floris : 1 habitation, 4 écuries, étables. Saint-Venant : [15] habitations, 5 granges remises, 7 écuries étables. Total 201 habitations.

Constructions imputables aux frais d'occupation : Campagne-lès-Hesdin, hôpital, 9 bâtiments de 30 m. Saint-Pol-sur-Ternoise, maternité, 3 bâtiments de 30 m.

Réfugiés.

a) Cités – Arras : 3 cités, 203 constructions. Pas-en-Artois : 1 cité, 33 constructions. Fresnicourt-le-Dolmen : 1 cité, [150] constructions. Marconnelle : 1 cité, 33 constructions. Total : 419 constructions.

b) Bâtiments de 30 mètres. Arras : 12. Saint-Nicolas : 4. Total : 16 bâtiments.

c) Baraques prévues dans les communes rurales.

En cours d'exécution. Adinfer : 6. Anzin-Saint-Aubin : 18. Bailleulmont : 6. Bailleulval : 6. Basseux : 6. Berles-au-Bois : 1. Biache-Saint-Vaast : 14. Bourlon : 24. Cagnicourt : 12. Courcelles-le-Comte : 16. Dury : 12. Écourt-Saint-Quentin : 24. Étrun : 6. Gouy-en-Artois : 11. Graincourt-lès-Havrincourt : 18. Hamblain-les-Prés : 12. Haucourt : 10. Hendecourt-lès-Cagnicourt : 12. Humbercamps : 6. Inchy-en-Artois : 18. Izel-lès-Équerchin : 23. La Cauchie : 6. Lagnicourt-Marcel : 12. La Herlière : 6. Maroeuil : 18. Monchy-le-Preux : 13. Moyenneville : 18. Oisy-le-Verger : 24. Plouvain : 12. Pronville : 12. Quéant : 19. Quiéry-la-Motte : 12. Ransart : 12. Rémy : 6. Riencourt-lès-Cagnicourt : 12. Sauchy-Cauchy : 12. Sauchy-Lestrée : [18]. Saudemont : 12. Tortequesne : 6. Villers-lès-Cagnicourt : 8. Vis-en-Artois : 15. Total : 525.

2. Marchés passés avec le service des constructions provisoires. Agnez-lès-Duisans : 10. Bailleul-Sir-Berthoult : 12. Boiry-Saint-Martin : 6. Boiry-Sainte-Rictrude : 12. Bus : 7. Carency : 12. Étaing : 12. Fampoux : 12. Givenchy-en-Gohelle : 12. Habarcq : 12. Haute-Avesnes : 6. Hermies : 17. Lebucquière : 10. Neuville-Bourjonval : 13. Neuville-Saint-Vaast : 12. Oppy : 8. Pelves : 12. Ruyaulcourt : 18. Souastre : 12. Thélus : 12. Villers-au-Bois : 6. Total : 253.

3. marchés à l'étude à la section. Arleux-en-Gohelle : 12. Boiry-Becquerelle : 6. Boisleux-au-Mont : 12. Boisleux-Saint-Marc : 7. Boyelles : 6. Bucquoy : 22. Favreuil : 6. Ficheux : 12. Gaudiempré : 6. Gavrelle : 12. Hamelincourt : 12. Hénin-sur-Cojeul : 12. Mercatel : 12. Mory : 12. Sailly-en-Ostrevent : 18. Sapignies : 6. Wailly : 12. Willerval : 12. Total : 191.

4. Baraques prévues, commandées, mais dont les marchés ne sont pas encore passés. Ablainzevelle : 6. Achiet-le-Grand : 6. Achiet-le-Petit : 4. Acq : 12. Amplier : 6. Athies : 12. Ayette : 6. Baralle : 12. Barastre : 12. Beaulencourt : 6. Beaumetz-lès-Cambrai : 18. Beaumetz-lès-Loges : 4. Beaumont-en-Artois : 18. Beaurains : 18. Berneville : 12. Bertincourt : 18. Beugny : 12. Biefvillers-les-Bapaume : [18]. Bienvillers-au-Bois : 12. Bihucourt : 12. Boiry-Notre-Dame : 12. Bullecourt : 12. Chérisy : 12. Corbehem : 16. Croisilles : 18. Douchy-lès-Ayette : 12. Écoust-Saint-Mein : 18. Fleurbaix : 18. Foncquevillers : 12. Fontaine-lès-Croisilles : 6. Fosseux : 6. Frémicourt : 6. Fresnes-lès-Montauban : 6. Gomiécourt : 6. Gonnehem : 18. Guémappe : 6. Halloy : 6. Havrincourt : 18. Hébuterne : 18. Héninel : 6. Laventie : 24. Le Sars : 6. Le Transloy : 18. Ligny-Thilloy : 12. Lorgies : 12. Marquion : 12. Martinpuich : 12. Metz-en-Couture : 18. Monchy-au-Bois : 12. Mondicourt : 12. Montenescourt : 6. Morchies : 12. Morval : 6. Neuve-Chapelle : 16. Noreuil : 6. Orville : 12. Palluel : 18. Pommier : 6. Puisieux : 18. Rœux : 12. Rocquigny : 18. Sailly-au-Bois : 12. Sailly-sur-la-Lys : 18. Trescault : 12. Vaulx-Vraucourt : 24. Vélu : 6. Villers-au-Flos : 12. Total : 786.

Observations générales. Une cinquantaine de constructions seulement est achevée. Beaucoup attendent l'installation intérieure ou des enduits et peuvent être terminées rapidement. Les matériaux font moins défaut sauf en ce qui concerne la brique. Les chantiers ont beaucoup souffert du défaut de carburants. La main d'œuvre spécialisée également fait défaut, et il y a manque total de maçons, cimentiers et plâtriers.

La Santé

Dispensaires antituberculeux. Les dispensaires qui étaient en activité le mois dernier, fonctionnent de façon satisfaisante. Le dispensaire de Montreuil a pu récupérer son local, réquisitionné auparavant par les autorités d'occupation. Il pourra reprendre ses consultations dès que sa réinstallation sera effectuée. Cependant les autorités allemandes se réservent le droit d'utiliser l'appareil de radio de ce dispensaire pour leurs examens.

Au dispensaire de Berck, il n'y a pas eu de consultation depuis le 11 juillet. Ceci est dû au fait qu'il était installé à l'Institut Albert Calmette actuellement évacué. D'autre part, le Docteur Rémy chargé de cette consultation et qui doit venir de Boulogne-sur-Mer, n'a pas de moyens de communications à sa disposition. Avant l'occupation, le Dr Rémy se chargeait de la consultation des dispensaires d'Étaples, Berck et Montreuil. Actuellement la pénurie des moyens de locomotion rend peu aisées ces 3 consultations par un même médecin. Des pourparlers sont en cours, après entente avec M. le Sous-Préfet de Montreuil, fin de mettre à la disposition du Dr Rémy une voiture automobile de la Mairie de Berck qui viendrait le chercher à la station de chemin de fer la plus rapprochée pour le conduire à l'un ou l'autre de ces dispensaires.

Le dispensaire d'Audruicq ne peut pas se réinstaller pour l'instant : les faits de guerre ont rendu ces aménagements inutilisables et le local est encore occupé.

L'immeuble du dispensaire de Desvres est toujours occupé. Seul le service social fonctionne.

Les listes des tuberculeux du département sont établies au fur et à mesure de leur envoi. Elles sont ensuite adressées à Monsieur le Directeur régional de la Santé et de l'Assistance. Elles permettront d'organiser un fichier central en liaison avec tous les dispensaires, facilitant ainsi la surveillance médico-sociale des malades et de leur famille.

Dispensaires antivénériens. Les dispensaires antivénériens fonctionnent de façon satisfaisante. Cependant le manque d'Assistantes Sociales pour certains d'entre eux, se fait particulièrement sentir.

Services Hospitaliers. L'évacuation des hôpitaux et Sanatoriums de Berck est terminée.

Les services de contagieux de différents hôpitaux du département possèdent un nombre de lits trop restreint pour permettre l'hospitalisation de tous les cas de maladies transmissibles. Le déblaiement d'une partie des ruines de l'hôpital Saint- Jean à Arras se poursuit. Sur cet emplacement doivent être édifiées plusieurs constructions provisoires qui formeront un service de contagieux facilitant ainsi l'isolement de ces malades. Un centre de contagieux installé à l'hôpital d'Hénin-Liétard pour la région minière est à l'étude. Les difficultés rencontrées pour l'aménagement du chauffage central sont de nature à retarder l'organisation de ce centre.

Un plan sanitaire a été élaboré pour régler l'évacuation des victimes de bombardements de la zone côtière. Ce plan prévoit quatre centres de première urgence situés sur la côte et permettant l'hospitalisation des intransportables et le triage. Ils seront pourvus d'un personnel sanitaire qualifié, de locaux, et de moyens d'évacuation. Ces centres seront épaulés par les hôpitaux situés un peu plus à l'intérieur où seront hospitalisés et opérés les blessés transportables qui auront reçu les premiers soins. En cas de nécessité, des évacuations sont prévues vers Arras et Lille.

Œuvres Maternelles et Infantiles. La Maison Maternelle de Saint-Pol, grâce au service des Constructions Provisoires va pouvoir récupérer son autonomie, Les 3 baraquements sont déjà montés ce qui permettra à cette œuvre de reprendre assez rapidement son activité

Les garderies de vacances ont fonctionné à la satisfaction, de tous. La plupart d'entre elles ont fermé leurs portes vers le 15 septembre. Les résultats des pesées et des examens médicaux qui me parviennent tous les jours sont très encourageants. La plupart des enfants ont vu leur poids s'accroître dans les proportions intéressantes. Plusieurs autres que les examens médicaux pratiqués avaient révélé comme chétifs, ont pu être examinés dans les dispensaires et recevoir certains soins. Plusieurs trains conduisant des enfants évacués de la côte sont arrivés à Arras au cours du mois de septembre. Un assez grand nombre d'entre eux restent à Arras ou dans les environs, Les autres sont partis soit en Algérie, soit à [?], soit en Suisse. Plus de 800 enfants ont été ainsi évacués des zones dangereuses. L'inspection des gouttes de Lait se poursuit, conformément aux instructions reçues.

État Sanitaire. Les déclarations de maladies contagieuses ont permis de relever jusqu'à ce jour :

Fièvre typhoïde : 21 cas ; Scarlatine : 24 cas ; Diphtérie : 25 cas ; Méningite cérébro-spinale : 4 cas ; Tuberculose : 28 cas ; Rougeole : 15 cas ; Oreillons : 11 cas + 3 épidémies ; Poliomyélite : 3 cas.

En ce qui concerne les cas de fièvre typhoïde, de méningite cérébro-spinale et de poliomyélite, il n'existe pas de foyer épidémique. Il s'agit de cas isolés dont la recrudescence relative n'est pas anormale en cette saison. Pour chaque cas, un inspecteur adjoint a procédé à une enquête. Les mesures de désinfection et d'isolement ont été prises. Dans certaines communes, des prélèvements d'eau aux fins d'analyse, ont été prescrits ainsi que l'interdiction d'utiliser l'eau de certaines adductions ou puits pour la boisson.

'Eaux potables. Un programme de surveillance fréquente et périodique des adductions d'eaux potables a été élaboré. Il permettra de déceler à des intervalles rapprochés les pollutions de sources ou de captages et d'y opposer les mesures nécessaires. Tous les documents relatifs aux eaux potables ont été détruits au cours des événements de mai 1940. C'est pour ce motif que le rapport annuel sur les eaux n'a pas pu être établi cette année, une enquête a été faite dans chaque commune afin de connaître les modes d'alimentation en eau et me permettre de reconstituer les documents détruits. Chacun des agents de désinfection sera chargé de faire périodiquement dans les communes pourvues d'une adduction des prélèvements d'eaux aux fins d'analyse : mensuellement pour les communes importantes, trimestriellement pour les autres. Les échantillons d'eau seront adressés à l'Institut Pasteur Lille (laboratoire agréé) et les résultats de ces analyses seront envoyés mensuellement aux Autorités d'occupation.

Le Travail

A) Situation du chômage dans le Département

Hommes secourus : 3 ; non secourus : 650. Total : 653.

Femmes secourus : 500 ; non secourus : 2782. Total : 3282.

B) Arrondissements d'Arras, Montreuil et Béthune

1) Industries détruites ou gravement endommagées. Au cours du mois écoulé, deux incendies successifs se sont déclarés aux Huiles, Goudrons et Dérivés à Vendin-le-Vieil (fabrique de produits chimiques). Les dégâts ont été importants, la fabrication de naphtaline étant complètement arrêtée. 80 ouvriers environ ont été mis en chômage par l'établissement et ont pu être replacés immédiatement par les soins des bureaux de placement.

Par ailleurs, les récents bombardements aériens n'ont pas produit, à ma connaissance, de dégâts de quelque importance dans les établissements industriels soumis à mon contrôle.

2) Industries dont l'équipement est intact et pour lesquelles la main-d'œuvre fait défaut. Cette question n'a pas varié et ne présente pas la même importance que pendant les mois ayant succédé à l'invasion, étant donné que toutes les industries dont l'équipement était intact ont repris, depuis assez longtemps, leur activité.

3) Industries n'ayant pas encore repris leur activité. Aucune observation à ajouter à celles ci-dessus. Je noterai simplement que plusieurs sucreries et distilleries n'ayant pas fonctionné en 1940 vont se remettre en route d'ici quelques jours.

Main-d'œuvre. Dans le courant de septembre, il a été effectué 2.517 placements masculins et 924 placements féminins. Le nombre d'offres d'emploi non satisfaites est, pour la dernière semaine de septembre, de 573. Quant aux demandes d'emploi non satisfaites, il s'élève à 653 pour les hommes et 3.252 pour les femmes, émanant en majeure partie de la région calaisienne et des industries textiles. Ces chiffres ne présentent pas de variation importante par rapport au mois écoulé, l'activité économique étant demeuré sensiblement la même,

Il est bon cependant de signaler que les derniers bombardements ont eu pour résultat un ralentissement des plus périlleux dans l'activité des usines de produits chimiques et notamment les fabriques d'engrais, dont la production a été très inférieure à la moyenne. Il est à considérer que la prochaine campagne betteravière va s'ouvrir d'ici quelques jours, la totalité des sucreries et la plupart des distilleries vont reprendre leur activité. A cet égard, il y a lieu de constater que la main- d'œuvre disponible à fournir aux usines dont il s'agit est très insuffisante, tant en ce qui concerne les spécialistes qu'en ce qui concerne la main-d'œuvre banale. Particulièrement dans l'arrondissement de Montreuil, les usines dont il s'agit n'arrivent pas à se procurer la moitié des manœuvres qui leur sont nécessaires. Dans certains cas, on doit envisager la marche des usines avec 2 postes, soit 84 heures de travail par semaine.

Chômage. Le nombre de chômeurs hommes secourus est de 3 et le nombre de femmes secourues de 500, la totalité des chômeurs hommes étant secourus par le fonds de chômage de Berck récemment ouvert par suite de l'évacuation des hôpitaux. Ce fonds secourant également 80 femmes, on peut considérer que le chômage féminin, exception faite de la situation particulière de Berck, n'a pas subi de variation notable.

Aucun autre fonds de chômage n'est en activité dans les arrondissements d'Arras et Béthune, mais je signalerai qu'un chômage partiel, d'une durée de 3 semaines environ, s'est produit à Frévent au Comptoir Linier (filature de lin, effectif : 800 personnes), par suite de manque de charbon.

Voici, en ce qui concerne Berck, où en est la situation à l'heure actuelle : L'évacuation qui devait se produire au début d'août s'est seulement produite au début de septembre.

En juillet, le nombre de salariés devant se trouver sans travail était évalué à plus de 600. À l'heure actuelle, il existe seulement, comme chômeurs secourus, 3 hommes et 78 femmes et, comme chômeurs non secourus, aucun homme et 40 femmes. Particulièrement, tout le personnel infirmier a retrouvé du travail, le contingent de chômeurs étant formé par le personnel ouvrier et le personnel de service. L'importance du chômage à Berck est donc moins considérable que l'on pouvait s'y attendre. Cet état est dû au fait qu'une centaine de personnes environ ont suivi les établissements dans leur évacuation ; qu'un nombre évalué à 100 ou 150 a quitté la région, ayant trouvé une situation ailleurs dans le courant d'août ; que les Services de placement se sont très activement employés à procurer, dans toute la mesure du possible, une situation en rapport avec les aptitudes de chaque chômeur, soit dans les usines de la région, soit auprès des services de l'armée occupante. On peut considérer que d'ici une semaine, il ne restera plus qu'un seul chômeur homme secouru et que le placement du personnel féminin spécialiste (infirmières diplômées) sera total.

Salaires. Peu d'observations à faire sur la question salaires. J'ai reçu de l'Union Départementale une demande de reclassement de certaines communes dans les banlieues de plus de 5000 et 20.000 habitants. Un rapport complet sur la question vous sera adressé dans la première quinzaine d'octobre. Ainsi que je l'ai indiqué dans mes précédents rapports, il ne semble pas que l'application de la loi du 23 mai 1941 ait résolu le problème des salaires, lequel reste toujours en suspens par suite de l'augmentation rapide du coût de la vie.

Accidents du travail. Le nombre d'accidents du travail au cours du troisième trimestre 1941 est de 2.499. Rien de particulier sur cette question n'est à noter.

C) Zone côtière

1) Établissements détruits qui ne pourront reprendre leur activité sans travaux importants. Aucun changement.

2) Établissements pour lesquels l'équipement est intact et pour lesquels la main-d'œuvre fait défaut. Aucun changement.

3) Établissements qui n'ont pas repris leur activité bien que disposant sur place de l'équipement et de la main-d'œuvre. Aucun changement.

4) Établissements avant repris leur activité. Les Établissements Thierry Frères occupant 110 personnes à la fabrication des chaussures, fabrication qu'ils avaient dû arrêter par suite de dégâts causés à l'usine par les bombardements.

Les Usines Ondia qui fabriquent des postes de T.S.F. ont transféré leur usine de Boulogne-sur-Mer à Paris, 112 rue de Clignancourt,

Situation du Marché du Travail

Pêche. 20 Hommes sont inscrits contre 17 le mois dernier. La pêche côtière seule, demeure autorisée, mais il est probable que des changements importants soient apportés prochainement.

Agriculture. 4 hommes contre 5. 4 femmes contre 3. Il ne s'agit pas d'ouvriers agricoles proprement dits, mais de jardiniers.

Industrie extractive. Il reste inscrit 1 homme contre 2 au 25 août.

Industrie de l'alimentation. Sont inscrits 10 hommes et 108 femmes, soit 11 hommes et 5 femmes de moins que le mois précédent. En réalité la situation de l'alimentation est stationnaire par suite du manque de matières premières (apport de poissons). Les chômeurs constatés en moins ont été embauchés pour les chantiers de l'armée d'occupation.

Industrie chimique. Aucun homme inscrit. 2 femmes contre 4 précédemment. Aucune activité dans cette branche. L'usine des produits chimiques de Laires, près de Calais, est en grande partie occupée par des services allemands.

Industrie du Caoutchouc. Aucun chômeur.

Industrie du Papier. Plus aucun chômeur homme. 20 femmes demeurent inscrites, soit 2 femmes de moins que le mois dernier, Dans la cartonnerie l'activité est réduite par suite du manque de matières premières. D'autre part, l'usine des Pâtes à Papier de Calais est toujours arrêtée étant occupée par l'armée d'occupation.

Industrie du Livre. Toujours 3 hommes et 2 femmes. Dans cette branche, aucun changement:

Industrie Textile. 36 hommes contre 128 et 812 femmes contre 889 le mois précédent. L'Usine des Filés de Calais recherche toujours du personnel. Les chômeurs inscrits sont, en grande majorité, des ouvriers de l'industrie tullière déjà âgés. On escompte, sous peu, une meilleure activité de cette industrie.

Industrie du vêtement. 1 homme contre 3 et 162 femmes contre 174 restent inscrits dans cette branche.

Cuirs et Peaux. Toujours 1 homme Aucun changement dans les femmes soit 10.

Industrie du Bois. 14 hommes d'inscrits, soit le même chiffre que le mois dernier. 8 femmes contre 7. Il s'agit d'ouvriers non spécialisés, empileurs, porteurs de planches, etc.

Métallurgie. Sont inscrits à ce jour 52 hommes contre 73, et 64 femmes contre 65.

Terrassement- Bâtiment. 28 hommes contre 40 le mois précédent. Dans ce groupe seuls les manœuvres ordinaires demeurent demandeurs d'emploi. Il manque toujours des ouvriers spécialisés.

Pierres et Terres au feu. Deux hommes de plus, et six femmes de moins, soit 5 hommes contre 3 et 17 femmes contre 23.

Manutention. Sont inscrits 278 hommes contre 455 et 738 femmes contre 817, soit 177 homes et 79 femmes de moins qu'au mois d'août. L'ouverture de quelques nouveaux chantiers allemands a permis ces embauchages.

Transports. 28 hommes contre 45, toujours 4 femmes.

Commerces divers. Sont inscrits : 62 hommes au lieu de 67, et 238 femmes au lieu de 249. Ces demandeurs d'emploi sont surtout des employés de bureaux : comptables, dactylographes, vendeuses.

Professions libérales. Sont inscrits à ce jour : 8 hommes contre 7 et 9 femmes contre 10.

Soins personnels. Restent demandeurs d'emploi 2 hommes au lieu d'un et 12 femmes au lieu de 15.

Services domestiques. Toujours 1 homme 41 femmes de moins que le mois dernier, soit 495 femmes au lieu de 536. Ce chiffre ne comporte pas beaucoup de gens de maison, mais plutôt des femmes de ménage qui ne peuvent entrer en service.

Divers. Sont inscrits 6 hommes contre 8 et 1 femme contre 3, soit 2 hommes et 2 femmes de moins qu'au mois d'août.

Dans toutes les branches, l'activité est réduite par suite de l'insuffisance ou de l'absence de matières premières ; coton pour les talles et dentelles, charbon pour beaucoup d'industries, essence pour les transports.

D) Arrondissement de Saint-Omer.

L'activité des entreprises industrielles est sensiblement stationnaire. Cela est dû non pas à l'absence des besoins qui sont très importants, mais au manque de matières premières et surtout au manque de charbon. Les usines travaillent de ce fait d'une manière très irrégulière. Les périodes de chômage succèdent à celles d'activité. Les effectifs des ouvriers occupés n'ont guère varié d'un mois à l'autre. Au début du mois de septembre, ils étaient de 3741 personnes contre 2764 dans les 79 plus grosses entreprises de ma section. Ces ouvriers avaient accompli 166.518 heures de travail contre 161.735 doit une légère augmentation.

Dans les fabriques de papier et carton de la Vallée de l'Aa, la marche reste irrégulière. Celles qui ont à exécuter des commandes pour le compte des autorités allemandes travaillent dans des conditions relativement satisfaisantes, les autres sont arrêtées ou travaillent avec des moyens de fortune. J'ai déjà signalé que l'arrêt des Papeteries d'Ouve-Wirquin avait été envisagé. Pour le moment, elles ont organisé le chômage partiel pour retarder le jour de la fermeture définitive. Les établissements Canonne Verschaeve, à Lumbres, ont remplacé la machine à vapeur par des moteurs électriques et pour suppléer au manque de charbon, ils chauffent leur générateur de vapeur avec les déchets de bois de leur scierie. Ceci montre le souci avec lequel les industriels essaient de s'adapter aux difficultés actuelles.

Dans les fabriques de lingerie de Saint-Omer, l'activité est extrêmement réduite. Plusieurs ateliers n'ont pas repris leur marche depuis les évènements de mai 1940. Les autres ne travaillant que quelques heures par semaine avec un personnel très réduit. Faute d'étoffe, certains seront acculés à une fermeture très prochaine.

Par ailleurs, je n'ai rien de nouveau à signaler. La Filature de Jute d'Arques ne travaille qu'avec 27 ouvriers. Celle de Saint-Omer reste fermée. Les Verreries d'Arques emploient encore 875 ouvriers et travaillent pour le moment de façon satisfaisante.

La campagne betteravière est sur le point de commencer. Les sucreries et distilleries s'efforcent de recruter leur personnel saisonnier. C'est un problème qui présentera quelques difficultés pour certaines, notamment la sucrerie de Saint-Martin-au-Laërt.

C'est que la main-d'œuvre sans travail est extrêmement rare dans la région de Saint-Omer. Cela est dû ainsi que je l'ai précisé dans mes rapports précédents aux besoins très importants des autorités allemandes sur les champs d'aviation. Les fonds de chômage ne secourent plus d'hommes âgés de 60 ans et moins et seulement six femmes. Et il n'est pas à prévoir que la situation change très rapidement. Ce manque de main-d'œuvre n'est d'ailleurs pas sans présenter quelques inconvénients. Le recrutement d'ouvriers rend très difficile l'exécution de certains travaux, notamment celui du curage des wateringues dans la région de Saint-Omer. Par ailleurs les ouvriers encore occupés dans les usines ont tendance à les quitter, attirés par les hauts salaires payés sur les chantiers de l'armée d'occupation. Et l'on assiste déjà à cette chose d'apparence paradoxale : le manque de main-d'œuvre qualifiée dans des établissements à marche très réduite.

Production industrielle

En ce qui concerne la production industrielle, du fait de la régionalisation, tous les Comités d'organisation ont leur siège à Lille. Je ne peux donc que me rapporter aux renseignements fournis sur ce chapitre par mon Collègue du Nord. Toutefois, en ce qui concerne les Mines, dont la partie la plus importante, se trouve dans mon Département, je vous donne ci-après les renseignements suivants :

Mines

I. Expéditions. Les expéditions de tous combustibles au départ des Mines du Nord et du Pas-de-Calais, sont reprises au tableau ci-dessous :

Expéditions de tous combustibles au départ des Mines du Nord et du Pas-de-Calais

Sur ces tonnages il a été expédié aux industries et aux foyers domestiques du Nord et du Pas-de-Calais, les quantités ci-dessous :

Expéditions aux industries et aux foyers domestiques du Nord et du Pas-de-Calais

Les ventes au carreau à destination de la clientèle du Nord et du Pas-de-Calais, non comprises dans le tableau ci-dessus, se sont montées pour le mois d'août 1941 à 15.175 tonnes. Ces ventes ne comprennent pas les tonnages enlevés par toute pour l'exportation, ni pour l'armée allemande ni pour les ayants droit des mines. De même les tonnages enlevés pour les autres groupements que ceux du Nord et du Pas-de-Calais n'y figurent pas.

II. Production. La production nette journalière a varié comme suit pour l'ensemble du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais. Elle est actuellement stationnaire, sans tendance à l'augmentation :

Production pour l'ensemble du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais

L'extraction nette s'est élevée à 2.187.766 en août 1941 contre 2.252.113 en juillet. La situation à fin août comparée à celle de fin juillet des stocks à terre est la suivante : (non compris le stock de sécurité des cokeries)

stocks à terre de combustibles

Aucune difficulté spéciale pour les approvisionnements sauf en ce qui concerne les bois de mines.

III. Approvisionnement en bois de Mine. La fourniture de bois aux mines présente un intérêt de premier ordre puisqu'elle conditionne la production de houille à laquelle est liée toute l'économie du pays. À un seul mètre cube de bois de mine correspond l'extraction de 20 tonnes de houille, c'est-à-dire toute l'importance des bois de mines dans la production. Or, la situation actuelle est loin d'être satisfaisante malgré les efforts faits, les stocks de bois de mine ne représentent que la moitié du chiffre qu'il devraient atteindre à la fin du présent mois pour que l'extraction de la houille ne vienne pas à souffrir du manque d'étais de soutènement au cours du prochain hiver. A titre d'exemple, je vous donne ci-après l'état des stocks de bois et les prévisions de consommations des Compagnies de Marles, Bruay et Noeux.

État des stocks de bois et les prévisions de consommations de la Compagnie de Marles
État des stocks de bois et les prévisions de consommations de la Compagnie de Bruay


À signaler que ce stock est celui existant au rivage de Béthune ; il ne comprend pas les réserves de bois des fosses, qui peuvent être au maximum de l'ordre de 15 jours pour les queues et rallonges, de 1 mois pour les autres bois.

État des stocks de bois et les prévisions de consommations de la Compagnie de Noeux

On voit d'après ces chiffres que la situation est particulièrement grave pour les queues et les rallonges : Noeux et Marles avaient devant elles 5 à 6 semaines de rallonges le 1er août ; Bruay n'en a plus au 1er septembre que 15 jours environ. Cette pénurie de bois menace non seulement de provoquer une baisse de la production (à Bruay, par exemple, le remplacement des queues de 1,50 mètres par des queues de 1,20 m. va provoquer d'ici peu une baisse sensible de rendement), mais elle nuit beaucoup à la sécurité.

Les Compagnies ont déjà fait de gros efforts pour remédier dans la mesure du possible à cet état de choses emploi de vieux câbles au lieu de rallonges, récupération des bois, rallonges métalliques, bois fendus en deux, etc. Mais les mesures prises ne sont souvent que des pis-aller et contribuent ainsi à diminuer la sécurité. La situation est d'autant plus critique qu'en cette période de l'année les stocks de bois devraient être très importants, les transports d'hiver devenant plus difficiles.

Dans ces conditions il est de mon devoir d'appeler d'une façon pressante l'attention du Gouvernement sur la nécessité impérieuse qu'il y a à prendre dans l'ensemble du pays des mesures immédiates propres à augmenter la fourniture des bois de mine. Le ravitaillement de la France en charbon qui dépend en grande partie du bassin houiller du Pas-de-Calais ne pourra s'effectuer qu'en raison même de l'effort qui sera poursuivi dans les régions forestières en vue d'une fabrication intensifiée de ces matériaux.

IV. Personnel. Le personnel atteint le 31 août 1941 : les chiffres suivants : Fond : 101.484 ; Dépendances légales 42.119.

Les communications

Transports

A titre documentaire, je vous informe qu'au cours du mois d'août 1941, la Société Nationale des Chemins de Fer Français a transporté 989.500 tonnes de houille, en provenance des Mines du Pas-de-Calais.

Postes et Télégraphes

1) Service postal. Aucune modification de l'acheminement n'a été réalisée dans le courant du mois de septembre, les horaires des trains n'ayant eux-mêmes subi aucun changement. Une étude tendant au rétablissement d'une deuxième distribution dans un certain nombre de recettes des trois premières classes a été soumise pour approbation à l'Administration.

2) Service Téléphonique. Au cours de la dernière période mensuelle écoulée 33 bureaux ont été réouverts.

3) Services Techniques. Aucun fait important durant le mois de septembre. Toutefois, il convient de signaler un bombardement au cours de la journée du 30 août en gare de Dannes-Camiers qui a endommagé l'artère sur V.F. Boulogne-Paris. La réfection de cette artère a nécessité 3 journées de travail d'une équipe comprenant 1 chef et 10 hommes.

4) Service Télégraphique. A ce sujet il m'a été indiqué par la Direction départementale que des mesures nouvelles auraient été prises en accord avec les autorités d'occupation. Jusqu'à présent les télégrammes (privés et officiels) franchissant la limite séparant le Nord et le Pas-de-Calais du reste de la France occupée devaient être rédigés en langage clair.

Les dispositions suivantes seraient maintenant applicables à ces correspondances :

a) trafic officiel. L'utilisation du langage secret (convenu et chiffré) est admise à la condition que la clé utilisée soit déposée à la Télégrammprufstelle, 103 rue de Grenelle à Paris (7e).

b) trafic privé. Les télégrammes doivent être rédigés en langage clair.

Il m'a été précisé en outre que la clé utilisée pour les télégrammes de la catégorie a) devait être reconnue officiellement ; l'usage de clés privées restant rigoureusement interdit. Je vous serais reconnaissant de vouloir bien me dire s'il est effectivement dans les intentions du Gouvernement de doter la Préfecture du Pas-de-Calais d'un Code secret et dans cette affirmative si cette décision sera prise après avis de l'Oberfeldkommandantur 670 à Lille.

Ponts-et-Chaussées

Reconstruction. Application de la Loi du 5 août 1940

a) Immeubles. Environ 6.500 demandes ont été déposées parmi lesquelles 5.634 dossiers complets ont été étudiés. 3.352 arrêtés préfectoraux ont accordé des subventions aux particuliers pour un montant total de 35.903.979 francs. 1.658 ordres de paiement ont été émis pour un ensemble de 12.334.703 francs.

b) Ouvrages d'art

2 ponts provisoires sont terminés à Oignies (C.D.46) et Saint-Omer.

1 passerelle de halage est en cours au pont provisoire de Dourges (C.D. 160 E).

Le relevage du tablier des ponts de Courcelles et de Colline-Beaumont sont en cours.

3 ponts définitifs sont terminés à Tortequesne (2) et à Sailly-en-Ostrevent.

3 ponts définitifs sont en cours de reconstruction ou de réparation à Sailly-en-Ostrevent, Huby-Saint-Leu et Saint-Laurent-Blangy.

Service Routier. La difficulté d'approvisionnement des matériaux et le contingentement serré du goudron ne permet pas d'apporter aux travaux de réparation des chaussées des routes et chemins toute la célérité désirable.

Les services allemands ont octroyé à notre service une faible partie de la quantité des matériaux extraits de quelques carrières locales ou fabriqués aux usines de tarmacadam. Il a fallu recourir aux porphyres de Lessines et aux ballastières de la Basse Seine pour compléter les approvisionnements strictement indispensables. Les goudronnages généraux très souhaitables ne peuvent pas être effectués ; la viabilité sera autant que possible maintenue par des emplois goudronnés, Les travaux de rechargement de quelques sections de routes et chemins demandés par les autorités allemandes n'ont pu être exécutés qu'en raison de la fourniture hors contingent par les autorités d'occupation des matériaux nécessaires.

Relations avec les autorités d'occupation

Les relations avec les autorités occupantes sont très correctes, que ce soit celles avec l'Oberfeldkommandantur à Lille, ou celles avec les cinq Kreiskommandantur.

Dans les multiples conférences auxquelles mes collaborateurs ou moi-même prenons part, nous enregistrons un désir réciproque d'entente en vue de parvenir à surmonter les difficultés. Mais il est évident que l'Administration militaire allemande s'intéresse à toutes les questions administratives quelles qu'elles soient, ce qui provoque un surcroît de travail considérable pour les services français. D'autre part, les nécessités militaires, ou celles résultant du fait de l'occupation ont des conséquences dont je vous expose ci-après quelques-uns des principaux aspects.

Réquisitions allemandes

Je crois utile, au début du quatrième trimestre de 1941, de vous indiquer ci-après, sous forme de tableau, le montant des réquisitions de l'autorité occupante depuis le début de la présente année. Cette situation embrasse toutes les dépenses incluses dans les comptes 15.03 d'une part (frais d'entretien de l'armée d'occupation : logement et cantonnement), 35.13 d'autre part (dépenses imputables au compte P/C réquisitions allemandes).

Frais d'entretien de l'armée d'occupation
Frais de réquisitions

La dépense totale atteint le chiffre important de 217 millions de francs. Je me dois également de noter dans un tableau annexe le caractère particulier de certaines de ces dépenses qui pour la plupart ont été effectuées dans la zone côtière de Boulogne-sur-Mer et Saint-Omer.

Dépenses effectuées par l'armée d'occupation

Amendes

30/08/1941. Ardres. Maire. 2.000 francs. Rupture de câbles téléphoniques.

02/09/1941. Clairmarais. Maire. 4.000 francs. Défaut de surveillance de câbles téléphoniques.

11/09/1941. Fréthun. Maire. 6.000 francs. Acte de sabotage de câbles.

Otages

21/09/1941. Preures (Soudain Louis, maire), Bourthes (Euriren Gustave, maire), Zoteux (Delattre Charles). À la suite de la disparition du pilote d'un avion anglais abattu au-dessus du territoire de ces communes.

Arrestations

(portées à ma connaissance par les services de police).

02/09/1941. Carvin. Verbeke Julien, soupçonné d'avoir fait évader un soldat français en juin 1940 ; et ; Verbeke Robert, un fusil de guerre français a été découvert enterré dans son jardin.

03/09/1941. Mazingarbe. Tison Jules, Bocquet Clovis, Legrand Marcel, Évrard René. Suspectés de Gaullisme.

11/09/1941. Estevelles (Gary Célestin, Turpin Félix), Courrières (Dubert Albert, Lecocq Robert), Montigny-en-Gohelle (Laurent Martin, Delecroix Germain), Billy-Montigny (Vichery Augustin, Bachelet Roger). Photo avec inscription injurieuse pour les autorités d'occupation.

Condamnations (celles dont j’ai pu avoir connaissance).

Saint-Omer. Époux Hiecque, et, Bourgeois : condamnés à mort. Decavel : 15 ans de travaux forcés. Kesteloot : 4 ans de travaux forcés. Boudin : 2 ans et demi de travaux forcés. Boudin Mr : 18 mois de travaux forcés. Lourdel : 1 an de travaux forcés. Delebois : 4 mois avec sursis. Bellosa : 1 an de travaux forcés.

Tilques. Mayeux : 15 ans de travaux forcés. Pourchaux : 10 ans de travaux forcés. Stopin : 3 ans de travaux forcés. Leroy : 1 an de travaux forcés.

Nieurlet. Debroucker, Salomé, Lacet : 1 an de travaux forcés.

Dès que j'ai eu connaissance de la condamnation à mort de M. Bourgeois et des époux Hiecque, j'ai aussitôt fait toutes démarches auprès des autorités locales en vue d'obtenir une commutation de peine et signalé d'urgence cette situation par rapport spécial à M. le Délégué Général à Paris.

Répression par l'Autorité occupante des menées communistes et des actes de sabotage Condamnations et exécutions d'otages communistes

Dans le courant du mois de septembre 44 individus soupçonnés d'activité communiste par la police allemande ont été arrêtés.

Aucun attentat individuel envers des membres de l'armée allemande n'a été commis durant le mois de septembre. Mais un acte de sabotage qui a provoqué le déraillement d'un train de troupes, sans faire de victimes, a été considéré comme attentat collectif. À la suite de cet acte de sabotage et d'un important vol d'explosifs 10 otages pris parmi les communistes arrêtés par l'autorité allemande depuis le déclenchement du conflit Germano-Russe, ont été fusillés. Tous ces actes ont fait l'objet de rapports spéciaux. Les exécutions ont été portées à la connaissance des populations par des affiches apposées dans toutes les communes du département, sur l'ordre des autorités d'occupation.

4 novembre 1941

Première partie. Secrétariat d'État à l'Intérieur

Introduction

Observations Générales. Vue d'ensemble de l'esprit et de la vie du Département au cours du mois écoulé

La vie du Département reste essentiellement conditionnée par les conséquences de l'occupation et notamment l'intervention de l'Autorité occupante dans tous les domaines de l'activité économique administrative et spirituelle, qui sont toujours sérieusement contrôlés.

L'agitation politique à tendance anarchique, provoquée par les éléments communistes, s'est poursuivie pendant le mois d'octobre. Si la propagande communiste par tracts a sérieusement diminué, des actes plus graves, tels que les sabotages et surtout les incendies de récoltes se sont multipliés malgré la répression exercée par l'Autorité française (arrestations et internements) et l'Autorité allemande (nombreuses arrestations). La vie du Département en a été troublée et des moyens exceptionnels ont dû être mis en œuvre pour tenter, en retrouvant les auteurs de ces actes, de redonner la confiance et le calme aux éléments sains de la population, qui sont l'immense majorité. En liaison avec mon Collègue du Nord, j'ai adressé le 7 octobre, l'appel suivant à la population, annonçant l'octroi d'une prime de 100.000 francs à la personne qui faciliterait la découverte d'une importante quantité d'explosifs volés fin septembre, en vue de commettre des attentats :

« APPEL à la POPULATION.

Les partis de désordre poursuivant leur action criminelle, s'attaquent maintenant à nos réserves de ravitaillement en incendiant les meules de céréales et les hangars agricoles. Leur but est d'affamer les populations et d'engendrer le désordre, chaque meule incendiée, chaque grange détruite devant avoir pour effet d'obliger les Autorités à réduire, un jour ou l'autre, la ration de pain quotidienne de chaque famille.

Et ce qui a été détruit ne pourra être remplacé, même avec la meilleure bonne volonté. La France ne peut se nourrir que de ses propres produits. Le résultat de cette action criminelle ne peut être que la famine.

Nous avons déjà fait appel à la sagesse et à la compréhension des populations. Elles doivent seconder l'action des Pouvoirs publics pour maintenir le calme et la tranquillité et découvrir les coupables. Contre le danger commun, les populations elles-mêmes doivent organiser leur défense. L'Administration fera, sans défaillance, son devoir. Nous comptons que chacun fera le sien pour la sauvegarde commune.

Tout récemment, une importante quantité de dynamite a été volée dans l'intention de commettre de nouveaux attentats. Il faut les empêcher dans l'intérêt général. La personne qui facilitera la découverte de cet explosif ou qui le rapportera, recevra une prime de 100.000 francs. Son anonymat sera respecté. Ayant fait son devoir de Citoyen Français, ayant rendu service à la collectivité, elle ne sera pas inquiétée.

7 octobre 1941. Le Préfet du Nord : Fernand Carles. Le Préfet du Pas-de-Calais : Amédée Bussière »

D'autre part, le 23 octobre, j'ai fait publier dans la Presse, le communiqué ci-dessous, attribuant une prime de 10.000 francs à toute personne qui permettrait de découvrir un incendiaire de meules ou de récoltes :

« Une prime de dix mille francs sera accordée à chaque personne qui aura permis de découvrir un incendiaire de meules ou de hangars agricoles. Dans leur appel en date du 7 octobre courant le Préfet du Nord, Préfet de la Région de Lille, et le Préfet du Pas-de-Calais ont appelé l'attention de la Population sur les dangereuses répercussions que ne manqueraient pas d'avoir sur le ravitaillement des deux Départements et du Pays, les incendies de meules et de hangars agricoles s'il n'était mis un terme rapide à ces actes criminels. Les Pouvoirs Publics sont décidés à frapper exemplairement les coupables.

Les populations menacées au premier chef par le développement systématique d'une action concertée tendant à les affamer doivent, sans défaillance, seconder l'action des Représentants de la Puissance Publique. A compter de ce jour, toute personne qui permettra de découvrir un incendiaire de meule ou de hangar agricole recevra une prime de dix mille francs. Son nom et les renseignements qu'elle aura pu fournir et qui auront permis la découverte du coupable seront rigoureusement tenus secrets. »

Ces différents appels n'ont pas permis de découvrir les auteurs des actes de sabotage commis. Mais ces sabotages ont très sérieusement diminué à partir du début de la deuxième quinzaine d'octobre : 4 incendies de récoltes, peu importants, et 7 actes de sabotage, contre 15 incendies et 15 actes de sabotage dans la première quinzaine du mois.

Malgré ces évènements, l'activité économique du Département n'a pas été sérieusement atteinte. Les ouvriers, les agriculteurs, les commerçants et les industriels ont continué à faire preuve d'ardeur au travail et se sont efforcés de faire face à la situation. Les populations côtières ont été à nouveau éprouvées par les bombardements au cours du mois d'octobre. Pour l'ensemble du département il y a eu 19 morts et 46 blessés à la suite des opérations aériennes suivantes. État des victimes et des destructions d'immeubles provoqués dans la région côtière et le département par les bombardements aériens : [communes concernées : Boulogne-sur-Mer, Outreau, Ambleteuse, Mazingarbe, Vermelles, Blendecques, Saint-Tricat]

État des victimes et des destructions d'immeubles

Depuis le 25 juin 1940, le total des victimes dans le Pas-de-Calais s'établit comme suit : 346 tués 475 blessés.

Les conditions d'existence, la situation spéciale du département influent évidemment sur le moral des populations. L'occupation, la proximité de front de guerre, les bombardements aériens, les difficultés d'accès et de sortie qui continuent de caractériser la zone réservée, la propagande des radios étrangères voisines, les arrestations opérées par l'Autorité occupante, les réquisitions, influent sur l'état d'esprit.

La multiplicité des incendies de récoltes a conduit les autorités d'occupations à prescrire l'organisation d'un service obligatoire de garde des récoltes, de jour et de nuit, qui a nécessité dans la plupart des communes la réquisition de tous les hommes valides de 17 à 60 ans. Ce service de garde s'ajoutant à ceux des lignes téléphoniques, des câbles à haute tension, et des voies navigables pèse lourdement sur la vie des habitants du département, surtout dans les communes rurales. Il résulte indéniablement de tous ces faits, une opposition latente de la population.

Cependant quelques indices laissent à penser que la mentalité de la majorité de la population commence à se modifier. Si sa réaction reste vive contre l'occupant et les mesures prises, un sensible détachement se manifeste à l'égard de la propagande anglaise ; l'échec dans le département de la manifestation projetée pour le 31 octobre de 16 H à 16 H05 est, à ce sujet, caractéristique. Les causes de cette évolution seront analysées au chapitre "opinion publique".

Ces éléments nouveaux sont de bon augure pour l'avenir ; il est indéniable que par leurs visites dans la zone interdite, les Membres du Gouvernement fortifieront l'espoir et la confiance des habitants du Nord de la France.

Le mois d'octobre a été marqué, à ce dernier point de vue, par le nouveau voyage effectué les 6 et 7 octobre, dans la zone côtière du département du Pas-de-Calais, par M. Berthelot. Le Ministre des Communications, par les études qu'il a faites à Boulogne-sur-Mer et à Calais, les projets qu'il a fait établir par ses services en vue de la restauration, de l'extension et de la destination rationnelles de ces deux grands ports de pêche et de commerce, a fortement impressionné les habitants de ces villes si durement éprouvées. L'intérêt qu'il a bien voulu porter aux questions intéressant les constructions provisoires qu'il tient à voir achever sans tarder ou concernant le règlement des allocations pour perte de mobilier qu'il désire plus rapide, a été particulièrement remarqué. L'impulsion donnée a déjà donné ses fruits.

Visite dans le département

Je continue à circuler fréquemment dans le Département et au cours du mois d'octobre j'ai visité 6 nouveaux Chefs-lieux de cantons. Le Département en comprend 46.

Les Sous-Préfets, de leur côté, visitent les communes de leur Arrondissement. Le Sous-Préfet de Montreuil a terminé ses visites annuelles, les Sous-Préfets de Béthune et de Saint-Omer sont sur le point d'achever les leurs. Le Sous-Préfet de Boulogne-sur-Mer doit, hélas, trop souvent, se rendre dans les communes de la zone côtière éprouvées par les bombardements. Il voit, lui aussi, de nombreux maires.

Le contact est donc fréquent avec les autorités locales. L'impression qui se dégage de ces visites, dont l'utilité n'est plus à démontrer, c'est que les Maires et les Secrétaires de Mairie, tous consciencieux, tous hommes de devoir, ont de plus en plus de difficultés pour gérer les intérêts communaux. Les petites communes surtout sont écrasées parce que mal outillées pour faire face au surcroît de travail que leur imposent les circonstances.

La nomination de délégués cantonaux prévue récemment par un texte officiel peut, sans aucun doute, améliorer la situation, mais je me demande comment nous pourrons trouver ce personnel s'il doit être recruté dans le personnel des Préfectures et Sous-Préfectures qui n'est même pas suffisant à l'heure actuelle et qui comprend pour une large part des auxiliaires pleins de bonne volonté certes, mais qui ne peuvent être très bien choisis faute de rémunération convenable.

En attendant que cette si utile réforme soit en état d'être appliquée, ne pourrait-on placer auprès du Préfet quelques fonctionnaires compétents en matière administrative, dont le rôle serait uniquement de se rendre dans les communes, pour conseiller les maires, leur fournir toutes précisions nécessaires sur la manière d'interpréter et d'appliquer les textes. Ils se documenteraient à la Préfecture, dans les Sous-Préfectures, dans les différentes administrations. A cet effet, un corps spécialisé de Sous-Inspecteurs des Services administratifs, ou un cadre latéral à l'Administration Préfectorale ne pourrait-il être utilement créé sur le plan national ?

Opinion publique

1- Réactions de l'opinion sur la politique intérieure et extérieure du Gouvernement.

Politique extérieure. L'opinion des ouvriers et des agriculteurs qui forment la majorité de la population et qui, en ce qui concerne les ouvriers surtout, était franchement hostile pour des raisons diverses à la politique extérieure du Gouvernement tend à se modifier, non pas encore de façon active, mais suivant un processus qu'il est intéressant de signaler. Il n'est pas douteux que depuis l'armistice tous les espoirs de ces importants éléments de l'opinion étaient tournés vers l'Angleterre et sa victoire dans le conflit européen, victoire qui faisait espérer aux ouvriers un retour à la prédominance de leur action telle qu'elle s'est produite après les évènements de 1936, aux agriculteurs la libération du pays, c'est-à-dire en définitive, de leurs terres et la cessation des prélèvements de denrées, des réquisitions d'attelages, du contrôle indirect de leurs productions, des services de garde et, en résumé, de toutes les sujétions résultant de l'occupation. Les évènements commencent à décevoir ces espoirs. Après le déclenchement du conflit germano-russe, c'est-à-dire pendant tout l'été, ouvriers et paysans ont espéré et attendu l'initiative militaire de l'Angleterre sur le Continent. Le témoignage peut en être trouvé dans les rumeurs sans fondement qui circulaient chaque semaine au sujet du débarquement côtier des forces britanniques.

A l'entrée de l'hiver et à la suite des évènements militaires à l'Est, beaucoup semblent reconnaître leur erreur. La propagande anglaise, écoutée de moins en moins, non pas parce qu'elle est prohibée, mais parce qu'elle est décevante, semble, pour le moment, dénuée de cet intérêt passionné qu'elle paraissait présenter il y a quelques mois.

Par suite, l'opinion de la majorité de la population se trouve actuellement indécise et ce flottement est sans aucun doute favorable au développement de l'idée que la France doit compter sur elle-même pour se relever, en suivant fermement le Gouvernement de notre Pays, sans discuter sa politique nationale et européenne. Ce n'est certes pas encore une adhésion précise à cette politique, mais c'est une modification dans l'orientation qui a son prix. Politique intérieure. La publication de la Charte du travail est trop récente pour que l'on puisse connaitre actuellement la réaction de l'opinion ouvrière à son égard. En ce qui concerne les fonctionnaires, la publication à l'Officiel du texte instituant des bonifications d'ancienneté dans la zone réservée et dans la zone côtière, a produit le meilleur effet, en montrant une fois de plus la sollicitude du Gouvernement à l'égard des serviteurs de l'État. Impression favorable qu'accroît encore l'annonce de l'amélioration de la situation matérielle des fonctionnaires, compte-tenu de la situation de famille.

2- Avis personnel du Préfet.

Je n'ai rien à ajouter à ce que je viens d'écrire. J'insisterai seulement sur la nécessité d'une propagande de tous les instants. Je cherche actuellement à grouper les prisonniers libérés. Les autorités allemandes sont certes toujours opposées à la constitution d'associations proprement dites, mais j'ai tout lieu de penser qu'elles ne verraient aucun inconvénient à des entretiens, à des échanges de vues entre camarades de guerre, pour autant qu'aucune manifestation publique n'ait lieu. Déjà se rapprochent les uns des autres d'anciens prisonniers qui veulent de toutes leurs forces et avec toute leur foi apporter leur concours à la rénovation nationale.

Activités des divers groupements

a) Groupements Politiques.

Communisme. La propagande communiste par voie de tracts ou journaux ne s'est jamais si peu manifestée depuis plusieurs mois. Les inscriptions au goudron ont disparu des murs et des façades ; seuls quelques tracts imprimés ou dactylographiés et des "papillons manuscrits" ont été découverts dans quelques localités de l'arrondissement de Béthune.

Par contre, l'action des meneurs a été très vive et les sabotages des pylônes supportant les lignes à haute tension, les attentats contre les voies ferrées et le matériel de la S.N.C.F. ont été nombreux, notamment dans le Nord de l'arrondissement d'Arras. Les explosifs, qui ont servi à commettre la plupart de ces attentats proviennent sans aucun doute du vol commis le 23 septembre dernier à la poudrière de Beaumont-en-Artois par une bande d'individus armés. La majorité des sabotages, en effet, se situent dans un rayon de 10 kilomètres de cette localité. Vous en trouverez la liste ci-dessous. Sabotages (Voies ferrées et installations industrielles) :

2 octobre. Sabotage d'un pylône sur la ligne à haute tension Évin-Malmaison-Ostricourt à Lens. Le pylône a été abattu. Autre tentative manquée sur un 2e pylône, les explosifs n'ayant pas éclaté. Sabotage d'un pylône à Arleux-en-Gohelle - Aucune perturbation dans le trafic. Tentative manquée sur un pylône à Acheville - Les explosifs n'ont pas éclaté.

6 octobre. Tentative de sabotage sur plusieurs pylônes des lignes à haute tension à Vendin-le-Vieil. Les engins explosifs ont été découverts à temps. En procédant à leur enlèvement, un garde a été tué et un autre grièvement blessé.

9 octobre. Tentative de sabotage à Drocourt, contre la voie ferrée Lens-Douai - L'engin destiné à faire sauter la voie au passage du train de voyageurs n'a pas éclaté. Sabotage de la voie ferrée Douai-Lille vers Leforest - 3 voitures d'un train de voyageurs ont déraillé, pas de victimes. Sabotage de la voie ferrée entre Hénin-Liétard et Billy Montigny - déraillement - pas de victimes.

10 octobre. Sabotage de la voie ferrée Lens-Douai à Drocourt. 1 rail a été dynamité au passage d'un train charbonnier. Plusieurs wagons ont déraillé. Dans la nuit du 10 au 11 à Dourges, Sabotage de la voie ferrée Lens-Lille - L'avant d'une locomotive a déraillé. Pas de victimes.

13 octobre. Dans la nuit du 12 au 13 à Brebières - Les câbles servant à actionner le Pont-levis sur le canal de la Scarpe ont été déroulés de leur treuil et tendus en travers du pont. Aucun accident.

11 octobre. Tentative de sabotage découverte sur la voie ferrée Arras- Lens entre Vimy et Avion. 30 cartouches de dynamite avec dispositif de mise à feu avaient été employées. Aucun accident. Tentative de sabotage de la voie ferrée Lille-Lens, entre Hénin-Liétard et Billy-Montigny. Une patrouille allemande a découvert 30 cartouches de dynamite qui ont pu être enlevées avant le passage d'un train.

13 octobre. Dans la nuit du 13 au 14, Sabotage de la voie ferrée Lens-Billy-Montigny au Pont de Méricourt, sur le territoire de la Commune de Méricourt. Un rail a sauté au passage d'une machine haut-le-pied. La machine a déraillé pas d'accident de personne.

15 octobre. Sabotage de la voie ferrée entre Drocourt et Beaumont-en-Artois. La voie a été minée au Kilomètre 220.800 - pas d'accident.

14 octobre. Sabotage de la voie ferrée au Pont de Méricourt sur la voie ferrée Lens-Billy Montigny. Un rail a été arraché par l'explosion de cartouches de dynamite. Une machine haut-le-pied a déraillé - Pas d'accident.

16 octobre. Nuit du 15 au 16. Entre Lillers et Chocques, sur la ligne Arras-Hazebrouck, sabotage de la voie ferrée. Un tronçon de rail de 1,50 m. a été arraché pas d'accident. Sabotage d'un pylône sur une ligne à haute tension de 15.000 volts à Avion. - 2 montants du pylône ont été sectionnés par des explosifs. Découverte d'une tentative de sabotage d'un pylône à la limite des communes de Liévin et Éleu-dit-Leauwette.

18 octobre. Dans la nuit du 17 au 18, vers 21h55, sabotage par explosifs de la voie ferrée près de Lapugnoy - Le rail a été coupé - Aucun accident. Découverte sur la voie ferrée, près de Calonne-Ricouart de 13 cartouches de dynamite disposées sur 0,80 mètre de rail.

19 octobre. Dans la nuit du 19 au 20 octobre, un pylône a été abattu à Meurchin par l'explosion de 3 pétards de dynamite. - Nombreuses détériorations de wagons de la S.N.C.F. par sectionnement des tuyaux de freins westinghouse.

L'activité néfaste des agitateurs ne s'est malheureusement pas limitée à perpétrer des attentats sur les installations industrielles ; ils ont étendu le champ de leurs sinistres exploits en allumant un peu partout de nombreux incendies de meules dans les champs. Des hangars agricoles, des granges ont été également incendiés et une importante partie des récoltes a été détruite. Le bilan général des pertes ne peut encore être chiffré, le travail d'évaluation effectué par les Services du Ravitaillement Général n'étant pas terminé.

Je vous donne ci-dessous un tableau récapitulatif des sinistres :

1er octobre : Incendies de récoltes en meules ou engrangées à Croisilles, Brebières, Saint-Léger, Vendin-le-Vieil, Évin-Malmaison.

2 octobre : Incendie de 3 meules de blé et d'avoine à Givenchy en Gohelle ; 2 meules de blé à Avion ; 1 meule de lin à Vermelles.

4 octobre : Incendie d'un hangar contenant 16 tonnes de paille et 10 tonnes de récoltes (blé et avoine) à Guînes. A Cagnicourt, Incendies de 4 hangars renfermant le produit de la récolte de 43 hectares de blé, 29 hectares d'avoine, 2 hectares d'orge et 8 hectares de foin. A Saint-Laurent-Blangy, incendie de 6 meules.

5 octobre : Lens dans la nuit du 4 au 5, incendie d'une meule d'avoine.

6 octobre : Liévin Nuit du 5 au 6, incendie de 6 meules.

7 octobre : Vermelles nuit du 6 au 7 - Incendie d'une meule de lin.

8 octobre : Harnes - Incendie de 2 meules de céréales.

9 octobre : Croisilles, Incendie de 2 meules de paille.

13 octobre : Vaulx - Nuit au 12 au 13, incendie de 5 meules appartenant à 3 cultivateurs (5.700 bottes de blé - 4.400 bottes d'avoine 300 bottes de seigle). Sains en Gohelle - Nuit du 12 au 13 - Incendie de 2 meules d'avoines détruites, 15.700 bottes d'avoine ont été détruites. Auchy-au-Bois, incendie d'une meule d'avoine.

15 octobre : Carvin Nuit du 14 au 15 - Incendie de 2 meules sur un groupe de 10. Des engins à retardement ont été trouvés près des meules et remis aux autorités allemandes pour examen.

19 octobre : Carvin Nuit du 19 au 20 octobre Incendie d'une meule, chemin d'Estevelles, près de la fosse 4.

24 octobre : Athies Nuit du 23 au 24 octobre meule.

25 octobre : Nuit du 25 au 26 octobre à Racquinghem, incendie de 3 meules de blé et 1 meule d'avoine.

II. Rassemblement National Populaire. L'activité de ce groupement au cours du mois a été pratiquement nulle. Pas d'organisation encore dans l'arrondissement d'Arras. Quelques personnes ont seulement donné leur adhésion directement à l'organisation de Paris. Dans l'arrondissement de Béthune une section a été organisé à Lens et une réunion de propagande a été faite le 24 octobre à Bruay-en-Artois - 45 personnes seulement y assistaient.

Questions concernant la police

Personnel. Différents mouvements ont affecté le personnel du Département du Pas-de-Calais.

1. Par arrêté du 17 octobre, M. Pontal Maurice, Commissaire Principal de la Police Nationale à Cambrai, a été nommé à Boulogne-sur-Mer, en qualité de Commissaire Spécial, Chef de Service. Ce poste était vacant depuis plusieurs mois et à l'occasion de différents rapports, j'avais indiqué la nécessité de pourvoir le plus rapidement possible à cette vacance. D'après les indications qui ne sont données par mon Collègue du Nord, le nouveau Commissaire nommé à Boulogne-sur-Mer n'aurait pas malgré son ancienneté, l'autorité qui est nécessaire dans le poste côtier auquel il est affecté. J'ai signalé, en effet, par mon rapport spécial du 30 octobre, quelle était la situation des Services de Police à Boulogne-sur-Mer et à Calais à la suite des décisions prises par les autorités des Kreiskommandantur de ces deux villes.

2. Par arrêté du 17 octobre, 3 Inspecteurs de Police que j'avais dû nommer par arrêté préfectoral du 1er avril dernier, en raison de la pénurie de personnel, ont été intégrés dans les cadres de la Sûreté Nationale comme je l'avais demandé dans mes différents rapports : il s'agit de MM. Deschamps, Inspecteur au Commissariat Spécial de Lens ; Savaete, Inspecteur au Commissariat Spécial de Boulogne-sur-Mer et Sammartino, Inspecteur au Commissariat Spécial de Lens. Par le même arrêté et pour des raisons qui n'échappent, ces 3 Inspecteurs qui donnaient toute satisfaction dans leur poste, ont été nommé, les deux premiers à Dunkerque et le troisième à Lille.

M. Savaete n'est pas remplacé à Boulogne-sur-Mer, mais M. Golez, Inspecteur stagiaire à Dunkerque a été nommé à Calais en remplacement de M. Isabel qui n'avait jamais rejoint son poste. Je signale que le départ de MM. Deschamps et Sammartino du Commissariat Spécial de Lens va désorganiser complètement le service. Ce Commissariat Spécial dont le secteur est extrêmement important puisqu'il se trouve en pleine région minière de l'Arrondissement de Béthune, comprenait un Commissaire Spécial, Chef de Service et 4 Inspecteurs ; cet effectif est un minimum nécessaire. Je demande donc que MM. Deschamps et Sammartino soient tous deux remplacés dans leur poste. Jusqu'à ce jour, j'ai reçu seulement notification d'un arrêté du 17 octobre affectant à Lens, M. Millau Roger, Inspecteur de 3e Classe, replié à Rodez. De toute façon, MM. Deschamps et Sammartino ne pourront pas quitter leur poste à Lens avant l'arrivée de leurs successeurs.

3. M. Soudan, Inspecteur au Commissariat Spécial de Lens été muté sur ma demande. M. Basquin, Inspecteur stagiaire à Dunkerque a été nommé pour le remplacer.

Activité

I. Répression des menées communistes et gaullistes

a) Répression du communisme

Perquisitions. Une vingtaine de perquisitions ont été effectuées dans les communes d'Arras, Lens, Courcelles-lès-Lens, et Sallaumines. Plusieurs ont permis de découvrir des tracts ou brochures diverses, et une dizaine d'individus, presque tous de nationalité polonaise, ont pu être déférés au Parquet.

Arrestations. En dehors des individus perquisitionnés dont j'ai fait mention plus haut, une arrestation a été opérée à Carvin. Il s'agit d'un yougoslave, détenteur d'armes de guerre (fusils, revolver, poudre et cartouches). D'autre part, les recherches effectuées par le Commissaire de Police de Carvin, en liaison avec son Collègue de Seclin (Nord) ont permis à ce dernier d'identifier une bande de 4 individus, domiciliés dans le Département du Nord, et qui sans aucun doute, sont des incendiaires de récoltes. Il a été prouvé, en effet, qu'ils avaient acheté dans le commerce une certaine quantité de chlorate de potasse. C'est avec ce produit, mélangé à de l'acide sulfurique, que les engins à retardement employés dans les incendies de meules à Carvin, ont été réalisés.

Condamnations. 4 condamnations ont été prononcées pour propagande communiste, par la Section Spéciale de la Cour d'Appel de Douai, au cours de son audience du 9 octobre, 3 autres le 30 octobre. Ces condamnations varient entre les Travaux forcés, l'interdiction des droits civils et politiques, l'emprisonnement et l'amende. Le Tribunal Correctionnel de Béthune de son côté, a condamné à 15 jours d'emprisonnement 4 individus qui avaient attaqué un surveillant des pylônes électriques.

b) Répression du gaullisme'

Le mouvement antinational gaulliste est en très nette régression. Son activité est presque nulle. De rares inscriptions n'ont été signalées dans une seule commune ; dans une autre localité, des croix de Lorraine, découpées dans du papier, ont été répandues. Mais ce sont là des faits isolés. La propagande de la radio anglaise n'arrive plus à convaincre les masses qui sont beaucoup plus frappées, par contre, par le nombre des victimes et des dégâts occasionnés par les bombardements aériens. Placés entre cette propagande qui leur apparaît creuse et dénuée d'arguments, et les victoires allemandes en Russie, les plus indécis semblent se faire une opinion et un courant favorable à la politique suivie par le Gouvernement se précise.

Ce peu d'activité s'est concrétisé dans l'échec de la manifestation annoncée par la radio anglaise pour le 31 octobre de 16 à 16 H05. La répression de la Police n'a pas eu de ce fait à s'exercer.

2. Répression du marché noir. Les affaires de "marché noir" transmises au Parquet sont au nombre de 27, dont 8 affaires de viande, 2 de ficelle-lieuse, 1 de farine, 1 de laine, 1 de bonneterie, 1 de café, 5 de savon, 5 de blé, 2 de pommes de terre et 1 de chaussures. Les jugements suivants concernant des affaires de "marché noir" ont été portés à ma connaissance depuis mon dernier rapport :

Jugements concernant des affaires de marché noir

D'autre part, conformément aux prescriptions de la circulaire No 192, Pol. 5 et 7 du 24 mars 1941 de M. le Ministre, Secrétaire d'État à l'Intérieur, j'ai prescrit l'internement du nommé Vienne Lucien, né le 8 juillet 1886 à Arras, domicilié à Arras. Acheteur agréé du Centre d'abatage d'Arras, Vienne profitait de ses fonctions pour faire des spéculations illicites, sur les bêtes marquées et achetées aux cultivateurs. Il a été conduit, le 15 octobre, au Camp d'internement de Doullens.

Un autre trafiquant du marché noir, le nommé Véry Édouard, de Bruay-en-Artois a été interné le 27 octobre 1941.

3. Les internés. Un convoi de 12 communistes a été conduit au camp de Doullens le 27 octobre. Un autre convoi est en formation à Boulogne-sur-Mer où l'internement de 25 communistes a été prescrit par mes soins à la suite d'importants sabotages commis sur les installations de lignes téléphoniques allemandes.

Fin octobre, l'effectif des suspects internés au Camp de Doullens est de 82. Cet effectif se décompose ainsi qu'il suit : Communistes : 78 ; Indésirables : 1 ; Trafiquants du marché noir : 3.

Une centaine de dossiers de communistes proposés pour être internés sont actuellement à l'étude.

Tableau statistique de l'activité des Services de Police (Mois d'octobre 1941) :

Statistique de l'activité des Services de Police

Administration générale

A) Réformes et améliorations nécessaires

Améliorations des conditions de recrutement du personnel temporaire. À différentes reprises et notamment dans mes rapports mensuels des 6 août, 5 septembre et 4 octobre derniers, je vous ai signalé la situation particulièrement désavantagée et précaire dans les zones interdite et côtière que constitue le Pas-de-Calais, du personnel des Administrations publiques et singulièrement de celui de la préfecture.

Je vous ai déjà et longuement indiqué les multiples raisons de cette situation : une partie encore du personnel demeurant prisonniers de guerre, certains éléments non encore rentrés de la zone libre malgré les nombreuses demandes effectuées, absence prolongée de concours national à l'emploi de rédacteur, par contre, recrutement local du personnel qualifié rendu difficile par l'octroi de salaires réglementaires anormalement bas en comparaison de ceux exagérément élevés accordés dans l'industrie privée et les communes du fait des autorités occupantes. Cette question a été particulièrement envisagée dans une étude de mon dernier rapport mensuel (pages 19 et suivantes). Aujourd'hui, en vous renouvelant ici ma demande instante en vue d'obtenir du Gouvernement une solution rapide à ces difficultés, je désirerais également attirer votre bienveillante attention sur la nécessité d'être autorisé immédiatement et préalablement à toutes mesures d'ensemble à prendre moi-même certaines décisions en faveur de telle ou telle unité de mon personnel en vue d'une meilleure marche des services.

Il est évident qu'un problème général de contrôle de plus en plus serré se pose en ce moment, d'une part en raison de l'économie dirigée dans laquelle nous vivons, d'autre part du fait des dépenses considérables effectuées par l'État Français en raison de l'occupation allemande. En principe ces contrôles doivent être opérés par les fonctionnaires actuellement en place. Cependant, il ne vous échappera pas que des difficultés importantes puissent être rencontrées à ce point de vue. Par exemple :

1. En ce qui concerne le contrôle économique pour lequel un grand nombre de fonctionnaires ont été cependant déjà affectés. Ainsi que je l'établissais dans mon précédent rapport, il existe un manque de coordination complet entre les différents Services de Contrôle du Ravitaillement, des prix, des Indirectes et il faudrait une coordination. Je m'efforce actuellement de réaliser cette coordination sous mon autorité directe, mais il me manque à cet effet une ou deux personnes qualifiées, dûment choisies, possédant déjà une autorité reconnue, mais qu'évidemment je ne saurais payer au salaire dérisoire d'un auxiliaire à 32 francs par jour ouvrable ;

2. En ce qui concerne certains paiements considérables pour réquisitions allemandes, en l'occurrence en cas de réquisitions d'hôtels, un contrôle s'impose également. J'ai déjà signalé à la Direction du Trésor et, en particulier, par lettre du 9 mai, l'importance des sommes payées mensuellement aux hôteliers pour la réquisition de leur établissement par les troupes d'occupation.

Mon souci était de faire ressortir ce que pouvait avoir d'onéreux pour le Trésor le paiement de sommes considérables qui, outre qu'elles paraissent hors de proportion avec le bénéfice normal des hôteliers en temps de paix, ne semblent pas, au surplus, être intégralement dues. Ci-après, à titre d'exemple, les sommes payées pendant les mois de juillet et d'août à quelques hôteliers du Touquet : [hôtels concernés : Westminster, Grand hôtel, Hermitage, Atlantic, Royal Picardy, Anglais, Regina Scampolo]

Sommes payées pendant les mois de juillet et d'août à des hôteliers du Touquet

Cette préoccupation se justifie davantage aujourd'hui puisque la densité des troupes dans le Pas-de-Calais est considérablement réduite depuis plusieurs mois. Il est évident, dès lors, que des hôtels réquisitionnés en totalité, ne sont occupés qu'en partie ou même ne sont plus occupés, bien que les tenanciers continuent de toucher l'indemnité intégrale. Malgré les garanties dont j'ai entouré les déclarations des hôteliers (certification sous la foi du serment par les Maires et les Présidents des Syndicats intéressés de l'exactitude des renseignements fournis), j'ai fait procéder par le Service des Contributions Directes à une enquête dont le résultat me permettra d'appliquer l'abattement prévu par la circulaire du 4 octobre de la Délégation Générale. Mais étant donné l'importance de la question, il y aurait intérêt semble-t-il, à ce que l'un de ces Services financiers fut spécialement désigné par la Direction du Trésor pour exercer un contrôle permanent. Or, les Directions des Contributions Directes, qui semblent pour ce les plus qualifiées, sont actuellement très occupées par les opérations de révisions foncières qui retiennent toute leur activité.

Il en est de même des autres régies financières pour d'autres raisons de fait. Là encore, il me serait donc indispensable de recruter au moins une personnalité présentant toutes garanties morales et possédant les connaissances techniques nécessaires, mais que je ne saurais non plus rétribuer par le seul salaire d'auxiliaire qui m'est uniquement permis pour le moment d'accorder.

Tutelle des départements et des communes

B) Gestion communale

Application de la Réforme Municipale. Je signale l'urgence d'une décision concernant la nomination du Maire et des Adjoints de la ville de Lens. J'ai proposé la nomination du Maire par mon rapport du 10 septembre (duplicata adressé le 13 octobre) et celle des Adjoints, par rapport du 23 septembre. D'autre part, aucune nomination n'est encore intervenue à l'Officiel, à la suite de mes trois rapports du 28 juillet, par lesquels je proposais la nomination des Adjoints des villes de Sallaumines, Liévin, Hénin-Liétard.

C. Budget - Développement de l'exercice budgétaire'

1) Service du Trésor. En ce qui concerne l'exécution des Services du Trésor au cours du mois de septembre 1941, voici les renseignements d'ordre général :

Recouvrements sur impôts directs - Les rôles émis sur l'exercice courant 1941 s'élevaient, au 30 septembre à un total de 307.692.312 Francs, sur lesquels il avait été recouvré, 70.147.505 francs, d'où un pourcentage de 22.79.

Au titre de l'exercice 1940, les renseignements du même ordre sont les suivants : Rôles émis : 388.809.974 francs ; Recouvrements : 299.650.975 francs ; Pourcentage : 77.06.

Sur les exercices 1939 et antérieurs, il a été recouvré, durant le mois dc septembre : 1.047.559 francs, et les restes à recouvrer se trouvent ainsi ramenés à 28.409.586 francs.

En ce qui concerne les recouvrements à la source Contribution Nationale extraordinaire et Impôts Cédulaires, ils se sont élevés à 15.153.470 Francs ; ce qui, pour le période du 1er janvier au 30 septembre 1941, donne un total de 119.466.296 francs.

Ci-joint, par ailleurs un tableau comparatif des recettes budgétaires : septembre 1938- septembre 1941.

Émissions du Trésor. La nette progression constatée en juillet et août, dans les souscriptions aux Bons à court terme recueillies ou centralisées aux guichets des Comptables du Trésor ct des Postes s'est encore accentuée en septembre. Elles ont atteint, en effet : Bons à 6 mois : 5.751.000 francs ; Bons à 1 an : 29.718.000 francs ; bons à 2 ans : 39.579.500 francs ; bons à 3 ans : 1.754.500 francs. Total : 76.803.000 Frs.

En juillet et août 1941, les souscriptions aux bons à court terme s'étaient élevées respectivement à 42.497.000 Frs et 62.463.000.

Caisses ordinaires d'Epargne. Même remarque, en ce qui concerne les opérations aux guichets des Caisses ordinaires d'Épargne, qui ont fait apparaitre, en septembre 1941, un excédent des dépôts sur les retraits de 5.310.570,10 francs. En juillet 1941, l'excédent du même ordre était de 2.941.201 francs, et en août de 4.262.036,60 francs.

Contributions Directes. La tournée générale pour 1942 est actuellement achevée. Quant aux travaux préparatoires de la Révision exceptionnelle des propriétés bâties, ils sont activement poussés et dès le mois prochain, les agents vont se rendre dans les communes pour procéder aux évaluations dos immeubles.

Situation comparative des recouvrements centralisés à la Trésorerie générale au cours des mois de septembre 1938 et septembre 1941 :

Situation comparative des recouvrements centralisés à la Trésorerie générale au cours des mois de septembre 1938 et septembre 1941
Situation comparative des recouvrements centralisés à la Trésorerie générale au cours des mois de septembre 1938 et septembre 1941

Enregistrement, domaines, timbre (renseignements statistiques)

État comparatif des recouvrements effectués dans le département du Pas-de-Calais au cours des mois de janvier à septembre 1941 et ceux afférents à la même période de l'année 1940.

État comparatif des recouvrements effectués dans le département du Pas-de-Calais

2) Budget départemental

La situation de la Trésorerie du département s'est améliorée au cours du mois de septembre dernier : Les recettes encaissées au 30 septembre se sont élevées à 107.035.650,20 francs. Le montant des mandats délivrés à la même date à : 98.641.546, 80 francs ; soit un excédent de recettes de : 8.394.103, 60 francs.

Les recouvrements des contingents communaux marquent une légère amélioration : les contingents arriérés recouvrés au 30 septembre s'établissent à 662.861,70 francs contre 179.027,80 francs au 31 août. Ceux de l'exercice cours à 2.275.878,70 francs contre 1.382.822 francs à la même date.

En outre, au début du mois d'octobre une somme de 8.438.433,80 francs a été versée par l'État au titre de subventions arriérées pour le service d'assistance. Le solde de la subvention de l'État pour sa participation aux services d'intérêt national assurés par le département, soit 1.013.842 Francs qui figure en recettes au budget supplémentaire a également été versé. Dans ces conditions la Trésorerie du département se trouve à l'aise pour le mois d'octobre.

D) Travaux

En exécution de la loi du 6 avril 1941 et de l'Instruction du 1er juillet 1941 de M. le Délégué Général à l'Équipement National, relatives à l'établissement d'un plan d'équipement national et à la révision des programmes actuels de travaux, il a été notifié aux Services intéressés les projets de travaux ci-après :

1) Constructions scolaires

Groupe I. Projets approuvés.

Ecquemicourt. Construction d'une école mixte avec logement de maître. 163.000 francs.

Groupe II. Projets non approuvés. Sous-groupe A.

Arras. Groupe scolaire de remplacement : 10.000.000 / Amélioration des groupes scolaires existants : 1.000.000 / Groupe scolaire rue de Saint-Quentin : 10.000.000 / Groupe scolaire des Hochettes. 10.000.000 /Groupes scolaires d'adaptation (collèges E.P.S. Cours professionnels) : 10.000.000.

Auchel. Agrandissement de l'école de Filles Michelet : 530.000.

Biache-Saint-Vaast. Extension scolaire : 145.000 / Groupe pour 4 logements d'instituteurs : 380.000.

Boulogne-sur-Mer. Construction d'un Collège de jeunes filles : 10.000.000.

Isbergues. Construction d'une école de garçons : 1.500.000.

Lens. Reconstruction de 12 classes détruites par faits de guerre : 1.600.000.

Le Portel. Groupe scolaire de 10 classes avec logements, Centre d'hygiène maternel et infantile : 4.400.000.

Le Touquet-Paris-Plage. Collège climatique pour l'enseignement secondaire : 15.000.000.

Le Wast. Construction d'un logement d'instituteur : 90.000.

Liévin. Construction d'un groupe scolaire : 5.000.000 / Construction d'une école professionnelle : 5.000.000.

Marant. Construction d'un groupe scolaire avec logements : 385.000.

Roquetoire. Agrandissement de l'école de filles : 565.000.

Rouvroy. Installation de chauffage central dans les écoles et à l'église : 389.235.

Waben. Construction d'un groupe scolaire : 650.000.


II. Travaux d'équipement sportif.

Groupe I. Projets agréés, sous-groupe C.

Arras. Aménagement et amélioration du Stade Degouve, Stade Maréchal Pétain. Aménagement sommaire des Stades Ronville et Rosati : 4.472.500 / Stade Baudimont : 6.986.000 / Piscine chauffée : 6.000.000.

Noyelles-sous-Lens. Construction d'un centre sportif : 1.650.000.

Groupe II. Projets non agréés, sous-groupe B.

Auchel. Construction d'un centre scolaire d'éducation physique : 4.385.000.

Beaumont-en-Artois. Terrain de sports : 2.200.000.

Biache-Saint-Vaast. Aménagement sportif : 550.000.

Boulogne-sur-Mer. Construction d'un bassin de natation : 1.800.000 / Construction d'un stade : 3.500.000.

Burbure. Aménagement d'un terrain scolaire sportif : 265.000.

Calonne-Ricouart. Création d'un parc des sports : 1.000.000.

Isbergues. Terrain scolaire d'éducation physique : 600.000.

Lens. Construction d'une piscine couverte chauffée et de bains-douches : 6.000.000 / Aménagement d'un centre scolaire d'éducation physique et sportive : 3.000.000.

Le Touquet-Paris-Plage. Construction d'un bassin nautique à l'embouchure de la Canche : 5.000.000.

Liévin. Terrain de sport : 3.400.000 / Construction d'un bassin de natation : 3.000.000.

Oisy-le-Verger. Aménagement d'un stade : 68.000.

Rouvroy. Centre scolaire d'éducation physique et sportive Terrain de sports, bains-douches, salle d'œuvres sociales, salles de gymnastique, musique : 5.755.000.

Saint-Nicolas. Terrain de sports : 2.200.000.

Vendin-le-Vieil. Construction d'un stade municipal et camp de vacances scolaires cité 8 : 650.000 / idem au Village : 700.000 / Construction d'une salle de gymnastique : 100.000.

2) Travaux Communaux

Groupe I. Projets approuvés.

Fiches de prévision avec Rapports transmis aux Ministères intéressés et au Commissaire Général à l'Équipement National.

Travaux communaux - Projets approuvés

Groupe II. Projets non approuvés.

Travaux communaux - Projets non approuvés
Travaux communaux - Projets non approuvés
Travaux communaux - Projets non approuvés
Travaux communaux - Projets non approuvés
Travaux communaux - Projets non approuvés

Deuxième partie. Départements ministériels autres que l'Intérieur

Information et propagande

Propagande. Le service de propagande n'est toujours pas organisé dans le Département.

D'après les indications qui m'avaient été données, la désignation du Délégué Départemental était imminente. Elle n'est cependant pas encore intervenue. J'en signale à nouveau, l'urgente nécessité.

Économie nationale

Surveillance des prix. Je me bornerai à préciser ici les modalités de fonctionnement de ce service, en raison même de la situation spéciale de mon Département. Les projets d'arrêtés de fixation de prix sont étudiés à la fois par les services des prix des deux départements du Nord et du Pas-de-Calais. Le rattachement de la Préfecture du Pas-de-Calais à la Région de Lille n'a apporté aucune modification à la procédure suivie jusqu'ici. Le rôle de Préfet en la matière consiste soit à faire appliquer les dispositions arrêtées par l'Administration Centrale soit à prendre en accord avec le Préfet Régional des arrêtés de fixation de prix de vente dans la limite de ceux déterminés par l'autorité supérieure après consultation des services techniques intéressés : Ponts et Chaussées, Services agricoles, Services Vétérinaires, des Groupements professionnels et après avis du Comité Départemental des prix.

Toutefois, cette question de fixation des prix est suivie de très près par les autorités occupantes. Abonnées tant au Journal Officiel qu'au Bulletin Officiel des prix, elles veillent à ce que les arrêtés fixant les prix interviennent dans les délais prescrits. Aucun arrêté de taxation ne peut d'ailleurs être pris sans l'accord préalable de l'Oberfeldkommandantur de Lille, qu'il s'agisse de prix de denrées pour l'alimentation humaine, de paille, etc., voire de tarifs de transport.

En cas de modification de prix, elles ne manquent pas d'établir la comparaison entre les anciens et les nouveaux prix et de faire ressortir les pourcentages d'augmentation ou de diminution. Jusqu'à présent, je me plais à reconnaître qu'aucun désaccord n'est apparu entre mes services et ceux de l'Oberfeldkommandantur 670 de Lille.

Agriculture

Répercussions des conditions atmosphériques sur les travaux et les cultures. Le temps sec persistant a été favorable aux battages en plein air et aux arrachages de pommes de terre. Il a par contre rendu très difficiles les déchaumages, les labours pour blé et les arrachages des betteraves sucrières, qui ont été fortement retardés. Les pluies survenues dans la dernière décade ont amélioré la situation à cet égard.

À la fin d'octobre, on peut juger les résultats obtenus au cours de la campagne qui s'achève. Ceux-ci sont nettement défavorables. Toutes les cultures ont fourni des rendements inférieurs à la moyenne.

Production végétale

I. Céréales

Blé. Récolte 1941. Les rendements donnés par les premiers battages sont inférieurs aux évaluations faites en juillet et août. La récolte sera certainement inférieure à la moyenne. Cela résulte des dégâts de l'hiver, des semis tardifs de printemps, du manque d'engrais et de l'insuffisance de la traction dans de nombreuses fermes. Les battages sont peu avancés parce que le retard enregistré au cours des mois d'août et de septembre n'a pu être rattrapé.

Récolte 1942. La sécheresse a retardé les premiers semis après légumineuses. Dans l'ensemble, les semis n'ont pu commencer qu'à la fin d'octobre, après les premières pluies. Les cultivateurs disposent de quantités suffisantes de semences. Ils emblaveront des surfaces sensiblement égales à celles des années précédentes.

Avoine. Les rendements de l'avoine sont encore plus décevants que ceux du blé. Dans les bonnes terres, la verse, la moisson tardive et l'égrenage consécutif aux violentes bourrasques survenues en août at septembre avant la fauchaison ont provoqué d'importantes pertes. Ailleurs, les avoines sont restées claires. Partout le poids spécifique est très faible. Les battages sont également peu avancés pour les mêmes raisons que pour le blé.

2. Plantes sarclées

Pommes de terre. Les rendements de pommes de terre ont été très irréguliers, puis qu'ils sont allés de 5 tonnes à 20 tonnes à l'hectare, mais le rendement moyen est faible. Il ne doit pas dépasser 13 tonnes à l'hectare. D'autre part, la proportion de tubercules tachés par le mildiou est importante. Dans ces conditions, les cultivateurs ne peuvent livrer le contingent de 15 tonnes hectares que les autorités allemandes avaient primitivement fixé.

Le développement du mildiou a été favorisé per l'absence de sels de cuivre : on constate à ce sujet, des différences frappantes entre les champs qui ont pu être traités et les autres non traités.

Betteraves sucrières. La sécheresse n'a permis à la racine de prendre tout le développement désirable. Bien que les pluies du mois d'août aient provoqué un développement important du feuillage, ce qui donnait aux champs une apparence extraordinaire, les rendements ne seront pas très élevés. Les plus élevés ne dépasseront pas 30 tonnes contre 40 en bonne année, le rendement moyen doit s'établir près de 25 tonnes. Par contre, la densité est élevée. Avant les pluies, il arrivait souvent que la densité dépassât la tare, ce qui est tout à fait exceptionnel. La densité varie entre 9 et 10°. On a enregistré exceptionnellement 11°. Les arrachages sont en retard par suite de la sécheresse qui rendait ce travail impossible dans les limons argileux, de défaut de maturité et du manque de main-d'œuvre.

Betteraves fourragères. Bonne récolte dans les terres profondes et fertiles ; médiocre ailleurs.

Rutabagas. Récolte très déficitaire par suite de la destruction répétée des semis par les altises.

Chicorée. Rendements satisfaisants.

3. Légumes secs. Les battages de pois et haricots sont à peine commencés. Les rendements des pois sont bons. On peut compter sur 25 quintaux. Par contre ceux des haricots sont irréguliers, la moyenne peut être évaluée à 15 quintaux à l'hectare.

Production animale

État sanitaire du cheptel. Quelques rares cas de fièvre aphteuse sont signalés.

Espèce chevaline. Les autorités allemandes annoncent qu'un recensement des chevaux de plus de 3 ans aura lieu prochainement dans tout le Département avec contrôle dans chaque commune par des Commissions allemandes. Cette mesure inquiète fortement nos cultivateurs, dont les effectifs chevalins sont déjà fortement réduits. Les prix des poulains et des chevaux sont toujours très élevés. Aux dernières foires d'automne, les laiterons ont été payés 25.000 francs et plus pour les très bons sujets ; les dix-huit mois 40 à 50.000 francs et les cheveux 50 à 55.000 francs. Ces prix mettent les petits cultivateurs dans l'impossibilité de remplacer le cheval qui leur est absolument indispensable.

Espèce bovine. Malgré leurs prix élevés, les laitières sont très demandées. Les cultivateurs livrent avec regret les vaches laitières qui, faute d'autres animaux, doivent fournir les contingents de viande imposés par le Ravitaillement général.

Espèce porcine. La production des jeunes est à peu près normale. Par contre, l'engraissement fournit des quantités très inférieures de viande. À cause du manque de grains et d'issues, les cultivateurs doivent conserver pendant un an des animaux qui en temps normal atteignaient leur poids optimum à l'âge d'un an.

Production laitière. Les vaches ont trouvé dans les verts et collets de betteraves un aliment de complément très apprécié, mais cette année, à en juger par la production laitière moins grande que d'habitude, les collets seraient moins nourrissants. D'après plusieurs cultivateurs, le pourcentage des collets est cette année moins important, et par conséquent fournira moins de sucre aux vaches laitières. À cause de la sécheresse, la production laitière d'octobre a été moins abondante qu'en temps normal.

Production de la viande'. Cette production est fonction des quantités d'aliments fourragers dont dispose le cultivateur. Or, la fourniture des contingents d'avoine et d'orge imposés par les autorités allemandes et par l'ONIC ne laisseront dans les fermes presque aucun grain pour l'engraissement du bétail. D'autre part, les disponibilités en pulpes de betteraves n'atteindront que la moitié des quanti- tés obtenues en année normale, conséquence des surfaces réduites et de rendements inférieurs. Enfin, les prix d'achat des animaux maigres sont trop élevés par rapport aux prix officiels de la taxe du bétail de boucherie. Dans ces conditions, la situation de la production de la viande est très grave dans le Pas-de-Calais.

Approvisionnements en produits indispensables à l'Agriculture

Aliments du bétail. Les cultivateurs n'ont rien obtenu en octobre. À ce sujet dans mon précédent rapport, du 4 octobre 1941 page 46, je vous signalais déjà la pénurie presque complète de denrées fourragères dont les cultivateurs ont absolument besoin pour leurs bestiaux. Cette situation va encore s'aggraver du fait que par ordre de l'OFK 670 de Lille, 200 tonnes d'orge devront être obligatoirement livrées par mois pour la malterie. Tous ces faits amènent à reconsidérer une fois de plus l'établissement du taux de blutage du blé. Je crois savoir que des démarches seraient actuellement effectuées auprès des services allemands du Majestic pour ramener ce taux de 85 à 80 %. Une telle mesure permettrait évidemment de dégager une certaine quantité d'aliment pour le bétail et dans les circonstances actuelles je ne puis que vous demander d'aider à la réalisation de ces propositions.

Engrais. Les approvisionnements reçus en octobre ont été peu importants.

Ferrure. Les fers à cheval semblent exister en quantité suffisante, ils ne donnent pas lieu, pour l'instant, à de pressantes réclamations car les maréchaux en fabriquent eux-mêmes. Par contre, les clous à ferrer ne sont pas répartis chez tous les marchands de fer comme il conviendrait. Des maréchaux n'ont pu encore obtenir leur part sur le dernier contingent de 9.100 kilos qui est arrivé début octobre. Des réclamations ont été transmises au répartiteur. Il est certain qu'il y aura intérêt à appliquer le plus tôt possible dans le Pas-de-Calais la nouvelle réglementation qui accorde aux maréchaux un contingent de clous non pas au prorata de ses achats en 1937-1938, mais du nombre de chevaux qu'il doit ferrer.

Carburants et lubrifiants.

a. Battages. Pendant les trois mois d'août, septembre et octobre 1941, les besoins de battage en carburants liquides ont été satisfaits dans la proportion de 33 %. Les contingents répartis ont été trop faibles. Ils n'ont pas permis de battre suivant le rythme habituel. Si les céréales doivent être toutes battues pour fin février, les contingents devront être augmentés.

b. Travaux de préparation du sol. Les tracteurs n'ont pu recevoir les quantités de carburants demandées par leurs propriétaires. Les contingents répartis ont cependant permis aux fermes manquant de chevaux d'exécuter les travaux urgents.

c. Lubrifiants. La pénurie est grande. Avec l'aide du Génie Rural, il n'a pu être réparti que 1.500 kilos de graisse à chariot.

Ficelle de battage. Tous les cultivateurs réclament de la ficelle papier pour lier la paille battue. Les presses à paille sont en nombre insuffisant et beaucoup manquent de fil de fer.

Pièce de rechange. Des retards dans les travaux sont fréquents par suite de la difficulté ou de l'impossibilité d'obtenir des pièces de rechange indispensables.

Main-d'œuvre et Attelages

Main-d'œuvre. Les chantiers allemands font une concurrence redoutable aux exploitations agricoles, en accordant aux ouvriers des salaires de 75 à 100 francs qui représentent, par conséquent, presque le double de ce que l'Agriculture paie actuellement. La journée de travail est d'autre part beaucoup moins longue et le travail moins pénible. Des plaintes assez nombreuses nous sont adressées à ce sujet par les cultivateurs qui demandent de combattre efficacement ce mal. L'Oberfeldkommandantur a obtenu de l'armée allemande que les ouvriers agricoles ne soient pas embauchés dans les chantiers. Malgré cette décision, des embauchages me sont encore signalés.

Un autre aspect de la question main-d'œuvre agricole est fourni par le fait que les petites et moyennes exploitations ne veulent pas remplacer le mari ou l'ouvrier agricole qui est actuellement prisonnier de guerre. Voulant exécuter tout le travail avec des moyens réduits, ces exploitations sont nécessairement toujours en retard. Enfin la garde obligatoirement maintenue des fils et des lignes à haute tension et actuellement des meules constitue toujours un surcroit de travail qui a une répercussion fâcheuse sur le travail agricole.

Attelages. Les exigences des chantiers de construction de champ d'aviation n'ont pas diminué. Chaque jour, des centaines d'attelages à un ou deux chevaux sont réquisitionnés pour leur service, au grand détriment de l'agriculture. La suspension de ces réquisitions demandée pour le période des transports de betteraves sucrières n'a pu encore être obtenue.

Marchés. Dans le Département du Pas-de-Calais, seuls les marchés aux porcelets et coureurs persistent dans les différentes localités réputées autrefois pour l'importance de leurs approvisionnements. Tous les autres marchés sont suspendus.

Incendies de récoltes. Fin septembre et pendant la première quinzaine d'octobre, des incendies ont anéanti des meules et des hangars remplie de céréales et contenant les matériels de battage. Ces incendies observés surtout dans la région des grandes fermes de l'Artois ont détruit les quantités suivantes de récoltes :

Blé : 9.500 quintaux ; Avoine : 5.000 quintaux ; Orge : 150 quintaux ; Seigle : 50 quintaux ; Paille : 400 quintaux ; Foin : 600 quintaux ; Lin : 300 quintaux.

La plupart de ces récoltes n'étaient pas assurées pour des sommes suffisantes. Certaines ne l'étaient pas du tout. Il en résulte que plusieurs sinistrés ne pourront pas continuer d'exploiter leurs fermes. Pour obvier à ces inconvénients, j'ai demandé à M. le Ministre de l'Agriculture d'examiner la possibilité de faire bénéficier ces exploitants du régime des avances à taux réduit prévu par la loi du 28 juillet 1940 en faveur des sinistrés par faits de guerre. Je souhaite qu'une réponse favorable intervienne rapidement.

État d'esprit des cultivateurs. Malgré des difficultés de tous ordres, le paysan du Pas-de-Calais n'est nullement découragé. On voit actuellement les femmes, les jeunes gens et les vieillards redoubler d'efforts pour récolter les betteraves et préparer les semis de blé. Le paysan n'admet cependant pas qu'on vienne lui prendre l'orge, l'avoine, le bétail, les chevaux qui constituent pour lui des moyens de travail indispensables. Dans la mesure où le Gouvernement pourra atténuer la charge de ces impositions, il contribuera à maintenir le bon moral existant de la population agricole.

Ravitaillement

Service des Commissions de réception.

Ravitaillement en Viande

1. Ressources locales Dans leur ensemble les Commissions d'achat cantonales réalisent, dans leurs circonscriptions respectives, les prélèvements de bétail qui leur sont assignés ; cependant quelques-unes d'entre elles, nouvellement créées, n'ont pu fournir pendant la période de démarrage la totalité de leur imposition. Des instructions très strictes ont été données aux Présidents de ces Commissions d'avoir à assurer entièrement le contingent fixé.

2. Bétail d'apport. Les besoins en viande de notre département surpassant ses disponibilités mensuelles en animaux de boucherie de toutes catégories, le contingent de bétail sur pied attribué au Pas-de-Calais pour le mois d'octobre s'élève à : 1.300 bovins ; 800 veaux ; 1.200 moutons.

A la date du 24 Octobre la situation des arrivages était la suivante :

Manche : contingent réalisé

Eure : il reste à recevoir 40 %

Eure-et-Loir : il reste à recevoir 80 %

Cher : il reste à recevoir 50 %

Loir-et-Cher : il reste à recevoir 45 %

Somme : il reste à recevoir 5 %

Seine-Inférieure : il reste à recevoir 30 %

Des réclamations ont été adressées au Ravitaillement Général de ces six départements, afin de hâter l'expédition des reliquats susvisés.

3. Ration hebdomadaire. Grâce à l'appoint des apports extérieurs, la ration de viande effectivement allouée au consommateur ordinaire par les centres d'abatage a oscillé généralement aux environs de 150 à 200 grammes par semaine, c'est-à-dire à un taux nettement inférieur à celui réglementairement fixé pour l'ensemble du territoire français.

Or, je tiens à vous signaler que sur l'injonction de l'Oberfeldkommandantur 670 à Lille, le Service du Ravitaillement s'est vu dans l'obligation de procéder, par prélèvement sur les meilleures têtes de ce bétail d'apport, à la fabrication de viandes de conserve en boîtes ; le montant total de la fourniture à assurer par le Nord et le Pas-de-Calais est de 2.400 tonnes. Cette mesure aurait pour but la constitution d'un approvisionnement de réserve équivalent à la consommation d'un mois sur la base de 100 grammes par personne par semaine. Dans ces conditions, il est à présumer que pendant cette période de fabrication la ration hebdomadaire de viande du consommateur ordinaire se trouvera obligatoirement ramenée à 100 grammes environ.

Imposition en Pailles (Récolte 1941). Les autorités d'occupation viennent de faire connaître que leurs besoins en pailles seraient de l'ordre de 80.000 tonnes, soit 50.000 tonnes à fournir par le Pas-de-Calais et 30.000 tonnes à fournir par le Nord. Les Commissions cantonales ont été avisées des quantités qu'il leur faudra réaliser ; elles feront parvenir à mes services le tableau des impositions dressé commune par commune.

Service des Denrées Rationnées

a) Denrées à approvisionnement Mensuel

Riz, Farines alimentaires diverses, Flocons d'avoine. À dater du 1er octobre, des aliments spéciaux pour enfants ont fait l'objet de répartitions sur les bases suivantes : Enfants de 0 à 3 ans : 500 grammes de l'une ou l'autre des farines alimentaires ci-après : Dulcia, Dulsoya Fromentyle, en échange du ticket A, Carte 1, rayée jaune.

Enfants de 3 à 6 ans : 1 kilo de Blédor (1 kilo à titre exceptionnel) en échange du ticket A4, Carte 11, rayée verte.

Enfants de 6 à 14ans : 250 grammes de flocons d'avoine (ou de flocons de maïs) en échange du ticket A Carte 111, rayée bleue.

En outre, il a été attribué aux femmes enceintes, 500 grammes de farine alimentaire : Blédor ou Maïzena ou bien la même quantité de flocons d'avoine ou de flocons de maïs, sur présentation de la carte spéciale pain et sucre rose du mois d'octobre. Par contre, aucune distribution de riz, n'a été effectuée, les arrivages de cette denrée n'ayant pas eu l'importance nécessaire.

Matières grasses. Le Comité de Gestion Laitier du Pas-de-Calais m'avait fait connaître que le rationnement de 300 grammes de matières grasses pouvait être honoré entièrement en beurre au cours du mois d'octobre comme il l'avait été en septembre. Cependant les autorités occupantes se sont opposées à cette répartition et ont décidé que la distribution comporterait 100 grammes de margarine en remplacement de 100 grammes de beurre. Le rationnement en matières grasses, pour les consommateurs ordinaires, a donc consisté dans l'attribution de 200 grammes de beurre, 100 grammes de margarine et 100 grammes d'huile. Quoi qu'il en soit, ce sont les mesures prises pour assurer le respect de mon arrêté visant la collecte du lait et du beurre qui ont permis au Comité Laitier de disposer de quantités de beurre assez importantes pour en améliorer le rationnement ; il a été décidé qu'au moment où la ration de viande va se trouver ramenée à 100 grammes pour les consommateurs ordinaires, ceux-ci pourront recevoir sinon les 300 grammes de beurre par mois, comme en septembre, au moins 250 grammes, malgré l'attribution de 100 grammes de margarine qui leur est consentie. Pour le mois de novembre il sera donc attribué :

- Au consommateur ordinaire : 100 grammes d'huile, 100 grammes de margarine, 250 grammes de beurre.

- Au travailleur lourd : 100 grammes d'huile, 500 grammes de margarine, 300 grammes de beurre.

Le supplément de 400 grammes de margarine distribué aux mineurs et autres travailleurs lourds a été maintenu pour octobre. Au cours dudit mois, 30 tonnes de beurre et 76 tonnes de fromage ont été importés dans le Pas-de-Calais. De ce fait il a été possible d'honorer à plein les tickets de fromage.

Chocolat. Aucun changement à signaler dans la répartition du chocolat pour lequel une quatrième distribution s'est effectuée en échange des tickets de septembre.

Pâtes alimentaires. En principe, la ration mensuelle de pâtes est restée de 250 grammes pour tous les consommateurs. La distribution en a été faite partout où les stocks disponibles l'ont permis ; chez les détaillants qui s'en trouvaient démunis, ces 250 grammes seront délivrés aux ayants droit, en novembre, en addition à la ration du mois en cours.

Savon. La répartition du savon s'est effectuée conformément à nos prévisions du mois dernier. Par conséquent, les 5 catégories de travailleurs visées dans l'annexe 1 de l'arrêté du 7 mars 1941 ont obtenu :

Première catégorie : 1 savonnette ; deuxième catégorie : 1 savonnette et 250 grammes de savon mou ; troisième catégorie : 2 savonnettes et 250 grammes de savon mou ; quatrième catégorie : 4 savonnettes et 250 grammes de savon mou : cinquième catégorie : 125 grammes de savon mou. En outre, pour les enfants de 0 à 2 ans, il a été distribué : 2 savonnettes et 150 grammes de savon mou.

Sucre. Aucune modification dans la ration mensuelle de sucre qui est restée de 900 grammes (800 grammes de sucre raffiné ou cristallisé et 100 grammes de vergeoise).

b. Autres denrées

Blé, Farine, Pain. Les besoins en blé du Pas-de-Calais, pour le rationnement en pain, sont évalués pour octobre à 107.200 quintaux. Les stocks de farine au 1er octobre étaient : chez les meuniers de 14.836 quintaux ; chez les boulangers, pâtissiers, etc. de 53.000 quintaux. Une ration supplémentaire de pain de 500 grammes par semaine a été accordée aux travailleurs lourds, du 29 septembre au 1er novembre.

Pommes de terre. Le ravitaillement en pommes de terre des consommateurs s'effectue depuis le 1er octobre, sur la base de 50 kilos pour les titulaires de la carte d'approvisionnement et de 2 Kilos par décade pour ceux qui utilisent la carte de rationnement. Peu de difficultés sont signalées au sujet de cette répartition, sinon que certaines communes rurales se déclarent dans l'impossibilité de faire approvisionner sur place leurs consommateurs par suite des rendements insuffisants obtenus par les producteurs locaux. Pour hâter la distribution des tubercules stockés et qui menacent de se gâter, il a été demandé à l'Oberfeldkommandantur 670 d'étendre les attributions du Bureau Départemental en accord avec le Bureau Régional de Lille, pour lui permettre d'effectuer les opérations de déblocage, notamment en ce qui concerne les collectivités. Par ailleurs, les impositions en pommes de terre fixées aux communes, et qui sont apparues excessives pour diverses régions du département, du fait des rendements déficitaires résultant des intempéries et des maladies qui ont sévi au dernier stade de végétation, subiront une diminution sensible.

La question de réduire ces impositions, qui avaient été portée devant les autorités occupantes, n'a pas été résolue comme on l'espérait. L'Oberfeldkommandantur 670, tout en reconnaissant que le contingent fixé précédemment n'est plus susceptible d'être atteint n'admet pas de changer les mesures prises : les impositions, telles qu'elles ont été arrêtées pour chaque commune, sont maintenues et chaque cultivateur sera tenu d'y satisfaire dans toute la mesure du possible.

Légumes secs. Aucune répartition de légumes secs de la dernière récolte n'a encore été effectuée. On attend pour y procéder la parution de l'Arrêté fixant les prix de vente. La mise en place pour une partie des légumes secs a déjà été effectuée chez les grossistes ou 804 tonnes (pois cassés) sont entreposés. En raison du mauvais temps, quelques autorisations d'arrachage de haricots en vert ont dû être accordées. L'évaluation approximative de la part commercialisable en légumes secs pour le département du Pas-de-Calais est la suivante : Haricots : 3.500 tonnes ; autres légumes secs : 3.000 tonnes. Par ailleurs, le chiffre moyen des rationnaires sera de 900.000, y compris ceux des collectivités.

Légumes verts et fruits. En ce qui concerne les sorties du département une autorisation de déblocage de 400 tonnes de légumes (choux fleurs, cresson, choux, salades, navets, carottes) a de nouveau été accordée par l'Oberfeldkommandantur 670, à la région productrice de Saint-Omer.

Comme importation, il a été reçu de la région de Rennes : 65 tonnes de choux pommes ; 57,5 tonnes de navets ; 50 tonnes de choux fleurs ; 4 tonnes de poireaux ; 55 tonnes de carottes, lesquelles ont été réparties suivant la proportion de 3/5 pour le département du Nord, et 2/5 pour le Pas-de-Calais. L'écoulement de ces légumes s'avérant difficile dans nos régions, du fait que leur production locale y est excédentaire, il a été demandé qu'il leur soit substitué des fruits frais, tels que pommes et oranges, ou d'autres légumes tels que oignons, ail, échalotes, artichauts, dont l'approvisionnement laisse à désirer. Un Bureau de Répartition (Annexe de Lille) fonctionne dès à présent, 37 rue Lamartine à Arras, sous la direction de M. Demailly.

Œufs et Volailles. Pour le mois d'octobre, il a été reçu 60.000 œufs en provenance du département du Nord, 50.000 sont encore à recevoir, d'ici la fin du mois, d'autres départements.

Suppléments de rations en faveur des établissements d'Enseignement. Par circulaire 55 RC/HA du 27 janvier 1941, M. le Secrétaire d'État au Ravitaillement avait autorisé M. l'Inspecteur d'Académie à émettre des bons d'approvisionnement supplémentaires en faveur des Établissements d'Enseignement publics et privés, pour permettre à ceux-ci la perception de certains suppléments de rations : Pommes de terre : 100 grammes par jour, Viande : 180 grammes par semaine, Matières grasses : 200 grammes par mois, Sucre : 250 grammes par mois, Pâtes alimentaires : 250 grammes par mois, Légumes secs : 250 grammes par mois.

Ces mesures restent valables pour la nouvelle année scolaire et s'appliquent à tous les établissements assurant l'alimentation d'enfants des catégories J et J2 et des jeunes gens de la catégorie J3 ; toutefois, en raison de la création récente de cette dernière catégorie et des avantages qui en sont résulté pour les jeunes gens de 13 à 21 ans jusqu'alors particulièrement sous-alimentés, l'allocation de pain prévue par la circulaire précitée est supprimée. En pratique, le supplément de viande ne pourra être accordé qu'après l'autorisation de l'Oberfeldkommandantur 670 du fait que les centres d'abatage sont approvisionnés strictement sur la base du nombre de consommateurs ordinaires et de travailleurs lourds.

Poisson. Le fonctionnement du Comptoir du Poisson de Boulogne-sur-Mer, qui devait débuter vers le premier octobre s'est trouvé quelque peu retardé. En effet, la répartition des produits de la mer ne pourrait se réaliser dans des conditions parfaites qu'autant que les prix de vente du poisson auraient été uniformisés et définitivement fixés par arrêté interpréfectoral pour le Nord et le Pas-de-Calais. Des divergences d'appréciation entre les représentants des ports de Boulogne-sur-Mer et de Gravelines subsistaient. Au cours d'une réunion qui a eu lieu à Saint-Omer le jeudi 16 octobre, l'accord s'est fait sur tous les points, entre les représentants qualifiés des deux départements. Le plan de répartition n'a subi aucune modification : il doit assurer la satisfaction des besoins des centres urbains et industriels. D'autre part, l'Oberfeldkommandantur 670 vient d'entériner le barème des prix de vente et l'organisation générale du Comptoir. Tout permet donc de supposer que le Comptoir du Poisson pourra entrer en action aux premiers jours de novembre, dès les débuts de la pêche au hareng, si particulièrement importante sur nos côtes.

Produits contingentés.

Chaussures. Le tableau ci-après indique pour les mois d'octobre et de novembre les attributions du Ministère et par comparaison celles autorisées par les autorités occupantes.

Contingent de chaussures

Pour novembre, le Ministère a compris dans son chiffre une partie du contingent de décembre, vraisemblablement pour tenir compte de la mauvaise saison. Il n'en reste pas moins que le contingent autorisé par l'OFK est sensiblement inférieur à l'attribution du Ministère. La dotation réelle ne permet que l'attribution d'une paire de chaussures tous les 18 mois, ce qui est assurément insuffisant notamment pour les ouvriers, cultivateurs, etc.… dont les chaussures s'usent évidemment rapidement. Une communication de ce jour nous informe que la Préfecture du Nord vient d'intervenir auprès de l'Oberfeldkommandantur, afin que l'attribution ministérielle soit respectée,

Textiles. En ce qui concerne les textiles, aucune remarque particulière à relever. Depuis juillet, le contingent mensuel est renouvelé : contingent individuel 2.668.000 points, contingent collectif, 145.000 ; avec possibilité de reporter les points non utilisés au cours d'un mois sur le mois suivant.

Pneumatiques. Ainsi qu'il a été signalé dans un précédent rapport, les propriétaires de véhicules autorisés à circuler éprouvent de grosses difficultés à obtenir le remplacement de pneumatiques hors d'usage. Cette situation, particulière à mon département, provient du retard apporté à l'institution de la carte de pneumatiques par suite de l'opposition de l'OFK 670 à Lille à la mise en application de la réglementation élaborée par l'office du Caoutchouc. En raison de l'interdiction du report des contingents au cours de trimestres différents, il ne m'a pas été possible de disposer des unités de pneus attribuées à mon département au titre des mois de février, mars, avril et mai. L'équipement des véhicules en pneumatiques est très défectueux et je suis saisi chaque jour des doléances des usagers qui font remarquer à juste titre que cette situation entraîne une usure accélérée des pneumatiques qui ont encore une certaine valeur de service (notamment lorsqu'il s'agit de pneus "jumelés" présentant un pourcentage d'usure différent). En effet, beaucoup de véhicules n'ont pas de roue de secours en bon état et les pneus d'occasion sont introuvables. Au surplus, il ne m'est pas possible de donner satisfaction aux demandes émanant d'usagers qui désirent équiper des véhicules achetés sans pneus aux parcs allemands. Comme je l'ai déjà demandé à plusieurs reprises, il serait donc indispensable d'obtenir un rappel, tout au moins partiel, des contingents qui, par suite de circonstances particulières, n'ont pu être répartis.

La Famille

Application du Code de la Famille. L'application des différents textes qui constituent le Code de la Famille n'a donné lieu dans le Département à aucune difficulté sérieuse.

1. Population active. Pour les travailleurs du commerce et de l'industrie, quatre caisses fonctionnent dans le Pas-de-Calais, intéressant environ 100.000 salariés. Un arrêté ministériel du 20 juin 1941 a institué une Caisse de Compensation des artisans et travailleurs indépendants. En ce qui touche l'agriculture, deux Caisses de Compensation existent, groupant actuellement environ 30.000 assujettis. Un certain nombre de cultivateurs ou assimilés négligeant ou refusant d'adhérer à une caisse, la procédure de mise en demeure a dû être appliquée. Jusqu'à présent, 3.500 injonctions ont été lancées.

2. Population non-active

a) Assistance à la famille. 1.200 familles bénéficient de cette assistance, avec effet du 1er avril 1940, date à laquelle a été supprimé l'Encouragement national aux familles nombreuses. b) Primes à la première naissance. Depuis le 1er janvier 1940, plus de 15.000 primes ont été servies au titre de la population non active, correspondant à une dépense de 3.200.000 francs.

Réfugiés et Sinistrés. Le nombre des réfugiés et assistés secourus, à la date du 1er novembre, s'établit comme suit : Réfugiés : 5.150 ; Sinistrés : 5.647. Total : 10.797

Logements provisoires. En raison de l'approche de l'hiver, les travaux ont été très activement poussés durant le mois d'octobre. Mais le défaut de main-d'œuvre spécialisée (plâtriers, cimentiers, etc.) retarde leur achèvement, de même que le manque de matériaux (chevrons, liteaux, solives, portes, etc.), à fournir par le Service des Constructions Provisoires.

Une visite des chantiers a été effectuée les 15, 16 et 17 octobre par un représentant du Commissaire technique à la Reconstitution qui, dans le rapport établi à la suite de cette enquête, insiste pour que les difficultés signalées fassent l'objet d'efforts plus particuliers en ce qui touche les localités sinistrées de Courrières, Oignies, Haisnes, Boulogne-sur-Mer. Quant aux cités et installations diverses visant les réfugiés, leur réalisation se poursuit normalement, compte-tenu des difficultés signalées plus haut. Les travaux sont très avancés à Arras (centre sanitaire pour enfants), à Saint-Pol-sur-Ternoise (maternité) et à Campagne-lès-Hesdin (Hôpital Chirurgical), ces installations étant destinées à accueillir les enfants, les femmes enceintes et les blessés de la région côtière bombardée.

Secours aux Populations Civiles. Depuis le 1er août 1941, en conformité d'un accord intervenu entre l'Autorité Supérieure et le Secours National, cette œuvre assume la charge de l'assistance aux habitants privés de ressources du fait de la guerre. Le taux des allocations a été fixé à 150 frs par mois et par assisté. Pratiquement, les listes des bénéficiaires continuent à être dressées par les Maires. Elles sont soumises au Contrôle de l'Inspection du Travail, vérifiées par les correspondants du Secours National et arrêtées par le Délégué départemental de cette œuvre. Les fonds sont mis par le Secours National à la disposition des comptables chargés du paiement des allocations. De nombreux maires insistent auprès de moi pour connaître dans quelle mesure l'État interviendra dans le remboursement des dépenses effectuées au même titre par les communes avant le 1er août 1941. Je me permets de signaler à nouveau cette question.

La Santé

Personnel. Par arrêté de M. le Secrétaire d'État à la Famille et à la Santé en date du 29 septembre 1941, Melle le Docteur Guy, Inspecteur-Adjoint à Arras depuis juin 1939, a été affectée au Département des Landes. Dans les circonstances actuelles, le déplacement de ce fonctionnaire bien au courant des affaires locales notamment en ce qui concerne les œuvres et établissements infantiles est regrettable pour la bonne marche du service. D'accord avec M. le Docteur Vieledent, Directeur Régional de la Santé, j'ai fait personnellement une démarche auprès du Secrétariat d'État pour que cette mesure soit rapportée. Je veux espérer qu'il y sera donné une suite favorable.

Dispensaires antituberculeux. Le fonctionnement des dispensaires en activité est satisfaisant. Le Dispensaire de Montreuil a pu se réinstaller dans ses anciens locaux. La première consultation a eu lieu le 10 octobre 1941, les suivantes auront lieu dorénavant les 1er et 3e samedis de chaque mois. Cependant la modification des horaires de chemin de fer risque d'entraver la bonne marche de ce service. Le Docteur Rémy éprouve de grandes difficultés à se rendre de Boulogne-sur-Mer à Montreuil. Des pourparlers sont en cours pour mettre une automobile à sa disposition. Le Dispensaire de Bertincourt n'a pas encore d'appareil de radiologie, mais le service médico-social fonctionne normalement.

Dispensaires antivénériens. Le projet de réorganisation n'est pas encore au point. Des assistantes sociales spécialisées devraient être attachées à chaque dispensaire.

Services Hospitaliers. Les centres d'hospitalisation des contagieux sont insuffisants. Le Service des Constructions Provisoires organise des centres sanitaires. Mais certaines difficultés d'ordre matériel (main-d'œuvre et approvisionnement de matériaux) retardent ces projets.

Œuvres Maternelles et Infantiles. La Maison Maternelle de Saint-Pol-sur-Ternoise est presque aménagée dans ses nouveaux locaux. L'évacuation fractionnée des enfants de la côte se poursuit. Un nouveau contingent d'enfants de Calais et de Boulogne-sur-Mer a été hébergé à Arras et à Bapaume.

L'Inspection rationnelle des Gouttes de Lait continue. Des créations sont en voie d'organisation. La Ville d'Arras étudie actuellement un projet de centre de Protection Infantile avec crèche, consultations de nourrissons et goutte de lait.

État Sanitaire: Fièvre typhoïde : 20 cas ; Scarlatine : 40 cas ; Diphtérie : 29 cas ; Tuberculose : 24 ; Cas ; Rougeole : 15 : cas ; Poliomyélite : 5 cas. Fièvre typhoïde et Poliomyélite sont des cas sporadiques, la source de la contagion est presque toujours impossible à déceler.

Eaux Potables. Les prélèvements sont faits systématiquement tous les mois par des agents de désinfection. La grosse question à l'étude est celle des Eaux de Calais dont les canalisations sont fréquemment détériorées par faits de guerre. La Société Générale des Eaux de Calais a été mise en demeure d'installer un système de stérilisation permanente.

Le Travail

A. Situation du chômage dans le Département.

Hommes secourus : 3 ; non secourus : 563. Femmes secourues : 477 ; non secourues : 2.704. Total : 3.181.

Arrondissements d'Arras, Montreuil et de Béthune

1. Industries détruites ou gravement endommagées. Il ne s'est produit, à ma connaissance, aucun incident ou bombardement ayant détruit ou endommagé des installations industrielles.

2. Industries dont l'équipement est intact et pour lesquelles la main d'œuvre fait défaut. Aucune modification ne s'est produite dans le courant du présent mois.

3. Industries n'ayant pas encore repris leur activité. À l'heure actuelle, à peu près toutes les industries ont repris leur activité d'une façon totale ou tout au moins partielle. Aucun incident ne s'est produit au cours de la remise en route des sucreries du département.

Main d'œuvre

Dans le courant d'octobre, il a été effectué 2.510 placements masculins et 771 placements féminins, chiffres sensiblement égaux à ceux du précédent mois. Le nombre d'offres d'emploi non satisfaites s'élève, pour la dernière semaine, à 1.497 au lieu de 574 pour septembre. Ces chiffres expriment, non pas une augmentation d'activité des principales industries, mais seulement les besoins des industries saisonnières, notamment des sucreries, ainsi que les besoins saisonniers de l'agriculture pour l'arrachage des betteraves. Les demandes d'emploi non satisfaites s'élèvent, pour les hommes à 597 et pour les femmes à 3.247, chiffres qui n'expriment aucune variation importante par rapport au mois écoulé et proviennent en presque totalité de la région Calaisienne ou d'autres industries textiles du département.

L'activité peut se traduire, à mon sens, de la manière suivante : D'une part, pour les industries non saisonnières, un certain ralentissement de l'activité moyenne dû, en faible partie, par la rareté de la main d'œuvre et, pour la plus grande partie par les difficultés qu'éprouvent les industries à s'approvisionner en charbon et en matières premières. A cet égard, je noterai qu'une fabrique de velours (établissements Frémeaux à Maroeuil : 120 personnes) a dû fermer ses portes par suite de manque de fil et que différentes usines, notamment celles du travail des métaux, ont ralenti assez sensiblement leur fabrication. Le problème de la main d'œuvre est également difficile. À l'heure actuelle, mes Services sont dans l'impossibilité de pouvoir répondre aux très nombreuses demandes des industries, tant en ce qui concerne le personnel spécialiste, qu'en manœuvres d'aptitude physique convenable. C'est ainsi qu'il a été nécessaire d'autoriser les sucreries à faire effectuer 84 heures de travail par semaine pour le personnel de poste, qu'une fabrique d'engrais (Engrais d'Auby à Feuchy : 500 personnes) envisage, pour le début de novembre, de nourrir et de loger un contingent d'une centaine d'ouvriers à fournir par les autres départements.

Chômage. Le nombre de chômeurs secourus est de 5 pour les hommes et 452 pour les femmes. Le chômage masculin est seulement représenté à Berck par suite de la fermeture des sanatoria. Quant au chômage féminin, il sévit particulièrement à Calais. À ces chiffres représentant le chômage total, il convient d'ajouter le chômage partiel qui s'est produit dans le courant d'octobre dans un certain nombre d'industries du textile ou du travail des vêtements ; dans 6 usines, la durée du travail de l'ensemble du personnel a été ramenée de 24 à 32 heures par semaine afin d'éviter des licenciements.

C. Zone Côtière

1. Établissements détruits qui ne pourront reprendre leur activité sans travaux importants. Aucun changement.

2. Établissements pour lesquels l'équipement est intact et pour lesquels la main d'œuvre fait défaut. Aucun changement.

3. Établissements qui n'ont pas repris leur activité bien que disposant sur place de l'équipement et de la main d'œuvre. Aucun changement.

4. Établissements qui ont repris leur activité. Aucun changement.

Marché du Travail

Pêche. 20 hommes sont toujours inscrits. Pas de femme. La situation de la pêche est inchangée. L'interdiction aux bateaux de s'éloigner de la côte demeurant toujours en vigueur réduit l'activité de cette branche.

Agriculture. Sont inscrits : 1 homme contre 4, et 3 femmes contre 4 le mois dernier. L'agriculture qui manque déjà de main d'œuvre qualifiée souffre d'autre part, du débauchage des ouvriers agricoles au profit des chantiers allemands, ou les salaires sont plus élevés.

Industrie extractive Toujours un homme d'inscrit et pas de femme.

Industrie de l'Alimentation. 5 hommes contre 10 et 117 femmes contre 108 en septembre, demeurent demandeurs d'emploi. Cette industrie souffre toujours du manque de matières premières.

Industrie chimique. Un homme nouvellement inscrit, et plus de femme. Situation sans changement, toute activité dans cette branche étant interdite par les Autorités d'occupation.

Industrie du Caoutchouc. Pas d'inscrit dans cette catégorie.

Industrie du Papier. Aucun chômeur homme, et 16 femmes contre 20 le mois précédent. La situation dans cette industrie est stationnaire.

Industrie du Livre. Sont inscrits à ce jour 2 hommes au lieu de 3 et toujours 2 femmes. La main d'œuvre qualifiée manque également dans cette branche.

Industrie textile. 13 hommes et 86 femmes de moins que le mois dernier, soit 23 hommes au lieu de 36 et 726 femmes au lieu de 812. Les demandeurs d'emploi inscrits dans ce groupe sont, en grande majorité des ouvriers de l'industrie tullière généralement âgés, et des femmes travaillant à domicile.

Industrie du Vêtement. Restent inscrits dans cette industrie : un homme et 161 femmes. Aucun changement n'a été enregistré au cours du mois.

Cuirs et peaux. Un homme de moins soit 1 inscrit, et toujours 10 femmes. Dans cette industrie la situation est stationnaire.

Industrie du bois. 12 hommes sont inscrits contre 14 le mois précédent, et 9 femmes contre 7. La main d'œuvre spécialisée, par contre, manque toujours.

Métallurgie. Restent inscrits à ce jour : 39 hommes au lieu de 52 et 52 femmes au lieu de 64, soit 13 hommes et 12 femmes de moins. Ces ouvriers ont surtout été embauchés pour les besoins de l'armée d'occupation en qualité de manœuvres, car là aussi les spécialistes font défaut.

Terrassement-Bâtiment. 10 hommes contre 28 précédemment, et pas de femme. La main d'œuvre qualifiée manque toujours dans cette branche. Les chômeurs inscrits sont des manœuvres d'autres professions libérés par les chantiers allemands en qualité de manœuvres du bâtiment et qui désirent rester dans cette catégorie.

Pierres et Terres au feu. 3 hommes contre 5 et 15 femmes contre 17 inscrits le mois dernier.

Manutention. 61 hommes et 74 femmes de moins, soit 217 hommes au lieu de 278 et 664 femmes contre 738 figurant sur le rapport de septembre. Les demandeurs d'emploi constatés en moins ont été embauchés pour les besoins de l'armée d'occupation. Les chômeurs sont, en majorité, des hommes inaptes aux travaux lourds.

Transports. 17 hommes contre 28 et toujours 4 femmes.

Commerces divers. 60 hommes au lieu de 62 et 255 femmes au lieu de 238 inscrits à la même date le mois précédent. Aucune nouvelle activité dans cette branche.

Professions libérales. Sont inscrits : 5 hommes contre 8 et 11 femmes contre 9.

Soins personnels. 1 homme reste à placer, soit 1 homme de moins, et 13 femmes restent demandeurs d'emploi au lieu de 12.

Services domestiques. Plus d'homme. 54 femmes ont été placées, ce qui donne 441 femmes restant inscrites au lieu de 495 précédemment.

Divers. 11 hommes au lieu de 6, et 2 femmes au lieu d'une. Les fluctuations du marché du travail sont principalement causées par l'embauchage eu le débauchage du personnel occupé sur les chantiers de l'armée d'occupation et par les Entreprises allemandes.

D. Arrondissement de Saint-Omer. L'activité des entreprises industrielles n'a subi aucune modification d'importance durant le mois écoulé. L'approvisionnement en matières premières et en charbon reste difficile pour la plupart d'entre elles. La marche des fabriques de lingerie de la région de Saint-Omer en est surtout affectée. Cependant, les effectifs du personnel occupé dans les usines restent sensiblement stationnaires. Les 79 plus grosses entreprises de la section qui occupaient le mois dernier 3.741 personnes en emploient aujourd'hui 3.930. Le nombre d'heures de travail de ces ouvrières a été de 161.802 contre 166.518 durant le mois écoulé.

Je n'ai rien à ajouter à mon rapport précédent quant à la marche des papeteries et cartonneries et des usines textiles. Les sucreries et distilleries ont repris leur activité saisonnière. Le recrutement de la main d'œuvre a bien présenté quelques difficultés, mais qu'elles ont surmontées. Avec l'autorisation qui leur a été donnée d'occuper éventuellement le personnel 84 heures par semaine, il y a lieu de compter que la campagne se déroulera sans incident.

Le manque de main d'œuvre est aussi une caractéristique de l'époque actuelle. Les autorités d'occupation en ont de grands besoins. Aussi, assiste-t-on dans les usines à des départs d'ouvriers attirés par des salaires plus élevés et une durée plus grande de la journée de travail. Ces départs ne sont pas sans entraîner une certaine gêne dans la marche des entreprises françaises. Mais peut-être la revalorisation prochaine des salaires contribuera-t-elle à réfréner cet exode. Mais ainsi que j'ai déjà eu occasion de le dire, ceci, par ailleurs, a eu pour conséquences la disparition complète du chômage dans l'arrondissement de Saint-Omer. Il n'y est plus secouru en effet que 2 hommes, âgés ou inaptes et 7 femmes de capacité réduite.

E. Salaires

Le problème des salaires est loin d'être résolu, car les augmentations accordées par la loi du 23 mai 1941 s'avèrent nettement insuffisantes. Aussi bien le problème des salaires anormalement bas a retenu toute mon attention. En conformité avec les instructions ministérielles et d'accord avec le Préfet du Nord, je vais prendre un arrêté portant relèvement de ces salaires et ayant pour but : 1°) le relèvement de tous les salaires anormalement bas, sans distinction de catégories ;

2°) l'établissement d'un pourcentage entre les salaires de base payés aux hommes, aux femmes et aux enfants, le salaire de base hommes étant représenté par 100 ;

3°) l'établissement d'un salaire minimum vital calculé sur les bases des salaires moyens départementaux.

E. Activité des Organisations Syndicales

Rien de particulier ne me paraît devoir être signalé en ce qui concerne les organisations patronales, lesquelles sont contrôlées par les divers Comités de Production et de Répartition.

En ce qui concerne les organisations ouvrières, celles-ci étaient représentées avant les évènements de 1940 par les Syndicats adhérant à l'Union Départemental des Syndicats Confédérés et ceux faisant partie de la Confédération française des Travailleurs Chrétiens, les effectifs de syndicats dits professionnels étant très faibles. Depuis l'invasion, l'U.D.S.C. et la C.F.T.C. ont essayé de regrouper leurs adhérents et de reformer leurs syndicats. Bien que des résultats assez appréciables aient été enregistrés, il ne semble pas que les organismes dont il s'agit soient arrivés au but qu'ils s'étaient proposé.

Actuellement, le nombre de syndicats ouvriers fonctionnant normalement est extrêmement réduit et leurs effectifs semblent peu nombreux. J'ai ainsi éprouvé des difficultés extrêmes à ce que les syndicats procèdent à la désignation de délégués aux Comités de Sécurité qui vont fonctionner effectivement à partir du 1er novembre dans tous les établissements industriels du Pas-de-Calais occupant plus de 500 personnes. Il semble également que certains éléments ouvriers craignent, s'ils se livraient à une activité syndicale, de faire l'objet de mesures spéciales ou de mesures de répression. Aussi longtemps que la charte du travail n'était pas promulguée, aucune tentative sérieuse d'organisation syndicale ne pouvait d'ailleurs être entreprise. La parution de cette loi capitale va être sans aucun doute d'un heureux effet pour la reprise de l'activité syndicale.

Production industrielle

Par suite de l'organisation régionale économique créée depuis 1940 pour le Nord et le Pas-de-Calais par les autorités allemandes, tous les Comités d'organisation et les Sections de répartitions ont leur siège à Lille. Leur activité relève donc plus spécialement de la Préfecture du Nord. Aussi bien, ne puis-je que vous donner ci-dessous l'exposé succinct de la situation économique de mon Département durant le mois écoulé.

Industries Métallurgiques. Les ateliers de constructions métalliques possèdent de nombreuses commandes en cours, mais le manque de matières premières (fers et aciers) de lubrifiants et de charbon se fait sentir très fortement et la plupart des usines ne travaillent plus qu'entre 35 et 40 heures par semaine. Les tréfileries et câbleries sont dans la même situation, ainsi que la fabrique de chaines de transmission de Calais. Les fonderies et les aciéries travaillent également au ralenti et manquent de main-d'œuvre qualifiée. Les fabriques d'horlogerie travaillent pour les mêmes raisons à 33 % de leur production de 1938.

Les deux fabriques de plumes métalliques (la troisième a été complètement détruite) travaillent avec les 2/3 de leur effectif et usinent en grande partie pour l'exportation en Allemagne. Seuls les ateliers et chantiers maritimes du Boulonnais qui ont des travaux pour les Services d'occupation, travaillent à effectif plein et obtiennent par priorité les matériaux nécessaires à l'exécution des commandes qui leur sont passées.

Industries textiles. Pour la fabrication de la rayonne et de la fibre coupée, il y a une nette amélioration des approvisionnements en matières premières (pâte de bois, acide sulfurique, soude caustique, sulfure de carbone et charbon), mais la main-d'œuvre laisse à désirer. L'industrie de la dentelle travaille 40 heures par semaine, mais souffre beaucoup des approvisionnements en matières premières. La fabrication du tulle moustiquaire se poursuit et les premières livraisons ont eu lieu dans le courant du mois. Les fabriques de bonneterie travaillent à 30 % de leur production de 1938; elles ont beaucoup de difficultés à s'approvisionner en matières premières et la réduction de la fourniture du courant électrique à haute tension les gêne beaucoup.

Bâtiment et Matériaux de Construction. Les briqueteries ne peuvent travailler qu'à 30 % de leur production de 1938 par suite du manque de combustible et du rendement inférieur du personnel ouvrier. Les usines à ciment qui sont en activité, travaillent dans la limite de leurs attributions de charbon, de métaux ferreux et de lubrifiants et leur production ne dépasse pas 70 % de celle de 1938. Même situation pour les usines de l'industrie céramique.

La fabrique de lithopone d'Estrée-Blanche ne tourne plus par suite du manque de sulfate de baryte qui provenait des Départements de l'Aveyron, du Gard et de la Lozère.

Les industries du bois qui ne peuvent plus employer que les bois de pays et qui manquent de moyens de transport pour leurs approvisionnements, marchent au ralenti.

Quant à l'industrie du bâtiment, elle souffre, d'une part, du manque de matériaux de constructions (bois, briques, tuiles, ciment, quincaillerie, zinc, plomb et fer) et, d'autre part, du manque de main d'œuvre qualifiée. Beaucoup de maisons provisoires destinées au logement des sinistrés ne pourront être terminées pour l'hiver, faute d'ouvriers plâtriers.

Industries Alimentaires. Les brasseries sont sur le point d'arrêter faute de malt, par suite de la mauvaise répartition des orges aux malteries. D'autre part, les quantités d'orge attribuées au Pas-de-Calais sont insuffisantes et pour maintenir dans la région des Mines la même quantité de bière qu'avant-guerre, en même temps que la même qualité, qui était une qualité limite, il serait nécessaire d'attribuer un contingent supplémentaire d'orge d'environ mille tonnes.

Les sucreries et distilleries ont, pour la plupart, commencé leur campagne de fabrication.

Les fabriques de pâtes alimentaires manquent d'emballages. La biscuiterie de Calais travaille presque exclusivement à la fabrication de biscuits à la caséine pour le Secours National. La margarinerie de Béthune a chômé pendant 3 mois pour permettre l'écoulement du beurre produit pendant la période d'été. Son approvisionnement est assuré pour six mois.

Les huileries travaillent actuellement pour la fabrication de l'huile d'arachide et de lin à 10 % de leur production de 1938 et à 12 % pour la fabrication d'huile de palmiste, grâce à l'envoi de graines venant de Marseille. Elles ont d'autre part repris la fabrication des aliments pour vaches laitières. Les 3 fabriques d'huile de la région d'Arras en fabriquent 60 tonnes par jour et occupent ainsi 50 % de leur effectif de 1939.

Produits Chimiques. La production des usines de produits chimiques situées dans la région minière a été réduite à la suite des bombardements aériens. De même pour la fabrication des carburants synthétiques.

À l'Usine de Feuchy-les-Arras, la fabrication d'ammoniaque, d'acide nitrique et de nitrate d'ammoniaque est normale. Pour la fabrication, la manutention et l'expédition des engrais pulvérulents, il existe des difficultés par suite du manque de main-d'œuvre et en particulier de manœuvres.

La production des explosifs atteint 70 % de celle de 1938.

Industries du Cuir. Les tanneries travaillent maintenant à 28 % au lieu de 30 % de leur production de 1938 et la production des fabriques de chaussures, sauf celles ayant des commandes pour les autorités d'occupation, diminue dans la même proportion.

Mines. Les expéditions de tous combustibles au départ des Mines du Nord et du Pas-de-Calais, sont reprises au tableau ci-dessous :

Expéditions de tous combustibles au départ des Mines du Nord et du Pas-de-Calais

Sur ces tonnages il a été expédié aux industries et aux foyers domestiques du Nord et du Pas-de-Calais, les quantités ci-après :

Expéditions aux industries et aux foyers domestiques du Nord et du Pas-de-Calais

Les ventes au carreau à destination de la clientèle Nord et Pas-de-Calais non comprises dans le tableau ci-dessus, se sont montées pour le Mois de septembre à 36.849 tonnes. Ces ventes ne com- prennent pas les tonnages enlevés par route pour l'exportation, ni pour l'armée allemande ni pour les ayants-droit des mines. De même les tonnages enlevés pour les autres groupements que ceux du Nord et du Pas-de-Calais n'y figurent pas. La production nette journalière a varié comme suit pour l'ensemble du bassin du Nord et du Pas-de-Calais. Elle est actuellement stationnaire, sans tendance à l'augmentation.

Statistiques de production (en tonnes)

Le rendement fond est indiqué ci-dessous :

Rendement (en kilos)

L'extraction nette s'est élevée à 2.353.916 en septembre 1941 contre 2.187.766 en août 1941. La situation à fin septembre comparée à celle de fin août des stocks à terre est la suivante (non compris le stock de sécurité des cokeries) :

stocks à terre de combustibles (en tonnes)

Approvisionnements. Situation sans changement en ce qui concerne les bois de mines. J'insiste à nouveau de la façon la plus formelle sur cette question primordiale de la production de bois de mines et demande au Gouvernement de tenir compte des considérations que j'ai développées, à ce sujet, dans mon dernier rapport mensuel du 4 octobre 1941, pages 84 et suivantes.

Personnel. Le personnel atteint le 30 septembre 1941 les chiffres suivants : Fond : 101.269 ; Dépendances légales : 42.280.

Questions Sociales. Chômage : néant.

Artisanat. Les artisans sont groupés dans la Chambre des Métiers du Pas-de-Calais. Cette Chambre des Métiers comptait, en 1939, 15.000 ressortissants environ. À l'heure actuelle, leur nombre s'élève à 20.600 et dépassera probablement 21.000 au 31 décembre prochain.

On assiste, au point de vue artisanat, à la création de groupes artisanaux professionnels, lesquels seront représentés sous peu à la Chambre Départementale des Métiers par des Conseillers professionnels chargés de l'organisation technique de la profession. Les attributions de la Chambre des Métiers viennent d'être augmentées par la création du bureau artisanal des matières, lequel est chargé de la distribution des matières nécessaires aux artisans. Il apparaît que le mouvement artisanal est en bonne voie. Les mesures prises à son profit par le Gouvernement commencent déjà à se faire sentir et il n'est pas douteux que d'ici peu des cadres solides soient construits. L'activité des groupements artisanaux est consacrée tout entière à la solution des problèmes difficiles d'organisation et d'approvisionnement. Jusqu'à présent, la question capitale de l'apprentissage n'a pas encore été sérieusement envisagée. Des renseignements recueillis auprès de la Chambre des Métiers, il résulte qu'il existe seulement, dans le Pas-de-Calais, 100 apprentis munis d'un contrat régulier d'apprentissage. J'ai demandé aux groupements artisanaux de faire, avec les moyens dont ils disposent, un effort aussi grand que possible, de manière à ce que l'apprentissage soit organisé. Je compte d'ailleurs revenir sur cette importante question dans mes rapports ultérieurs.

Communications

Transports

À titre documentaire, je vous informe qu'au cours du mois de septembre 1941, il a été transporté, par la Société Nationale dos Chemins de Fer Français, 1.029.500 tonnes de houille en provenance des Mines du Pas-de-Calais.

Postes, Télégraphes et Téléphones

Les modifications d'horaires au 6 octobre ont surtout apporté des changements d'organisation dans les bureaux de la région côtière. Une relation de nuit a été réalisée, sauf le dimanche, entre Paris et Lille, par l'utilisation d'un train de messageries, ce qui porte à quatre le nombre de trains journaliers utilisés par le service postal entre Paris et Arras. D'autre part, une quatrième relation a été établie entre Lille centralisateur, Valenciennes centralisateur et Arras gare, sauf les dimanches et jours fériés, le train 3.028 ayant été prolongé entre Douai et Arras.

Service Télégraphique. Les Kreiskommandanturen du Département du Pas-de-Calais désignées ci-dessous ont autorisé à admettre au trafic international pour des cas particuliers, les télégrammes isolés venant des firmes non admises à ce trafic et des particuliers. L'autorisation est accordée par les délégués suivants : K.K. 635, Béthune, Krizgsverwaltungsrat Kuspert / K.K. 639, Arras, Krizgsverwaltungsrat Dr Stolze / K.K. 771, Montreuil, Krizgsverwaltungsrat Dr Halluin / K.K. 772, Saint-Omer, Krizgsverwaltungsrat Lahermann.

Les télégrammes isolés admis sont, en présence de l'expéditeur mis sous enveloppe fermée et livrés par un planton allemand au bureau télégraphique compétent. Il appartient à l'expéditeur de suivre le planton allemand pour acquitter au guichet la taxe de son télégramme. Seuls, les télégrammes d'affaires à l'exclusion des télégrammes familiaux peuvent bénéficier de cette procédure.

Service Téléphonique. Au cours de la dernière période mensuelle, 13 bureaux ont été réouverts.

Ponts et Chaussées

Communications. Aucun fait nouveau.

Destructions. Ouvrages d'art : Un pont définitif est terminé à Sailly-en-Ostrevent. Deux ponts définitifs sont terminés, mais non livrés à la circulation à Saint-Laurent-Blangy et Huby-Saint-Leu.

Une passerelle de halage est en cours au pont provisoire de Dourges (C.D. 160 E). Le relevage du tablier des ponts de Courcelles et de Colline-Beaumont est en cours.

Main-d'œuvre. Il devient difficile de recruter et même de conserver la main-d'œuvre nécessaire à l'exécution des travaux confiés à notre service, les salaires accordés, conformément à la règlementation en vigueur, étant insuffisants comparativement à ceux accordés par les autorités allemandes. J'ai proposé :

- à M. le Préfet de la Région de Lille, de fixer au salaire moyen départemental, augmenté de l'allocation de la loi du 23 mai 1941, le salaire minimum à accorder à nos ouvriers.

- à M. le Secrétaire d'État aux Communications, l'attribution d'une indemnité spéciale pour la Région, tant pour les ouvriers des Ponts et Chaussées que pour les cantonniers.

Routes et Service Routier. Les travaux de réparation et même d'entretien des routes et chemins ne peuvent plus être exécutés avec toute la célérité désirable. La pénurie des matériaux nécessaires en est la cause. Les carrières locales et les usines de tarmacadam sont réquisitionnées par les autorités allemandes qui ne nous ont octroyé qu'une très faible partie de la production de ces carrières et usines. Par ailleurs, les autorités d'occupation ne nous permettent d'approvisionner qu'une très faible partie des porphyres de Lessines que nous commandions chaque année.

Il a fallu recourir aux ballastières de la Basse-Seine pour compléter les approvisionnements strictement indispensables. Les matériaux mis à notre disposition nous ont permis d'effectuer seulement les travaux de réparations les plus urgents. Le contingentement serré de goudron n'a pas permis d'effectuer les goudronnages généraux cependant très souhaitables pour la conservation des chaussées. La viabilité est autant que possible maintenue par des emplois partiels goudronnés,

Reconstructions. Les lois actuellement en application en vue de la Reconstruction sont :

1. Les lois des 5 août 1940 et 9 février 1941 12 juillet 1941 relatives à la réparation des immeubles partiellement endommagés.

2. La loi des 11 octobre 1940 12 juillet 1941 relative aux immeubles d'habitation partiellement ou totalement détruits par actes de guerre. Pour cette dernière loi d'ailleurs, est seulement en application l'article 28 (devenu l'article 29 de la loi du 12 juillet 1941) relatif aux allocations mobilières. En outre, la période de reconstruction a été ouverte pour les immeubles agricoles isolés sauf dans les 42 communes de la côte particulièrement exposées aux destructions du fait d'actes de guerre actuels.

Loi du 5 août 1940. Les opérations effectuées comportent 4.335 arrêtés préfectoraux, pour un montant total de 35.997.026 francs. Il a été émis à ce jour 1.760 ordres de paiement pour un montant de 13.485.723 francs.

Loi du 9 février 1941 - 12 juillet 1941. L'opération de cette loi vient juste de commencer ; il a été reçu 2.656 dossiers (sur un total probable de 16 à 17.000 dossiers) ; 1.971 des dossiers reçus sont actuellement en cours d'étude.

Article 28 (devenu l'article 29 de la loi du 12 juillet 1941) Il a été reçu 6.152 demandes d'allocations mobilières dont 2.583, incomplètes, nécessitent une correspondance avec les sinistrés ou les Mairies. À la même date, il a été transmis au Service Central 1.275 décisions pour un montant de 22.287.250 francs. Il est revenu du Service Central 781 décisions pour un montant de 13.234.750 francs d'allocations et par conséquent 6.609.250 francs de réquisitions de paiement. Il reste donc en instance au Service Central 494 dossiers pour 9.052.500 francs. 505 dossiers sont d'autre part en cours de mandatement dont 305 de la Commune de Courrières qui étaient à compléter par des extraits d'actes d'État-Civil à recevoir du Greffe du Tribunal Civil de Béthune.

Relations avec les autorités occupantes

Mes relations, ainsi que celles de mes collaborateurs et des Sous-Préfets, toujours très nombreuses, avec les autorités d'occupation, restent courtoises, mais le contrôle exercé par tous les actes administratifs demeure serré. Les rapports entre la population et l'armée allemande n'ont été marqués par aucun incident grave. Les nécessités militaires et celles résultant du fait de l'occupation ont eu sur les biens et sur les personnes les conséquences dont je vous expose ci-après les principaux aspects groupés en deux chapitres.

Réquisitions

Dans le présent rapport (chapitre E, page 24) je vous ai signalé à propos de l'organisation d'un contrôle, les paiements considérables à effectuer pour les réquisitions allemandes des hôtels des stations balnéaires de la côte. Par ailleurs, je crois devoir vous présenter ci-après la situation au 30 septembre 1941 des Comptes réquisitions.

Logement et cantonnement
Réquisitions


Réquisition éventuelle de l'ensemble des chevaux du Pas-de-Calais. Dans ce même ordre d'idées des réquisitions par les autorités occupantes, je crois utile de porter immédiatement à votre connaissance les faits suivants qui sembleraient indiquer l'imminence d'une réquisition supplémentaire de chevaux du Département pour les armées allemandes. Je n'ai guère besoin de souligner, comme je l'indiquais précédemment page 4 de mon présent rapport, les conséquences désastreuses qu'amènerait pour la culture, une telle opération si elle venait jamais à être pratiquée.

Voici les faits : Le directeur départemental des Services vétérinaires a été récemment convoqué d'urgence à l'Oberfeldkommandantur 670 à Lille où il a assisté, le 24 octobre, à une réunion à laquelle était présente une délégation allemande venue de Bruxelles. Sous la présidence de l'une des personnalités de cette délégation, il lui a été lu et traduit des ordres soi-disant émanant de Berlin et concernant le recensement et le contrôle de tous les chevaux du Pas-de-Calais et du Nord, Des feuilles statistiques devraient être adressées prochainement par les soins de l'autorité allemande à tous les maires. Individuellement et sur chaque feuille, les propriétaires auraient à déclarer tous leurs chevaux, qu'ils fussent de sang, demi-sang, gros trait, postiers, poneys, mulets, en indiquant la race, robe, âge, taille numéro du Stud book s'il y avait lieu. À partir du 25 Novembre des commissions allemandes passeraient dans tous les villages, contrôleraient, rectifieraient les signalements.

Bien qu'il ait été assuré qu'il ne s'agissait pas en l'espèce de réquisition, mais d'un contrôle permettant de se rendre compte si le nombre et les besoins en chevaux sont équilibrés, je ne puis manquer d'attirer votre attention sur les dangers que représenteraient pour le département une nouvelle réquisition de chevaux. Le Pas-de-Calais est le seul département français qui ait été frappé par une réquisition de 6.895 chevaux pour l'Armée allemande ; elle suivait d'ailleurs d'autres faites pour l'Armée française, ainsi que des réquisitions d'urgence par les troupes allemandes à leur entrée dans le département ; entre autres, il faut compter les chevaux volés, ceux qui furent tués ou abattus à la suite des bombardements, ce qui est encore très fréquent dans la zone côtière.

Le déficit actuel ne peut se chiffrer à moins de 20 % des meilleurs chevaux choisis dans notre effectif. Or, il n'existe pas chez les éleveurs boulonnais de jumenterie uniquement destinée à la reproduction. Toutes les juments travaillent, font partie du patrimoine familial et ceux qui pratiquent cet élevage sont pour 90% des petits cultivateurs. Toucher à la jumenterie boulonnaise, sélectionnée depuis de nombreuses années, serait compromettre l'avenir d'une race de réputation mondiale et qui représente la production animale la plus importante et la plus ancienne au département.

Amendes

Beaurainville. Maire. 6.000 francs. Rupture d'un fil téléphonique de l'armée allemande.

Condamnations

Le jeune Jacques Derveaux, fils d'un avocat au barreau de Lille, a été condamné aux travaux forcés à perpétuité à l'occasion d'une affaire de rupture de câble téléphonique dans la région côtière où ce jeune homme passait ses vacances. J'ai entrepris aussitôt de nombreuses démarches en sa faveur auprès des autorités d'occupation locales, en liaison avec mon collègue du Nord et les hautes autorités religieuses de Lille. J'ai, d'autre part, signalé d'urgence cette condamnation à M. l'Ambassadeur de France, délégué général du Gouvernement français à Paris.

Arrestations

Pour le mois d'Octobre les arrestations dont j'ai pu avoir connaissance concernent 35 personnes. Le 9 octobre de nombreuses arrestations ont été opérées à Boulogne-sur-Mer pour des motifs qui n'ont pu m'être communiqués. Parmi les personnes arrêtées se trouvaient M. Boucher, adjoint au Maire de Boulogne-sur-Mer, membre de la délégation spéciale et M. Marchand, Secrétaire Général de la Mairie. Sur mon intervention instante M. Boucher a été remis en liberté dès le lendemain, mais il n'a pu en être de même pour M. Marchand qui est toujours détenu pour des motifs que j'ignore.

Le 10 octobre deux employés de la Préfecture ont été arrêtés à Arras : M. Camiers, jeune commis titulaire et sa mère, Mme Veuve Camiers, employée auxiliaire. Malgré mes nombreuses démarches la libération de ces deux fonctionnaires n'a pu intervenir et j'ignore les motifs de leur incarcération. J'ai signalé cette situation par mon rapport spécial du 31 octobre après une nouvelle démarche en leur faveur restée sans résultat.

Je dois signaler, d'autre part, que, malgré mes interventions renouvelées, MM. Lecomte, receveur municipal à Guînes, récemment nommé à Boulogne-sur-Mer, Metzerard, adjoint technique des Ponts et Chaussées, Hieulle, receveur principal des Contributions Indirectes, tous trois arrêtés à Guînes le 10 septembre, sont toujours actuellement détenus pour des motifs dont il ne m'a pas été donné connaissance.

Enfin, le 10 octobre, M. Lepage, Commissaire de Police de Barlin, a été arrêté dans les circonstances suivantes : Ce commissaire, à l'occasion d'une enquête effectuée au domicile d'un mineur pour fraude de tabac, avait découvert quelques armes. Après avoir saisi les armes il avait transmis aussitôt le dossier au Parquet de Béthune et laissé ce mineur, père de 7 enfants, en liberté jusqu'à décision de l'autorité judiciaire. Le détenteur d'armes ayant pris la fuite et n'ayant pu être retrouvé, l'autorité allemande a procédé à l'arrestation du Commissaire de Police rendu responsable. Sur mon intervention pressante, M. Lepage a été libéré le lendemain.

Afin d'éviter le retour de pareils incidents, j'ai adressé aux autorités de Police et de gendarmerie, à l'issue d'une conférence tenue à l'OFK 670 à Lille, les instructions suivantes.

« En application de l'ordonnance affichée le 1er octobre 1941 concernant, notamment, la détention illégale d'armes, l'autorité allemande demande que soient tenus à sa disposition tous les détenteurs d'armes qui pourraient être découverts.

En conséquence, lorsqu'au cours d'une perquisition ou d'une opération de police quelconque, vos services ou vous-même découvrez des armes, vous devez immédiatement et sans délai :

1- arrêter le porteur ou le détenteur / 2- Saisir les armes / 3- avertir immédiatement, par exprès ou par téléphone, quelle que soit l'heure, la Kreiskommandantur de l'arrondissement qui vous fera connaître sa décision / 4- maintenir le porteur ou le détenteur en état d'arrestation jusqu'à ce que vous soit notifiée la décision de la Kreiskommandantur / 5- faire porter les armes à la Kreiskommandantur.

Le procès-verbal devra être sur le champ rédigé et envoyé par les moyens les plus rapides à la Kreiskommandantur, ainsi qu'à M. le Procureur de la République et à moi-même. »

Prescriptions de l'autorité occupante concernant les services de garde. Par suite de la multiplication des incendies de récoltes, l'OFK 670 à Lille a prescrit, le 1er octobre, l'organisation dans toutes les communes d'un service de garde de jour et de nuit, des meules, hangars, granges et silos. Ce service, qui exige dans les communes rurales la réquisition, à tour de rôle, de tous les hommes valides de 17 à 60 ans, pèse lourdement sur la vie des habitants.

Le service de garde des lignes électriques à haute tension qui ne devait être assuré que la nuit, a été prescrit également pendant le jour, suivant les mêmes principes, c'est-à-dire 1 homme par pylône. Le département comprend 500 kms de lignes à haute tension à garder ainsi de jour et de nuit.

Dans l'arrondissement d'Arras, le service de garde des lignes téléphoniques de l'armée allemande a été supprimé, sauf pour deux communes sur 402 où s'étaient produits des sabotages.

Recouvrement par les autorités françaises des amendes infligées par l'autorité occupante. Dans l'arrondissement de Montreuil, la Kreiskommandantur avait chargé la gendarmerie française de recouvrer, pour le compte de la trésorerie allemande, les amendes infligées par l'autorité occupante à des ressortissants français (amendes à des Maires, amendes à des particuliers pour infractions diverses à la législation française ou à la réglementation allemande). À la demande de M. le Sous-Préfet de Montreuil, j'avais protesté auprès de l'OFK 670 à Lille contre cette situation anormale. À la suite de cette protestation le Sous-Préfet de Montreuil a été rendu personnellement responsable du recouvrement à effectuer, en application d'une ordonnance du Commandant militaire pour la France occupée. En réalité, cette ordonnance prévoit le recouvrement de telles amendes par l'intermédiaire des percepteurs français. Le Ministère des Finances consulté a fait connaître qu'une procédure était, en effet, actuellement à l'étude pour l'application par l'autorité financière française de cette ordonnance allemande. Etant donné l'urgence, j'ai donc, en accord avec le Trésorier Payeur Général du département, organisé ce recouvrement par l'intermédiaire des services financiers, receveurs des finances et percepteurs.

Répression des menées communistes et des actes de sabotage

Arrestations. À la suite des actes de sabotage et des incendies des récoltes les Autorités d'occupation ont pris de sévères mesures et ont procédé à de nombreuses arrestations opérées simultanément dans la nuit du 14 au 15 octobre dans les communes minières de Nœux-les-Mines, Drocourt et Hénin-Liétard.

À Harnes, la "Geheim Feld Polizei" a surpris plusieurs individus qui s'apprêtaient à incendier un hangar agricole - 5 d'entr'eux ont été arrêtés ; tous sont des polonais domiciliés à Harnes où ils exercent la profession de mineur.

A plusieurs reprises, dans le courant du mois d'octobre, l'autorité occupante a demandé à certains commissaires de police communication de listes d'individus connus pour leur activité communiste ancienne ou actuelle. L'O.F.K. 670 à Lille m'a fait parvenir la communication ci-dessous, en date du 15 octobre :

« Objet Récompenses pour les organes français d'exécution. Nous vous proposons de faire parvenir une récompense aux organes d'exécution français qui se font remarquer lors de la lutte contre le communisme ou contre les actes de sabotage. Nous vous prions de nous présenter dans quelques temps un rapport d'ensemble sur cette question. »

Nous avons, le Préfet du Nord et moi-même, fait connaitre à l'OFK que la réglementation française actuelle ne prévoyait pas de moyens financiers permettant d'accorder des récompenses de ce genre.

Répression de l'engagement dans une armée ennemie. Le n° 57 du Bulletin officiel pour la Belgique et le Nord de la France a publié le 3 octobre l'ordonnance suivante en date du 2 octobre :

« En vertu des pouvoirs qui m'ont été conférés par le Commandant en chef de l'Armée, j'ordonne pour la Belgique et le Nord de la France ce qui suit : Celui qui tentera de s'engager dans une armée d'un pays combattant l'Allemagne ou de prendre part à ce combat et celui qui incitera une autre personne à pareils actes, sera condamné à la peine de mort, exceptionnellement aux travaux forcés. Le Commandant militaire pour la Belgique et le Nord de la France. »

Prescriptions concernant les journées des 1er et 11 novembre.

Journées des 1er et 2 novembre. À la suite des prescriptions édictées le 25 octobre par les Autorités de l'OFK à Lille, j'ai adressé aux Maires du département la circulaire ci-dessous :

« Les autorités occupantes viennent de me communiquer les dispositions ci-dessous à mettre en application à l'occasion des journées des 1er et 2 novembre prochains ; les mêmes dispositions devront être appliquées le 31 octobre 1941, veille de la Toussaint : Toutes manifestations, démonstrations et réunions quelles qu'elles soient sont interdites.

Cette interdiction s'étend également au dépôt de couronnes aux cimetières, aux monuments, etc. par des Délégations de groupements d'anciens combattants ou autres organisations. Pas d'objection contre la pratique habituelle du culte, à condition qu'elle ne donne lieu à aucune manifestation ou démonstration. Les processions habituelles ne sont autorisées qu'à l'intérieur des églises. Les Sous-Préfets et les Maires accompagnés d'une ou deux personnes au maximum pourront déposer des couronnes aux monuments aux morts et devront, sous leur responsabilité, veiller à ce que ce dépôt de couronne ou la présence d'une couronne au pied d'un monument ne donne lieu à aucune démonstration de la part de la population.

Est autorisé le dépôt de fleurs dans les cimetières par les familles des morts, à condition que ce dépôt se fasse individuellement, sans aucun caractère de démonstration ostentatoire et collective de témoignage de piété ne devra en aucun cas, se transformer en une action concertée d'un certain nombre de personnes. »

Journée du 11 Novembre. Par la même communication du 25 octobre, l'OFK 670 a fait connaître aux Préfets des départements du Pas-de-Calais et du Nord les dispositions à prendre pour la journée du 11 Novembre :

« Pour le 11 Novembre toutes les manifestations et réunions qui ont trait en quoi que ce soit à cette journée sont interdites. Cette défense est à interpréter dans son sens le plus large. Le 11 novembre est jour ouvrable. Les écoles fonctionneront, les magasins seront ouverts, les ateliers travailleront comme en semaine ».

J'ai signalé, par rapport spécial à M. le Préfet, Délégué du Ministère de l'Intérieur, le contenu de cette communication, la question de savoir si le 11 Novembre doit être qualifié "jour ouvrable" étant de la compétence du Gouvernement.

Délai de remise des armes. A l'instar de ce qui a été fait en zone occupée, nous avions, le Préfet du Nord et moi-même, demandé aux autorités occupantes de l'OFK 670 à Lille d'accorder un délai de remise des armes aux personnes qui pourraient en être encore détentrices. Ce délai limite a été fixé au 10 novembre 1941 et à la suite d'un communiqué publié dans la Presse j'ai pu adresser, le 28 octobre, aux Maires du département, la circulaire suivante :

« Le Préfet du Pas-de-Calais à Messieurs les Maires et Présidents de Délégation spéciale du Département (en communication à M. les Sous-Préfets, Commandant de Gendarmerie, commissaires spéciaux et de police du département). Objet. Dernier avis pour le dépôt des Armes avant le 10 novembre 1941.

J'ai l'honneur d'appeler tout spécialement votre attention sur le communiqué ci-dessous, publié dans la Presse. Un dernier avis pour les armes.

Afin de dissiper toute équivoque concernant les armes détenues par les particuliers, il est porté à la connaissance de la population que les armes de chasse, ainsi que les pièces détériorées des armes ou les armes détruites, doivent être également déposées. Cette remise pourra se faire, sans risque de sanction, jusqu'au 10 novembre prochain. Ces armes seront déposées dans les commissariats de quartier ou d'arrondissement ou dans les brigades de gendarmerie les plus proches du domicile. Sur demande, un reçu sera délivré au déposant d'arme de chasse et celle-ci sera étiquetée.

Toute personne qui ne profitera pas de cette dernière occasion pour se débarrasser des armes ci-dessus nommées risque d'être frappée d'une peine sévère. Je vous prie de bien vouloir donner à ce communiqué toute la publicité complémentaire désirable, par tous moyens à votre disposition dans la commune. Il est indispensable qu'aucun habitant ne puisse invoquer ultérieurement son ignorance de cet avis. »

Conclusion. L'exposé ces faits qui ont caractérisé, au cours du mois d'octobre, les rapports de l'Administration et de la population avec les autorités allemandes, montre combien l'intervention de la puissance occupante est étendue dans tous les domaines. Il explique dans une certaine mesure cet état d'esprit que j'ai essayé de dépeindre dans les premiers chapitres du présent rapport, et aussi l'attitude de la plus grande partie de la population. Il est évident que l'opinion publique est heurtée par les arrestations ; tourmentée, angoissée par les rigueurs de la ligne de démarcation Nord Nord-Est.

Dans mes entretiens avec les autorités d'occupation je ne manque pas d'appeler tout spécialement leur attention, dans l'intérêt de nos populations, sur les aspects psychologiques de cette situation. C’est, en effet, sans doute un choc psychologique qu'il faudrait provoquer et je rencontre souvent à ce point de vue la compréhension certaine des autorités occupantes. Aussi, en conclusion, me permettrai-je respectueusement de faire la suggestion suivante : s'il était possible d'obtenir, au cours de négociations entre les Gouvernements Français et Allemand, une amnistie pour certaines infractions, à l'occasion d'une grande Fête comme la Noël, par exemple, amnistie qui entraînerait, pour certains cas peu graves, la libération d'un certain nombre de personnes actuellement détenues par les autorités allemandes, je crois qu'une telle décision aurait les plus heureux effets sur l'état d'esprit des populations et les relations de ces dernières avec les autorités d'occupation. Et si la ligne de démarcation était supprimée ou du moins assouplie, nul doute que l'amélioration légère constatée ne s'accentue fortement.

3 décembre 1941

Première partie. Secrétariat d'État à l'Intérieur

Introduction

Observations Générales. Vue d'ensemble de l'esprit et de la vie du Département au cours du mois écoulé

La vie du département pendant le mois de novembre a été relativement calme par rapport aux mois précédents. Le fait essentiel du mois écoulé est l'arrêt marqué de l'agitation communiste à tendance anarchique qui s'était manifestée en septembre et octobre par un nombre considérable d'actes de sabotage, d'incendies de récoltes, etc.

Pendant le mois de novembre (voir chapitre "Groupements") l'activité communiste terroriste ne s'est marquée que par l'attentat manqué contre M. Priem, Secrétaire administratif du Syndicat des mineurs du Pas-de-Calais et une attaque à main armée contre un important transformateur électrique de l'arrondissement d'Arras.

Cet arrêt est dû sans aucun doute à l'action répressive des services de police qui dans certaine région du département ont réussi d'importantes opérations ayant abouti à l'arrestation des auteurs d'actes de sabotage (voir chapitre "Activité de la Police"). La vie du département reste conditionnée par les conséquences de l'occupation. Mais si l'intervention de l'autorité occupante reste totale dans la plupart des domaines, les rapports avec la population civile n'ont été marqués par aucun incident important. L'arrêt des actes de sabotage y a contribué sans aucun doute ainsi que le caractère absolument calme, dans l'ensemble du département, de la journée du 11 Novembre. Les populations du Pas-de-Calais ont été moins éprouvées que pendant le mois d'octobre par les bombardements. Pour l'ensemble du département 11 faut cependant déplorer 13 morts et 37 blessés à la suite des opérations aériennes suivantes : [communes concernées : Rang-du-Fliers, Verton, Saint-Folquin, Le Touquet-Paris-Plage, Saint-Inglevert, Boulogne-sur-Mer, Outreau, Saint-Martin-Boulogne, Le Portel, Ramecourt, Gosnay, Cucq, Wardrecques, Maresquel, Ardres, Pont d'Ardres]

États des bombardements aériens

Les opérations aériennes au-dessus du Nord de la France ont plus particulièrement visé, au cours de novembre, la destruction des sucreries de la zone côtière et même de l'intérieur du département :

- 1er novembre à Verton, l'importante distillerie agricole a été mise hors d'état de fonctionner. À Rang-du-Fliers, la sucrerie du Marquenterre est arrêtée pour deux mois.

- 4 novembre : à Rang-du-Fliers, dégâts matériels peu importants.

- 8 novembre : à Ramecourt, la distillerie a été mise hors d'usage.

- 23 novembre : à Pont d'Ardres, la sucrerie de Pont-d'Ardres a été atteinte et a dû cesser la fabrication temporairement.

Ces destructions ont eu des résultats très graves en pleine campagne betteravière, alors que les plans d'acheminement des betteraves vers les sucreries étaient tous en cours d'exécution. Des mesures d'urgence ont dû être prises pour diriger la production vers d'autres centres de fabrications, mesures que n'a pas facilitées la pénurie actuelle de main-d'œuvre et de moyens de transport.

Le moral des populations du département reste élevé malgré les conditions difficiles d'existence, la proximité du front aérien de guerre, et les propagandes étrangères. Je notais dans mon précédent rapport que quelques indices laissaient à penser que la mentalité de la majorité de la population commençait à se modifier dans un sens favorable aux intérêts du pays. Ces indices ont subsisté, mais ne paraissent pas avoir pris d'ampleur à cause sans doute des difficultés chaque jour croissantes de la vie matérielle, du souci de l'avenir le plus immédiat, des préoccupations du ravitaillement quotidien et aggravées pour la classe ouvrière par le taux actuel des salaires et la hausse du coût de la vie (augmentation du prix du pain à compter du 1er décembre).

Les dernières journées du mois de novembre ont cependant été marquées, même dans ces régions qui ont beaucoup souffert, par un élan d'altruisme à l'occasion des 4 journées d'ouverture de la campagne d'hiver du Secours National. Si en raison de difficultés matérielles qui n'ont pas permis l'arrivée de Paris, on temps utile, des Bons de Solidarité, la vente de ces Bons a dû être ajournée d'une semaine, le concours immédiat de toutes les bonnes volontés, de tous les dévouements, a été remarquable et laisse présager un succès important de la collecte dans ce département qui apprécie hautement les bienfaits de l'œuvre du Secours National.

Visites dans le département

J'ai déjà visité officiellement 40 chefs-lieux de cantons sur les 46 que comprend le Département. Je compte terminer mes visites avant la fin de l'année et me rendre prochainement dans les 6 Cantons de l'arrondissement de Saint-Omer qu'il me reste à visiter, accompagné du nouveau Sous-Préfet de cet arrondissement récemment installé.

M. le Sous-Préfet de Béthune, nommé Préfet de l'Aube a terminé, avant son départ pour son nouveau Département, la visite des 142 communes de son arrondissement et m'a fait parvenir ses comptes rendus que je vous transmettrai incessamment.

Opinion publique

1. Réactions de l'opinion sur la politique intérieure et extérieure du Gouvernement.

Politique extérieure. Je notais dans mon précédent rapport le processus suivant lequel l'opinion de la majorité de la population, qui était franchement hostile à la politique extérieure, tendait à se modifier dans un sens favorable. Cette modification ne se manifeste toujours pas de façon active, mais, il est intéressant de noter que l'offensive anglaise en Syrie, les opérations militaires à l'Est et la mise à la retraite du Général Weygand, n'ont guère influencé l'opinion publique qui reste indécise et flottante, en ce qui concerne la : politique extérieure du Gouvernement.

Politique intérieure. Les fonctionnaires continuent de faire tout leur devoir dans ce Département où, en raison notamment de l'occupation, leur tâche très lourde accapare tout leur temps. Ils apprécient le régime dont désormais vont profiter les fonctionnaires de la zone réservée et maritime et qui va se traduire par une bonification d'ancienneté. En ce qui concerne l'augmentation de leurs traitements, je dois noter que les petits et moyens fonctionnaires qui, à tort s'étaient fiés à des commentaires de presse imprécis et imprudents, n'ont pas reçu en fin de mois les augmentations que beaucoup espéraient du fait des nouvelles mesures.

Les agriculteurs se plaignent :

- des difficultés de main-d'œuvre (de nombreux ouvriers travaillant pour les entreprises de l'armée d'occupation qui offrent des salaires élevés).

- d'une répartition défectueuse de certains produits et notamment des fers à chevaux et des clous à ferrer.

- de la quasi impossibilité de se procurer des chevaux dont les prix, malgré la taxation, restent très élevés.

- des réquisitions importantes qui absorberaient, dans certaines régions de mauvaise récolte, la totalité de la production si ces réquisitions ne sont pas révisées.

Cependant, le découragement n'atteint pas les cultivateurs du Département qui font des efforts considérables pour assurer le ravitaillement du pays.

Les ouvriers sont toujours préoccupés du taux de leurs salaires. Les dispositions de la Charte du Travail sont encore ignorées de la majeure partie des ouvriers. Les dirigeants syndicalistes de la région qui ont déclaré qu'ils en feraient l'expérience loyale, honnête, sans arrière-pensée, n'ont pas eu encore le temps de faire connaître à leurs adhérents leur point de vue sur cette loi. Les quelques commentaires recueillis dans les milieux ouvriers sont pour l'instant plutôt défavorables ; les critiques ne sont pas basées sur les principes mêmes de la charte, mais proviennent d'une défiance, entretenue par une propagande tendancieuse, à l'égard des chefs syndicalistes qui ont inspiré cette législation et que cette propagande tend à faire passer pour des "traitres à la classe et à la cause ouvrière".

Les patrons sont préoccupés eux aussi par le problème des salaires et ceux dont l'entreprise est active seraient favorable à la hausse des salaires afin de conserver auprès d'eux les spécialistes dont ils ont besoin et qui sont attirés par des emplois plus rémunérateurs offerts par les chantiers travaillant pour l'armée d'occupation. En ce qui concerne la Charte du Travail, les milieux patronaux et plus particulièrement les dirigeants de compagnies minières, ont accueilli favorablement cette loi et souhaitent sa mise en application rapide. Certains patrons se sont déjà efforcés de constituer des Comités sociaux d'entreprises

En résumé, l'amélioration de l'opinion se maintient. Le prestige du Maréchal est très fort. La devise qui s'impose à tous, c'est de : Demeurer français, penser français, agir en français derrière le Maréchal dont il faut suivre les ordres et les directives sans discussion. Le Gouvernement est moins directement critiqué que précédemment. S'il parvient à obtenir l'intégration des Départements du Nord et du Pas-de-Calais dans l'économie française, et l'assouplissement de la ligne de démarcation, nul doute qu'il n'en résulte une grande amélioration de l'état d'esprit des populations.

Activité des divers groupements

a) Groupements politiques.

Communisme. La propagande communiste n'a pas manqué de mettre à profit la Journée du 11 Novembre pour se manifester. Un essai timide avait déjà été tenté pour le 1er novembre, mais dans quelques endroits seulement. Le 11 novembre, par contre, a été marqué par une recrudescence des moyens de propagande ordinairement employés par les agitateurs communistes : distribution de tracts et journaux divers, collage de papillons, accrochage aux fils électriques ou téléphoniques de chiffons rouges plus ou moins ornés d'insignes soviétiques ou d'inscriptions communistes. Ces manifestations se sont produites notamment dans les communes de l'arrondissement de Béthune, mais, nulle part, elles n'ont eu l'importance des manifestations précédentes qui avaient marqué les journées des 1er Mai et 14 juillet 1941. L'ordre public n'a été aucunement troublé, aucun rassemblement défilé ou cortège, ne s'est produit sur le territoire du département du Pas-de-Calais ; le personnel des concessions minières était au travail partout et cette journée a été calme.

Attentats et actes de sabotage. L'action des meneurs a été très certainement ralentie au cours du mois de novembre. Aucun sabotage sérieux n'a été commis. Seules, quelques détériorations de wagons de la S.N.C.F. ont été signalées. Une tentative de sabotage a toutefois été commise contre un important transformateur électrique à Oisy-le-Verger. Des individus masqués et armés ont attaqué le gardien et après l'avoir réduit à l'impuissance ont installé à l'intérieur du transformateur un dispositif d'engin à retardement. Grâce au sang-froid du gardien, qui avait été relâché par les malfaiteurs au moment de leur départ, l'explosion a pu être évitée.

Une autre tentative de sabotage a échoué dans une distillerie de Nœux-les-Mines, où 4 kilos d'explosifs constitués par 40 cartouches de dynamite, ont pu être découverte le dispositif d'explosion n'ayant pas fonctionné.

Un attentat a été commis le 18 novembre à Lens contre M. Priem, Secrétaire du Syndicat des Mineurs du Pas-de-Calais, par un individu armé d'un revolver. M. Priem n'a pas été atteint. Ainsi que je l'expose d'autre part, l'auteur de cet attentat a été identifié, mais a réussi à prendre la fuite.

D'autre part, des cambriolages ont été commis dans deux mairies de la région minière, et là aussi, on se trouve en présence d'attentat communistes accomplis en exécution d'un plan concerté. Tous ces faits ont été signalés par rapports spéciaux à M. le Préfet délégué du Ministère de l'Intérieur.

Incendies de récoltes. Les incendies de récoltes ont cessé ; il m'a été signalé deux fermes incendiées, mais les enquêtes effectuées par la Gendarmerie n'ont pas permis de conclure à des attentats, et la version retenue est celle d'incendies accidentels.

Questions concernant la police

Personnel. Le personnel est soumis à une rude épreuve et risque dans sa répression du communisme d'être la prochaine victime visée par les terroristes. Tous les commissaires font leur devoir. Je tiens à signaler cependant tout spécialement l'activité déployée depuis plusieurs semaines par les Commissaires de Sallaumines (M. Moulin Antoine), d'Avion (M. Mesmer), de Lens (M. Humetz) et plus récemment, par celui de Liévin (M. Senac) (Les détails de leur action sont exposés au chapitre "Activité de la Police"). Je propose qu'ils figurent, quelle que soit leur ancienneté dans le grade, au prochain tableau d'avancement pour le grade supérieur.

Le projet d'étatisation de la Police dans la Région Minière des Arrondissements de Béthune et d'Arras a été mis définitivement au point et sera adressé au Ministère dans le courant de la semaine. Il serait nécessaire que la décision intervienne le plus rapidement possible afin que dans les délais les plus brefs il puisse être procédé au recrutement du nouveau personnel des gardiens de la Paix.

Par mon rapport spécial du 30 novembre, j'ai proposé la création au Chef-lieu du Département d'un poste de Commissaire Divisionnaire, Chef de Secteur Départemental des renseignements généraux. La répression exercée au cours des dernières semaines a démontré, en effet, qu'il est indispensable de coordonner l'action des divers fonctionnaires de Police et d'utiliser avec rapidité les renseignements recueillis sur un point quelconque du territoire du Département. J'ai proposé de déléguer dans ces fonctions le Commissaire Moulin, Commissaire principal de 2e Classe, provisoirement affecté à Sallaumines, et de le remplacer dans ce dernier poste, étant donné la pénurie de personnel par un commissaire stagiaire. Je souhaite que cette organisation, qui rendra les plus grands services, puisse être mise sur pied le plus tôt possible, ou que je sois tout au moins autorisé à la faire fonctionner, même à titre provisoire, dans le courant du mois de décembre. Il suffirait pour cela qu'un commissaire supplémentaire soit mis à ma disposition.

J'appelle à nouveau l'attention de la Direction de la Police Nationale sur la situation du Commissariat Spécial de Lens qui a été privé de deux Inspecteurs sur quatre au profit du Département du Nord, par l'arrêté du 17 octobre mutant 3 inspecteurs de ce poste, et par l'arrêté postérieur maintenant à Rodez M. Miliau, nommé à Lens. Je persiste à penser que l'effectif de quatre inspecteurs dans un poste de renseignements généraux, dont le secteur s'étend à la moitié de l'Arrondissement de Béthune, soit 275.000 habitants (en majorité des mineurs), est un effectif minimum indispensable. Activité

Répression des menées communistes et gaullistes

a) Répression du communisme. Malgré l'accalmie très nette constatée dans la propagande communiste et dans l'action des meneurs, la répression a été vigoureusement menée par les services de police qui harcèlent continuellement les suspects par des vérifications d'identité et des perquisitions. Une surveillance spéciale a également été exercée sur certains cafés qui sont considérés comme autant de lieux de réunions des éléments communistes dans lesquels il est facile d'échanger les consignes et de passer les mots d'ordre sous le prétexte de parties de cartes.

Perquisitions. Une quarantaine de perquisitions ont été opérées dans les communes de Sallaumines, Avion, Lens, Liévin, Harnes. Quelques-unes ont été particulièrement fructueuses et ont permis l'arrestation d'individus dangereux, propagandistes actifs de l'ex-parti communiste, et auteurs d'attentats ou actes de sabotage.

Arrestations. L'une de ces arrestations, opérée à Avion, est importante. Elle concerne le nommé Coussin Raymond, né le 18 mars 1909 à Calais, employé du service des eaux, domicilié ordinairement à Harnes. Cet individu, soupçonné d'actes de sabotage et qui avait réussi à s'échapper de son domicile au moment où la Feldgendarmerie était venue l'arrêter le 8 août dernier, était recherché par la Gendarmerie et la Police de mon département, à la demande de l'autorité allemande. Les importants documents découverts sur lui au moment de son arrestation ont prouvé qu'il était le chef responsable n° 911.888 des secteurs communistes de Lens, Liévin et Avion. La lecture des rapports d'activité des différentes sections communistes pendant le mois d'octobre, laisse apparaître un très net pessimisme et un découragement certain des propagandistes. J'ai rendu compte de cette arrestation par rapport spécial à M. le Ministre, Secrétaire d'État à l'Intérieur, en date du 13 novembre 1941.

À Sallaumines, une quinzaine d'arrestations ont été opérées à la suite d'une enquête menée depuis plusieurs semaines par le Commissaire de Police, en liaison avec le commissaire divisionnaire, Chef de la brigade mobile de Lille. La plupart des individus arrêtés sont des étrangers où dominent les éléments polonais. Les perquisitions opérées, les renseignements obtenus pendant l'enquête, les aveux recueillis lors des interrogatoires ont permis de déterminer que tous ces individus appartiennent à une bande organisée qui a participé à un certain nombre d'attentats et actes de sabotage commis en juillet, août et octobre :Incendie du part à bois de la Fosse 4 des Mines de Courrières à Sallaumines ; Sabotage des installations de la fosse 4 des Mines de Courrières par sectionnement des courroies de transmission et détérioration des moteurs électriques, ; Déboulonnage des rails de la voie ferrée Méricourt à Billy- Montigny ; Sabotage, par explosion de cartouches de dynamite, de la ligne de Chemin de Fer Lens-Arras, entre Avion et Vimy ; Sabotage des pylônes des lignes à haute tension à Méricourt ; Tentative de sabotage d'une turbine à la Centrale Electrique de Pont-à-Vendin. Cette affaire est d'autant plus importante que la plupart de des inculpés ne sont certainement pas étrangers au vol d'explosifs commis à la poudrière de Beaumont-en-Artois le 23 septembre dernier. L'enquête se poursuit et permet d'espérer des résultats intéressants.

À Lens, neuf arrestations ont été opérées, dont une concerne l'auteur du cambriolage de la mairie de Loos-en-Gohelle. Deux chefs communistes qui ont réussi à prendre la fuite ont été identifiés. L'un d'eux est l'auteur de l'attentat commis le 18 novembre contre M. Priem, Secrétaire du Syndicat des Mineurs du Pas-de-Calais. Les indications fournies par les individus arrêtés et les documents saisis lors des perquisitions effectuées à leur domicile vont permettre d'étendre les recherches dans d'autres localités.

La recherche des individus en fuite présentant un problème du plus haut intérêt, j'ai donné des instructions spéciales aux Sous- Préfets, au Commandant de Gendarmerie, aux Commissaires spéciaux et aux Commissaires de Police dans le but de centraliser dans mes services tous les renseignements concernant les individus qui ont réussi à se soustraire aux investigations de la Police. Ces renseignements, tenus à jour à l'aide des rapports qui me seront adressés, seront diffusés par mes soins à tous les services de Police ainsi qu'à la deuxième brigade régionale de police mobile qui coopèrent aux opérations de répression des menées communistes.

Condamnations. 15 condamnations ont été prononcées pour menées communistes par la "Section Spéciale" de la Cour d'appel de Douai, au cours du mois de novembre. Elles s'appliquent à des communistes arrêtés à la suite de propagande ou de perquisitions effectuées à leur domicile. Les peines infligées vont de l'amende à 20 ans de travaux forcés.

b) Répression du gaullisme. L'activité du mouvement antinational gaulliste reste faible. Certes, à l'occasion du 11 Novembre, quelques inscriptions ont bien été faites dans diverses communes, mais il ne fait aucun doute que c'est la propagande communiste qui a pris à son compte ces rares manifestations, dans lesquelles on ne saurait trouver rien de spontané. La répression n'a pas eu, par suite, à s'exercer. La Police est cependant sur la piste d'un individu qui reproduirait et distribuerait clandestinement des photos de l'ex-général de Gaulle.

Répression du Marché noir

Au cours du mois de novembre, 62 décisions judiciaires ont été portées à ma connaissance. 7 jugements ont comporté des peines de prison allant de 8 jours à 6 mois fermes. D'autre part, conformément aux prescriptions de la circulaire n° 192 POL. 5, des 7 et 24 mars 1941, de M. le Ministre Secrétaire d'État à l'Intérieur, j'ai prescrit l'internement du nommé Kosmala Ignace, né le 21 juillet 1894 à Lowencie (Pologne). Kosmala est un commerçant de nationalité polonaise au domicile duquel une perquisition effectuée le 20 octobre dernier a permis de découvrir un stock important de marchandises non déclarées, notamment : 71 caisses de 50 kilos de savon mou ; 55 fûts de sel gros de 100 kilos chacun. En outre, il a été découvert un porc de 90 kilos fraichement abattu sans autorisation. Kosmala avait, au surplus, 2 vaches et 4 porcs non déclarés.

Les Internés

Dans mon dernier rapport, je vous avais signalé qu'un convoi de communistes internés était en formation à Boulogne-sur-Mer. Ce convoi a été dirigé le 7 novembre sur le camp d'internement de Doullens (Somme). Il comprenait 19 communistes. Un autre individu, arrêté le 26 novembre, a été immédiatement conduit à Doullens. Fin novembre, l'effectif des suspects internés est de 100. Cet effectif se décompose ainsi qu'il suit : Communistes, 95 ; Indésirables, 1 ; Trafiquant du "Marché noir", 4.

Tableau statistique de l'activité des Services de Police – Mois de novembre 1941 (Nota : Non compris les renseignements de l'Arrondissement de Boulogne-sur-Mer qui ne sont pas parvenus en temps utile) :

Activité des Services de Police

Administration générale

A) Réformes et améliorations nécessaire

Dans mes précédents rapports, je vous signalais l'importance qu'il y avait à coordonner le plus tôt possible l'action des différents Contrôles économiques pour lutter efficacement d'une part contre le "marché noir" et éviter d'autre part toute action abusive ou anarchique. J'ai l'honneur de vous faire connaitre qu'en accord avec M. le Chef du Service Central du Contrôle des Prix, j'ai décidé de créer dans mon Département "un Centre de liaison pour la répression du marché noir". Toutes les dispositions sont prises à cet effet, et je n'attends plus, pour sa mise en route, que la régularisation de la nomination, par le Chef du Service Central, de la personne chargée de cette coordination dans le Pas-de-Calais. Je vous communique ci-après, à titre de renseignements, les textes de l'arrêté constitutif de cet organisme ainsi que les circulaires que j'adresse tant aux Magistrats qu'aux différents chefs de Service intéressés, pour en assurer le fonctionnement :

« Le Préfet du Pas-de-Calais, Officier de la Légion d'Honneur,

VU les lois économiques en vigueur et notamment celle du 21 octobre 1940 modifiant, complétant et codifiant la législation sur les prix,

VU la loi du 23 décembre 1940 conférant aux Préfets des pouvoirs spéciaux en leur qualité de seuls représentants du Chef de l'État, Président du Conseil des Ministres,

VU la circulaire N° 8 en date du 29 septembre 1941 de M. le Chef du Service Central de Contrôle des Prix tendant à la réalisation d'une collaboration étroite entre tous les services appelés à prêter leur concours au Service Départemental de Contrôle des Prix, soit directement, soit à l'occasion de l'exercice de leurs fonctions,

VU la nécessité impérieuse, pour le maintien de l'ordre et dans l'intérêt du Ravitaillement général, de réprimer sévèrement toutes les transactions illégales et particulièrement celles du "marché noir",

ARRÊTE :

ARTICLE 1er. - Il est créé dans le Département du Pas-de-Calais, sous l'autorité directe du Préfet, un Organisme qui prend le nom de Centre Départemental de liaison pour la Répression du "marché noir".

ARTICLE 2.- Le Chef du Service Départemental de Contrôle des Prix est désigné comme "Directeur" de ce Centre, près le Préfet, dont il sera, en l'occurrence, le représentant direct.

ARTICLE 3.- Le Centre Départemental de Liaison aura pour but :

- de centraliser tous les renseignements recueillis par les différents Services du Département ou par ceux de l'extérieur, ainsi que les lettres et dénonciations émanant de simples particuliers ;

- de transmettre immédiatement au service le plus qualifié les renseignements susceptibles d'être exploités ;

- de suivre cette transmission et en connaître le résultat ;

- de centraliser tous les doubles des procès-verbaux établis par les différents services et intéressant, non seulement celui du Contrôle des Prix proprement dit, mais, en général, toute l'Économie Nationale ;

- de remédier à toute lacune dans l'utilisation des renseignements ;

- de rechercher tous les moyens susceptibles d'améliorer la répression du "marché noir" ;

- d'orienter, suivant les circonstances, l'activité des divers Services de Répression ;

- de parfaire la liaison par des réunions : a) à l'échelon Départemental : de tous les Chefs de Service. M. le Préfet ou M. le Secrétaire Général de la Préfecture présidera ces réunions. b) à l'échelon d'Arrondissement en principe : des Chefs de Section et des principaux Agents d'exécution des Services Départementaux. M. le Sous-Préfet présidera ces réunions. Les réunions à l'échelon Départemental seront trimestrielles, mais peuvent se tenir plus souvent si le Préfet le juge nécessaire. Celles à l'échelon inférieur seront aussi nombreuses que possible.

- de coordonner l'action des différents services, éviter l'intervention, à plusieurs reprises, d'agents différents chez un même délinquant ;

- d'assurer la liaison avec les Parquets et avec tous les Services d'Information et de Répression Départementaux et Régionaux ;

- de recueillir toutes suggestions, les provoquer au besoin ;

- de fournir tous renseignements statistiques concernant l'activité du Centre ;

- d'examiner la suite à réserver aux affaires, soit en vue de leur transmission aux juridictions compétentes (justice de Paix, Tribunaux correctionnels, Tribunal d'État ...), soit en vue de sanctions administratives.

ARTICLE 4. M. le Secrétaire Général de la Préfecture, MM. les Sous-Préfets et Maires, M. l'Intendant, Directeur du Ravitaillement Général du Pas-de-Calais, MM. les Directeurs des Contributions Indirectes, des Services Vétérinaires, des Services agricoles, de la Répression des Fraudes, des Douanes, des Poids et Mesures du Département, M. le Chef du Service Départemental du Contrôle des Prix, M. le Commandant de Gendarmerie, MM. les Commissaires Spéciaux et de Police du Département, ainsi que tous les Chefs de Service appelés, par leur fonction, à constater des délits dans le Pas-de-Calais, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté dont ampliation leur sera adressée.

ARTICLE 5.- Le texte intégral de cet arrêté sera inséré au Recueil des Actes Administratifs de la Préfecture. Fait à Arras, le Préfet. »

« Le Préfet du Pas-de-Calais, à Monsieur l'Intendant, Directeur du Ravitaillement Général, à Messieurs les Chefs des Services Départementaux, le Commandant de Gendarmerie, les Commissaires Spéciaux de Police, les Commissaires de Police du Département.

Objet : Lutte contre le "marché noir".

J'ai l'honneur de vous adresser, sous ce pli, ampliation de mon arrêté du portant création d'un Centre Départemental de liaison pour la répression du marché noir en vous signalant l'intérêt spécial que j'attache à ce que M. le Directeur de ce Centre soit tenu régulièrement au courant de toutes les affaires relevant du "marché noir" dans le but d'une répression active et complète contre les délinquants.

Pour l'accomplissement de la mission de cet Organisme, il importe que vous le secondiez dans toute la mesure de vos moyens. Il faut pour cela que l'esprit de collaboration la plus étroite vous pénètre tous et qu'une liaison soit organisée de façon à obtenir le maximum de résultats. Le premier point à souligner est qu'elle doit être placée sous le signe de la réciprocité, chaque service communiquant à l'autre les renseignements susceptibles de l'intéresser qui ont pu être recueillis à l'occasion d'enquête ou de vérifications.

Cette réciprocité doit être de tous les instants et résulter, non seulement d'échanges de renseignements, mais aussi de contacts personnels et d'actions en commun, tant sur le terrain parmi les agents d'exécution que dans l'élaboration des plans de travail par les Chefs de Service. Cette collaboration spontanée et continue, dont il est inutile que je souligne davantage l'intérêt doit s'exercer notamment avec méthode.

C'est pourquoi j'ai prévu des réunions périodiques, à échelons différents, auxquelles je vous invite à assister régulièrement, qui permettront une liaison parfaite entre tous les services en vue d'atteindre le but recherché. Lors de ces réunions, tous les participants auront l'occasion de confronter des plans de travail fragmentaires ou généralisés, à proche ou à lointaine échéance, de les mettre au point, toutes les fois que rien ne l'empêchera, pour une réalisation commune, et de s'accorder sur le choix des moyens d'exécution et des agents chargés de les appliquer.

J'attire toute votre attention sur ces différents points. Afin de voir se réaliser au mieux et dans le moindre temps possible, la liaison nécessaire entre tous les services départementaux et autres chargés de faire respecter l'ordre dans mon Département, je vous serais très obligé de prendre dès maintenant, toutes dispositions utiles pour porter ces instructions à la connaissance de tous les agents placés sous vos ordres.

Vous voudrez bien m'accuser réception de la présente circulaire par retour du courrier.

Le Préfet du Pas-de-Calais »

« Le Préfet du Pas-de-Calais, à Messieurs les Maires du Département.

Objet : Lutte contre le "marché noir".

J'ai l'honneur de vous adresser sous ce pli, ampliation de mon arrêté du portant création d'un Centre Départemental de liaison pour la répression du marché noir en vous signalant l'intérêt spécial que j'attache à ce que M. le Directeur de ce Centre soit tenu régulièrement au courant de toutes les affaires relevant du "marché noir" dans le but d'une répression active et complète contre les délinquants.

Je compte que vous ne manquerez pas, en votre qualité d'officier de police judiciaire, de signaler à ce Directeur, chaque fois que vous en aurez l'occasion, toutes les opérations dont vous pourriez avoir connaissance, qui vous paraîtraient suspectes et qui mériteraient d'être examinées scrupuleusement.

Je vous prie de bien vouloir m'accuser réception de la présente circulaire dans le délai de cinq jours. Le Préfet du Pas-de-Calais »

B) Coordination des divers services publics. Je tiens à vous signaler à ce sujet les pourparlers assez laborieux que j'ai engagés avec la Direction de l'Intendance (Secrétariat d'État à la Guerre) dans le règlement d'une question qui est cependant d'ordre public, à savoir l'utilisation comme prison départementale d'un bâtiment militaire, en l'occurrence une ancienne manutention. Voici les faits : En raison de la réquisition des prisons par l'autorité occupante, M.M. les Procureurs de la République ont appelé mon attention sur l'insuffisance notoire des locaux de détention et la nécessité d'aménager immédiatement pour répondre aux besoins actuels, une nouvelle prison départementale destinée à doubler la prison actuelle. 300 condamnés ne peuvent en effet purger leur peine faute de pouvoir être incarcérés. Depuis quelque temps, je me suis préoccupé activement de trouver un immeuble susceptible de répondre aux conditions exigées pour un établissement pénitentiaire. Après une enquête très étudiée des possibilités actuelles, seuls les bâtiments précédemment affectés à la manutention militaire d'Arras, Rue de Lille, ont semblé pouvoir être adaptés facilement à l'usage de locaux d'internement.

J'avais donc fixé mon choix sur cet établissement militaire. Ce dernier, il est vrai, est occupé à l'heure actuelle en partie par les Services de démobilisation et d'accueil des prisonniers de guerre libérés, mais je suis en mesure de fournir un local de remplacement sis 12, Rue des Fours à Arras et récemment libéré, sur ma demande, par les autorités allemandes en vue de cette utilisation. J'ai donc saisi de cette affaire M. l'Intendant de la première Région à Amiens dès le mois de septembre. Au début d'octobre, il me fit une réponse d'attente me déclarant qu'il en informait M. le Ministre de la Guerre pour décision.

Dans ma lettre du 8 octobre, j'insistais à nouveau auprès de lui sur l'urgence de cette question en lui faisant notamment observer que seule cette manutention pouvait être utilisée aux fins envisagées notamment, disais-je, l'immeuble de la rue des Fours (qui d'après l'Intendance devait au contraire fixer mon choix) serait impossible en raison de la disposition même de cet établissement où l'on peut entrer de trois côtés différents ; en outre, il est enclavé dans des immeubles particuliers où les évasions seraient infiniment faciles tant au rez-de-chaussée qu'à l'étage, étant donné que des fenêtres donnent sur des terrasses voisines et que s'y trouvent des appentis tout à fait propices aux évasions, sans tenir compte de la distribution intérieure qui exigerait des transformations nombreuses.

Dans la situation actuelle, les travaux importants nécessaires ne peuvent être entrepris et il m'est apparu que le Service de démobilisation, qui n'obéit pas aux mêmes préoccupations, pouvait s'y installer et fonctionner dans des conditions acceptables.

Je me permets donc d'insister de nouveau au sujet de cet échange, mon Administration devant satisfaire à cette obligation qui est d'ordre public et pour laquelle des dispositions auraient déjà été prises à Valenciennes et à Avesnes dans le Département du Nord où d'anciennes manutentions militaires ont été affectées à l'emprisonnement des détenus.

Il reste bien entendu que les frais occasionnés par les aménagements et déménagements ne seraient pas supportés de toute façon par l'Administration de la Guerre. En même temps, je saisissais directement M. le Ministre Secrétaire d'État à la Guerre (Cabinet du Ministre) par lettre du 10 octobre pour lui demander de prendre la décision nécessaire. J'interviens à nouveau auprès de lui, n'ayant encore aucune réponse. Cependant, conformément à vos instructions, je crois devoir porter ces faits à votre connaissance dans le but d'obtenir rapidement le règlement de cette affaire : d'une part, il est en effet, impossible de maintenir plus longtemps dans le Département une situation préjudiciable à l'ordre public, car les délinquants de droit commun doivent purger leur peine, d'autre part je crains que devant la durée de ces négociations, l'autorité occupante ne revienne elle-même sur sa première décision et ne réquisitionne à nouveau l'immeuble qu'elle avait seulement libéré pour me permettre cette opération.

Tutelle des départements et des communes

c) Budget - Développement de l'exercice budgétaire

1/ Service du Trésor. En ce qui concerne l'exécution des Services du Trésor au cours du mois d'octobre 1941, voici les renseignements d'ordre général. Recouvrements sur impôts directs : Au 31 octobre, les rôles émis sur l'exercice courant s'élevaient à un total de 412.017.769 francs, sur lesquels il avait été recouvré 103.458.474 francs, d'où un pourcentage de 25,11.

Au titre de l'exercice 1940, les renseignements du même ordre sont les suivants : Rôles émis : 388.809.974 francs ; Recouvrements : 308.359.227 francs : Pourcentage : 79,30.

Durant le mois d'octobre 1941, il a été recouvré sur les exercices 1939 et antérieurs la somme de : 1.450.141 francs, les restes à recouvrer étant ainsi ramenés à 26.959.445 francs.

Les recouvrements "à la source" - contribution nationale extraordinaire et impôts cédulaires - se sont élevés à 18130.055 francs, soit un total de 137.596.351 francs, du 1er janvier au 31 octobre 1941.

Ci-joint, par ailleurs, un tableau comparatif des recettes budgétaires (Octobre 1938-Octobre 1941).

Émissions du Trésor. Les souscriptions aux Bons du Trésor à court terme recueillies ou centralisées aux guichets des Comptables du Trésor et des Postes se sont élevées, durant le mois d'octobre à : bons à 6 mois : 6.512.000 francs ; bons à 1 an : 22.088.500 ; bons à 2 ans : 28.875.500. Total : 57.476.000 francs. À signaler que l'émission des bons à 3 ans est suspendue depuis le 29 septembre 1941. Les souscriptions à l'emprunt de la Caisse Autonome d'Amortissement se sont élevées dans le Département - Trésor et P.T.T. – à un montant de 14.855.000 francs ; dans ce chiffre les bons de la Défense Nationale à 3 ans non échus, admis en souscription, forment un total de 4.145.000 francs environ.

Caisses Ordinaires d'Épargne. Enfin, les opérations aux guichets des Caisses ordinaires d'Épargne ont fait apparaître, au cours du mois d'octobre dernier, un excédent de dépôts de 5.883.264, 70 francs. En septembre 1941, l'excédent du même ordre était de : 5.310.570, 10 francs.

Contributions Directes. Les travaux de la révision exceptionnelle des évaluations foncières des propriétés bâties se poursuivent activement.

Situation comparative des recouvrements centralisés de la trésorerie générale
Situation comparative des recouvrements centralisés de la trésorerie générale

2/ Budget Départemental

Le montant des recettes constatées au 31 octobre 1941 s'établissait à la somme de 127.767.691, 90 francs. À la même date, le montant des mandats délivrés s'élevait à 116.407.394,90 francs. Un excédent de recettes de 11.360.280 francs ressortait donc à la date susvisée. Cet excédent, le plus important depuis le début de l'exercice, résulte du versement par l'État, d'une somme de 8.438.433,80 francs au titre des subventions arriérées pour les dépenses d'assistance.

Les recettes provenant des contingents communaux d'assistance pour l'exercice en cours se sont élevées pour le mois d'octobre écoulé, à 2.179.088,90 francs supérieures à celles des mois précédents. Toutefois, sur les contingents arriérés, seule une somme de 51.204 frs 20 a été encaissée pendant la même période. L'attention des Maires des communes débitrices a été appelée sur cette importante question et un effort leur a été demandé pour hâter le paiement des dettes communales. Au nombre des communes débitrices il y a lieu de signaler particulièrement les villes de : Calais, débitrice d'une somme de 2.088.000 francs ; Boulogne-sur-Mer, 1.412.000 francs ; Arras, 1.200.000 francs ; Béthune, 824.000 francs.

En résumé, et malgré l'important arriéré de contingents communaux à verser au Département (plus de 10 millions au 31 octobre 1941) la Trésorerie Départementale possède à l'approche de la clôture des opérations budgétaires de l'exercice 1941, des disponibilités qui doivent permettre, compte tenu des recettes normales à encaisser pendant les derniers mois de l'exercice, d'assurer l'ordonnancement régulier des dépenses engagées pendant l'exercice 1941.

Travaux

En exécution de la loi du 6 avril 1941 et de l'Instruction du 1er juillet 1941 de M. le Délégué Général à l'Equipement National, relatives à l'établissement d'un plan d'équipement national et à la révision des programmes actuels de travaux, il a été notifié aux Services intéressés les projets de travaux ci-après.

1- Travaux communaux. Groupe II Projets non approuvés

Vermelles. Agrandissement du cimetière et aménagement d'un caveau d'attente. 50.000 francs.

2- Constructions Scolaires. Fiches de prévision avec rapports transmis au Ministère intéressé et au Commissariat Général à l'Equipement National.

Groupe B. Projets non approuvés

Alembon. Agrandissement du logement de maître : 95.000 francs.

Andres. Agrandissement de l'école : 163.000 francs

Vermelles. Installation de w.-c. aux écoles : 170.000 francs ; Construction d'une école ménagère et d'orientation professionnelle : 500.000 francs.

3. Travaux d'équipement sportif. Fiches de prévision avec rapports transmis au Ministère intéressé et au Commissariat Général à l'Équipement National

Groupe B. Projets non approuvés

Bapaume. Construction d'un bassin de natation : 1.000.000 francs.

Vermelles. Construction d'une piscine : 1.500.000 francs.

Deuxième partie. Départements ministériels autres que l'Intérieur

Agriculture

Répercussions des conditions atmosphériques sur les travaux et les cultures. Le temps du mois de novembre a été dans l'ensemble favorable à l'agriculture. La période de sécheresse des mois précédents ayant enfin cessé, certains travaux ont été facilités. Les charrois de betteraves ont pu avoir lieu en temps voulu, les labours pour blé, une partie importante des semis ont été effectués. Il en résulte que le retard dans les travaux agricoles a pu être en partie rattrapé. Par contre, le temps souvent humide a rendu difficile les battages en plein air.

Production végétale

Céréales

Blé a) Récolte 1941. Les battages qui se sont poursuivis pendant tout le mois ont confirmé les évaluations précédentes. La récolte sera certainement inférieure à la moyenne. Parmi les causes du rendement déficitaire il faut citer le froid de janvier et février, la pénurie de moyens de traction qui a empêché de travailler convenablement le sol, la petite quantité d'engrais distribuée qui n'a pas permis le développement normal des blés à grand rendement et exigeants. Le rendement moyen ne semble pas devoir dépasser 20 quintaux avec un poids spécifique de 72-73 kilos.

b) Récolte 1942 Les semis ont commencé partout et sont presque terminés dans certaines régions (Saint-Pol). Pour beaucoup de terres du département, les semis trop précoces ne sont d'ailleurs pas à recommander par suite du danger de piétin. La surface ensemencée en blé sera sensiblement égale à celle des années précédentes.

Avoine. Les rendements sont particulièrement bas : cela est dû aux semis tardifs, au manque d'engrais et surtout à une moisson tardive et difficile. Le rendement moyen ne dépassera guère 17 quintaux avec un poids spécifique très faible. Il est probable que les cultivateurs chercheront à augmenter la surface cultivée en avoine à cause des lourdes réquisitions qui leur sont imposées et qui les empêchent de nourrir convenablement leurs animaux.

2. Plantes sarclées

Pommes de terre. La conservation des tubercules est, en général, très mauvaise. Les traitements cupriques n'ayant pas pu être effectués dans le courant de l'année, beaucoup de tubercules sont atteints et pourrissent. La différence de prix entre les pommes de terre de consommation (125 francs) et les pommes de terre de féculerie (115 francs) est faible. Aussi certains cultivateurs qui ne veulent pas avoir à s'occuper du triage, de la conservation, ont livré à la féculerie des pommes de terre de consommation, ce qui est préjudiciable au ravitaillement. La réalisation du contingent imposé au département (moyenne 15 tonnes à l'hectare) s'avère des plus difficiles, et cependant des pommes de terre partent encore au marché noir à des prix qui atteignent notamment dans la région côtière, 7 à 8 francs le kilo.

Betteraves sucrières. Les arrachages et charrois ont été terminés dans presque tout le département le 25 novembre. Les charrois, favorisés par le temps, ont été cependant pénibles par suite du manque de chevaux et de la pénurie de main-d'œuvre. Un contingent de 250.000 litres d'essence a été attribué pour les transports de betteraves dans le Nord et le Pas-de-Calais. Le rendement moyen, inférieur aux prévisions sera d'environ 25 tonnes à l'hectare avec une densité élevée à 9,5°. Certaines sucreries ont des difficultés pour travailler par suite de bombardements aériens ou de mitraillages. La distillerie de Verton et la sucrerie de Rang-du-Fliers ont été mitraillées 4 fois pendant le mois et ont dû arrêter leur fabrication. Des mesures ont été prises pour assurer le transport des betteraves vers Rue. Mais la sucrerie de Rue ayant été bombardée, les betteraves furent acheminées à Pont d'Ardres. Or, cette sucrerie vient d'être mitraillée le 23 novembre (2 tués et 3 blessés graves). L'usine est arrêtée et les betteraves sont dirigées en partie vers la Bistade et en partie vers la râperie de Lillers. Enfin, une trentaine d'hectares sont sinistrés soit directement par suite de bombardement, soit indirectement par suite du manque de main-d'œuvre.

Betteraves fourragères. Les rendements sont bons et atteignent 40 tonnes à l'hectare en moyenne. Les cultivateurs chercheront sans doute à augmenter les surfaces consacrées à cette culture au détriment de la betterave sucrière, car les betteraves fourragères se vendent à des prix très élevés pour la nourriture du bétail (6 à 800 francs la tonne) malgré l'arrêté récent les fixant à 250 francs.

Chicorée. Récolte bonne dans l'ensemble.

Légumes secs. Les battages de pois et haricots sont peu avancés. La récolte des pois est bonne dans l'ensemble avec un rendement moyen de 25 quintaux. Dans certains cantons (Audruicq) on signale cependant un déchet important en pois véreux, tachés ou gemmés. Les rendements en haricots sont inférieurs à la moyenne et ne dépassent pas 12-13 quintaux à l'hectare.

Plantes textiles. Les rendements en lin sont assez satisfaisants. Ils varient entre 40 et 55 quintaux en paille, avec un rendement en filasse de 12% du rendement en paille. Les régions qui donnent généralement les meilleures récoltes (Calais, Guînes) ont fourni des rendements inférieurs par suite d'une attaque de "brûlure". Par contre, les régions d'Hesdin et Sempy ont fourni d'excellentes récoltes (55 quintaux).

Production animale

État sanitaire du cheptel. Quelques cas de fièvre aphteuse.

Espèce chevaline. Les chevaux sont toujours rares et d'un prix élevé. Le 29 octobre, les Autorités allemandes ont effectué une vente aux enchères de 28 chevaux réformés provenant du lazaret de Feuchy. Le prix de ces chevaux a varié entre 6 et 20.000 francs. Les cultivateurs qui désirent acheter des chevaux réformés sont inscrits à la Direction des Services agricoles et la liste est transmise à l'OFK qui, en cas de vente, convoque certains agriculteurs après entente avec le Directeur des Services agricoles.

Espèce bovine. Les contingents de viande qui n'assurent au consommateur qu'une faible ration (100-150 grammes par semaine) sont assez lourds et certains présidents vont se voir obligés de prélever sur le cheptel laitier. Un arrêté préfectoral a fixé pour les producteurs une livraison minimum de 4 litres de lait ou de 160 grammes de beurre par jour et par vache.

Espèce porcine. L'élevage et l'engraissement deviennent très difficiles par suite de la pénurie d'aliments du bétail. Il est à craindre que l'effectif porcin aille en diminuant par suite de cette situation.

Résultats du recensement du bétail au 1er octobre. Un recensement trimestriel du bétail au 1er octobre vient d'être effectué et il présente des différences avec le recensement du mois d'avril, dues principalement à un contrôle plus strict des déclarations des cultivateurs. Le nombre total des chevaux passe de 62.140 (avril) à 64.430 (octobre) avec une augmentation importante des étalons, mais très faible en ce qui concerne les jeunes chevaux de moins de 3 ans.

Le nombre des bovins passe de 279.091 (avril) à 293.984 avec une augmentation importante pour les taureaux et les vaches de tout âge. Le nombre des moutons varie de 35.486 (avril) à 39.501 (octobre).

Pour les porcs, les chiffres varient de 159.408 (avril) à 193.910 (octobre) avec une augmentation très importante des porcs au-dessus de 6 mois et des porcs de 2 à 6 mois. Par contre, le nombre des truies et verrats a peu varié. Il est certain que l'augmentation du bétail qui semble dé- couler des chiffres précédents est en général purement fictive et provient des déclarations très en dessous de la réalité faites par les cultivateurs en avril dernier.

Approvisionnements en produits indispensables à l'agriculture. Aliments du bétail. Des cartes d'alimentation viennent d'être distribuées pour les vaches laitières ; la distribution se fera au prorata des quantités de lait et beurre fournies pour le mois de novembre 150 grammes de tourteau par litre de lait. La composition du tourteau est de : 57% son, 25% tourteau, 15% mélasse, 3% condiments.

Par contre, la question de l'alimentation des porcs reste préoccupante.

Engrais. D'après les disponibilités, il semble que les cultivateurs pourront recevoir par rapport à une année normale : 60% d'engrais azotés ; 60% d'engrais potassiques ; 70% d'engrais composés. La question des engrais phosphatés est la plus difficile à résoudre.

Ferrures. Les cultivateurs rencontrent toujours des difficultés pour trouver chez les maréchaux, non seulement les clous à ferrer, mais aussi maintenant les fers, malgré les répartitions récentes qui ont été faites. Les besoins du département sont de 1400 tonnes par an en fers à chevaux et de 115 tonnes par an de clous. Il semble que la répartition ait été défectueuse, mais une amélioration pourra être envisagée lorsque l'on connaitra le nombre de chevaux que chaque maréchal doit ferrer. Certains maréchaux ont essayé de fabriquer eux-mêmes des clous, mais il en est souvent résulté des accidents graves par suite de la rupture de ces clous.

Carburants et lubrifiants. Les cultivateurs ont disposé pour le mois de novembre de : 105.000 litres d'essence ; 89.000 litres de gas-oil ; 20.000 de fuel-oil ; 7.000 de pétrole.

Lubrifiants. Grande pénurie de graisse pour chariots.

Main-d'œuvre et Attelages.

Main-d'œuvre. La plupart des exploitants souffrent du manque de personnel. Nous sommes intervenus à plusieurs reprises auprès de M. l'Inspecteur du Travail pour faire remettre à la disposition de la culture les ouvriers débauchés par des entreprises non agricoles. Certains débauchages ont eu lieu par des industries agricoles (sucreries, distilleries), trop souvent encore par des chantiers allemands.

Attelages. Dans beaucoup de régions, les cultivateurs sont soumis à des prestations qui entravent la culture. Pendant le mois de novembre, la gêne a été particulièrement grave puisqu'il s'agit d'une période où la présence de tous les attelages est nécessaire à la bonne marche d'une exploitation.

Incendie de récolte. Quelques sinistres dus à la malveillance ont eu lieu encore dans la première quinzaine de novembre et certaines fermes ont été presque entièrement détruites. Le nombre des incendies a heureusement été moindre qu'en octobre.

Ravitaillement

Service des Commissions de réception

Ravitaillement en viande

I) Ressources locales. La réalisation du plan de ravitaillement en viande est en réel progrès. L'organisation des Commissions cantonales d'Achat, appliquée depuis le 1er octobre, y a largement contribué. Des instructions très nettes adressées aux Présidents de ces Commissions, pour qu'ils réalisent à 100% les impositions qui leur sont assignées, ont été scrupuleusement suivies. Après les tâtonnements inévitables du début qui avaient donné lieu, pour quelques-unes des nouvelles Commissions, à des insuffisances dans l'approvisionnement des Centres d'abatage, la situation s'est franchement améliorée. Dans tout le mois de novembre les contingents hebdomadaires ont été partout intégralement réalisés, à de rares exceptions près, et nous avons la satisfaction de pouvoir affirmer que cette heureuse évolution sera maintenue jusqu'à la fin du tri mestre en cours.

2) Bétail d'apport. Le plan de ravitaillement en viande pour le mois de novembre prévoyait en faveur du Pas-de-Calais un contingent de 1.000 bovins en provenance du département du Calvados. Au 23 Novembre il restait à recevoir 126 bêtes, soit 13%. Des réclamations ont été adressées au ravitaillement général de ce département ainsi qu'au comité National Interprofessionnel des Viandes, afin de hâter l'expédition de ce reliquat. De plus, la Direction du Ravitaillement Général de la Seine a fait connaître qu'elle expédierait, au Ravitaillement du Pas-de-Calais, du 15 au 30 novembre, 30 bovins chaque jour, pour parfaire aux besoins de la population civile. Jusqu'à ce jour, ces envois ont été réalisés selon le rythme et l'importance ci-dessus prévue.

Par ailleurs, le Ravitaillement Général de ce même département a annoncé l'expédition de 2.000 bovins, à valoir sur les impositions de novembre et décembre, Ainsi que je vous l'ai indiqué dans mon précédent rapport (p. 54), ce bétail est destiné à la fabrication des viandes de conserves en boites actuellement en cours. Le montant total de la fourniture à assurer pour les deux départements a été porté, par les autorités allemandes, de 1.500 à 2.400 tonnes.

3) Ration hebdomadaire. L'appoint des apports extérieurs a permis aux Centres d'abatage la délivrance au consommateur ordinaire d'une ration de viande de 120 ou de 150 grammes environ selon qu'il s'agit des centres ruraux ou des centres industriels.

Imposition en pailles Le G.I.R.P.I.A. a été autorisé à débloquer 1.000 tonnes pour les besoins civils en novembre. Les bons permettant la circulation des pailles sont émis au profit de négociants, qui en assurent la répartition selon les instructions qui leur sont données. Un arrêté préfectoral doit intervenir pour la règlementation des achats en culture et les livraisons aux autorités d'occupation.

Service des dentées rationnées

a) Denrées à approvisionnement mensuel

Farines alimentaires diverses - Flocons d'avoine. Ces aliments spéciaux pour enfants et pour femmes enceintes ont été répartis dans les mêmes conditions qu'en octobre. Toutefois, pour les enfants de 3 à 6 ans, la quantité de farine dite "Blédor" a été ramenée à la ration normale de 500 grammes au lieu des 1.000 grammes alloués en octobre (à titre exceptionnel). En conséquence : les enfants de 0 à 3 ans ont bénéficié de 500 grammes de farine alimentaire (Dulcia ou Dulsoya ou Fromentyle) ; les enfants de 3 à 6 ans de 500 grammes de Blédor ; les enfants de 6 à 14 ans de 250 grammes de flocons d'avoine (ou de flocons de maïs) ; les femmes enceintes de 500 grammes de Blédor ou de Maïzena ; ou bien encore ont bénéficié de 500 grammes de flocons d'avoine ou de maïs.

Riz. 250 grammes de riz ont été régulièrement attribués aux enfants de 6 à 13 ans.

Chocolat. Même répartition qu'en octobre, soit : 125 grammes aux vieillards et aux enfants de 3 à 6 ans ; 250 grammes aux enfants de 6 à 20 ans. En fait ces rations sont restées les mêmes depuis le mois d'août.

Pâtes alimentaires. Pas de changement : 250 grammes par personne.

Savon. Tous les consommateurs ont perçu, comme dans les mois antérieurs : une savonnette de 30 grammes, 125 Grammes de savon mou et 125 grammes de savon en poudre. En supplément de cette ration normale, il a été distribué aux travailleurs classés en 5 catégories de métiers, suivant l'échelle de répartition déjà indiquée pour octobre :

En première catégorie : 1 savonnette ; en deuxième catégorie : 1 savonnette et 250 grammes de savon mou ; en troisième catégorie : 2 savonnettes et 250 grammes de savon mou ; en quatrième catégorie : 4 savonnettes et 250 grammes de savon mou ; cinquième catégorie : 250 grammes de savon mou. Il a été accordé également en supplément :

Pour les enfants de 0 à 2 ans : 2 savonnettes et 250 grammes de savon mou ; de 2 à 3 ans : 1 savonnette et 250 grammes de savon mou ; de 3 à 6 ans : 1 savonnette et 250 grammes de savon mou ; et aux femmes enceintes : 1 savonnette, 1 savon spécial de 90 grammes et un cube de savon blanc de 400 grammes.

Sucre. Aucune modification de la ration de sucre, qui est restée de 900 grammes par personne (800 grammes de sucre raffiné ou cristallisé et 100 grammes de cassonade). Les enfants jusqu'à 3 ans ainsi que les femmes enceintes ont eu leur supplément habituel de 450 grammes. En ce qui concerne tout spécialement les enfants, nous pouvons donc préciser que, depuis le mois d'août les enfants de 0 à 3 ans reçoivent mensuellement 1.350 grammes de sucre dont 100 grammes de cassonade et les enfants de 3 ans à 21 ans, 900 grammes dont 100 grammes de cassonade.

Confitures. Jusqu'au mois de septembre 1941 aucune répartition n'a été faite sur le plan national. Les confitures étaient expédiées aux négociants suivant les anciens courants commerciaux normaux. Sur les directives du Bureau National elles ont été réservées aux centres urbains de plus de 50.000 habitants et aux centres industriels. En septembre un plan de répartition a été établi par le Secrétariat d'État au Ravitaillement. Le Pas-de-Calais y figurait pour 137 tonnes. Une faible partie de ce tonnage a été expédiée à ce jour, l'arrivée du reste est problématique car le manque de matières premières n'a pas permis, parait-il, la réalisation intégrale du plan. Pour le mois de décembre, il est envisagé la création d'une carte de confitures. Le Nord et le Pas-de-Calais seraient compris dans la Répartition.

Vin. Un système de rationnement est envisagé. Les Services du Ravitaillement du Nord et du Pas-de-Calais ont pris contact avec les groupements intéressés (Fédération des Syndicats du Commerce en gros des vins et Industrie Hôtelière) et étudient actuellement un projet de règlementation. Les rations prévues seraient les suivantes :

Consommateurs des catégories A-C - T- V : 4 litres par mois ;

Femmes à partir de 13 ans : 2 litres par mois ;

Catégorie J2 : 1 litre par mois ;

Supplément aux travailleurs-lourds, Carte M.T. : 2litres par mois.

Ou, en tout cas, réparties dans la proportion ci-dessus.

Café. 200 grammes de mélange à 30% de café comme précédemment.

Matières grasses. En novembre, la répartition des matières grasses s'est effectuée telle que nous l'avions annoncée dans notre rapport du mois dernier, c'est-à-dire, au consommateur ordinaire : 100 grammes d'huile, 100 grammes de margarine, 250 grammes de beurre.

Au travailleur lourd : 100 grammes d'huile, 500 grammes de margarine, 300 grammes de beurre.

Les mineurs et autres travailleurs lourds ont donc continué de recevoir 400 grammes de margarine en supplément comme pour les mois précédents. Au cours de ce mois, 29 tonnes de beurre et 88 tonnes de fromage ont été importées dans le département du Pas-de-Calais, ce qui a permis de délivrer 130 grammes de fromage, dont 100 grammes de gruyère, par consommateur.

b) Autres denrées.

Pain. Une ration supplémentaire de pain de 500 grammes par semaine est toujours consentie aux travailleurs lourds. Sur décision de Monsieur le Secrétaire d'État au Ravitaillement un supplément quotidien de 50 grammes a été accordé aux jeunes gens des établissements d'enseignements assurant l'alimentation de leurs élèves. L'autorisation de délivrer ce supplément a été demandée à l'OFK 670 de Lille.

Lait. Un arrêté interdépartemental Nord-Pas-de-Calais, du 29 octobre 1941, avait ramené, à compter du 1er novembre courant, à 3 litres de lait ou 120 grammes de beurre, les impositions à fournir par les producteurs par vache laitière donnant ou ayant donné du lait. Un second arrêté interdépartemental du 10 novembre a modifié ces dispositions en fixant à 4 litres de lait ou à 160 grammes de beurre les quantités minima à fournir par vache. Par suite de l'abaissement du minimum de 6 litres de lait à livrer par vache en octobre, à 4 litres à partir du 10 novembre, il faut prévoir une diminution du produit de la collecte du lait. A ce sujet une note a été adressée à tous les chefs de district aux ressources, pour leur rappeler que les possesseurs de vaches laitières devaient livrer la totalité de leur production, malgré les minimums imposés, et qu'il n'y avait à tenir compte, que dans une certaine limite, des justifications présentées par les intéressés. Il appartiendra, en tout état de cause, à ces derniers de faire la preuve qu'ils n'ont pu fournir que la quantité minimum prévue, le fait de livrer cette quantité n'étant pas en lui-même de nature à les dégager de leurs obligations.

Œufs. Pour le mois de novembre il a été reçu 458.000 œufs d'une répartition émanant du département du Nord, ce qui a permis quelques ventes d'œufs dans les crèmeries de certaines villes.

Pommes de terre. Le ravitaillement des consommateurs en pommes de terre continue de s'effectuer sur la base de 50 kilos pour les titulaires de la carte d'approvisionnement et de 2 kilos par décade pour ceux qui utilisent la carte de rationnement. Les centres urbains ne signalent jusqu'à présent aucune difficulté d'approvisionnement, mais, par contre, des communes rurales se déclarent dans l'impossibilité de faire approvisionner sur place leurs consommateurs. Des enquêtes sont en cours à ce sujet. Par ailleurs, les impositions en pommes de terre dans le département, primitivement fixées par M. le Secrétaire d'État au Ravitaillement à 82.000 tonnes - télégramme du 17-9-41 - ont été portées par télégramme du 13 novembre 1941 adressé au Directeur départemental du Ravitaillement à Arras à 112.000 tonnes " à la suite d'une large enquête effectuée auprès des milieux professionnels".

Ce chiffre déjà élevé pour le Pas-de-Calais reste cependant inférieur au contingent imposé de 135.000 tonnes par l'Oberfeldkommandantur 670 de Lille. Il convient de noter que l'apparition du mildiou à la suite d'une période de pluies à sensiblement réduit le rendement escompté. Bien que l'attention des autorités occupantes ait été appelée d'une manière toute spéciale par M. le Préfet de la Région de Lille sur cette situation, celles-ci ont maintenu le contingent minimum de livraison calculé sur la base d'un rendement moyen de 15 tonnes à l'hectare malgré les difficultés et les impossibilités certaines de réaliser ce contingent. Quoi qu'il en soit, il y a lieu de signaler que les décisions prises à ce sujet par l'administration Supérieure ne peuvent être respectées et doivent même être considérées comme sans valeur puisque seuls doivent être suivis les ordres formels des autorités occupantes.

Légumes secs. L'importance du contingent départemental en légumes secs ne peut encore être fixé d'une façon définitive, l'évaluation des rendements par régions de production faisant actuellement l'objet d'une révision qui doit entraîner une diminution dans l'estimation des ressources commercialisables réellement disponibles. Le blocage des légumes secs restant maintenu, aucune distribution n'a pu être faite aux consommateurs ordinaires. Exceptionnellement le Secours National a obtenu le déblocage de 11.000 kilos de haricots pour les soupes populaires. De même le Service d'Hygiène a reçu 1.180 kilos de haricots destinés aux Hôpitaux.

Légumes verts. Les contingents d'exportation des légumes produits dans le Marais de Saint-Omer, qui avaient reçu l'agrément de l'OFK 670 sont actuellement épuisés. En raison des besoins des départements du Nord et du Pas-de-Calais, il ne sera plus délivré d'autorisations de déblocage. Jusqu'à nouvel ordre, toute la production de cette contrée de cultures maraichères sera répartie dans la proportion de : 60% pour le Nord, et 40 % pour le Pas-de-Calais. Aucune importation de légumes verts n'a eu lieu officiellement.

Poisson. Le Comptoir du Poisson à Boulogne-sur-Mer est rentré en fonctionnement depuis le début de novembre. Le plan de répartition établi antérieurement a subi quelques correctifs pour permettre une meilleure distribution dans les centres miniers en particulier, où quelques réceptionnaires ont dû faire l'objet de rappels à l'ordre pour répartition défectueuse aux détaillants notamment à Grenay, Béthune, Lens et Hénin-Liétard. Les quantités de poisson expédiées par le Comptoir nous seront indiquées à la fin de mois. Elles ne pourront donc figurer que sur le prochain rapport. Produits contingentés

Chaussures. Jusqu'au mois d'octobre 1941, la répartition des bons de chaussures se faisait non pas d'après le contingent alloué par le Ministère, mais d'après celui fixé par les autorités occupantes, lequel était inférieur au premier. À la suite d'une intervention de M. le Préfet de la Région de Lille, l'Oberfeldkommandantur 670 à Lille a non seulement autorisé pour novembre la répartition du contingent fixé par l'autorité supérieure, mais a également donné son accord aux mesures préconisées par M. le Secrétaire d'État à la Production industrielle (télégramme du 15 octobre 1941) mesures qui tendaient à attribuer en sus du contingent normal des coupons d'achat de chaussures d'octobre, un contingent supplémentaire égal à la partie du contingent de chaussures d'usage d'octobre réservé aux enfants. Il s'ensuit que la répartition qui portait primitivement sur 70.740 bons, se trouve portée à 158.537 bons, ce dernier chiffre comprenant, il est vrai, une attribution d'une partie du contingent de décembre. Une augmentation aussi sensible à l'approche de la mauvaise saison sera grandement appréciée.

D'ores et déjà, je tiens à signaler, qu'après enquête faite par l'Inspection Académique, il y aurait dans le Département plus de 6.000 enfants qui ne pourraient se rendre actuellement à l'Ecole faute de chaussures. Devant la gravité de la situation, en même temps que j'en saisissais et le Ministère et l'Office Régional du Cuir à Lille (créé par ordonnance allemande), j'ai demandé immédiatement au Secours National de prendre toutes dispositions utiles pour que, sur ses réserves actuelles, un nombre suffisant de galoches puisse être remis aux enfants nécessiteux intéressés.

La Famille

Application du Code de la Famille. Au cours d'une réunion qui s'est tenue en août dernier, la Commission Départementale des Allocations Familiales avait estimé devoir proposer l'augmentation de 1.000 à 1.100 francs du salaire moyen départemental qui sert de base au calcul des allocations. Un arrêté Ministériel du 28 août 1941 ayant suspendu la consultation obligatoire des organismes d'allocation, M. le Secrétaire d'État au Travail m'a fait savoir, le 13 novembre, que le taux du salaire moyen applicable au Département du Pas-de-Calais, serait fixé directement par arrêté interministériel. Il serait utile que cet arrêté intervienne le plus tôt possible afin de donner satisfaction aux personnes qui bénéficient des allocations familiales et de salaire unique.

D'autre part, une révision de la liste des localités urbaines parait s'imposer dans le Pas-de-Calais, notamment en raison de la parution des lois du 29 mars 1941 et du 23 mai suivant, J'ai demandé à cet égard, à M. l'Inspecteur Départemental du Travail, d'établir toutes propositions utiles. Il s'agit des localités ayant effectivement un caractère urbain, et dans lequel le coût de la vie est relativement élevé. Toutes propositions utiles sont adressées, à cet égard, au Secrétariat d'État au Travail.

Réfugiés et sinistrés. Au 1er décembre le nombre des réfugiés et sinistrés secourus dépasse 11.000. La progression constante du nombre des assistés depuis le début de l'année s'explique par le fait des bombardements de la région côtière qui obligent les populations de cette zone à chercher à l'intérieur du département, plus de sécurité.

D'autre part, les mesures prises par le Gouvernement en faveur des épouses des prisonniers de guerre assistés, ont augmenté, dans une certaine proportion, le nombre des bénéficiaires des se- cours. Un orphelinat de Boulogne-sur-Mer se trouvant actuellement sous menace d'être évacué, j'examine dans quelles conditions il pourrait être accueilli à Arras au Centre d'enfants annexé aux Hospices de cette ville.

Logements provisoires. Bien que les constructions ne soient pas complètement terminées et que la réception définitive n'ait pu encore être faite, un certain nombre de sinistrés ont pu occuper les logements provisoires édifiés, en particulier dans la ville sinistrée de Courrières, où une cinquantaine d'habitations ont pu être mises à la disposition des sinistrés. L'achèvement définitif des travaux se trouve retardé d'une part, par le manque de main d'œuvre spécialisée, d'autre part par la pénurie de matériaux. Néanmoins, une partie de la population de cette ville qui vivait dans les dépendances de leurs anciennes habitations ont été très heureux, à l'approche du froid, de trouver un abri plus confortable. Sur les autres chantiers, compte tenu des possibilités, les travaux sont très suivis par le Chef de Secteur des Constructions provisoires, et on peut espérer, dans un temps très proche, disposer d'autres logements,

La Maison Maternelle Départementale de Saint-Pol pourra s'installer dans le courant de décembre dans les constructions provisoires édifiées à son intention. On pourra recevoir, dans cet établissement, une partie des femmes enceintes dans la zone côtière qu'il y a un très gros intérêt à éloigner des localités bombardées.

Secours aux populations civiles. La Campagne d'hiver de solidarité, dont l'organisation est confiée au Secours National, et qui a pour but de recueillir des fonds destinés à soulager à la fois les misères des prisonniers de guerre et des populations civiles, est en bonne voie de préparation dans le Département. Les quatre premières journées de solidarité nationale, au quelles doivent plus particulièrement y participer les jeunes, ont dû être reculées par le fait que les bons de solidarité nous sont parvenus tardivement. Plusieurs réunions ont été tenues à Lille et à Arras, en vue de mettre au point les détails des manifestations prévues. Ont participé à ces réunions les organismes de jeunesse, du Secours National, de la Croix-Rouge, des Prisonniers de Guerre, les représentants des pouvoirs public et ecclésiastique, les Chefs de l'enseignement, les Groupements Patronaux et Ouvriers. Toutes les personnalités présentes se sont pleinement associées aux efforts entrepris en vue du succès de la campagne. Le programme d'action a été arrêté et toutes directives utiles ont été données par chacun des organismes intéressés dans tout le département. En somme, on peut augurer des résultats heureux de la campagne d'hiver dans le département du Pas-de-Calais.

Restaurants familiaux. En vue de remédier à la situation difficile dans laquelle se trouvent actuellement les consommateurs appartenant à certaines catégories de la population, M. le Secrétaire d'État au Ravitaillement, par circulaire du 18 octobre 1941, a prescrit d'envisager la distribution de repas collectifs à certaines classes de la population.

Il semble que l'on puisse comprendre parmi les bénéficiaires éventuels de ces repas les ouvriers, employés, petits fonctionnaires qui ne peuvent prendre habituellement leurs repas à l'hôtel dont les prix excèdent leurs possibilités, mais dont le prix reste en rapport avec leurs possibilités. Le fonctionnement des soupes scolaires a donné jusqu'ici entière satisfaction. 8 cantines fonctionnent qui groupent plus de 700 rationaux. 17 centres d'entraide organisés par le Secours National distribuent mensuellement 50.000 rations dans des localités de plus de 2.000 habitants et le cours national espère pouvoir porter ce chiffre à 100.000 à partir du 1er janvier prochain. Quelques industriels ont organisé des cantines d'Usine, 3 fonctionnent depuis peu à Arras, il y en a deux à Calais. En créant ces cantines, les industriels ont surtout voulu marquer leur désir de retenir, dans leurs usines, les ouvriers attirés vers les entreprises allemandes ou celles travaillant pour les autorités d'occupation qui servent à leurs ouvriers des salaires sensiblement supérieurs à ceux que les industriels français peuvent normalement payer à leur personnel. Enfin, à titre d'essai, et sur la demande de l'Oberfeldkommandantur, deux cantines pour ouvriers mineurs ont été organisées. Le succès de cette entreprise ne semble d'ailleurs pas devoir être entièrement assuré.

Tel est le recensement des œuvres existantes établi à la suite d'une réunion qui s'est tenue à la Préfecture préalablement à l'étude de la question des restaurants familiaux. À ce sujet, une commission qui s'était réunie le 31 octobre 1941 avait dans ses conclusions demandé :

- de rechercher les centres dans lesquels pourraient être créés des restaurants familiaux où il serait possible non seulement de prendre sur place des repas, mais aussi d'emporter des plats préparés.

- de demander aux municipalités de s'occuper de l'organisation matérielle : locaux, matériel de cuisine, personnel, étant entendu qu'à la direction de ces restaurants, il y aurait lieu de mettre de préférence des restaurateurs.

Une réunion s'est tenue à Lille le 29 novembre à laquelle avaient été conviés les représentants des services et des différentes œuvres du département du Nord et du Pas-de-Calais : Secours National, Municipalités, Chambres de Commerce, Restaurateurs, Services du ravitaillement, Services agricoles. J'y assistais ainsi que M. le Préfet du Nord. Des échanges de vues ont eu lieu en conclusion desquels il a été demandé :

1°) d'établir la liste des centres urbains où la création envisagée répond à une nécessité ;

2°) d'arrêter l'une des deux formules suivantes de réalisation : a) confier à un restaurateur de la ville le soin d'organiser les repas après avoir déterminé de façon précise les conditions d'approvisionnement et le prix des repas. b) laisser aux municipalités le soin d'organiser les restaurants dans la forme d'une régie municipale. 3) d'obtenir des précisions sur les résultats de la gestion des restaurants populaires existants, en particulier du point de vue financier (restaurants de Lille, d'Armentières). 4) de recevoir de la part du syndicat des hôteliers le plan d'organisation d'un restaurant populaire type.

Il convient de noter que le développement des formes de ravitaillement à caractère collectif ne doit pas faire perdre de vue la nécessité d'assurer les rations alimentaires auxquelles l'ensemble des consommateurs peuvent prétendre en vertu du rationnement. Cette considération primordiale implique donc l'obligation d'éviter dans toute la mesure du possible les consommations de denrées sans contrepartie de tickets correspondants de rationnement. Les difficultés du ravitaillement sont assurément grandes et si le but poursuivi est d'aller aussi loin que les possibilités le permettent, il faut limiter les créations, car il est indispensable également, pour le maintien du moral de la population, que subsistent au moins les œuvres existantes.

La santé

Dispensaires Antituberculeux. Le Service des Dispensaires fonctionne normalement. Des 23 Dispensaires existant en 1939, seul celui d'Audruicq n'a pu reprendre son activité même en partie. Les locaux des dispensaires de Desvres et Bertincourt n'ont pu être réutilisés soit par suite de l'occupation, soit par suite de destructions. Cependant le Service Social fonctionne de façon satisfaisante. Les Autorités allemandes ont prescrit l'hospitalisation de tous les tuberculeux ouverts. Mais l'application de cette mesure ne sera pas aisée, le sanatorium d'Helfaut ainsi qu'un assez grand nombre d'hôpitaux étant encore occupés.

Dispensaires Antivénériens. L'Inspecteur Départemental de la Santé du Nord chargé de la lutte antivénérienne, fait actuellement une enquête dans chacun de ces dispensaires afin de mettre sur pied une organisation rationnelle.

Services Hospitaliers. Les centres sanitaires de contagieux prévus avec l'aide du Service des Constructions Provisoires sont toujours à l'étude. L'Hôpital provisoire de Campagne-lès-Hesdin est en voie d'achèvement. Il fera partie du programme d'équipement sanitaire du Département en vue de l'organisation de la Défense Passive.

Œuvres Maternelles et Infantiles. La Maison Maternelle de Saint-Pol pourrait s'installer d'ores et déjà dans ses nouveaux locaux, si l'aménagement intérieur avait pu se poursuivre parallèlement à l'édification des constructions provisoires. Mais la dévouée Directrice de cette belle œuvre se heurte à de nombreuses difficultés en ce qui concerne le mobilier et le linge. À l'Orphelinat Sainte-Agnès à Arras, une épidémie de gastro- entérite a causé la mort de 8 nourrissons. La cause principale semble être le surpeuplement des locaux provisoires remplaçant la pouponnière détruite en mai 1940. Des placements familiaux vont être tentés.

État Sanitaire. Du 27 octobre 1941 au 25 novembre 1941 ont été déclarés : Fièvre typhoïde, 44 cas ; Varicelle, 1 épidémie ; Scarlatine, 27 cas ; Diphtérie, 30 cas ; Méningite cérébrospinale, 2 cas ; Tuberculose, 18 cas ; Rougeole, 352 cas et 4 épidémies ; Oreillons, 109 cas ; Coqueluche, 6 cas et une épidémie ; Poliomyélite, 2 cas.

Défense Passive. L'organisation de la Défense Passive du Département sur des bases nouvelles, en rapport avec les évènements actuels, est en bonne voie de réalisation. Pour la zone côtière Les quatre postes de secours de première urgence prévus à Calais, Boulogne-sur-Mer, Le Touquet et Berck seront secondés par des postes de recueil de blessés situés dans un grand nombre de communes côtières et organisés grâce à la bonne volonté de tous. Ces postes de recueil permettront aux voitures ambulances envoyées par les postes de secours de transporter plus rapidement les blessés vers les hôpitaux de traitement. Deux chantiers chirurgicaux situés l'un à Ardres, l'autre à Desvres et pourvus du matériel de première urgence permettront aux médecins chargés de cette mission de traiter les victimes de bombardements survenant dans une zone située plus à l'Est, mais encore trop éloignée des hôpitaux de traitement. Pour la Région Minière. L'organisation pourra se faire ainsi qu'il était prévu en 1939, plus facilement même puisque tous les médecins ou presque peuvent y coopérer. Cependant sur la côte comme à l'intérieur, le manque de chirurgiens se fera sentir, si malheureusement les bombardements s'intensifient. Des équipes volantes sont prévues, mais là encore, le manque de liaison téléphonique sur la côte est un écueil. Des projets sont étudiés pour y remédier.

Le travail

À - Situation du chômage dans le département

Hommes secourus : 3 ; hommes non secourus : 652. Total : 655.

Femmes secourues : 390 ; femmes non secourues : 2.241. Total : 2.631.

B. Arrondissements d'Arras, Montreuil et Béthune.

1) Industries détruites ou gravement endommagées. Dans le courant du mois de novembre, les industries ci-après ont été sérieusement atteintes par les bombardements :

Sucrerie Garry à Rang-du-Fliers. L'installation est assez gravement endommagée et la fabrication a dû cesser. Une partie du personnel a été dirigée sur la Sucrerie de Rue et le reste a été embauché dans les chantiers allemands.

Distillerie Coopérative de Verton. Le bombardement de cette installation a également eu lieu les 1er, 4 et 7 novembre. Les dégâts occasionnés sont moins sérieux qu’à la sucrerie. La fabrication est cependant arrêtée jusqu'à la saison prochaine. Le nombre d'ouvriers mis en chômage a été de 250. Ils ont été immédiatement réembauchés dans les chantiers allemands.

Distillerie de Ramecourt. À la suite du bombardement du 9 novembre, l'installation a subi de très sérieux dégâts et a été mise hors d'usage, la remise en état demandant plusieurs mois. Le personnel occupé, soit environ 50 personnes, a été réparti sur divers chantiers de la région.

Papeterie De Ruysscher à Maresquel. Cet établissement qui avait été arrêté depuis fin août par décision de l'OFK 670 à Lille (matières premières, combustibles) a subi un bombardement aérien endommageant l'installation et faisant 2 victimes.

2) Industries dont l'équipement est intact et pour lesquelles la main-d'œuvre fait défaut. Aucune modification.

3) Industries n'ayant pas encore repris leur activité. Aucune modification par rapport aux indications données dans mon précédent rapport.

Main-d'œuvre. Dans le courant de novembre, il a été effectué 2,466 placements masculins et 619 placements féminins, chiffres sensiblement égaux à ceux fournis pour octobre. Le nombre d'offres d'emploi non satisfaits s'élève pour la dernière semaine à 1.083 hommes et 70 femmes, au lieu de 1.497 pour octobre. Cette diminution s'explique par le fait que les industries saisonnières, notamment les sucreries et distilleries, ont des besoins moins considérables qu'au cours du mois d'octobre, de même, un certain ralentissement s'est manifesté dans quelques usines qui ont été obligées de licencier du personnel.

Les demandes d'emploi non satisfaites s'élèvent, pour les hommes à 555 et pour les femmes à 2.631, contre 597 et 3.247 pour le mois écoulé. De la comparaison de ces chiffres, il résulte que le nombre de femmes demandeurs d'emploi a baissé de 600, la presque totalité concernant la région calaisienne ou boulonnaise. L'activité industrielle n'a pas subi, au cours du présent mois, de variation importante, sauf dans l'industrie textile où une baisse générale a été constatée. Je signalerai particulièrement les bonneteries et filatures de lin qui ont subi d'importantes baisses d'activité dues aux difficultés qu'elles éprouvent dans leur approvisionnement en matières premières. Les établissements Frémaux, fabrique de velours à Maroeuil, sont toujours fermés.

Par contre, de très nombreuses usines se trouvent à court de main-d'œuvre en ce qui concerne les spécialistes et la main-d'œuvre banale apte aux travaux de force. C'est ainsi que les Engrais d'Auby à Feuchy installent une cantine et un dortoir où une centaine d'ouvriers venant de l'extérieur pourront être nourris et logés.

Dans les sucreries et distilleries, le travail se poursuit normalement, la plupart de ces établissements effectuant leur travail en 2 postes, soit une durée de travail de 84 heures par semaine.

Chômage. Le nombre de chômeurs secourus est de 3 pour les hommes et 390 pour les femmes, le chômage masculin étant représenté par 2 hommes à Berck et 1 à Saint-Omer, le fonds de Berck secourant également 67 femmes. Ces chiffres marquent une certaine diminution par rapport au mois d'octobre (5 hommes et 462 femmes), le reste de chômeurs femmes étant dans la région calaisienne. Au chômage total s'ajoute le chômage partiel qui s'est manifesté dans le courant d'octobre dans un certain nombre d'usines où la durée du travail a été ramenée quelquefois à moins de 20 heures par semaine. Je citerai particulièrement la Société d'Applications Electriques à Arras.

C. Zone côtière

1°) Établissements détruits qui ne pourront reprendre leur activité sans travaux importants. Aucun changement.

2°) Établissements pour lesquels l'équipement est intact et pour lesquels la main-d'œuvre fait défaut. Aucun changement.

3°) Établissements qui n'ont pas repris leur activité bien que disposant sur place de l'équipement et de la main d'œuvre. Aucun changement.

4°) Établissements qui ont repris leur activité. Aucun changement.


Marché du Travail

Pêche. 22 hommes sont inscrits contre 20 le mois dernier. Pas de femme. L'activité reste réduite dans la pêche.

Agriculture. Plus d'homme, et 3 femmes encore inscrites. En réalité, ces femmes sont en cours de placement, car la main d'œuvre agricole fait toujours défaut.

Industrie extractive. Toujours 1 homme et 1 femme inscrits comme demandeurs d'emploi. Industrie de l'alimentation. 14 hommes de plus et 29 femmes de moins que le mois précédent, soit 19 hommes contre 5 et 88 femmes contre 117. Cette industrie souffre toujours du manque de matières premières, et d'arrivage de poissons.

Industrie chimique. Aucun homme inscrit, deux femmes restent demandeurs d'emploi. Situation sans changement, l'activité de cette branche restant toujours interdite par les Autorités d'occupation.

Industrie du caoutchouc. Pas d'inscrit dans cette catégorie.

Industrie du papier. 2 hommes nouvellement inscrits, et 13 femmes contre 16. L'activité est toujours réduite dans la cartonnerie par suite de pénurie de matières premières. D'autre part, la seule usine de pâtes à papier à Calais est toujours immobilisée en raison d'occupation.

Industrie du livre. Un homme contre 2 et toujours 2 femmes d'inscrits.

Industrie textile. Sont inscrits : 43 hommes contre 23, et 584 femmes contre 726. En réalité la situation de la dentelle s'est améliorée par suite des arrivages de matières premières. Les 20 chômeurs supplémentaires sont d'anciens ouvriers du textile, mais occupés depuis l'invasion sur des chantiers allemands en qualité de manœuvres, et qui viennent d'être libérés par suite de cessation des travaux.

Industrie du vêtement. 4 hommes contre 1 et 126 femmes contre 161 sont inscrits. Aucun changement dans cette industrie. Les 35 femmes constatées en moins ont été placées dans des entreprises allemandes.

Cuirs et peaux. Restent inscrits : 2 hommes et 7 femmes ; la situation est stationnaire dans cette branche.

Industrie du bois. 21 hommes alors que le mois dernier il n'y en avait que 12, et 8 femmes contre 9. Il s'agit toujours d'hommes licenciés par des chantiers allemands, et dont le réembauchage, pour d'autre chantiers, suit quelques jours après leur inscription.

Métallurgie. 45 hommes contre 39 inscrits le mois précédent, et 41 femmes contre 52.

Métaux fins. Néant. Terrassement-bâtiment. Il y a actuellement 32 hommes d'inscrits, alors qu'à cette même date le mois dernier, il y en avait 10. La main d'œuvre qualifiée manque toujours dans cette catégorie, les hommes restant inscrits sont en réalité des manœuvres du bâtiment.

Pierres et terres au feu. Un homme au lieu de 3, et 15 femmes au lieu de 15.

Manutention. 22 hommes et 171 femmes de moins, soit 195 hommes et 495 femmes restent inscrits. Ces demandeurs d'emploi restant inscrits actuellement, sont, en général des personnes inaptes aux travaux lourds.

Transports. 27 hommes sont inscrits contre 17 au mois d'octobre 2 femmes au lieu de 4. L'activité de cette branche se ralentit par suite du manque de carburants.

Commerces divers. 9 hommes et 33 femmes de moins que le mois dernier, soit 51 au lieu de 60, et 222 femmes au lieu de 255.

Professions libérales. Toujours 5 hommes et 7 femmes. Aucun changement.

Soins personnels. 1 homme contre 1, 11 femmes contre 13.

Services domestiques. Pas d'homme. 61 femmes ont été placées, soit 380 au lieu de 441.

Divers. 9 hommes contre II, 4 femmes contre 2.

En résumé, les mouvements d'embauchages et de débauchages sont, en grande majorité, provoqués par les Entreprises et Chantiers Allemands. D'autre part, l'application de la loi du 14 mars 1941 relative à l'allocation aux Vieux Travailleurs salariés a permis de retirer du marché du Travail un certain nombre de personnes âgées inscrites au Bureau de Placement en qualité de demandeurs d'emploi.

D. Arrondissement de Saint-Omer

L'activité des entreprises industrielles n'a subi aucune modification importante durant le mois écoulé. Le personnel occupé dans les usines reste sensiblement stationnaire. Dans les 79 plus grosses entreprises de la section 3.930 personnes étaient occupées le mois précédent. Elles en occupent aujourd'hui 4.066. 168.298 heures de travail ont été effectuées contre 161.802 le mois écoulé. Le chômage a disparu complètement de la section, puisqu'il n'est plus secouru actuellement que 3 femmes dont le placement s'avère d'ailleurs très difficile.

Les autorités allemandes continuent à employer une main-d'œuvre très abondante. C'est ce qui explique d'ailleurs la disparition presque complète du chômage. Les gains que peuvent avoir les ouvriers en travaillant pour elles sont sensiblement plus importants que ceux obtenus dans les entreprises françaises en raison des taux de salaire plus élevé, du plus grand nombre d'heures de travail effectuées. Aussi les ouvriers ont-ils tendance à quitter leur emploi dans les usines pour s'embaucher sur les chantiers. Les papeteries, cartonneries et usines textiles ont gardé la même activité que le mois précédent. Les sucreries et distilleries travaillent sans graves à-coups, Les sécheries de chicorée sont en plein travail, mais plusieurs termineront leur campagne très prochainement. La marche des offices du travail n'a donné lieu à aucune observation saillante durant le mois. Il y a lieu de signaler cependant qu'ils assurent désormais le versement des secours aux ouvriers sans emploi.

E. Salaires

Un projet de relèvement des salaires anormalement bas a été présenté à l'agrément de l'OFK 670 à Lille dans le courant de novembre. Ce projet est le même que celui concernant le département du Nord, sauf le taux de base du salaire départemental moyen de 1.000 francs au lieu de 1.100 francs dans le Nord. À ce projet a été ajoutée une annexe indiquant les répercussions des mesures envisagées dans les salaires actuellement payés. On constate que les modifications dont il s'agit atteindraient un nombre important d'industries ou de commerces et se traduiraient, surtout en ce qui concerne l'emploi de la main-d'œuvre féminine, par des augmentations assez considérables. Le problème des salaires reste le problème capital du moment. Il demande un examen permanent et une attention très soutenue. Dès l'application des nouvelles dispositions règlementaires à intervenir, il sera nécessaire de convoquer les Commissions de constatation de salaires moyens, lesquelles auront notamment pour rôle de constater les nouvelles bases de salaires et de normaliser les salaires payés dans différentes catégories industrielles.

F. Activité des organisations syndicales

Depuis la promulgation, d'ailleurs trop récente, de la charte du travail, aucune activité sérieuse des organisations ouvrières ne s'est encore manifestée. Notamment, il n'a encore été tenté, à ma connaissance, aucun essai de constitution de syndicat unique par profession. Dans l'état actuel des choses, je ne pense pas que l'on doive attendre des initiatives privées une impulsion suffisante à recréer une activité syndicale qui me paraîtrait nécessaire. J'estime, au contraire, qu'une initiative des pouvoirs publics sera nécessaire à cet effet.

Production industrielle

Industrie textile. En raison de la situation particulière de la zone côtière, je tiens à vous donner ici des renseignements sur l'activité de l'industrie textile dans cette région.

Dans la fabrication de la rayonne (Calais), les approvisionnements continuent à être très réguliers et l'Usine commence à reconstituer les stocks indispensables pour les matières premières principales. La situation de la main d'œuvre laisse toujours à désirer, mais la prime de bombardement, qui a été mise en application, doit faciliter la stabilisation du personnel. Le personnel occupé s'élevait à 1.292 ouvriers, ouvrières et employés à fin octobre.

Dans l'industrie de la dentelle (Calais), une légère détente s'est produite au cours du mois d'octobre dans l'approvisionnement en matières premières. Un contingent de 2.500 kilos de fibranne et un autre contingent de 8.000 kilos de rayonne ont été mis à la disposition des fabricants. Afin de répondre au plan de fabrication d'articles utilitaires, la création de genres nouveaux est envisagée et s'organise. Mais la réalisation de ce plan ne sera assurée qu'autant que le déblocage de la matière première permettra une répartition plus régulière et aussi plus importante des fils nécessaires à cette nouvelle fabrication. L'exécution des tulles moustiquaires pour l'Armée Allemande est en cours : Deux livraisons représentant environ 15.000 M2 ont été effectuées en octobre et des quantités plus importantes seront livrées en novembre.

Le nombre de fabriques de dentelles en marche s'élève à 99, occupant 500 hommes, 600 femmes et 95 apprentis. Le total des salaires payés s'est élevé à 1.430.712 francs pour un horaire de travail de 40 heures.

Mines. Les expéditions de tous combustibles au départ des Mines du Nord et du Pas-de-Calais, sont reprises au tableau ci-dessous :

Expéditions de tous combustibles au départ des Mines du Nord et du Pas-de-Calais

Sur ces tonnages il a été expédié aux industries et aux foyers domestiques du Nord et du Pas-de-Calais les quantités ci-après :

Expéditions de combustibles aux industries et aux foyers domestiques du Nord et du Pas-de-Calais

Les ventes au carreau à destination de la clientèle Nord et Pas-de-Calais non comprises dans le tableau ci-dessus, se sont montées pour le mois d'octobre à 36.384 tonnes. Ces ventes ne comprennent pas les tonnages enlevés par route pour l'exportation, ni pour l'armée allemande ni pour les ayants droit des mines. De même les tonnages enlevés pour les autres groupements que ceux du Nord et du Pas-de-Calais n'y figurent pas.

La production nette journalière a varié comme suit pour l'ensemble du bassin du Nord et du Pas-de-Calais. Elle est actuellement stationnaire, sans tendance à l'augmentation.

Production (en tonnes)

L'extraction nette s'est élevée à 2.471.903 tonnes en octobre 1941 contre 2.353.916 en septembre 1941.

La situation à fin octobre comparée à celle de fin septembre des stocks à terre est la suivante :

Stocks à terre de combustibles (en tonnes)


Approvisionnements. Situation sans changement en ce qui concerne les bois de mines. Je ne puis qu'insister encore sur cette question et rappeler mes précédentes observations : octobre, page 8 novembre, page 91.

Personnel. Le personnel atteint le 30 octobre 1941 les chiffres suivants : Fond, 101.151 ; Dépendances légales, 42.516.

Questions sociales. Chômage néant.

Communications

Transports

Chemins de fer

À titre documentaire, je vous informe qu'au cours du mois d'octobre 1941, il a été transporté, par la Société Nationale des Chemins de Fer 1.071.480 tonnes de houille en provenance des Mines du Pas-de-Calais.

Transports routiers

En ce qui concerne les transports, je crois devoir souligner ici la façon tout à fait anormale dont fonctionne dans mon département, comme d'ailleurs dans celui du Nord, l'organisation des transports routiers. Celle-ci, en principe, devrait être placée sous le contrôle direct du Chef du service départemental des transports qui est règlementairement l'Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées, lequel dispose à cet effet et d'inspecteurs des transports et d'un service spécial constitué par le groupement départemental des transports, mais relevant toujours du secrétariat des communications. Cette organisation prévue par la loi française n'existe ici qu'en façade, n'étant pas reconnue par l'autorité occupante, laquelle a imposé par contre, la constitution d'un service spécial soumis directement à ses ordres. La conséquence est que toutes les questions concernant les transports échappent plus ou moins à l'Administration française, celle-ci ne pouvant exercer qu'une sorte de contrôle à postériori des ordres donnés par les bureaux de l'OFK 670 de Lille.

D'autre part, du fait qu'à la question de transport sont liées également les attributions des laissez-passer et des contingents de carburants, pratiquement l'Ingénieur en Chef des Pont et Chaussées et ses agents sont dépossédés du pouvoir qu'ils tiennent sur ces opérations de la loi française. Au reste voici comment fonctionne actuellement dans mon département le service des transports :

A/ Service du Roulage. Ce service a été imposé par l'ordonnance (O.F.K. 670) du 19 septembre 1940. Il est actuellement organisé au moyen de personnel français et dans le cadre de l'arrondissement avec une Direction du Roulage et plusieurs points d'appui, comme suit :

1. Arrondissement d'Arras : Un Directeur et quatre chefs de points d'appui à Bapaume, à Bucquoy, à Frévent et à Saint-Pol-sur-Ternoise

2. Arrondissement de Béthune : Un Directeur et un chef de point d'appui à Lens.

3. Arrondissement de St-Omer : Un Directeur et un chef de point d'appui à Aire-sur-la-Lys.

4. Arrondissement de Boulogne : Un Directeur et deux chefs de point d'appui à Calais et à Marquise.

5. Arrondissement de Montreuil-sur-Mer : Un directeur à Étaples et un chef de point d'appui à Hesdin.

Le service du roulage répond aux exigences de l'autorité occupante, en lui fournissant les moyens de transports ou en faisant assurer les transports demandés. Il a été appelé à donner son avis motivé sur les nouvelles demandes de permis de circuler ainsi qu'aux demandes d'extension temporaire ou permanente de permis de circuler déjà délivrés. Il a procédé à la vérification des carnets de bord, et participé à la distribution du carburant réservé à la collaboration économique.

Enfin, avec l'aide d'un personnel spécialisé, il a effectué conformément aux instructions des autorités occupantes, le recensement et la visite trimestrielle des véhicules automobiles admis à circuler, qui n'avaient pas été vus depuis trois mois. Pour la campagne des betteraves en cours, dont le plan de transport routier élaboré directement par l'Union des Industries agricoles du Nord et du Pas-de-Calais (U.I.A.) avait été approuvé par l'O.F.K., le service du roulage s'est vu confier son application sous sa propre responsabilité. L'autorité allemande a d'ailleurs rendu tous les camions qui travaillaient pour son compte et qui étaient réclamés pour l'exécution de cette campagne. A ce jour, l'acheminement par route des racines et pulpes n'a donné lieu à aucune plainte. L'accord n'ayant pu se faire entre le groupement des transporteurs et l'U.I.A. quant aux prix de transport à appliquer, ce fut néanmoins M. Étienne, Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées du Nord, à Lille, qui fut désigné comme arbitre ; il a rendu sa sentence le 15 octobre.

B/ Le Groupement Départemental des Transporteurs Routiers. Ce groupement, relevant de la législation française, n'est pas reconnu par l'autorité occupante. Il ne peut fonctionner normalement par suite de la mainmise de cette autorité sur tous les moyens de transports routiers par l'intermédiaire des Directions de Roulage. Il a néanmoins déployé une activité marquée qui s'est sur- tout manifestée dans la question si complexe de l'attribution des bons monnaies matières ainsi que dans l'aide financière à apporter aux propriétaires de véhicules désirant procéder à l'équipement de leur matériel pour la marche aux carburants succédanés ou en acquérir du nouveau. Il renseigne ses adhérents, c'est-à-dire la presque totalité des transporteurs du département sur leurs droits et obligations et seconde aussi efficacement notre tâche en cette matière. Il est régulièrement représenté au sein du Comité Technique Restreint départemental qui, dans sa forme nouvelle, a tenu sa première réunion le 6 octobre. Cette séance, exclusivement réservée aux services de voyageurs eut à examiner 24 questions.

C/ Le Service des Transports aux Ponts et Chaussées. Il comprend : l'inspecteur des Transports, le Secrétaire du C.T.D., un agent auxiliaire. Indépendamment du Contrôle qu'il s'efforce d'exercer sur le Service du Roulage, il a dans ses attributions : Toutes les questions relevant de la Coordination des Transports ferroviaires et routiers ; Le contrôle des propositions d'attribution de licences d'achat de véhicules automobiles neufs présentés par le Délégué Départemental du Comité d'Organisation de la Vente de l'Automobile et du Cycle ; L'instruction des demandes de licences d'achat de véhicules dé- réquisitionnés et l'attribution de ces licences ; L'instruction des demandes de licences d'équipement de véhicules pour la marche au gaz de ville ou au gazogène et l'attribution de ces licences ; Les propositions d'attribution de carburant et lubrifiant aux Services Publics de Voyageurs ; La répartition des carburants et lubrifiants entre les différents arrondissements des Ponts et Chaussées ; L'instruction des demandes d'agrément au titre de commerçant en combustible pour gazogène.

Au cours du mois d'octobre, il a été délivré : 8 autorisations de transport à grande distance ; 1 carte de camionnage rural ; et procédé à un échange de carte.

31 licences d'achat pour véhicules neufs concernant, 21 véhicules utilitaires, 6 tracteurs, 4 voitures de tourisme ;

3 licences d'achat de véhicules ;

3 licences d'achat pour véhicules déréquisitionnés ;

147 licences d'équipement de véhicules pour la marche au gazogène ; 24 licences d'équipement de véhicules pour la marche au gaz de ville.

Postes, Télégraphes et Téléphones

Service Postal. Une amélioration des relations de la région côtière a été réalisée à partir du 10 novembre 1941 par la création d'une liaison directe avec le bureau de tri de Lille Centralisateur, qui assure de ce fait le transit pour un certain nombre de Bureaux du Pas-de-Calais. Par voie de conséquence, cette liaison améliore également les relations de la région côtière avec le Département du Nord, amélioration complétée par la création de dépêches directes des bureaux des 3 premières classes de la zone considérée pour le bureau de tri de Valenciennes Centralisateur.

Service Télégraphique. Aucune modification à signaler.

Service Téléphonique. Les réseaux suivants ont été réouverts. Au trafic urbain et pour les abonnés, au trafic interurbain dans les limites du groupement téléphonique : Beaurains, Metz-en-Couture, Neuville-Bourjonval, Ruyaulcourt, Humbercamps, Pommier, Givenchy-lès-la-Bassée, Sachin, Pernes-en-Artois, Setques, Esquerdes. Au trafic urbain seulement : Hesdigneul-lès-Boulogne, Neufchâtel, Pont-de-Briques, Samer, Wimille, Polincove.

Service Technique. Un renfort de 32 unités est arrivé à Arras le 21 octobre venant de la région de Bordeaux. Quatre équipes nouvelles ont pu être constituées avec ce personnel, l'une d'elles a été maintenue à Arras, les 3 autres ont été affectées à Saint-Omer, Béthune et Lens. Toutes travaillent concurremment avec le personnel habituel à la réfection et à l'entretien du réseau téléphonique. Des bombardements plus fréquents qu'au cours des mois précédents ont occasionné des dommages à nos lignes. Ci-dessous la liste des points touchés, avec l'indication des dégâts causés.

1er Novembre. Sur VF Boulogne-Paris en gare de Rang-du-Fliers, dégâts importants en cours de réparation, montant des dépenses non encore évalué.

4 novembre. Sucrerie de Rang-du-Fliers, une vingtaine de fils rompus. Même jour en gare de Saint- Josse, nombreux fils également rompus.

7 novembre. Mitraillade à 25 mètres du Bureau de Rang-du-Fliers, faisceau de fils coupés.

8 novembre. Des bombes sont tombées sur le territoire des communes de Béthune et de Ramecourt. Dans la première de ces localités, le circuit Béthune-Gosnay, des lignes d'I.D. et allemandes ont été interrompues. À Hesdigneul-lès-Béthune, sur la route de Béthune à Bruay, 3 appuis ont été brisés entraînant la chute des fils sur plusieurs portées. À Gosnay, du Château Gamot à la Cabine, soit sur environ 700 mètres, tous les fils ont été rompus. Deux équipes de ce secteur ont été immédiatement dirigées sur les lieux, elles ont poursuivi leur travail dans la journée du di- manche pour hâter la remise en service des circuits et bifurcations atteints.

À Ramecourt, un autre bombardement a occasionné d'importants dégâts au passage à niveau de cette localité. Toute la nappe sur V.F. a été détruite, par suite les communications avec Auxi-le-Château et Frévent ont été interrompues. Tous ces dégâts sont actuellement réparés.

Travaux Publics - Ponts et Chaussées

Communications. Aucun fait nouveau.

Destructions. Ouvrages d'art : Les deux ponts définitifs de Saint-Laurent-Blangy et d'Huby-Saint-Leu terminés, ont été livrés à la circulation : La reconstruction de 2 ponts est en cours à Biache-Saint-Vaast (C.D. 43) sur le Trinquis) et à Sailly-en-Ostrevent (C.D. 39 sur le Trinquis).

Une passerelle de halage est en cours au pont provisoire de Dourges (C.D. 160 B).

Le relevage du tablier des ponts de Courcelles et de Colline-Beaumont est en cours.

La réparation du tablier du Pont d'Oisy-le-Verger C.D. 14 Canal de la Sensée est en cours.

Reconstructions

1. Loi du 5 août 1940. Les opérations effectuées comportent 3.442 arrêtés préfectoraux, pour un montant total de 36.032.497 francs. Il a été émis à ce jour 1.865 ordres de paiement pour un montant de 14.662.914 francs.

2. Loi du 9 février 1941- 12 juillet 1941. Il a été reçu 3.048 dossiers (sur un total présumé de 16.000 à 17.000). 2.734 de ces dossiers ont été mis à l'étude. Sur ce nombre, 387 ont été étudiés, qui ont donné lieu, jusqu'à présent, à 211 décisions d'attribution de subvention. 209 décisions ont été transmises au Service Central pour un montant de 1.698.957,10 francs.

3. Article 28 (devenu l'article 29 de la loi du 12 juillet 1941). Il a été reçu 6.828 demandes d'allocations mobilières dont 2.211 incomplètes nécessitent une correspondance avec les sinistrés ou les Mairies. À la même date, il a été transmis au Service Central 3.297 décisions pour un montant de 55.003.750 francs. Il reste donc en instance au Service Central 1.411 dossiers pour 22.069.500, plus 90 propositions non rentrées à ce jour. 34 dossiers sont d'autre part en cours de mandatement. En outre, la période de reconstruction a été ouverte pour les immeubles agricoles isolés, sauf dans les 42 communes de la côte particulièrement exposées aux destructions du fait d'actes de guerre actuels.

Relations avec les autorités d'occupation

Les relations ainsi que celles de mes collaborateurs et des Sous-Préfets avec les Autorités d'occupation continuent d'être courtoises. Je mentionne tout spécialement à ce point de vue la visite qu'a tenu à me faire en ma qualité de représentant du Gouvernement dans le département, M. le Major [Retmeyer], Kreiskommandant d'Arras pour m'exprimer ses condoléances à l'occasion de la mort tragique du Général Huntziger, Ministre, Secrétaire d'État à la Guerre. Les rapports entre la population et l'armée allemande n'ont été marqués par aucun incident pendant le mois de novembre. Dans le cadre habituel adopté lors de mes précédents rapports je vous expose ci-après les principaux aspects des conséquences de l'occupation sur les Biens et sur les personnes.

Réquisitions

Je crois devoir vous présenter ci-après la situation, au 1er novembre 1941, des comptes réquisitions.

Logement et cantonnement
Réquisitions

Sanctions collectives

À la suite de la rupture de câbles téléphoniques sur le territoire de la commune de Verton (Arrondissement de Montreuil) les sanctions suivantes ont été prises contre cette localité par la Kreiskommandantur de l'Arrondissement :

1) Reprise du service de surveillance qui avait été supprimé.

2) du 10 au 16 novembre couvre-feu à 20 heures et à 17 heures le dimanche. 3) Fermeture des cafés, interdiction de la vente d'alcools.

Dans la commune d'Airon-Notre-Dame (arrondissement de Montreuil) où de nombreux sabotages de lignes téléphoniques ont été commis au cours des derniers mois, une famille tout entière, la famille Boitel a été expulsée par l'Autorité Allemande et internée au camp de Troyes (Aube). La commune d'Airon-Notre-Dame est sous la menace d'une évacuation forcée totale de toute la population en cas de renouvellement des actes de sabotage.

Amendes. [24] novembre : Samer, maire. 4.000 francs. Motif : rupture de câble téléphonique dans la commune.

Arrestations et libérations

Je signalais dans mon précédent rapport que M. Marchand, Secrétaire Général de la Mairie de Boulogne-sur-Mer, était toujours incarcéré. À la suite de ma nouvelle démarche il a été libéré le 15 novembre dernier. Les trois fonctionnaires de Guînes, MM. Lecomte, receveur municipal, Metzérard, adjoint technique des Ponts-et-Chaussées, Hieulle, receveur des Contributions indirectes, arrêtés le 10 septembre dernier, ont été libérés également à la date du 22 novembre à la suite de ma dernière intervention en leur faveur, auprès de l'Oberfeldkommandantur.

Le 7 novembre dernier, dans la matinée, M. Laurent, Directeur Général des Mines de Marles a été arrêté à la suite d'un incident qui s'était produit à l'occasion de la visite dans son cabinet d'un officier de l'armée allemande, et incarcéré à la prison militaire d'Arras. À la suite de ma démarche particulièrement instante auprès de l'OFK 670, à Lille, M. Laurent a été libéré le soir même, à 24 heures.

Le 8 novembre, le Maire de Wimereux a été également arrêté à l'occasion d'une rupture de fils téléphoniques. Il a été libéré le lendemain.

Répression par l'Autorité allemande des menées communistes

Arrestations. 20 arrestations ont été opérées par la Feldgendarmerie parmi les mineurs des communes de Barlin, Nœux-les-Mines, Beuvry, Billy-Montigny.

Le 20 novembre, à Grenay, au cours de perquisitions effectuées dans toutes les maisons d'une cité minière par la Feldgendarmerie assistée de la deuxième Brigade de police judiciaire et des forces de Gendarmerie française, un jeune homme de 18 ans, qui se rendait à son travail et qui continuait à circuler malgré les injonctions d'un soldat allemand, a été tué par celui-ci d'une balle de mousqueton. Ses obsèques ont eu lieu à Grenay, le 23 novembre ; 3.000 personnes environ y assistaient, Toutes se sont montrées calmes et dignes. Aucun incident ne s'est produit.

Conclusions. J'indiquais dans mon précédent rapport que la population, dans ses rapports avec l'autorité occupante, était heurtée par les arrestations et j'émettais la suggestion que pour créer un "choc psychologique" favorable le gouvernement veuille bien envisager, pour la Noël ou le Jour de l'An, la possibilité d'obtenir des Hautes Autorités Allemandes une amnistie générale pour certains délits peu graves ayant cependant entraîné l'arrestation de leurs auteurs. Nous efforçant de réaliser ce projet dans le cadre de nos deux départements, nous avons, M. le Préfet du Nord et moi-même, obtenu des autorités allemandes de l'OFK 670 à Lille la possibilité de présenter, dans le courant de décembre, avec quelque espoir de succès, certains recours en grâce concernant des jeunes gens et jeunes filles, élèves des écoles, condamnés ou détenus pour des délits peu graves.

La réalisation de ce projet a été rendue possible par l'absence d'incidents graves entre la population civile et l'armée d'occupation depuis plus de deux mois. Je m'efforce de recueillir actuellement tous renseignements me permettant d'intervenir utilement en faveur de jeunes habitants du département et je ne manquerai pas de vous tenir au courant du résultat éventuel de mes interventions.